L'article qui suit est un article publié par Nicolas Dupont-Aignan, député maire de Yerres et président de Debout La République, sur son blog (http://blog.nicolasdupontaignan.fr).
Je me permets de le retranscire ici car j'adhère complétement à ces propos qui me semblent d'une grande justesse. En outre, cela permettra de faire un peu plus connaître son auteur.



L'Etat au service des banques ?
Alors qu’il y a encore quelques semaines nos banques étaient censées être les plus solides du monde, le gouvernement ne cesse d’annoncer des mesures en leur faveur.
Outre la décision des chefs d’Etats européens de garantir les crédits interbancaires pour leur permettre de se prêter à nouveau entre elles, Mme Lagarde a annoncé hier soir, lundi 20 octobre, le déblocage de 10 milliards sous forme de prêt. Cette somme considérable s’ajoute aux 22 milliards mobilisés - pour soi-disant aider les banques à financer les PME - à partir des fonds de la Caisse des Dépôts et Consignations. 5 milliards seraient d’ores et déjà disponibles via OSEO la banque publique qui a pour mission de soutenir l’innovation et la croissance dans les PME. 17 autres milliards auraient été virés par la Caisse des Dépôts et Consignations en deux fois (8 milliards le 15 octobre, 9 milliards le 21 octobre) selon le journal le Monde. Ce dernier ajoute que les pouvoirs publics et la Fédération française de banques n’ont pas encore signé la convention qui doit permettre d’en suivre l’utilisation !

Cette précipitation du gouvernement peut s’expliquer par la gravité de la crise et les moments de panique boursiers. En revanche, l’opacité qui règne dans les relations entre l’Etat et les banques ne peut qu’inquiéter.De deux choses l’une, soit les établissements français n’ont pas de difficulté et pourquoi alors déverser de telles sommes (les 40 milliards de fonds propres représente 2,1% du PIB, pour un secteur bancaire pesant 2,6% du PIB !), soit leur situation est périlleuse et pourquoi alors ne pas exiger une nationalisation même partielle et temporaire accompagnée d’un changement de stratégie et de direction ?
On peut comprendre, pour éviter des mouvements de retrait en chaîne, la nécessaire discrétion de Bercy. Mais se donne-t-on vraiment les moyens de savoir ? Plusieurs questions méritent de toute urgence une réponse.
  1. La Banque de France et le gouvernement ont-ils un état précis, banque par banque, des risques réels ? La moindre des choses serait de voter une loi qui oblige, sous peine de poursuites pénales, les dirigeants à communiquer les détails de leurs engagements. De surcroît, il y a suffisamment d’inspecteurs des finances et de contrôleurs d’Etat qui pourraient être missionnés dans chaque direction pour faire un état des lieux, notamment de leurs engagements dans les hedge funds et les paradis fiscaux
  2. Pourquoi prêter de l’argent aux banques, renforcer leurs fonds propres ou leur transférer des fonds de la Caisse des Dépôts et Consignations sans prendre une part du capital ? Car qui paye, en l’occurrence le contribuable, doit contrôler ! Comment ne pas voir non plus que les promesses faites lors de l’annonce de la mobilisation des 40 milliards d’euro au profit des banques, ne seront pas tenues ? Il avait été question en contrepartie de cette aide astronomique d’une prise de participation directe dans le capital et les décisions des banques ! Or avec ce prêt de 10 milliards, il n’en est rien ! Faut-il comprendre que les banquiers français sont des libéraux dogmatiques, hostiles par idéologie à toute nationalisation, alors même que leurs homologues britanniques et américains, plus pragmatiques eux, s’y résolvent ? Faut-il comprendre qu’ils mènent les représentants de l’Etat par le bout du nez ? Comment admettre que la puissance publique, par le mécanisme retenu, évite à des actionnaires défaillants une dilution du capital et une diminution des dividendes ? L’Etat serait-il au service des banques plutôt que de la collectivité ? A cet égard, il paraît pour le moins incompréhensible que l’Etat soit minoritaire au sein même de la structure de refinancement créée pour l’occasion.
En définitive, le flou qui règne sur ce sauvetage bancaire ne peut qu’inquiéter et donc scandaliser à terme un peu plus nos concitoyens. Au-delà des grands discours du président de la République, de quelques sanctions très provisoires (le Directeur Général des Caisses d’Epargne deviendrait Président du Crédit Foncier), l’oligarchie politico-financière du pays montre le visage d’une toute petite minorité essayant de sauver les meubles aux frais du contribuable et dans son dos.
Et pendant ce temps-là, rien de probant sur la lutte contre les paradis fiscaux, le contrôle public des agences de notation, l’interdiction franche et réelle des hedge funds ou des revenus indécents que s’adjugent les profiteurs de la finance. Enfin et surtout rien pour redresser durablement une économie réelle qui a plus que jamais besoin d’une gestion keynésienne, notamment par un grand plan d’investissement européen.
Loin d’une reprise en main de l’économie par les politiques, les mesures prises s’apparentent davantage à une privatisation de l’Etat au profit de ceux qui ont mis hier les peuples sur la paille et s’apprêtent aujourd’hui à les mettre à la rue. Un Etat qui vient au secours du marché et qui en est devenu l’otage ! A suivre, et de près…