mercredi 17 septembre 2014

"Frondeurs" socialistes ou vulgaires crocodiles ?

C'est hier qu'avait lieu la déclaration de politique générale de Manuel Valls à l'Assemblée nationale. Je ne reviendrai pas sur ce discours tant celui-ci ne présente que peu d'intérêt. Une fois encore, le premier ministre nous a joué la carte de l'autorité et de la responsabilité tout en tendant des perches ci et là. Bref rien de nouveau sous le soleil.
 
En revanche, cette intervention a été suivie d'un vote confiance qui fut nettement plus intéressant. Bien évidemment, et le contraire aurait été surprenant, Valls a obtenu la confiance (relative) avec 269 voix pour, 244 contre et 53 abstentions. Pour rappel, le même vote avait eu lieu au mois d'avril lors de la première mouture du gouvernement Valls avec des résultats plus favorables (306 pour, 239 contre et 26 abstentions).
 
Bien que ce vote ait déjà été largement anticipé et commenté dans les médias, je souhaitais tout de même y consacrer quelques mots. Indéniablement, le fait marquant est ici la progression du nombre d'abstentions qui passe de 26 à 53, dont 31 socialistes et 17 écolos. Les "frondeurs" ont donc su globalement gonfler et serrer les rangs face aux pressions et autres menaces.
 
Personnellement, et d'autant plus sur ce type de vote, je suis quelque peu gêné par la notion d'abstention. En effet, la question posée ici est simple et sans ambigüité. A la manière d'un référendum. En conséquence, il me semblerait logique que la réponse soit tout aussi simple, à savoir oui ou non. Oui je fais confiance au premier ministre et à son gouvernement pour diriger le pays ou non je ne leur accorde pas ma confiance. Dans ce cas de figure, comme bien d'autres d'ailleurs, l'abstention n'a pas grand sens. Toutefois, pour les principaux intéressés, cela représente une manière de s'opposer en douceur, sans trop froisser le pouvoir en place. Une opposition light en somme.
 
Si on peut effectivement admettre ce raisonnement, je considère qu'il ne s'agit pas là de la bonne solution. D'un point de vue stratégique et en fonction des intérêts personnels peut-être mais certainement pas pour le pays. D'une part cela signifie que le gouvernement n'arrive pas à rassembler réellement sa majorité sur son programme politique et d'autre part cela sous-entend que nos représentants sont pour beaucoup des godillots qui n'ont pas le courage de leurs opinions.
 
Alors bien sûr je ne suis pas naïf et je ne viens pas de découvrir qu'un grand nombre de parlementaires font passer leur propre intérêt avant celui de la nation. Pour autant, je garde quelques espoirs dans notre système politique et ne veux pas encore me convaincre du "tous pourris".
 
Il apparait en revanche que ces nouveaux évènements, couplés à tous les précédents, ne va faire que creuser davantage le fossé entre le peuple et la classe politique. Le cas des "frondeurs" socialistes ne fera donc que diminuer un peu plus la confiance des Français dans leurs représentants. Et dans cette histoire, députés et médias ont leur responsabilité. Les uns comme les autres ont entretenu la fable d'un groupe de députés fidèles à leurs valeurs qui souhaitaient s'opposer fermement à la politique menée par le gouvernement. En définitive, cela s'est résumé à des déclarations dans la presse, des réunions à la Rochelle mais rien de concret lors des votes au Parlement. Bref des paroles plus que des actes, dans la droite lignée de Nicolas Sarkozy et François Hollande.
 
Plus que des "frondeurs", dont le terme est largement usurpé, ces socialistes ne sont finalement ni plus ni moins que des crocodiles : grande gueule mais petits bras.