vendredi 14 décembre 2012

Ne sacrifions pas le social sur l’autel du sociétal !

Après quelques jours voire semaines d’absence, c’est avec une joie certaine que Tomgu se remet à l’écriture. Depuis quelques temps maintenant, l’actualité est principalement monopolisée par le combat égotique à l’UMP et la question du "mariage pour tous". Pour autant, bien d'autres thèmes nettement plus importants mériteraient d'être abordés. Il en est ainsi de l'affaire Florange. Reconnaissons, malgré tout, que le sujet a été parfois traité mais de manière superficielle, et souvent sous un angle de politique politicienne avec la rivalité Ayrault/Montebourg. 

Alors à qui la faute ? Les médias ? Assurément. Les citoyens ? Très probablement.
Mais ceux-ci ne sont pas les seuls responsables dans cette histoire. De fait, il serait bien trop facile de dédouaner notre classe politique. Car c'est bien elle qui est, finalement, à l'origine de ce traitement médiatique. En effet, c'est elle qui alimente la presse de ces petites phrases ou ces affrontements de cour de récréation.

 
Dès lors, il ne faut donc pas s'étonner de retrouver ces éléments dans la presse. Et cela d'autant plus que le premier des Français, notre cher président de la République François Hollande n'hésite pas à poursuivre allégrement dans cette voie. N'est-ce pas lui qui souffle le chaud et le froid sur la question du mariage homosexuel ? N'est-ce pas lui qui parle de "liberté de conscience" ou de procréation médicalement assistée (PMA), généralement pour revenir aussi sec sur ses propos ?
 
Depuis le début de son mandat, François Hollande, notamment par la voix de son premier ministre Jean-Marc Ayrault, cherche grandement à mettre en avant les thèmes sociétaux. Le mariage gay fait évidemment la course en tête mais il ne faut pas pour autant oublier le droit de vote des étrangers ou l'euthanasie. Il s'agit certes de promesse de campagne mais ce ne sont pas, pour moi, des sujets prioritaires au vu de notre situation économique. En outre, il ne me semble pas forcément pertinent de mettre sur la table des questions plus que clivantes alors même que notre pays aurait davantage besoin d'union nationale.
 
Pour autant, il est clair que ce comportement s'inscrit dans une stratégie politique plus large qui vise à sauver les meubles. En effet, cela permet d'une part de serrer les rangs à gauche autour de thèmes fédérateurs et donc de chercher à mettre en sourdine les critiques de ses partenaires. Mais aussi et surtout, d'autre part, à détourner l'attention des Français, à agir tel un miroir aux alouettes pour justement ne pas parler de choses qui fâchent.
 
Et c'est bien là tout le problème de ce gouvernement. Car rien n'est pire que de cacher la poussière sous le tapis comme dirait Nicolas Sarkozy. Or, d'une certaine manière, c'est ce que fait Jean-Marc Ayrault et son équipe en agissant de manière détournée et dissimulée. Je pense notamment au cas de Florange mais également au traité européen de stabilité (TSCG). Comme son prédécesseur, Hollande fait beaucoup de bruit pour pas grand-chose.
 
Pire encore, le président "socialiste" semble avoir définitivement fait une croix sur certains de ses discours de campagne, et en particulier sur celui du Bourget. Avec un adversaire comme François Hollande, la finance a encore de beaux jours devant elle ! Il n'y a qu'à voir les récentes prises de position face à Mittal pour s'en rendre compte.
 
Certains disent qu'Hollande et Sarkozy mènent la même politique. A l'inverse, d'autres estiment que les deux hommes n'ont rien à voir. Personnellement, je me méfie des jugements des commentateurs politiques et préfère m'appuyer sur les faits pour me faire ma propre opinion.
Pour ce qui est de la politique économique et sociale de notre pays, il s'avère en effet que de grandes ressemblances existent : soumission à Bruxelles, soutien aveugle à l'euro, aplatissement devant Mittal, refus du protectionnisme, réduction massive des dépenses publiques … Concédons toutefois au président actuel quelques mesures sociales en début de mandat qui, si elles ont le mérite d'exister, sont beaucoup trop faiblardes : micro pichenette au SMIC, hausse de l'allocation rentrée scolaire …


En somme, Hollande s'inscrit dans le même logiciel de pensée économique que son prédécesseur. Ce n'est donc pas de si tôt, à mon grand désespoir, que nous reverrons un retour en grâce des politiques keynésiennes au sommet de l'Etat. Pour l'heure, les sujets sociaux (emploi, retraites, pouvoir d'achat …) sont donc mis de côté ou alors traités à la petite semaine alors même qu'ils devraient faire l'objet de toutes les attentions. Gageons toutefois que la rue saura rappeler bien vite à nos dirigeants quelles sont les priorités pour aujourd'hui et demain. Mais cela suppose que nos concitoyens sortent de la léthargie dans laquelle politiques et médias les ont plongés.  Bref, le changement ce n'est vraiment pas pour maintenant …