lundi 28 janvier 2013

Retour sur l'actualité

Durant ces quelques semaines d'absence, bien des sujets ont alimenté l'actualité. Aujourd'hui ce sont cinq thèmes que j'ai décidé d'aborder.
 
- Oui Gérard tu es un minable !
Je ne ferai à personne l'affront de faire un rappel des faits tant cette polémique a fait les choux gras des médias. Entre les pros et les antis Depardieu, la bataille a été terrible et chaque camp s'est largement répandu dans la presse. Outre les politiques, on a vu poindre, à regret selon moi, un réflexe de caste de la part du monde du cinéma où acteurs et autres comédiens ont avancé les arguments les plus pauvres jamais entendus. Pensez donc, il ne faut pas attaquer le pauvre Gérard, ivrogne à ses heures perdues, car c'est un mythe, un monstre sacré du cinéma. Faible argumentation en réalité qui conduit à amnistier une personne pour la seule et unique raison qu'il s'agit d'une célébrité.
Parallèlement à cela, je trouve malheureux voire même pathétique ou même minable (n'est-ce pas Jean-Marc) le comportement adopté par ce cher Gérard. S'abaisser à vanter les mérites de la Russie et faire la promotion de ses qualités démocratiques uniquement pour des considérations fiscales, il faut quand même le faire. Pour moi, et beaucoup d'autres de nos concitoyens d'ailleurs, Gérard Depardieu est un minable qui tourne le dos au pays qui a fait de lui ce qu'il est aujourd'hui. Gégé ferait donc bien de ne pas oublier tout ce que la France et les Français ont fait pour lui.
Sur un plan plus politique, je regrette également que cette droite du fric ait pris la défense d'un exilé fiscal. Mais cela aura toutefois eu le mérite de révéler les réelles convictions de Copé, Fillon et consorts. Pour finir, je rappellerai simplement que toute cette histoire n'aurait jamais eu lieu s'il existait dans notre pays un impôt sur la nationalité qui ferait abstraction du lieu de résidence …
 
- Hollande, un président normal en Nord-Mali
Voila donc plus d'une semaine que la France est militairement engagée dans le conflit au Mali. Cette intervention a fait l'objet d'un quasi consensus à l'exception de quelques uns (Mélenchon, Villepin …) et c'est une bonne chose. Car François Hollande a ordonné, à juste titre, l'envoi de nos troupes pour assister un pays souverain qui nous en a fait la demande. Il aurait été incompréhensible de ne pas venir en aide à une nation menacée par des terroristes et des rebelles. La guerre a certes un coût mais le sujet est trop stratégique pour se limiter à la seule vision comptable. A l'inverse, je crois qu'il faut donner à nos soldats les moyens tactiques de mener à bien leur mission.
Aujourd'hui l'armée malienne appuyée par les soldats français progresse de manière significative face aux rebelles. Et l'arrivée prochaine des troupes envoyées par les autres nations africaines devraient permettre d'accélérer la reprise du contrôle total du pays par le gouvernement malien. Je suis toutefois surpris de constater que notre pays se retrouve seul aux côtés des forces africaines. Je regrette profondément que nos "alliés" américains et européens, Allemagne en tête, n'aient pas daignés participer à cette opération. Et cela d'autant plus que le Sahel est une zone stratégique qui intéresse une grande partie du monde. Espérons que la récente prise d'otages sur un site pétrolier, qui s'est malheureusement soldée par de nombreux morts et blessés, incite d'autres nations à s'engager à nos côtés. Je pense notamment à l'Algérie qui est concernée au premier plan par ce conflit.
 
- FMI : une erreur de calcul qui coûte cher !
A première vue on pourrait penser à un canular, une blague pas drôle mais nous sommes en janvier et non pas en avril. Il s'agit donc bel et bien de la réalité. La semaine dernière, un économiste en chef du FMI a annoncé s'être trompé dans leurs prévisions économiques en raison d'une erreur de calcul. En fait, il apparaît que les hypothèses retenues étaient mauvaises et que le modèle de calcul s'est donc révélé complètement faux.
L'erreur, ou plus vraisemblablement la faute, est liée à l'utilisation du multiplicateur. Il s'agit d'un paramètre économique qui permet de prévoir les conséquences sur la croissance de certaines actions publiques. Jusqu'à présent, le multiplicateur était de 0,5, c'est-à-dire que pour un point de hausse d'impôt ou de baisse des dépenses publiques, l'impact sur la croissance est de - 0,5. L'ensemble des modèles de prévisions étaient donc basés sur cette hypothèse et ont servi de base à la mise en œuvre des plans d'austérité en Europe et notamment en Grèce.
Malheureusement pour les peuples, les pontes du FMI n'ont pas actualisé leur modèle afin de tenir compte du contexte de crise mondiale et d'interdépendance entre les économies. Ce n'est donc que très récemment que ces économistes se sont aperçus que le multiplicateur n'était pas de 0,5 mais variait en réalité entre 0,9 et 1,7 soit deux à trois fois plus qu'envisagé.
Cette affaire pourrait prêter à sourire si les conséquences de cette erreur n'étaient pas aussi dramatiques pour les peuples du monde entier. Car ce sont finalement bien eux qui ont subi les effets de ces plans de rigueur à répétition. Par chance, le FMI a reconnu son erreur et semble revenir sur sa politique de "tout austérité". En revanche, les dirigeants européens, commission européenne en tête, ne prennent visiblement pas le même chemin et perdurent malgré les avertissements de plusieurs prix Nobel d'économie dans la voie de la rigueur de masse.
Comme disait Albert Einstein, "ce n'est pas avec ceux qui ont créé les problèmes qu'il faut espérer les résoudre". En conséquence, plus que d'alternance c'est d'une vraie alternative dont le pays a besoin. A la fois alternative politique sans le PS ni l'UMP mais également alternative économique avec une remise en cause du système actuel et un changement de paradigme.
 
- Taxe à 75 % : amateurisme ou coup fourré ?
Annoncée à la surprise de tous durant la campagne présidentielle, la taxe exceptionnelle à 75 % a finalement été retoquée par le conseil constitutionnel. En cause, le non respect du principe d'égalité devant l'impôt du fait d'une taxation au niveau de l'individu et non du foyer fiscal.
Cette "erreur" pose clairement des questions. En effet, comment peut-on imaginer que les services de Bercy aient commis une bourde aussi grossière, digne d'un débutant ? Difficilement en réalité. Et c'est pourquoi une autre interprétation est possible. A savoir une faute volontaire conduisant à un rejet inévitable à la demande du pouvoir. Le tout évidemment afin de se dépêtrer de cette annonce faite visiblement à la va-vite et sans concertation préalable. Mais quel qu'en soit le motif, il est tout à fait anormal que ce dispositif ne soit pas passé et il faut espérer, ce qui ne semble pas le cas pour le moment, qu'une réelle alternative soit présentée.
Cela étant, la polémique autour de ce taux, rappelons-le marginal, pose plus largement la question de la réforme fiscale de grande ampleur promise par François Hollande. Pour l'heure, et comme cela était prévisible, il n'en est rien. Seule cette proposition a été suivie d'actes qui, même en cas de validation, auraient été anecdotiques de par son caractère temporaire et trop sélectif. Cela relevait donc davantage du symbole que de la réelle mesure fiscale.
Pour autant, il est indéniable qu'une remise à plat de notre système d'imposition est aujourd'hui impérative, à la fois pour plus de justice et d'équité mais également afin de redonner à l'Etat et aux collectivités les moyens d'agir. La fiscalité doit être l'arme de prédilection de la puissance publique afin de servir sa politique en orientant ou en décourageant les comportements individuels.
S'agissant de l'impôt sur le revenu, dont il est question ici, je crois que deux actions correctives doivent être mises en œuvre à court terme. La première est de rétablir une réelle progressivité de l'impôt en augmentant le nombre de tranches, aujourd'hui au nombre de cinq, et donc par la même occasion en relevant le taux marginal maximum afin justement de taxer plus ceux qui ont le plus. On pourrait ainsi imaginer que le taux à 75 % prenne cette place au lieu de n'être qu'une mesure transitoire. La deuxième, et je me répète encore une fois, est d'instaurer un impôt sur la nationalité en prenant comme modèle le système américain. Outre une hausse des rentrées fiscales, cela permettrait de lutter contre l'exil fiscal. François Hollande et Nicolas Sarkozy l'ont mentionné durant la campagne. Il est donc temps de passer de la parole aux actes.

vendredi 25 janvier 2013

Un accord tout bénef pour le Medef !

Cela faisait maintenant plus d'un mois que je n'avais pas écrit un article sur ce blog. Lors de ma dernière publication, je pensais, et avais annoncé, reprendre un rythme d'écriture plus régulier mais ce ne fut visiblement pas le cas. Pas de panne d'inspiration cette fois-ci tant les sujets d'actualité pullulent ces dernières semaines mais plutôt un manque cruel de temps. De fait, mon nouveau travail et mon nouveau logement accaparent une grande partie de mes journées, ne me laissant que peu de répit pour écrire.
 
Mais cessons de nous égarer pour en venir à ce qui nous occupe aujourd'hui, à savoir l'accord sur la sécurisation de l'emploi signé récemment entre les partenaires sociaux. Pour beaucoup ces négociations ont été un succès et constituent une avancée sociale historique pour le pays, tant sur le fond que sur la forme. Les signataires (Medef et CFDT notamment) ainsi que le gouvernement s'en sont d'ailleurs allégrement félicités.
 
Pour autant, il apparaît clairement que la portée de cet accord n'est pas si importante qu'on voudrait nous le faire croire. Là encore, qu'il s'agisse de son contenu même ou des conditions de sa signature. Dans l'absolu, l'idée d'associer les partenaires sociaux pour les questions de droit du travail est intéressante. Et cela traduit bien le côté social-démocrate de François Hollande. En revanche, je crois que l'Etat ne doit pas se désengager entièrement de ce processus comme ce fut le cas. En fervent défenseur de l'Etat interventionniste, je pense au contraire que c'est au gouvernement d'impulser les évolutions de législation, tout en y associant les syndicats.
 
Le cas précis de la conclusion de cet accord montre bien les limites de ce système. En effet, seules la CFDT, la CGC et la CFTC ont signé, FO et la CGT refusant de valider le document final. On peut alors s'interroger sur la légitimité de l'accord dès lors que deux des plus puissants syndicats du pays ne le valident pas. Sans parler du fait que certaines centrales (SUD, UNSA) n'étaient même pas associées au processus.
 
S'agissant du fond, c'est-à-dire des mesures adoptées, on remarque là encore que qualifier cet accord d'historique est loin d'être justifié. Il n'y a qu'à regarder dans le détail pour s'en rendre compte. Ce que nous allons bien évidemment faire.
 
Commençons tout d'abord par les efforts concédés par le patronat. En premier lieu, et c'est certes un progrès, on peut constater une hausse des cotisations chômage sur les contrats courts (+ 3 points pour les contrats inférieurs à un mois et + 0,5 à 1,5 points pour les contrats compris respectivement entre un et trois mois et supérieurs à trois mois). A priori, il s'agit là d'une bonne mesure. Pour autant, il faut reconnaître que ces hausses sont marginales et surtout il est important de relever que ce dispositif concerne uniquement les CDD et exclut donc de fait l'intérim. Bref, ce n'est qu'un leurre qui ne limitera en rien le recours aux contrats précaires.
Ensuite, l'accord instaure la mise en place de droits chômage rechargeables. Autrement dit, le salarié pourra conserver le reliquat de ses droits non utilisés en cas de reprises d'activité. Outre le fait que le salarié a cotisé pour obtenir ses droits, il apparait que les patrons concèdent ici un point qui ne les concerne que de manière lointaine dans la mesure où cela ne les impactera pas directement. De fait, ce sont bien les caisses chômage qui financeront cette mesure et non la trésorerie des entreprises.
Enfin, il faut malgré tout souligner la volonté de généraliser les complémentaires santé à des salariés qui en sont aujourd'hui exclus. Nuançons toutefois cela en rappelant que l'employeur ne financera que la moitié du coût, l'autre étant à la charge de l'assuré.
 
Et du côté salarié alors ? Et bien là les concessions sont nettement plus importantes et ne relèvent pas de la symbolique. Bien au contraire les conséquences seront visibles, et probablement à (très) court terme au vu de la situation économique de notre pays. Deux points ont ainsi particulièrement retenu mon attention.
Le premier concerne les "accords de maintien de l'emploi". Pour résumé, cela consiste à imposer demander aux salariés une baisse de salaire et/ou une augmentation du temps de travail pour une durée maximale de deux ans en cas de difficulté pour l'entreprise. En réalité il s'agit, ni plus ni moins, de légaliser le chantage à l'emploi mené actuellement par de nombreuses entreprises (Renault …). Gageons d'ailleurs que le recours à ce dispositif sera massif dans les prochains mois.
Dans la droite lignée du premier point, et satisfaisant ainsi la volonté de dérégulation du Medef, la seconde mesure accorde aux entreprises une plus grande souplesse dans les licenciements, notamment collectifs, par la réduction de certains délais légaux (durée de contestation d'un licenciement ...).
 
Au vu de ces éléments, et contrairement à ce que disent certains, il apparaît clairement que le Medef est le grand vainqueur de cette négociation. En effet, celui-ci a obtenu d'importantes concessions, demandées de longue date, de la part des syndicats et n'a cédé, de son côté, que de manière anecdotique. On peut donc se féliciter que FO et la CGT aient refusé de signer et, à l'inverse, que les autres organisations syndicales se soient une nouvelle fois couchées devant le patronat.
 
Sous couvert de compétitivité, mot à la mode du XXIème siècle, cet accord se révèle être finalement une nouvelle attaque contre le droit du travail qui conduit à davantage de flexibilité pour les entreprises, c'est-à-dire plus de précarité pour les salariés.
Cela montre une fois de plus qu'employeurs et salariés ne sont clairement pas sur un pied d'égalité. Ces dernières années les négociations ont très souvent, pour ne pas dire toujours, tourné à l'avantage du patronat, aidé en ce sens par les gouvernements successifs de droite et en particulier sous la présidence de Nicolas Sarkozy.
Si le dialogue est généralement préférable, il ne faut pas oublier que dans notre pays les plus grandes avancées sociales ont été obtenues par la lutte et le combat, pas par la discussion. Plutôt que les vaines tractations c'est donc un rapport de force qu'il faut engager aujourd'hui. La lutte des classes n'est clairement pas terminée et tend au contraire à revenir au premier plan. Bien naïfs sont ceux qui ne veulent pas le voir ...