mercredi 29 février 2012

Les chroniques de Tomgu sur Facebook !

XXIème oblige, les réseaux sociaux sont aujourd'hui incontournables. Voila pourquoi ce blog s'est doté d'une page facebook. Celle-ci permettra de gagner en visibilité mais aussi de faciliter le suivi des nouveaux articles.
 
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mardi 28 février 2012

Référendum : après Sarkozy, Bayrou

De manière assez surprenante en vérité, le référendum revient actuellement en grâce à l'occasion de l'élection présidentielle. En effet, Nicolas Sarkozy a annoncé vouloir consulter les Français sur deux sujets : la formation des chômeurs et le droit des étrangers.
 
Comme beaucoup j'ai bien évidemment été plus qu'interloqué, à double titre, par cette annonce. Tout d'abord, il apparaît que ces sujets sont plutôt mineurs au vu de la situation économique. Et de plus, je ne crois pas que ces éléments doivent relever d'une décision du peuple. Ensuite, je n'oublie d'où vient cette proposition de référendum, qui ne s'avère finalement être qu'un leurre. Car je vous rappelle que c'est le même Nicolas Sarkozy qui est passé outre le Non des Français en 2005 et qui refuse de soumettre les nouveaux traités européens à l'approbation populaire.
 
Il est alors plus qu'étrange de vouloir consulter la population sur des sujets insignifiants de politique intérieure et de ne pas le faire pour des problématiques internationales qui engagent le pays pour l'avenir. On ne peut alors que sérieusement douter de la sincérité de la démarche de la part d'un homme qui n'a que peu de considération pour la démocratie directe.
 
Mais Nicolas Sarkozy n'est pas le seul à vouloir recourir au scrutin référendaire. Ainsi, François Bayrou a lui aussi exprimé une telle volonté. Effectivement, le président du Modem a récemment indiqué vouloir soumettre aux Français un projet de moralisation de la vie publique (interdiction du cumul des mandats, reconnaissance du vote blanc …). Si le référendum est ici davantage approprié dans la mesure où cela concerne les institutions, je ne crois pas, là encore, que la démarche soit sincère. En effet, on peut considérer que Bayrou se sert du référendum pour court-circuiter le Parlement. Or cela va, d'une certaine manière, à l'encontre de l'objectif voulu. De plus, l'accession au pouvoir du centriste signifierait une certaine adhésion à son programme qui n'aurait alors pas besoin d'être à nouveau approuvé. Je rejoins alors François Hollande, au moins partiellement quand il nous explique que le prochain référendum sera l'élection présidentielle.
 
Alors même que le recours au référendum a été plus que limité ces dernières années, accentué en cela par la suppression sous Nicolas Sarkozy de la consultation obligatoire pour les questions européennes, je crains que l'on se dirige vers une inflation référendaire contre-productive. Et c'est malheureusement la tendance qui semble se dessiner.
 
Fervent défenseur de la souveraineté populaire, je ne peux qu'être un partisan du référendum. Pour autant, je crois que celui-ci doit être utilisé à bon scient et avec parcimonie afin de ne pas le dévoyer. Donc oui au référendum mais seulement sur les sujets qui engagent vraiment le pays (institutions, politique étrangère, questions de société ...).

jeudi 23 février 2012

Licencier plus pour gagner plus

Il y a quelques jours maintenant, une enquête du cabinet Proxinvest sur les salaires des dirigeants du CAC40 est parue. Que nous apprend-elle ? Tout simplement que la rémunération de ces grands patrons a cru, en moyenne, de 34 % en 2010. Pour avoir un ordre d'idée, Jean-Paul Agon (L'Oréal) a touché 10,7 millions d'euros, Carlos Ghosn (Renault) 9,7 millions d'euros et Franck Riboud (Danone) 7,7 millions d'euros.
Cela étant, où est le problème me direz-vous ? Certes il n'est pas anormal de gagner beaucoup d'argent, en particulier en cas de grosses responsabilités. De plus, ces rémunérations n'ont pas été volées puisqu'elles ont été validées par un conseil d'administration. Malgré tout, je crois que cette étude pose au moins trois questions.
 
La première concerne le niveau même des rémunérations. En effet, j'ai beaucoup de mal à comprendre ce qui justifie de tels émoluments. D'importantes responsabilités ? D'accord. Un gros volume de travail ? Certainement. Mais tout de même, on parle là de plusieurs millions d'euros par an. A titre de comparaison, le SMIC annuel brut est de seulement 16 780 euros.
 
La seconde a trait aux stratégies menées par ces dirigeants ainsi qu'aux performances de leurs entreprises respectives. Il apparaît clairement que les multinationales françaises ont sciemment opté pour une politique de délocalisations dans une logique de réduction massive des coûts, notamment salariaux. En somme, ces personnes, qui sont en fait des mercenaires de type "cost killer", sont grassement rémunérées dans un seul et unique but : satisfaire l'avidité des actionnaires. L'emploi et la cohésion sociale font alors pâles figures face à la rentabilité et le profit.
 
La troisième est relative à l'équité et la justice sociale. Car au-delà de leur exorbitante rémunération, il ne faut pas oublier que ces grands patrons ne payent que peu d'impôts, en raison du jeu des différentes niches ou pire grâce à l'évasion fiscale.
 
Pour résumer, on se trouve actuellement dans une situation où des grands patrons payés à coup de millions d'euros œuvrent aux dépens de leur entreprise pour créer chômage et précarité en France. Et tout cela bien évidemment avec la complicité plus ou moins active de la caste politique au pouvoir.
 
Rendez-vous bien compte des aberrations auxquelles on assiste. Et en cela l'exemple de Renault est parfait. Récemment, le constructeur automobile a inauguré une usine au Maroc, où les salaires sont nettement moins élevés, dans le but de produire des véhicules destinés au marché européen. Sous prétexte de faire des économies et donc de favoriser les actionnaires, Renault, entreprise française dont l'Etat possède 15 %, encourage le dumping social et la concurrence entre les peuples.
Mais ne peut-on pas se demander alors s'il serait préférable de fabriquer des voitures dans le pays de destination ? Carlos Ghosn ne pourrait-il pas renoncer à une partie de sa rémunération pour créer des emplois en France ? Ou mieux, ne peut-on pas délocaliser le poste de PDG dans un pays low-cost afin d'avoir un patron qui coûte moins cher ?
 
Plus sérieusement, avec de tels comportements, je crois qu'il ne faut pas s'étonner que le patronat soit si peu considéré, voire même détesté, par une large majorité de Français. Si ceux-ci souhaitent alimenter encore un peu plus la lutte des classes alors il faut continuer en ce sens.
Il faut toutefois faire la part des choses, je crois, entre petits entrepreneurs dans les TPE et PME et grands patrons de sociétés cotées. De fait, l'amalgame ne me semble pas possible, ni souhaitable, entre les premiers qui créent de l'emploi et de la richesse dans notre pays et les seconds qui ne sont que des suppôts de la finance au service du grand capital.
 
C'est donc envers cette dernière catégorie qu'il faut prendre des mesures coercitives. Cela passe notamment par la mise en place d'un salaire maximal dans les entreprises, l'instauration d'un écart réglementé entre le salaire le plus faible et celui le plus élevé ou encore la création de tranches d'impôt sur le revenu supplémentaires.
 
Car ce n'est que par plus d'équité et de justice sociale que nous recréerons la cohésion nécessaire pour redresser notre pays. C'est par le retour d'un interventionnisme économique de l'Etat que nous pourrons retrouver emploi, croissance et prospérité.

mercredi 22 février 2012

Anonymat des parrainages : les Sages disent non

Sans grande surprise, le Conseil constitutionnel a débouté hier Marine Le Pen, rejetant ainsi sa demande de ne pas publier les parrainages des maires. A mon sens, il s'agit là d'une bonne décision dans la mesure où je crois que la question de l'accès à l'élection présidentielle mérite d'être débattue publiquement. Aussi, un avis favorable du Conseil constitutionnel à deux mois du scrutin n'aurait fait qu'envenimer les choses.
 
A l'heure actuelle, et au moins jusqu'à la prochaine échéance présidentielle, tout candidat voulant se présenter doit recueillir au moins 500 parrainages de la part d'un collège d'élus (maires, députés, sénateurs ...) dont 500 seront tirés au sort et publiés au Journal Officiel.
 
Et c'est bien cette publication qui semble poser problème aujourd'hui. En effet, certains maires rechignent à parrainer un candidat, notamment les plus petits, car ils ont peur des représailles éventuelles de la part de leurs administrés et/ou des grands partis en place. De plus, ceux-ci envisagent le parrainage comme un acte de soutien politique alors même qu'il ne s'agit, initialement, que d'une formalité purement administrative.
 
Si l'on remonte quelque peu dans le passé, il apparait que ce système a été mis en place par le général de Gaulle afin d'éviter les candidatures fantaisistes. A l'origine, le filtre était de 100 signatures avant que Valéry Giscard d'Estaing le relève à 300/500 en 1976 et n'impose leur publication.
 
Clairement il me semble nécessaire qu'il existe une forme de filtrage des candidats afin de se prémunir d'une multiplication à outrance des candidatures farfelues. Pour autant, celui-ci ne doit pas non plus être trop strict afin de permettre l'expression du pluralisme politique. Or on peut remarquer que le système actuel a été dévoyé n'est donc plus vraiment adapté à la situation.
 
Une réforme paraît donc nécessaire et souhaitable afin de revenir à l'esprit originel du dispositif. Mais cela devra se faire dans un contexte apaisé donc hors période électorale afin d'éviter les luttes partisanes.
Pour le moment, deux solutions ont été avancées. La première étant de garantir l'anonymat des parrainages et la seconde consistant à donner la possibilité de parrainer deux candidats tout en maintenant la publication au journal officiel.
 
A mon sens, les deux propositions se défendent et permettront, je pense, de résoudre la difficulté actuelle. Il apparaît cependant que celles-ci n'agissent pas au même niveau puisque la première vise à augmenter le nombre de parrains alors que la seconde permet d'accroître la quantité de parrainages.
 
S'agissant de la question de l'anonymat en particulier, je dois reconnaître que je suis plutôt partagé. En effet, certains justifient cette mesure en invoquant le fait que le vote est secret, ce qui est tout à fait vrai. Mais le parrainage n'est pas un vote ni un soutien même si certains l'appréhendent comme tel. De plus, je crois que cette modification irait à l'encontre de la volonté de transparence de la vie publique.
 
Parallèlement à ces deux solutions qui ne sont en réalité qu'une évolution du mécanisme actuel, il pourrait être envisagé de faire appel aux Français dans le cadre d'un parrainage citoyen. Ainsi, un candidat devrait alors recueillir la signature d'un nombre préalablement défini de citoyens afin de se présenter.
 
Mais on pourrait également envisager de panacher les deux systèmes c'est-à-dire de conserver le dispositif en vigueur en lui adjoignant une part de parrainages citoyens. Concrètement, le candidat aura toujours besoin de 500 signatures qu'il pourra aller chercher auprès des grands électeurs comme c'est le cas actuellement mais également auprès des citoyens qui se verraient appliquer un ratio (par exemple, 1 parrainage pour 1000 signatures).
 
Pour moi il n'existe pas de solution miracle. Voila pourquoi il me semble nécessaire d'organiser un grand débat public sur ce sujet, associant à la fois la société civile et les forces politiques. 

mardi 21 février 2012

Traité européen : la MES est dite


L’harmonisation doit se faire dans le sens du progrès social, dans le sens du relèvement parallèle des avantages sociaux et non pas au profit des pays les plus conservateurs et au détriment des pays socialement les plus avancés.
En quelque sorte, l’autorité internationale va avoir le droit de légiférer d’une manière autoritaire à laquelle nous ne pourrons pas échapper et de prendre des décisions qui primeront celles du gouvernement et même celles du Parlement. Ce sera une loi supérieure à la loi française qui s’imposera à nous.
 
Qui peut bien être l'auteur de ces déclarations ? Jean-Luc Mélenchon ? Jean-Pierre Chevènement ? Nicolas Dupont-Aignan ?
Et surtout en quelle année ? En 2005 à l'occasion du référendum ? En 2007 durant la campagne présidentielle ? En 2008 lors de la ratification du traité de Lisbonne par le Parlement ?
 
Et bien non. Ces propos ont été tenus par Pierre Mendès France le 19 janvier 1957 dans le cadre des débats sur le traité de Rome. Or on constate que 55 ans plus tard, malheureusement, ce discours est toujours d'actualité, particulièrement en cette période de crise européenne.
 
Comme beaucoup qui n'ont pas été écoutés ni entendus, Pierre Mendès France avait raison avant les autres. En effet, il apparait clairement, comme celui-ci le pressentait, que l'harmonisation s'est faite au détriment des pays socialement les plus avancés. Pire, l'exemple de la Grèce montre bien que l'europe n'a aucun scrupule à sacrifier le progrès social sur l'autel de la finance.
 
Mais cela ne parait pas suffisant pour les technocrates européens qui souhaitent toujours plus de sacrifices de la part des peuples pour sauver les banques et le système financier. Dans cet objectif, de nouveaux traités vont voir le jour, asservissant un peu plus les Etats au profit d'instances supranationales.
 
C'est notamment le cas du MES (Mécanisme Européen de Stabilité) qui va être examiné aujourd'hui à l'Assemblée nationale. Pour résumer, le MES, qui prendra la suite du FESF (Fonds Européen de Stabilité Financière) est un organe indépendant du pouvoir politique qui vise à assurer la stabilité de la zone euro. Pour ce faire, il s'appuiera sur un capital garanti par les Etats de l'UE (jusqu'à 142 milliards pour la France avec un transfert immédiat de 16,3 milliards).
 
Bien que l'on n'entende que peu parler de ce mécanisme dans les grands médias, il n'en reste pas moins que la contestation gronde sur le net. Trois griefs lui sont principalement reprochés. Tout d'abord, la part de contribution de chaque Etat, tant au niveau de son montant que de ses possibilités d'être ajustée à tout moment et sans refus possible. Ensuite, l'immunité dont jouît cet organe. Ainsi, celui-ci aura la pleine personnalité juridique et pourra donc agir en justice ou passer des contrats. Mais surtout, aucune action judiciaire ni opposition de quelque sorte que ce soit ne pourront être entreprises du fait de cette immunité. Enfin, le traité établissant le MES est intimement lié au Traité sur la Stabilité, la Coordination et la Gouvernance (TSCG) signé en janvier dernier. Effectivement, tout Etat souhaitant bénéficier du MES devra préalablement avoir ratifié le TSCG qui instaure notamment la règle d'or et renforce la discipline budgétaire.
En somme, et dans la plus grande discrétion, nos parlementaires s'apprêtent à voter pour un monstre anti-démocratique au possible qui met sous tutelle les Etats en toute impunité. Comme disait Mendès France, l’autorité internationale va avoir le droit de légiférer d’une manière autoritaire à laquelle nous ne pourrons pas échapper et de prendre des décisions qui primeront celles du gouvernement et même celles du Parlement.
 
Et c'est bien là tout le problème. Car il s'agit là d'un transfert immense de compétences vers un organe non-élu et illégitime qui ne rend des comptes à personne. Voilà pourquoi il me semble impératif que nos députés et sénateurs votent contre ce traité qui ôte à notre pays une grande partie de notre souveraineté.
 
Malheureusement, je n'ai pas de grandes illusions quant à un éventuel rejet. En effet, les parlementaires UMP voteront en faveur de celui-ci puisque porté par leur cher président, comme le feront probablement les centristes et François Bayrou, qui l'a inclus dans son projet présidentiel. Du côté de la gauche, seul le Front de Gauche semble prendre la direction d'un vote contre. En effet, les socialistes, qui ne sont plus à une contradiction près, préfèrent s'abstenir, uniquement en raison du lien avec le TSCG et non du fait de l'esprit même du traité. Comment alors croire François Hollande quand il nous explique qu'il ira renégocier des traités que son parti n'a même pas le courage de rejeter ?
 
Quoi qu'il en soit, et après la première trahison de 2008 avec le traité de Lisbonne, il semble que nos parlementaires, c'est-à-dire les représentants du peuple, se préparent une nouvelle fois à s'exprimer sur un sujet qui relève de la démocratie directe tant ses effets seront lourds de conséquences.
 
Tout récemment, Nicolas Sarkozy s'est posé en candidat du peuple contre les élites et a exprimé la volonté de redonner la parole aux Français. Plutôt que de consulter le peuple sur des sujets insignifiants, pourquoi ne pas alors passé des paroles aux actes en ratifiant les nouveaux traités européens par référendum ?

dimanche 19 février 2012

Retour sur l'actualité

Revenons quelques instants sur certains évènements de la semaine dernière. 

- Un maire condamné pour avoir giflé un jeune qui l'insultait
Il est parfois des procès qui amènent à douter de la Justice de notre pays. L'affaire de ce pauvre maire est de ceux-là. En effet, il est tout de même aberrant que celui-ci ait été condamné à 1 000 euros d'amende avec sursis pour une simple gifle. Je ne souhaite bien évidemment pas cautionner la violence mais je crois qu'il est parfois nécessaire de savoir réaffirmer l'autorité. Et on ne peut que constater avec regret que cette nouvelle génération a de graves problèmes avec la discipline, en partie du à un important laxisme de la part des parents. Aujourd'hui, le respect de l'autorité est devenu l'exception alors qu'il devrait être la règle. Arrêtons donc de tout permettre à la jeunesse car ce n'est pas lui rendre service.
 
- Sarkozy candidat : rien de nouveau sous les tropiques
Mercredi soir, Nicolas Sarkozy s'est officiellement déclaré candidat à sa succession au 20h de TF1. Bien que sa candidature ne soit une surprise pour personne, cette annonce a le mérite de clarifier les choses et de lancer réellement la campagne électorale. En revanche, ce qui est plus surprenant ce sont les premières postures prises par le président. En effet, celui-ci s'est posé en candidat du peuple et même du Non. De plus, il a indiqué vouloir redonner la parole aux Français, notamment par le biais du référendum. 
Cela me semble tout à fait paradoxal et comique de la part d'un homme qui est aux affaires depuis 5 ans. Pire, c'est bien ce même Nicolas Sarkozy qui  est passé outre le Non des Français en 2005 et a fait adopté le traité de Lisbonne par le Parlement. On pouvait alors légitimement s'attendre à mieux de celui qui est considéré comme une bête de campagne. Car là il est clair que la ficelle est un peu grosse.
 
- Les médias écrivent au CSA pour assouplir l'égalité du temps de parole entre candidats
Alors que beaucoup de Français se lassent que la présidentielle soit réduite à un duel PS/UMP, il semblerait que les médias, eux, en redemandent. En effet, ceux-ci ont adressé une lettre au CSA afin d'obtenir un assouplissement de la règle de l'égalité de temps de parole. Pour rappel, il leur est fait obligation, durant la campagne présidentielle officielle, de veiller à l'égalité du temps de parole entre tous les candidats. Or il apparait que permettre à des petits candidats de s'exprimer autant que les autres seulement 5 semaines sur 365 soit déjà trop.
Clairement, je trouve qu'une telle requête est honteuse tant elle s'oppose à l'idée même de pluralisme politique et donc de démocratie. Je crois qu'il faut arrêter de promouvoir toujours les mêmes partis qui défendent les mêmes idées car cela conduit à priver le pays d'une réelle alternative et à favoriser un bipartisme malsain.

vendredi 17 février 2012

Nicolas Dupont-Aignan présente un projet différent

Après avoir présenté son programme pour l'élection présidentielle au travers de 37 propositions, Nicolas Dupont-Aignan a dévoilé, mercredi dernier, le chiffrage de son projet.
 
Ce projet, visant notamment à relocaliser 1 million d'emplois, s'appuie sur quatre leviers principaux :
- la sortie de l'euro et le financement direct de l'Etat auprès de la Banque de France
- la mise en place de mesures protectionnistes
- le contrôle du système financier et sa réorientation vers l'économie réelle
- le soutien aux entreprises
 
Mais au-delà de ces grandes orientations, entrons un peu plus dans le détail des propositions, tout au moins celles qui me paraissent les plus significatives, comme je l'avais fait pour Dominique de Villepin.
 
- Retour aux savoirs fondamentaux dans l'enseignement et en particulier l'apprentissage du français
Il s'agit là d'un point très important pour moi tant la maîtrise de la langue conditionne la vie des individus. En effet, je crois que des lacunes dans ce domaine constituent un handicap majeur, en particulier au niveau professionnel. Il me semble donc impératif de tout mettre en œuvre pour que les élèves du primaire maîtrisent parfaitement la lecture, l'écriture et le calcul. Cela passe notamment, selon moi, par des effectifs réduits et des heures de soutien pour les enfants ayant le plus de difficulté.
 
- Sortie de l'euro et retour à l'euro-franc avec ratification par référendum
Je n'ai jamais vraiment été un fervent partisan de la sortie de l'euro et je préférerais une réorientation de sa gestion. Malheureusement, il faut être réaliste et constater que cela est visiblement impossible. Je me suis donc résolu à une telle chose dans la mesure où cela permettra à notre pays de recouvrer sa souveraineté monétaire.
 
- Mise en place d'écluses douanières pour mettre fin à la course au moins-disant social, salarial, fiscal et environnemental
Si certains abordent le sujet du bout des lèvres, Nicolas Dupont-Aignan a le mérite de mettre les pieds dans le plat en parlant clairement de protectionnismes, terme honni dans les médias.
Il est tout de même fou que l'Union Européenne soit la seule zone au monde à ne pas se protéger alors même que nos concurrents (Etats-Unis, Chine, Inde, Brésil ...) y recourent allégrement sans que cela ne semble déranger personne. Voila pourquoi il me semble plus que nécessaire de mettre en place des mesures protectionnistes afin d'endiguer la destruction de notre tissu industriel.
 
- Financement direct par le Banque de France
Cela fait maintenant plusieurs années que j'appelle de mes vœux une telle mesure. En effet, il me semble aberrant d'emprunter sur les marchés financiers à des taux usuraires alors même que cela pourrait être fait à des taux faibles voire nuls auprès des banques centrales.
Il est d'ailleurs troublant de constater que le montant de notre dette correspond peu ou prou à la somme cumulée des intérêts payés depuis 1973.
 
- Développement de l'actionnariat salarié et la présence des salariés dans les conseils d'administration
Ayant travaillé, dans le cadre de mes études, sur les SCOP (sociétés coopératives) je ne peux qu'abonder dans le sens de cette proposition. Il s'agit d'ailleurs là d'une notion chère au général de Gaulle qui n'a malheureusement pas eu la possibilité de la mettre en place.
 
- Réduction de moitié l'impôt sur les sociétés pour les PME qui réinvestissent en France et exonérer de cotisations sociales pendant 5 ans le recrutement dans les TPE d'un chômeur de longue durée
Initialement, je n'étais pas vraiment convaincu par cette mesure. En effet, je crois que la multiplication des exonérations fiscales octroyées aux entreprises a bien montré que leurs effets sur l'emploi étaient très limités.
Malgré tout, après réflexion, il s'avère que ces exonérations ciblent des entreprises particulières, en l'occurrence les PME et TPE, et sont conditionnées (recrutement ou investissement). Les plus grosses entreprises étant exclues du dispositif, je ne suis donc pas opposé à une telle mesure. En outre, il apparait que cela s'inscrit de manière cohérente dans la volonté de relocaliser l'emploi dans notre pays.
 
- Nationalisation et fusion d’EDF et GDF
Pour moi, les monopoles d'Etat ne sont en rien une hérésie. Je crois au contraire que ceux-ci sont nécessaires dans des secteurs stratégiques tels que l'énergie. Une reprise en main de la gestion de l'électricité, du gaz et même du pétrole me semble donc une bonne chose à la fois pour le pays mais aussi, et surtout, pour la population puisque les tarifs pourront ainsi être régulés.
 
- Refondation de l'UE sur la base d'un nouveau traité instaurant des agences de coopération européennes et supprimant "toutes les structures relevant de l’inspiration fédérale anti-démocratique (cour de justice, commission, BCE)"
Personne ne sera surpris si j'approuve complètement cette proposition. En effet, il serait paradoxal de ma part de la rejeter alors même que je critique régulièrement cette europe. Contrairement à d'autres, je ne crois pas qu'une sortie de l'UE soit bénéfique pour notre pays. En revanche, je suis convaincu que les nations doivent retrouver toutes leur place dans le processus européen. De même, la suppression de toutes ces instances supranationales permettra de gagner en efficacité en s'affranchissant de la lourdeur et de l'inertie de la bureaucratie mais également de réaliser de substantielles économies. Enfin, cela sera bien évidemment profitable à la démocratie.
 
- Réinstauration de prix minimum garantis dans l'agriculture
Depuis la nuit des temps l'agriculture a occupé une place importante dans notre  pays. Pour autant, il apparaît de plus en plus que nos agriculteurs et nos campagnes sont laissés à l'abandon. Certes l'urbanisation et la mondialisation ont joué un rôle mais l'Etat a également sa part de responsabilité. De par son territoire, la France bénéficie d'un avantage stratégique important qu'elle se doit de mettre en avant. Et cela passe notamment par un soutien massif à une agriculture vivrière et paysanne, à l'opposé même du modèle allemand de regroupement des exploitations en grosses structures agricoles.
 
- Mise en place d'un impôt de citoyenneté payé par tous les Français résidant à l'étranger
Que de dire de particulier sur cette proposition si ce n'est que je l'ai moi-même avancée dans un précédent article il y a de cela quelques mois.
 
- Reconnaissance du vote blanc en contrepartie de l'obligation de voter
Aucune opposition sur le fond dans la mesure où je crois que l'abstention est un fléau pour la démocratie. J'estime d'ailleurs qu'il est normal que chacun s'exprime même si cela consiste à ne pas choisir, d'où la reconnaissance du vote blanc.
Malgré tout, j'ai quelques doutes sur sa mise en œuvre pratique à deux niveaux. Tout d'abord, que fait-on si le vote blanc remporte la majorité des voix ? Ensuite, est-on capable de faire appliquer les sanctions en cas de refus de voter ?
 
- Imposer aux administrations d'acheter français à qualité équivalente
Cela peut sembler évident voire même de bon sens mais dans les faits cela ne se passe pas vraiment comme ça. Pour preuve, récemment la Poste a décidé d'acheter des scooters taïwanais en lieu et place de ceux de Peugeot.
Comment peut-on d'un côté promouvoir l'emploi en France et de l'autre encourager les délocalisations en contribuant à la course au moins-disant social ?
 
- Autoriser le téléchargement en abrogeant la loi Hadopi
Aujourd'hui il est clair que les moyens d'accès à la culture ont grandement évolué. Ainsi internet est devenu un canal privilégié permettant d'accéder de chez soi à de la musique, des films ... de manière gratuite et illégale.
Face à ce phénomène, deux comportements sont possibles et s'opposent : soit la tentative désespérée afin de l'endiguer. Cela est évidemment vain puisque les pirates sont nettement plus réactifs que les Etats. Le problème étant que cette guerre perdue d'avance conduit à un contrôle accru du net avec les dérives que l'on peut aisément imaginer (cf traité ACTA).
Soit l'acceptation de cet état de fait et la recherche de compromis visant à satisfaire tout le monde ou tout du moins à ne léser personne. C'est  cette solution qu'a choisi Nicolas Dupont-Aignan en défendant la licence globale. Ainsi, chacun serait libre de télécharger librement en contrepartie du paiement d'un forfait. En fait, cela revient seulement à déployer à grande échelle le système actuel du téléchargement légal.
 
Contrairement à d'autres programmes, mais ce n'est pas une surprise pour moi, le projet présidentiel de Nicolas Dupont-Aignan est nettement plus en phase avec mes aspirations. Pour autant, il existe quelques ombres au tableau.
Tout d'abord, je regrette que la question des salaires n'ait pas été franchement abordée. En clair, je m'attendais à ce que le président de Debout la République s'attarde davantage sur le sujet et propose même une revalorisation du SMIC et des minimas sociaux.
Ensuite, je suis quelque peu dubitatif sur les hypothèses de croissance (3 % à partir de 2013) et d'inflation (3 % sur 2012 et 2013 puis 2 % entre 2014 et 2017).
Enfin, je regrette une certaine frilosité au niveau de la fiscalité.
Pour autant, ces divergences sont assez minimes en comparaison des points d'accord. D'autant plus qu'il est quasiment impossible d'être d'accord à 100 % avec un programme, à moins de présenter le sien. Voilà pourquoi il est très probable que j'accorde ma voix à Dupont-Aignan à l'occasion de l'élection présidentielle.

mardi 14 février 2012

Le sectarisme de la gauche plus fort que l'intérêt général ?

A plusieurs reprises sur ce blog, et notamment dans cet article, j'ai exprimé une certaine sympathie entre Jean-Luc Mélenchon et le Front de Gauche. En effet, son positionnement politique et sa démarche de rassemblement me semble intéressants et il est vrai que certaines de ses idées me plaisent assez. De plus, ses qualités de tribun ne sont pas pour me déplaire.
En revanche, et je le redis ici, quelques éléments me rebutent chez Mélenchon. Je pense notamment avec son combat perpétuel contre les journalistes, son trop grand internationalisme ou encore sa violence verbale démesurée.
J'ajoute également, qu'à gauche, le président du Parti de Gauche est le candidat le plus séduisant et qu'il n'est pas impossible que je vote pour lui, à défaut de mieux.
 
Mais je ne vais pas m'étendre plus longuement sur le cas du camarade Jean-Luc puisque ce n'est pas le propos. Si j'ai décidé d'écrire aujourd'hui, c'est suite à une information qui circulait sur les réseaux sociaux et que j'ai finalement retrouvée sur ce blog et même en vidéo ou sur le site de RTL
Pour résumer brièvement, Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la République et candidat à l'élection présidentielle, s'est fait injurier ("sale raciste", "nazi") et chasser d'une manifestation de soutien au peuple grec organisée devant l'ambassade de Grèce à Paris. Ainsi, les militants du Front de Gauche ou du NPA, qui se veulent humanistes, généreux, tolérants ..., se sont comportés comme des sauvages sans aucune éducation. Pire, une escorte de CRS a été nécessaire pour évacuer le leader gaulliste.
 
Disons le clairement, un tel comportement est tout simplement inacceptable et doit être condamner, je crois,  par Jean-Luc Mélenchon. En effet, il s'agissait d'une manifestation sur la voie publique donc chacun peut librement y participer. De plus, cette réaction est assez incompréhensible dans la mesure où Nicolas Dupont-Aignan est à la pointe sur ses sujets. De fait, il s'est rendu à Athènes il y a quelques mois pour exprimer son soutien aux grecs et avait annoncé depuis le début de l'année 2010 la catastrophe à venir. Il est donc étrange que celui-ci soit rejeté par ceux qui sont censés défendre la même cause.
 
Pour autant, un tel comportement est-il si surprenant ? Je ne le crois pas en réalité. Alors bien sûr il ne faut pas généraliser et tous les militants et sympathisants de gauche ne sont pas pareils. Malgré tout, ce genre de choses est plus fréquent qu'on ne le pense. Ainsi, il n'est pas rare de constater un tel phénomène d'ostracisme envers celui qui n'est pas de "gôche". D'ailleurs, Mélenchon adopte également un tel positionnement en se revendiquant sans cesse de "gôche", comme si cela était une vertu. Cela le conduit alors à se rapprocher petit à petit de François Hollande par pur esprit de clan alors même que les deux hommes n'ont que peu de choses en commun.
 
Et je crois que c'est là un des plus gros défauts de la gauche et plus particulièrement de la gauche de la gauche. Ces derniers n'ont pas encore compris que le clivage gauche/droite est devenu secondaire et qu'il faut donc le dépasser. Ce n'est pas en restant entre soi et en faisant preuve de sectarisme comme le fait le Front de Gauche que la situation va s'améliorer, bien au contraire. Il me semble qu'il existe des problèmes bien plus importants que de savoir qui est de "gôche" et qui ne l'est pas.
 
Certes Nicolas Dupont-Aignan ne se définit pas comme de quelqu'un de gauche, certes il a été plusieurs années à l'UMP. Et alors ? Lisez son programme, écoutez ses interventions et vous verrez que celui-ci est bien plus social que François Hollande, le candidat de la principale force politique de gauche.
 
Arrêtons de jeter l'anathème sur les individus car ce n'est pas en divisant les gens que l'on va pouvoir changer les choses. Au contraire, c'est bien par le rassemblement de tous, sur la base d'idées claires et précises que nous pourrons avancer. Or malgré les apparences, ce n'est pas le chemin que semble emprunter le Front de Gauche.
 
Pour finir, je voulais simplement rappeler qu'après la seconde guerre mondiale, le Conseil Nationale de la Résistance a rassemblé des gaullistes, bien évidemment, mais aussi des communistes. Car à cette époque l'intérêt général et le sort de la France importaient bien plus que de simples considérations politiciennes.
Il serait donc bien, vu la situation actuelle, que certains ne l'oublient pas.

vendredi 10 février 2012

Grèce : la bourse ou la vie

S'il est un pays où les tragédies font parties intégrantes de l'Histoire c'est bien la Grèce. Après Andromaque, Antigone ou encore Phèdre, c'est bien une nouvelle page qui est actuellement en train de s'écrire.
 
Autrefois berceau de la démocratie, la Grèce est aujourd'hui, ironie de l'histoire, le lieu où s'installe progressivement une dictature. Dictature des marchés financiers bien sûr mais aussi dictature de l'Union Européenne qui, après avoir contribué au renversement du gouvernement de l'époque, met tout en œuvre pour imposer sa volonté.
 
Austérité, rigueur, coupes budgétaires, voilà à quoi se résume le rêve européen en Grèce. L'idéal de paix promu jadis par les élites s'est rapidement transformé en combat pour le libre-échange et a abouti en cauchemar éveillé pour la population. L'Union Européenne qui se voulait le progrès se révèle être, en réalité, une immense régression politique et économique.
 
Récemment encore, cette europe que l'on aime tant a posé un ultimatum au gouvernement grec : pour continuer à bénéficier des fonds européens (en fait de l'argent des contribuables) il va falloir trouver 325 millions d'euros d'économies budgétaires en moins d'une semaine.
 
Une nouvelle fois l'UE, avec l'Allemagne en tête, impose à la Grèce de saigner encore un peu plus son peuple pour sauver des banques privées. Cela n'est évidemment pas une première dans la mesure où les premiers "plans de sauvetage" ont vu le jour il y a plus d'un an. Pour autant, il apparaît clairement que la situation ne fait que se dégrader, le remède semblant être pire que le mal.
 
Pour preuve, le reportage de Maria Malagardis pour le journal Libération. A la lecture de cet article, on peut se demander si l'on parle bien de la Grèce tant il pourrait s'agir d'un pays pauvre d'Afrique. Malheureusement, cela n'est que la triste réalité des faits. Une vérité que les médias se gardent bien de nous montrer pour éviter toute révolte contre cette europe qui a contribué à "tiers-mondiser" les nations qui la composent.
 
Alors bien sûr certains me diront que la Grèce mérite son sort. Qu'elle est responsable de cette situation puisqu'elle a triché ... D'autres ajouteront que le travail au noir ou la fraude fiscale n'ont en rien arrangé les choses. Je suis d'accord avec tout cela. Qui ne le serait pas ?
Malgré tout, je crois qu'il est nécessaire de faire la part des choses. Certes la Grèce connaît des problèmes structurels et des réformes doivent être engagées, c'est indéniable. Mais alors pourquoi ne pas le faire puisque tout le monde s'entend là dessus ?
 
Par ailleurs, il ne faut pas oublier qui sont les vrais responsables de la crise grecque, chose que l'on fait un peu trop souvent. C'est bien le gouvernement de droite de l'époque, main dans la main avec Goldman Sachs, qui ont magouillé. Or personne ne leur demande de rendre des comptes. Pire, trois anciens de cette même banque occupent aujourd'hui des postes de premier plan au niveau européen. Mario Draghi à la BCE, Mario Monti en Italie et Loukas Papademos, c'est un comble, en Grèce.
Et plutôt que de faire payer ces gens là, ce qui serait la moindre des choses, on préfère sacrifier le peuple grec sur l'autel de la finance.
 
Et je n'exagère en aucune manière ! A mon grand regret d'ailleurs. Lisez l'article de Libération, fouillez sur internet et vous verrez que je dis vrai. Vous verrez que le peuple grec souffre, que les conditions de vie se dégradent et que la situation empire.
 
Bien que le tableau dressé soit noir au possible, il ne faut pas perdre espoir. Au contraire, je suis persuadé que rien n'est perdu. Depuis que le monde est monde nos pays ont connu de graves crises. Et à chaque fois, nous nous sommes relevés. Cette nouvelle crise n'est pas une fatalité. Il ne s'agit que d'un obstacle de plus à franchir, comme nous l'avons fait à maintes reprises dans le passé. Mais cela suppose d'affronter l'adversité et de résister face à ceux qui veulent nous aliéner.
 
Comme en 1789 ou en 1940, nous devons relever la tête et lutter au nom de nos idéaux. Si nous avons pu le faire hier, nous pourrons le faire demain. Certes l'adversaire a changé et ses méthodes sont différentes. Pour autant, l'esprit du combat reste le même et nous sommes capables de triompher.
 
La guerre n'est plus militaire mais bien financière. C'est donc avec des armes économiques que nous devons nous défendre. Taxe Tobin, protectionnisme, monétisation de la dette, sortie de l'euro ... Voila le type de ripostes qu'il faut opérer.
 
L'Union européenne est aujourd'hui complètement soumise aux marchés financiers. Nous ne devons donc rien attendre de sa part. C'est bien des nations et des peuples souverains que viendra le salut.
 
Voila pourquoi il est impératif que chacun se mobilise à son niveau et prenne sa part de responsabilité dans cette lutte. Je crois d'ailleurs qu'il est grand temps pour moi d'aller plus loin que le simple confort de l'écriture ...

samedi 4 février 2012

Les Etats généraux du Renouveau - Partie 4

Et pour finir, les débats du dimanche
 
 - Y-a-t-il une gauche moderne ?
Cécile Pavageau (membre des Gracques) - Guillaume Hannezo (membre des Gracques) - Bernard Spitz (membre des Gracques) - Modérateur : Nicolas Demorand (Libération)
De ce débat, assez décevant puisque sans réel débat au final, est ressortie une définition de la gauche moderne : il s'agirait d'une gauche réaliste qui peut gagner deux élections de suite en s'appuyant sur son bilan. On est bien avancé ça. Pas de développement des valeurs ni des propositions prônées par cette fameuse gauche moderne. Mais des exemples de leaders étrangers de cette gauche moderne : Bill Clinton, Gordon Brown, José Luis Zapatero, Gerhard Schröder.  
En somme, et c'est à mon sens ce qui ressort des propos des intervenants, une gauche moderne est une gauche social-démocrate, une gauche qui accepte, au moins dans les faits, la domination des marchés financiers, une gauche de gestion et non plus de transformation. Bref, la gauche moderne c'est François Hollande, c'est Dominique Strauss-Kahn ... c'est une gauche qui n'est plus vraiment de gauche en réalité et qui tend à se recentrer voire à se libéraliser.
Je profite d'ailleurs de l'occasion pour rappeler une citation du général de Gaulle qui disait : "je n'aime pas les socialistes car ils ne sont pas socialistes". Et je crois que cette phrase est encore d'actualité aujourd'hui tant le PS a oublié, je crois, ce qu'il est, tant le programme de son candidat est frileux. Pour moi, et malgré ce que certains disent, le PS ne s'inscrit plus tout à fait dans la tradition historique de la gauche française dans la mesure où il a mis de côté cette volonté de transformation de la société. Je le redis à nouveau mais selon moi Mélenchon, avec tous ses défauts, incarne davantage la gauche traditionnelle, en particulier de par ses positions populistes, au sens noble du terme.
 
 - Une nouvelle lutte des classes ?
Dominique Voynet (maire EELV de Montreuil) - Stéphane Beaud (sociologue) - Francis Parny (conseiller régional et conseiller municipal PCF) - Modérateur : Maurice Szafran (Marianne)
D'après les participants, l'opposition capital/travail persiste. Malgré tout, il apparaît une recomposition des différentes classes, et en particulier un renouvellement de la bourgeoisie avec l'émergence des financiers et autres traders. Parallèlement à ce phénomène, on constate également l'apparition, relativement contemporaine, d'une lutte intra-classe entre des individus ayant des aspirations différentes.
Je crois effectivement que ces constats sont tout à fait justes. S'agissant notamment de l'hétérogénéité des classes, il est vrai que la vague de désindustrialisation que connaît notre pays contribue à désagréger la classe ouvrière. En outre, il est indéniable que la notion même de classe moyenne doit être sujette à caution tant elle recouvre des réalités différentes. Ainsi, le temps où chaque classe avait des revendications communes est clairement révolu et la montée en puissance de l'individualisme, couplée avec la faiblesse des syndicats, ne fait qu'accentuer cet état de fait.
Je ne crois pas, pour autant, que la lutte des classes est dépassée. Au contraire, je pense que celle-ci retrouve une seconde jeunesse tout en ayant évoluée et que nous devons, dans une certaine mesure, l'encourager. En effet, ce n'est que par le regroupement et l'union mais aussi par le combat collectif que les avancées sociales se sont faites, se font et se feront. Aujourd'hui, les classes populaires, au sens large du terme, ont tout intérêt à se serrer les coudes pour faire face au grand capital, comme disait Marx. Car si nous ne le faisons pas, les grands patrons et les financiers s'allient, eux, pour nous mener la vie dure. Il est donc grand temps d'arrêter de se tirer dans les pattes les uns les autres et de s'unir pour la défense de nos intérêts. Car notre division ne fait le jeu que d'un seul, celui de nos adversaires.
 
- Revenu minimal, revenu moral ?
Robert Castel (sociologue) - Christophe Deltombe (président d'Emmaüs France) - Modérateur : Philippe Douroux (Libération)
Finalement renommé en "revenu maximum, revenu minimum", ce débat n'en était pas moins intéressant. Pour autant, j'ai trouvé que l'accent avait été trop mis sur le revenu minimum et que la question du revenu maximum n'avait pas été suffisamment creusée.
Quelques éléments que j'ai retenus, avant d'aller plus loin, en particulier en provenance de Robert Castel. En premier lieu, celui-ci considère qu'il n'est pas anormal qu'un cadre gagne plus qu'un ouvrier car les individus ne sont pas identiques et interchangeables. De plus, il estime que certaines inégalités sont justifiées et justifiables. Enfin, il a expliqué que le revenu minimum devait être un socle de ressources pour chacun et que le revenu maximum permettait de remettre une certaine cohésion, un consensus social au sein de la société en ramenant les hyper-revenus "sur terre".
Partant de ces postulats que je partage, je développerais néanmoins quelques aspects particuliers. Tout d'abord, je crois qu'il faut bien faire la différence entre salaire, qui provient du travail, et revenu, qui peut avoir des sources diverses. Personnellement, je crois qu'il doit exister à la fois un salaire minimum, en l'occurrence le SMIC, et un revenu minimum. Il s'agirait alors de définir un montant minimal pour toutes les aides versées aux personnes ne travaillant pas ou plus (RSA, retraite ...). L'objectif étant que chacun ait suffisamment de ressources pour vivre décemment. Il est bien évident, et cela est très clair dans mon esprit, que le salaire minimum doit être supérieur au revenu minimum et que ce dernier ne sera pas octroyé de manière inconditionnelle.
S'agissant des niveaux de chacun, c'est-à-dire de leur aspect chiffré, je crois qu'il ne serait pas illogique d'augmenter les minimums sociaux, dans un premier temps en les alignant sur le seuil de pauvreté (environ 960 €) puis, à plus long terme, en les faisant converger sur le niveau su SMIC. Sur ce dernier d'ailleurs, il me semble impératif de lui donner un coup de pouce substantiel. Jean-Luc Mélenchon parle de 1700 € brut ce qui, comme je l'avais expliqué dans un précédent article, ne me semble pas être une hérésie.
Enfin, et cela me permettra de répondre à la question initialement posée, je crois que l'instauration d'un revenu maximum est une nécessité absolue dès lors que l'on souhaite conserver un certain contrat social, comme le décrivait Rousseau. En effet, comment ne pas être choqué que des entreprises licencient des ouvriers, souvent payés au SMIC, alors même que ses dirigeants bénéficient de revenus extravagants ? En cela je rejoins, encore une fois me direz-vous, les thèses du Front de Gauche qui souhaite instaurer un écart de salaire de 1 à 20 dans les entreprises.
Alors on me rétorque souvent que les grands patrons ne sont pas les seuls à être trop payés et on me cite l'exemple des footballeurs. Je suis d'accord, c'est un fait. Mais pour autant, 'est-ce une raison de ne rien faire au niveau des entreprises ? Je ne le crois pas. J'ajoute également que le cas des sportifs mais aussi des chanteurs, des acteurs ... doit également être traité. Mais cela ne passera pas forcément par un revenu maximum. Je crois au contraire que la mise en place d'un impôt sur la nationalité est davantage adaptée à ce cas de figure puisqu'il a le mérite de s'affranchir de l'exil fiscal.
 
Finalement, et je crois que c'est l'idée majeure qui ressort de l'ensemble des 64 débats organisés ce week-end, le changement est possible, des réformes sont envisageables à l'unique condition qu'il existe une réelle volonté politique au sommet de l'Etat. Seul la Politique avec un grand "p" permettra de vraiment redresser notre pays. Mais encore une fois cela suppose que nos dirigeants aient le courage de s'affranchir des tutelles extérieures qui brident notre souveraineté.
En 1967, Charles de Gaulle scandait "vive le Québec libre" lors d'un voyage officiel au Canada. Il me semble grand temps que quelqu'un reprenne ce slogan et l'adapte à notre nation.

vendredi 3 février 2012

Ne tombons pas dans un puritanisme à l'américaine


Le 29 février prochain le film "infidèles" avec Gilles Lellouche et Jean Dujardin sortira en salle. Et avant même sa sortie, ce film fait déjà parler de lui avec une polémique naît autour des affiches du film.
Il est vrai que ces affiches ne sont pas forcément de très bon goût. Encore que, pour ma part, je les trouve très réussies dans la mesure où elles reflètent à merveille l'esprit et le sujet de cette comédie.
 
Pour autant, je peux comprendre que de telles images puissent heurter la sensibilité de certaines personnes. Mais finalement que voyons-nous ? Ces affiches nous suggèrent  un acte sexuel, très certainement adultérin, entre un homme et une femme, le tout sur un ton plutôt humoristique. En somme, il leur est reproché de montrer, ou plutôt d'évoquer, de manière on ne peut plus soft une représentation de fellation et de pénétration. 
 
Quelle horreur, vraiment, c'est une honte. Comment osent-ils faire cela alors que les publicitaires se sentent aujourd'hui obligés, pour la plupart, de mettre en scène des femmes dénudées pour vendre leurs produits ? Comment peut-on autoriser une telle chose alors que l'on tolère les annonces pour les magazines pornographiques devant les tabac-presse ? Non, assurément, cela pose un réel problème pour nos chers bambins qui vont être confrontés à tant de violence sur le chemin de l'école.
 
Plus sérieusement, cette nouvelle polémique est, si j'ose dire, complètement stérile et inappropriée. En effet, il me semble tout à fait stupide de condamner ces affiches, somme toute innocentes, alors même que les images à connotation sexuelle sont omniprésentes dans la vie des gens. Ainsi, il n'est pas une publicité ou un film qui ne joue, d'une manière ou d'une autre, sur ce registre. De plus, la démocratisation d'internet a conduit à accroître les sollicitations, voulues ou non (spam, pop-up ...), et à faciliter l'accès à des contenus à caractère sexuel. Aujourd'hui, il n'a jamais été aussi simple d'accéder à des images pornographiques.
 
Attention, je ne dis pas que cela est une bonne chose et que je cautionne cette évolution. Bien au contraire. Je dis simplement qu'il faut prendre garde à ne pas faire preuve d'une trop grande rigidité à ce niveau là.
Je pense également qu'il faut se méfier de cette forme de puritanisme de type américain qui consiste seulement à "cacher ce sein que je ne saurais voir" tout en faisant abstraction des autres dérives plus problématiques. Autrement dit, et pour reprendre une expression chère à notre président, cela revient à dissimuler la poussière sous le tapis.
 
Par ailleurs, et c'est peut-être là le plus point le plus préoccupant, il me semble que cette campagne de dénigrement contre ces affiches peut, dans une certaine mesure, être appréhendée comme une attaque à la liberté d'expression. En effet, ne peut-on pas considérer qu'il s'agit d'une atteinte à la liberté d'expression et de création des auteurs ? Ne peut-on pas voir cela comme la volonté d'une minorité d'imposer au plus grand nombre sa vision des choses ? A mon sens, je crois que l'on peut puisque pour moi ces affiches ne posent pas de souci particulier.
Il me semble, et je ne suis pas le seul, que depuis quelques années maintenant la liberté d'expression tend à diminuer dans notre pays. Entre autocensure des journalistes et contrôle des médias par des grands groupes industriels, la liberté de la presse paraît en bien mauvaise posture. Voila pourquoi il me semble impératif de réaffirmer cet idéal français qui nous vient de notre Histoire. Voila pourquoi nous devons combattre au quotidien pour que les idées de chacun puissent s'exprimer librement dès lors qu'elles ne sont pas contraires à l'ordre public et aux bonnes mœurs. 


 

jeudi 2 février 2012

Après l'austérité de droite et de gauche, voila la rigueur du centre

Mercredi 1er février, François Bayrou a présenté 20 propositions pour redresser le pays avec comme thème "contre le surendettement, tout pour l'emploi".
Si le candidat centriste est effectivement plus réaliste en termes de croissance anticipée pour les années à venir, celui-ci, malgré ses dires, nous promet un avenir assez similaire à celui que nous offrent Nicolas Sarkozy et François Hollande. En effet, le Béarnais, dans la veine du PS et de l'UMP, ne remet pas en cause le système actuel et s'inscrit complètement dans sa continuité. Augmentation d'impôts (pour 50 milliards) et baisse des dépenses publiques (pour 50 milliards), voilà ce que nous propose François Bayrou.
Revue de détail des principales mesures avancées.
 
- Coup de rabot de 20 milliards en 3 ans sur les niches fiscales
Il serait idiot de ma part de critiquer une telle mesure puisque j'en suis moi-même partisan. En revanche, le parti pris d'une baisse généralisée, donc aveugle, est stupide. Je crois au contraire qu'il convient d'analyser  ces niches fiscales, mais aussi sociales, les unes après les autres et de se prononcer sur leur sort : soit elles sont légitimes et efficaces et alors on les maintient en l'état, soit elles sont inutiles et on les supprime totalement. Arrêtons cette frilosité qui consiste à ménager la chèvre et le chou, pour au final perdre sur les deux tableaux, et tranchons, pour une fois, dans le vif.
 
- Augmentation de la TVA de deux points sur 3 ans
Sur le principe je ne suis pas opposé à l'utilisation du levier de la TVA. Néanmoins, et du fait de l'absence de contrepartie du type baisse des cotisations sociales, cela revient à faire payer aux consommateurs, donc au peuple, les conséquences d'une crise dont ils ne sont pas responsables. Il serait alors préférable d'aller prioritairement chercher l'argent là où il se trouve plutôt que de faire les poches de ceux qui souffrent.
 
- Modification des tranches de  l'impôt sur le revenu : 45 % au lieu de 41 % actuellement et création d'une tranche à 50 % pour les revenus supérieurs à 250 000 €
Pas grand-chose dire sur cette mesure si ce n'est qu'elle ne va pas assez loin à mon goût. Pourquoi se limiter à 50 % et ne pas créer davantage de tranches afin de rétablir une réelle progressivité de l'impôt ? Roosevelt l'avait d'ailleurs fait à partir de 1932 avec un taux marginal de 91 %.
 
- Inscription de la règle d'or dans la constitution et soutien au traité européen qui l'impose aux Etats membres
On reconnaît bien là le côté béni oui-oui européiste de Bayrou. C'est d'ailleurs là son plus gros point faible dans la mesure où il veut gouverner la France tout en remettant ses prérogatives entre les mains de l'Union Européenne. D'après lui, point de salut hors de l'Europe ce qui est, selon moi, une bêtise sans nom.   
S'agissant de la règle d'or, cela reviendrait à renoncer à toute marge de manœuvre en termes de politique budgétaire. Est-ce bien raisonnable alors même que notre pays s'est déjà vu confisquer sa souveraineté monétaire ?
 
 - Création d'un commissariat national aux stratégies
Il s'agit là de l'héritier du commissariat au plan supprimé sous Jacques Chirac. Je ne peux qu'abonder dans le sens du centriste tant je pense que l'Etat se doit d'avoir une vision à long terme dans les politiques qu'il met en œuvre. Cela tranche largement avec ceux qui considèrent que le terme "planification" est un gros mot qu'il faut bannir.
 
- Mise en place d'un avantage fiscal pour les grandes entreprises qui investissent dans les PME
Une fois de plus, et en cela François Bayrou n'est pas le seul, nos politiques veulent exonérer d'impôts les entreprises qui ne font, ni plus ni moins, que de jouer leur rôle. Cessons de multiplier les avantages fiscaux pour encourager des conduites normales. A l'inverse, utilisons la sanction pour corriger les comportements déviants. Car dans la métaphore de l'âne, s'il existe effectivement la carotte, le bâton n'en est pas moins présent.
 
- Création de banques d'économie mixte décentralisées de soutien aux PME
Voila une mesure qui revient de manière quasi-systématique dans les programmes de la plupart des candidats. Une nuance toutefois ici puisque le privé serait associé au public. Alors volonté de contenir les dépenses publiques ou méfiance/défiance vis-à-vis des sociétés publiques de la part de l'ancien président de l'UDF ?   
 
- Création d'un livret d'épargne industrie
Venant en complément du livret A, servant à financer le logement social, et du livret de développement durable, ce nouveau livret serait effectivement une idée intéressante et doublement profitable : pour les épargnants et pour les entreprises en bénéficiant. A surveiller néanmoins la gestion qu'en feront les banques.
 
- Négociation nationale autour de la rénovation du climat social dans l'entreprise et négociation au niveau des entreprises et des branches
Là encore on remarque la prise de distance du président du Modem avec l'Etat. Ainsi, celui-ci, de même que François Hollande, souhaite privilégier les négociations au niveau local. Sur le principe je ne vois pas d'objection particulière. Toutefois, il me semble indispensable que l'Etat joue un rôle en termes de droit du travail, en particulier afin d'éviter toute dérive liée à un rapport de force défavorable aux salariés.
 
- Négociation des conditions de travail et des rémunérations par les CE
Cette proposition va dans le même sens que la précédente puisqu'elle encourage des négociations au niveau de chaque entreprise. Elle va toutefois plus loin en donnant davantage de prérogatives aux comités d'entreprise. On risque alors d'aboutir à une disparition progressive, et déjà bien entamée, des syndicats dans les entreprises. De là à penser que cela constitue un objectif caché ...         
 
- Présence des salariés dans les conseils d'administration
François Bayrou ne pouvait évidemment pas passer à côté de cette proposition tant elle a été reprise par tous les candidats. Il s'agit là d'une évolution logique et souhaitable de la gouvernance des sociétés et d'un réel progrès pour les salariés. Il aura pourtant fallu attendre plus de 40 ans pour que l'idée de participation, chère au général de Gaulle, revienne sur le devant de la scène.
 
- Mise en place d'un crédit impôt innovation
Pendant du crédit impôt recherche (CIR), ce crédit d'impôt innovation me paraît être une bonne  chose. Il faudra néanmoins veiller à ce que celui-ci soit accessible à toutes les entreprises, en particulier les PME, et que son usage ne soit pas détourner. Je pense notamment aux dérives du CIR qui a conduit à faire supporter au contribuable des recherches en finance sur le moyen spéculer plus efficacement.
 
- Création d'un statut privilégié, notamment fiscal, pour les business angels
Il est tout de même surprenant que François Bayrou souhaite diminuer les niches fiscales d'un côté et que de l'autre il se prononce en faveur de la création de multiples autres avantages fiscaux pour les entreprises. Je ne souhaite pas remettre en cause le système de business angels mais l'Etat a-t-il vocation à prendre en charge les pertes de ces organismes, alors même que les gains réalisés sur ces opérations sont parfois faramineux. Par ailleurs, pourquoi aligner le régime des business angels sur celui des "private equity" (cf détails des propositions de François Bayrou) et non faire le contraire ?
 
- Inscrire le produire en France dans le cadre d'une politique industrielle européenne
Je parlais tout à l'heure de "béni oui-oui européiste" et il semblerait bien je ne me trompais pas. En effet, comment François Bayrou peut-il parler de politique industrielle européenne alors même que celui-ci a signé tous les traités qui interdisent les aides directes aux entreprises et qui prônent le libre-échange et la concurrence libre et non faussée ? L'Union Européenne, en son état actuel, mène une politique totalement contraire aux intérêts industriels des États membres. Donc soit Bayrou est d'une incroyable malhonnêteté intellectuelle, soit il vit dans le monde des Bisounours. Et je ne sais pas laquelle des deux solutions est la plus rassurante.    
 
- Exonération de charges patronales pendant deux ans dans les entreprises de moins de 50 salariés qui embauchent un jeune ou un chômeur en CDI
Encore une fois le président du Modem nous propose une énième exonération de charges. Comme si les exonérations massives et répétées de ces dernières décennies avaient permis de créer des emplois. Combien de temps va-t-il encore falloir à nos dirigeants politiques pour comprendre que les charges sociales, donc le coût du travail dans une certaine mesure, ne sont pas la cause principale du chômage dans notre pays ? Cette course vers toujours plus d'exonération, outre son inefficacité économique, conduit à amputer l'Etat d'une partie considérable de ses recettes.
Le levier fiscal n'est pas l'unique moyen de lutter contre le chômage. D'autres outils existent (politique monétaire, protectionnisme ...) mais encore faut-il que la volonté politique de s'en servir existe. Ce qui ne semble pas être le cas des principaux partis de ce pays. 
 
Au bout du compte, le programme économique de François Bayrou me paraît décevant puisqu'il consiste, fondamentalement, à réutiliser les mêmes recettes qui ont déjà montré leur inefficacité par le passé. Aucune nouveauté donc de la part d'un homme qui se veut une alternative à François Hollande et Nicolas Sarkozy alors qu'il ne constitue qu'une copie similaire, si ce n'est conforme.
Car c'est bien la rigueur et l'austérité que nous offrent ces trois candidats. Certes la forme peut changer mais, sur le fond, rien ne les distingue vraiment ou alors de manière homéopathique. Avec de tels programmes, il est clair que l'abstention et Marine Le Pen ont de beaux jours devant eux ...

mercredi 1 février 2012

Les Etats généraux du Renouveau - Partie 3

Après les débats du vendredi, voici maintenant ceux du samedi.
 
- L'Europe, un bouc émissaire ?
Stéphane Cossé (économiste, membre du think tank Europa Nova) - Pervenche Bérès (député européenne socialiste) - Philippe Jurgensen (Président de la Ligue de Coopération Européenne) - Modérateur : Jean-Marie Cavada (député européen Nouveau Centre, président du Mouvement Européen)
 
- Europe, quel pouvoir économique ?
Costas Botopoulos (ancien député européen Pasok, président de l'équivalent de l'AMF en Grèce) - Jean-Louis Bourlanges (ancien député européen UDF, enseignant à IEP Paris) - Guntram B. Wolff (économiste allemand) - Modérateur : Stéphane Boujnah (président du think tank En temps réel)


J'ai choisi de faire un commentaire général sur ces deux débats car finalement ceux-ci sont assez proches, ou tout du moins les postions et propos des différents intervenants. Globalement, trois thèmes ont été abordés : le désamour des peuples pour l'UE, la crise des dettes souveraines et en particulier le cas de la Grèce et l'organisation, la gouvernance de l'UE.
Fondamentalement, et c'est l'aspect essentiel voire unique qui ressort de ces débats, tous les participants sont d'accord sur le fait que l'Europe actuelle est critiquable, que son fonctionnement n'est pas optimal … Le constat est partagé par tout le monde, dont moi-même. Mais là où je ne suis plus d'accord c'est lorsque l'on aborde la question des solutions. Quel que soit le débat, un consensus a eu lieu pour invoquer un fédéralisme européen. L'Europe n'irait pas bien car il n'y aurait pas assez d'Europe et car les Etats des freins voire mêmes des boulets pour certains. En somme, les intervenants appelaient de leurs vœux la création des Etats-Unis d'Europe.
Je ne vais pas m'étendre indéfiniment sur le sujet tant j'ai déjà longuement et à plusieurs reprises exprimé mes positions. Je dirais simplement, et c'était l'objet de la question que j'ai posé durant le premier débat, que cette Europe souffre d'un grand déficit démocratique (commission non élue, viol du non au référendum de 2005, mise sous tutelle des budgets nationaux, remplacement de dirigeants élus par des technocrates en Italie et en Grèce …). Or je suis persuadé que l'Europe ne peut pas se faire sans les peuples comme c'est le cas actuellement. De plus, je crois que c'est au niveau national, donc à l'échelle des Etats, que l souveraineté s'exprime le mieux. Il est donc illusoire et même dangereux de croire que nous pourrons regrouper au sein d'une même super-entité des pays avec des cultures, des langues, des Histoires différentes.
Je terminerai par quelques brefs commentaires sur des propos tenus au cours du second débat. Il a été émis le souhait, ou plutôt l'objectif, d'avoir plus de croissance et moins de dette. Bien évidemment il faudrait être fou pour vouloir le contraire. En revanche, c'est sur la manière d'y arriver que j'ai doutes. L'austérité et la rigueur ne sont pas des solutions, comme cela a été avancé, mais bien des problèmes qui nous entrainent dans un cycle infernal de récession. S'agissant de la dette, il me semble impératif de revenir à un financement direct des Etats par la banque centrale (BCE ou banques centrales nationales) en renationalisant le pouvoir de création monétaire. Pour la croissance, je crois que c'est par la relance, donc par une politique keynésienne, que le moteur économique pourra être relancé. Cela implique donc en particulier des augmentations de salaire et non une rigueur salariale de type allemande comme cela est proposé par nos dirigeants.
 
- Peut-on encore produire en France ?
Pascal Canfin (député européen EELV) - Gérard Mancret (ancien président de la CGPME Isère, ancien chef d'entreprise) - Jacques Rigaudiat (économistes, membre de la fondation Copernic) - Modérateur : Vincent Giret (Libération)
Il est un fait que je ne connaissais pas forcément mais qui est tout à fait intéressant : la France réalise 2/3 de son commerce extérieur au sein de l'Union Européenne, notamment avec l'Allemagne et l'Italie.
Par ailleurs, il ne faut pas oublier que l'UE est la première zone économique du monde et qu'elle représente 500 millions de consommateurs. En somme, et pour faire court, l'UE est capable de tenir tête à la Chine et aux Etats-Unis si tant est qu'elle en a la volonté. Je rajouterais également que l'europe latine (France, Italie, Espagne, Portugal, Grèce, Belgique) représente à elle seule environ 200 millions d'habitants.
Mais revenons-en à nos moutons. Depuis maintenant une trentaine d'années la France s'est engagée dans un processus de désindustrialisation, initialement impulsée par Valéry Giscard d'Estaing puis subie par la suite. Petit à petite, la France est donc passée d'une nation industrielle de premier plan à une société de services, notamment en raison d'une volonté de tertiarisation de l'économie. Pour autant, ce phénomène est-il inéluctable ? Personnellement je ne le crois pas. Un changement de cap est bien évidemment possible, certes pas à court terme puisqu'il s'agit d'un mouvement de fond, dès lors que l'on s'en donne les moyens. Et je crois que cela passe par une forme de protectionnisme, comme le font toutes les autres économies du monde (Chine, Inde, Etats-Unis, Brésil …). Pour l'Europe serait-elle alors la seule zone de libre-échange intégral, la grande perdante de la mondialisation alors que tous les autres se protègent ? Si ce n'est par dogmatisme bien sûr.
On nous cite souvent, et beaucoup trop à mon goût pour tout dire, l'Allemagne comme exemple à suivre. Alors effectivement ce pays est un exportateur de premier choix. Cela est tout à fait vrai. Mais il ne faut pas faire preuve de malhonnêteté intellectuelle en ne dévoilant qu'une partie de la réalité. Car la vérité, celle que l'on ne cesse de cacher, est que l'Allemagne réalise la majorité de son excédent commercial au sein de l'UE donc uniquement grâce à nous. La vérité est que l'Allemagne, tout comme la France, est en situation de déficit commercial vis-à-vis de la Chine. La vérité est que l'Allemagne exploite les ex-pays de l'est pour sous-traiter la fabrication des composants qui seront assemblés sur son territoire. La vérité est qu'il n'existe pas de salaire minimum en Allemagne entrainant la multiplication de jobs à 1 € de l'heure et donc la précarisation de l'économie. Voila ce qu'est réellement ce fameux modèle que l'on nous vante tant.
Mais je m'égare et m'éloigne de la question initiale. Oui je crois, je suis persuadé même que l'on peut encore produire en France. Mais pour cela il faut avoir le courage de l'affirmer et la volonté de prendre les mesures qui s'imposent. Je pense, comme je l'ai déjà dit, au protectionnisme mais cela implique également de soutenir nos PME, d'investir dans la recherche et l'innovation, de promouvoir auprès des entrepreneurs les qualités de notre pays (éducation, infrastructures, productivité ….). Car le coût du travail n'est pas l'alpha et l'oméga de la production. Cela serait trop facile. Bien d'autres critères entrent en ligne de compte et c'est à ce niveau, je crois, que la France a une carte à jouer.
 
- L'Etat a-t-il perdu face aux marchés financiers ?
Nicolas Baverez (économiste) - Guillaume Hannezo (ancien conseiller de François Mitterrand, membre des Gracques) - Karine Berger (économiste, proche de Hollande) - Modérateur : Vincent Giret (Libération)
Cela faisait quelques débats qu'il n'y avait pas eu de réelle opposition entre les intervenants et celui qui nous intéresse maintenant vient mettre un terme à cela. Alors bien sûr il ne faut pas croire que l'affrontement fut véhément, malheureusement et je regrette d'ailleurs l'absence de Jacques Généreux qui était initialement annoncé, mais cela permit tout de même d'assister à une légère contradiction.
De ce débat j'ai retenu une idée principale par intervenant, idée qui, je trouve, reflète finalement assez bien la pensée de son auteur. Ainsi, pour Nicolas Baverez, la "finance a une responsabilité majeure dans la crise mais pas exclusive". Il est alors nécessaire de "réguler la finance mais pas de la réprimer". Pour Karine Berger, "le système financier doit financer l'économie réelle" car c'est son métier. Néanmoins, malgré les discours de certains, "l'Etat n'a pas la volonté de lutter face aux marchés financiers". Enfin, selon Guillaume Hannezo, le remède à la crise est de faire un pas vers plus d'intégration européenne car les solutions mises en œuvre entre Etats actuellement ne marchent pas. Pour preuve, il constate que le défaut de la Grèce sur une partie de sa dette est finalement inutile puisque les marchés se rattrapent par la suite en prêtant à des taux d'intérêts plus importants.
Au final, et je remarque que c'est une relative constante dans les débats auxquels j'ai assisté, il me semble que les intervenants n'ont pas vraiment répondu à la question initiale. Personnellement, je crois effectivement que les Etats se sont couchés devant les marchés financiers qui ont pris le dessus, l'économique primant alors sur le politique. D'ailleurs, la meilleure illustration de cela, qui constitue pour moi l'un des plus gros échecs de l'Etat face aux marchés financiers, est la privatisation de la création monétaire. Au risque de me répéter, je rappelle que depuis la loi Pompidou-Giscard de 1973, reprise dans l'article 104 du traité de Maastricht et l'article 123 du traité de Lisbonne, l'Etat n'a plus le droit de se financer directement auprès de la banque centrale. Cela nous conduit alors à des aberrations ou plutôt des scandales moraux comme ce fut le récemment : en décembre dernier, la BCE et son président Mario Draghi (qui est, au passage un ancien dirigeant de Goldman Sachs) a prêté 500 milliards à 1 % aux banques privées alors que celles-ci financeront les Etats à des taux usuraires parfois supérieurs à 10 %. Il ne peut donc y avoir de réel affranchissement des marchés financiers tant que le financement des dettes souveraines sera subordonné à la bonne volonté des banques privées.
 
- Le capitalisme peut-il être régulé ?
Nathalie Arthaud (porte-parole de LO) - Jean Peyrelevade (proche de François Bayrou, ancien dirigeant du crédit lyonnais) - Modérateur : Philippe Douroux (Libération)
S'il était un débat qui pouvait s'avérer passionnant, c'était bien celui-là. En effet, il s'agissait d'un sujet totalement d'actualité opposant une candidate révolutionnaire à la présidentielle et un ancien banquier, plus ou moins proche de François Bayrou. Malheureusement, ce fut une nouvelle déception puisque la quasi-totalité de l'échange consista en un affrontement au sujet de l'URSS et du système soviétique.
Ce débat m'a toutefois permis de confirmer mon sentiment à l'égard de Nathalie Arthaud et de Lutte Ouvrière, auxquels j'ajoute par la même occasion Philippe Poutou et le NPA car pour moi c'est bonnet blanc et blanc bonnet. La seule différence étant, selon Nathalie Arthaud, que le NPA n'est pas un parti communiste. Un détail presque sémantique en somme. Mais passons. Je disais donc que ce débat m'a été utile, dans une certaine mesure, puisque celui-ci m'a permis de renforcer mon opposition totale aux idées de ce parti. Pour faire bref, Arthaud est contre la propriété privée et promeut la collectivisation des moyens de production. De plus, celle-ci tient un discours caricatural au possible, notamment sur le capitalisme.
Mais revenons-en au sujet qui nous intéresse, c'est-à-dire la possibilité ou non de réguler le capitalisme. Avant tout, je crois qu'il est nécessaire de bien faire la différence entre "devoir" et "pouvoir". Très clairement, l'Etat doit impérativement réguler l'économie et la finance. Mais la question est de savoir si cela est réellement possible. A titre personnel je crois que oui. Et une fois encore cela ne pourra se faire à l'unique condition qu'il existe une volonté politique. En clair, si on veut on peut.
Alors allons un peu plus loin et intéressons-nous rapidement au "comment". Comme tout système, le capitalisme est susceptible d'aboutir à des excès et des dérives dès lors qu'il n'existe pas de règles visant à l'encadrer. C'est donc par un ensemble de règles que l'Etat doit réaffirmer son rôle. Mais une règle seule est inutile si elle ne s'accompagne pas de sanctions, sanctions qui doivent être suffisamment dissuasives. Parallèlement, il me semble également nécessaire de promouvoir les bons comportements, ou en réalité de décourager les mauvais (principe du renforcement négatif). Pour être concret, on peut prendre l'exemple de la taxe sur les transactions financières qui vise à lutter contre la spéculation. Mais tous ces éléments seront vains si les mesures ne sont pas effectivement appliquées. Car aujourd'hui la peur de la répression ne suffit plus. Seule la contrainte fera vraiment évoluer les choses. Comme dans bien d'autres domaines d'ailleurs.