lundi 16 février 2015

Opération Sentinelle : campagne de communication ou action de sécurité ?

S'il est une semaine dont il faut se rappeler en 2015, c'est bien celle du 5 janvier. En effet, c'est lors de cette semaine là que les tueries de Charlie Hebdo et de l'hyper cacher se sont déroulées. Et c'est la même semaine qu'a eu lieu l'immense mobilisation populaire dans tout le pays.

Mais au-delà de l'émotion suscitée, ces attaques ont également appelé une réponse du pouvoir en place. Je passe volontairement sur les chartes de la fraternité et autres mesures tout aussi angéliques qui relèvent davantage de l'incantation que d'une réelle riposte à des attentats.

En revanche, nul ne peut ignorer l'une des réactions du gouvernement, à savoir la mise en place de l'opération Sentinelle. Concrètement, il s'agit de déployer plus de 10 000 soldats afin d'assurer la sécurité d'environ 800 sites identifiés comme sensibles (synagogues, bâtiments publics …).
Chacun a ainsi pu constater la présence de militaires dans nos rues, que ce soit en faction ou en patrouille. D'ailleurs, on a vu se multiplier les marques de solidarité envers nos soldats comme le mentionne cet article du Figaro.
 
Si je ne peux que me féliciter que les Français renouent avec leur armée, je ne peux m'empêcher d'émettre des doutes quant au bien fondé de cette opération. Indéniablement François Hollande se devait de réagir suite aux attentats mais est-ce vraiment la manière la plus appropriée ? Je ne le crois pas.
Pire je considère que cette opération est un gâchis. Gâchis pour l'État qui dépense 1 million d'euros par jour pour Sentinelle. Mais aussi gâchis pour nos soldats qui seraient, je pense, bien plus utiles sur d'autres théâtres d'opération.
 
Plus encore que le coût et le contre-emploi de nos forces armées, on peut s'interroger sur la réelle utilité de cette opération. Autrement dit, la présence de militaires dans nos rues permet-elle de lutter contre des attentats ou tout du moins de réduire leur risque ? Et bien la réponse est non malheureusement. Bien au contraire. Car sans être vraiment dissuasifs, nos soldats deviennent de nouvelles cibles de choix pour d'éventuels terroristes.
 
En matière de terrorisme, et le président de la République le sait bien, l'affichage médiatique ne sert à rien. Ce sont les enquêtes longues, minutieuses et surtout discrètes menées notamment par les services de renseignement qui sont le plus efficaces. C'est donc dans ce domaine qu'il faut massivement débloquer des fonds afin de donner aux services compétents les moyens nécessaires pour mener à bien leur mission.
 
Mais alors, me direz-vous, si la méthode est connue pourquoi ne pas y recourir ? Là encore la réponse est simple et tient en deux mots : sondages et popularité. François Hollande a clairement tiré bénéfice des évènements du mois de janvier en adoptant une stature présidentielle qui, selon certains, lui manquait. Cela s'est d'ailleurs traduit par un bond d'une vingtaine de points dans les sondages. Hollande cherche donc à capitaliser sur cette image et à entretenir sa côte de popularité. Et pour cela rien ne vaut la carte de la sécurité comme le faisait Nicolas Sarkozy en son temps.
 
En lançant Sentinelle, le président de la République a donc lancé une opération militaire de grande ampleur mais aussi (et surtout) une campagne de communication de premier choix.