lundi 26 septembre 2011

Retour sur l'actualité

Après une semaine chargée, revenons quelques instants sur les deux principaux évènements de ces derniers jours. 

- Israël/Palestine : un Etat sinon rien
Vendredi dernier, Mahmoud Abbas a présenté devant l'ONU une demande de reconnaissance d'un Etat palestinien. De son côté, Israël s'est  "logiquement" opposé à cette requête. Cela fut également le cas des Etats-Unis qui utiliseront très probablement leur veto. Cela confirme donc que les américains sont les grands amis d'Israël, soutenant ses dirigeants de manière quasi aveugle.
Côté français, Nicolas Sarkozy a adopté une position intermédiaire en étant partisan du statut d'Etat observateur à l'instar du Vatican. Une fois de plus notre président essaye de ménager la chèvre et le chou par un numéro d'équilibriste de haut vol, ce qui me semble tout à fait dommage. En effet, après avoir joué les héros et les défenseurs de la liberté et de la démocratie en Lybie, on aurait pu s'attendre à une nouvelle prise de position forte au sujet du conflit israélo-palestinien. Cela d'autant plus que Barack Obama semble de plus en plus dépassé voire même hors-jeu sur la question.
Depuis des décennies les combats entre Israéliens et Palestiniens font rage. A chaque nouvelle période de négociations les choses avancent quelque peu avant de reculer par la suite. Je crois que cela s'explique notamment par le fait que les deux entités ne se trouvent pas sur le même pied d'égalité puisqu'Israël se trouve, quoi que l'on en dise, en position de force vis-à-vis de son voisin.
Alors que faire pour en finir avec ce conflit qui n'a que trop duré ? Les choses ne sont évidemment pas simples mais il me paraît grand temps de s'atteler réellement à la tâche. Pour cela il me semble impératif que la communauté internationale s'engage totalement dans un processus de résolution. Si les Etats-Unis ne sont pas en mesure de prendre la tête des opérations, je crois que la France aurait une certaine légitimité à prendre ce rôle.
S'agissant des mesures concrètes, la reconnaissance d'un Etat palestinien, c'est à dire la reconnaissance du droit d'exister au niveau international, serait un premier pas. Le Kosovo a bien eu cette faveur, pourquoi pas la Palestine ? Par la suite, il faudra mettre Israël devant ses responsabilités et la contraindre à prendre réellement et activement part aux négociations. En pratique, cela revient à cesser le processus de colonisation et les différentes mesures de rétorsion envers la population. En cas de mauvaise volonté, des sanctions politiques et économiques devraient alors être envisagées.
Certes ce conflit ne se résoudra pas en un jour. Néanmoins il est important que nos dirigeants fassent preuve de courage politique et mettent enfin les mains dans le cambouis. Cela semble d'autant plus important que les révolutions arabes conduisent à davantage de sévérité envers Israël. Une telle résolution aboutirait alors à amener une certaine stabilité dans une région aussi sensible que stratégique.
 
- Basculement historique au Sénat
Depuis hier soir la gauche en général, et le Parti Socialiste en particulier, est sur un petit nuage. En effet, en ce dimanche 25 septembre 2011, le Sénat est pour la première fois de l'Histoire passé à gauche. La droite, majoritaire jusque là, perd donc une nouvelle élection. En réalité, il s'avère que la gauche a remporté tous les scrutins depuis 2007. Il faut toutefois relativiser cette victoire dans la mesure où, quoi qu'il arrive, l'Assemblée Nationale, majoritairement de droite, aura toujours le dernier mot. L'opposition pourra donc poser des problèmes au gouvernement et lui compliquer la tâche mais ce de manière mesurée.
Pourtant, ce basculement du Sénat pose plus de questions qu'il n'apporte de réponses. De fait, l'analyse de ce résultat est compliquée par le recours aux grands électeurs et la portée même de l'élection. Pour autant, il apparaît que la défaite est une nouvelle fois au rendez-vous pour le pouvoir en place. Cela peut alors être interprété comme le rejet d'une politique (celle du gouvernement) ou d'une personne voire d'une personnalité (celle du président).
Quelle qu'en soit la vraie raison, la perte, hautement symbolique, du Sénat est très inquiétante pour nos dirigeants puisqu'elle vient sanctionner une action menée depuis 2007. Cette situation est d'autant plus préoccupante que l'échéance présidentielle approche à grand pas.
Alors justement, le passage du Sénat à gauche serait-il un premier pas vers une alternance en 2012 ? Avant 2007 j'aurais eu tendance à dire oui. Néanmoins depuis l'échec du PS après 12 ans de Chirac, je préfère me garder de tout pronostic. Malgré tout, il est clair que toutes les conditions sont réunies pour un retour de la gauche au pouvoir. Pourtant, une telle victoire n'est pas certaine tant les Français doutent des capacités de l'opposition à faire mieux. Je ne peux d'ailleurs pas leur en vouloir dans la mesure où je fais un constat assez similaire.
Au delà de l'alternance, c'est d'une réelle alternative dont la France a besoin. Malheureusement, je ne suis pas sûr que la population en ait conscience et, peut-être plus grave, qu'elle en ait le courage ...

dimanche 18 septembre 2011

La peine de mort fête les 30 ans de son abolition

C'était le 18 septembre 1981. Ce jour-là, l'Assemblée nationale adopte le projet de loi abolissant la peine de mort, présenté par Robert Badinter, ministre de la justice de François Mitterrand. Il s'agit d'une des principales promesses du candidat socialiste durant sa campagne, une des plus controversées aussi. Après un débat houleux, le projet est finalement adopté le 18 septembre à 19h28 par 363 voix pour et 117voix contre.
Source : rtl.fr
 
Cela fait donc 30 ans jour pour jour que la peine mort a été abolie dans notre pays. Rappelons qu'il s'agit là d'une des mesures phares de François Mitterrand prise suite à son élection alors même que l'opinion publique restait majoritairement  contre cette abolition à 63 %.
 
Aujourd'hui de nombreux pays de par le monde continuent toujours à appliquer la peine capitale et notamment les Etats-Unis. Chez nous, en France, le sujet revient de manière périodique dans le débat, en particulier sous l'impulsion du Front National. D'ailleurs, Marine Le Pen, sa candidate à l'élection présidentielle de 2012, a indiqué souhaiter soumettre cette question par référendum aux Français.
 
La peine de mort étant un sujet sensible, les échanges autour de ce thème sont logiquement passionnés voire même frénétiques. Chaque camp avançant alors ses arguments et accusant l'autre soit de barbarisme soit d'angélisme. Chacun faisant alors alternativement appel à l'affect et à la raison.
 
De même que sur le mariage homosexuel, mon positionnement idéologique a évolué concernant la peine de mort. A l'origine, et durant de nombreuses années, je fus un partisan de la peine capitale. Je ne trouvais pas anormal, pour ne pas dire que je trouvais cela logique, qu'une personne ayant tué subisse le même sort. En fait, mon raisonnement, certes simpliste, était le suivant : tu tues, on te tue. Cela ayant le mérite d'être dissuasif et d'éviter la récidive. Pour autant, je pensais que l'exécution devait se limiter aux crimes les plus graves (meurtres, viols ...) et uniquement lorsque les faits étaient avérés de manière certaine afin d'écarter toute erreur judiciaire. En outre, j'étais également partisan d'une telle sanction pour des considérations économiques. Je trouvais insensé de payer à vie une cellule à un criminel alors que beaucoup de nos concitoyens avaient des difficultés pour subvenir à leurs besoins.
 
Depuis, je suis revenu sur mes positions et je crois que l'abolition de la peine de mort est une bonne chose qui doit perdurer. En réalité, je pense maintenant que la société n'a pas à exécuter un individu quoi qu'il ait fait car cela reviendrait à se mettre à son niveau. De plus, cela ne me semble pas être la bonne solution, que ce soit en termes de morale ou de politique judiciaire. Enfin, nous ne sommes pas à l'abri d'une erreur qui aurait alors des conséquences irrémédiables, en tout cas beaucoup plus qu'un emprisonnement.
 
De son côté, Marine Le Pen est favorable à un rétablissement de la peine de mort afin de retrouver une réelle échelle des sanctions. Cela ne me semble pas opportun au XXIème siècle dans un pays tel que le nôtre. La France, patrie des droits de l'Homme, n'est pas une vulgaire dictature rétrograde à l'instar de la Chine ou de la Corée du Nord.
 
Pour autant, cela ne signifie pas que notre système judiciaire doive faire preuve de laxisme. Je crois qu'il est urgent de mettre en place une réelle perpétuité, c'est à dire une peine de prison à vie et non pas une période maximale de 30 ans. Cela passe notamment par la réduction des remises de peine automatique mais aussi par la construction de nouveaux établissements pénitenciers et la rénovation de ceux existants afin d'améliorer sensiblement les conditions de vie en prison.
 
Alors bien sûr la prison n'est pas le Club Med. Néanmoins, il me semble impératif de se rappeler que les détenus sont des êtres humains qui se retrouveront demain dans notre société. Il est donc nécessaire de faire des efforts dans une finalité de réinsertion donc de lutte contre la récidive.
 
Aujourd'hui, la prison apparaît comme un système contre-productif qui cultive la délinquance au lieu de la réduire. Ainsi, certains petits délinquants tournent encore plus mal au contact de bandits plus expérimentés alors même que leur privation de liberté devrait les décourager de recommencer.
Cet état de fait ne peut évidemment plus durer. Notre système pénitentiaire doit donc être revu en profondeur afin que la prison retrouve son rôle premier : remettre dans le droit chemin.

vendredi 16 septembre 2011

Premier débat pour les candidats à la primaire

S'il est un évènement politique que j'attendais avec une certaine impatience, c'est bien le débat des primaires socialistes. Et j'avoue ne pas avoir été déçu malgré quelques points perfectibles.
Mais commençons tout d'abord par la forme du programme. Celui-ci s'articulait en trois parties successives avec tout d'abord une brève présentation d'une minute par candidat. S'en suivait ensuite une interview par les journalistes durant dix minutes au cours de laquelle un grand nombre de propositions ont pu être développées. Enfin, un débat entre tous les participants s'est tenu pendant près d'une heure.
A priori un tel format semblait intéressant dans la mesure où cela permet à chacun de s'exprimer sur ses propres propositions avant d'être confronté à ses camarades. Malgré tout, il s'avère après coup que le débat à six a été relativement pauvre et aseptisé. Il aurait donc été préférable soit de rallonger les interviews soit de muscler davantage les échanges en explicitant un peu plus les points de divergence.
 
Passons maintenant à la minute de présentation de chacun des candidats.
- Martine Aubry : la maire de Lille a logiquement développé ses thèmes de campagne mais elle a surtout insisté sur son expérience ministérielle, notamment dans le but de contraster avec ses adversaires.
- Manuel Valls : celui-ci a fortement mis l'accent sur la dette et cela s'est vu tout au long de l'émission. Il s'agit, selon lui, de tenir un discours de vérité aux Français. Par ailleurs, ce dernier a alterné le "je" et le "vous" suivant la logique : vos problèmes, mes solutions.
- Arnaud Montebourg : le jeune député a accès sa présentation sur la crise et les réformes structurelles à mettre en oeuvre et a notamment expliqué sa volonté de fonder un nouveau système économique et financier. A noter également  le passage où il parle de sa famille et de ses origines qui tend à créer un sentiment de proximité en jouant sur l'affect des téléspectateurs.
- Jean-Michel Baylet : clairement ce candidat était le moins à l'aise de tous. Ce dernier était fébrile ce qui le forçait à lire son texte. Texte centré sur les valeurs républicaines défendues par les Radicaux.
- Ségolène Royal : une fois encore, la candidate de 2007 a mis en avant son expérience dans sa région. De plus, celle-ci a fait mention de son enfance, dans le même objectif que Montebourg mais avec moins de succès. Cela s'explique notamment par un cruel manque de spontanéité particulièrement renforcé par la lecture de ses notes.
- François Hollande : au delà du fond de son intervention, c'est surtout la forme qui m'a interpellée chez Hollande. En effet, celui-ci m'a paru crédible, convaincant et dynamique ce qui n'a pas été le cas de tous.
 
Après cette petite mise en bouche, les choses sérieuses ont commencé avec une interview de dix minutes dont trois (en théorie) sur un thème spécial choisi à l'avance par le candidat.
- Arnaud Montebourg : sur la forme, j'ai trouvé Montebourg clair et précis mais surtout incisif et tranchant. Sur le fond, celui-ci a insisté sur la nécessité d'une transformation en profondeur du système et non pour une simple gestion avec des changements à la marge. Cela passe notamment par une certaine dose de protectionnisme mais aussi par un affrontement avec le système financier avec la mise sous tutelle des banques.
Son thème spécial était le pouvoir d'achat avec trois propositions allant en ce sens : un partage des bénéfices entre salariés et actionnaires, un gel des loyers, le versement des allocations familiales dès le premier enfant et l'instauration de conditions de ressources.
- Jean-Michel Baylet : plus à l'aise que lors de sa présentation, le président du PRG a pu développer ses propositions qui se distinguent du projet du PS. Clairement celui-ci s'exprime pour une europe fédérale avec la mise en place d'une gouvernance politique et économique, dans le prolongement de la monnaie unique. Cela signifie donc plus d'intégration et de délégation de compétences donc moins de souveraineté nationale.
Son thème spécial était les sujets de société avec en particulier la légalisation du cannabis et la reconnaissance de l'euthanasie.
- Ségolène Royal : l'ancienne ministre de François Mitterrand a décliné son offre politique sans, je trouve, réelle hiérarchie entre ses propositions. On y retrouve alors la création d'une banque publique d'investissement, la promotion d'une croissance verte ou encore l'instauration d'une règle d'or dans la Constitution qui consisterait en une règle de bonne gestion des finances publiques.
Son thème spécial était les institutions dans la droite ligne de son contrat avec la nation. Et là j'ai retrouvé la Ségolène de 2007 avec ses slogans niais voire neuneu : "République du respect", "ordre social juste" ...
- François Hollande : Combattif, dynamique, vif, passionné sont les mots qui, pour moi, résument le mieux l'intervention de l'ancien premier secrétaire du PS. Fortement impliqué dans la lutte contre les déficits, ce dernier souhaite que chaque nouvelle mesure soit financée par des économies. Parmi celles-ci on retrouve le contrat de génération ou le recrutement de 60 000 enseignants. A noter que François Hollande a cité de nombreux chiffres, gagne de sérieux et de crédibilité.
Son thème spécial était le nucléaire et son souhait de la réduire de 75 à 50 % la part du nucléaire dans la production d'électricité.
- Manuel Valls : Valls l'a dit à plusieurs reprises durant la soirée, il veut tenir un discours de vérité aux Français. En clair, il ne veut pas promettre monts et merveilles et souhaite lutter de manière drastique contre la dette et les déficits. Il propose notamment d'instaurer une TVA sociale ce qui est assez surprenant pour un libéral comme lui dans la mesure où il s'agit d'une forme de protectionnisme.
Son thème spécial était l'intégration, l'immigration et la sécurité. Sa mesure phare est la mise en place de quotas migratoires par métier. C'est donc sur ce thème que Manuel Valls se distingue fortement des autres candidats.
- Martine Aubry : de même que François Hollande et Manuel Valls, Martine Aubry souhaite revenir à un déficit de 3 % en 2013, notamment par la suppression de niches fiscales inutiles. En parallèle, 300 000 emplois d'avenir, qui sont peu ou prou les emplois jeunes du temps de Jospin, seront créés.
Son thème spécial était le pouvoir d'achat. Celle-ci propose en particulier la tenue d'une conférence salariale dès le retour de la croissance (et avant on fait quoi ?) ainsi qu'un gel des loyers.
 
Dernière partie de l'émission, le débat entre tous les candidats.
Le décor choisi était un alignement des candidats debout devant un pupitre. Personnellement je ne suis pas fan d'un tel dispositif tant cela est solennel, ce qui était l'effet cherché. J'aurais privilégié une table ronde qui aurait permis de détendre un peu l'atmosphère en s'affranchissant du caractère cérémonieux.
S'agissant de la dette et des déficits, thème prépondérant de la soirée, il semblerait que deux tendances se dégagent : d'un côté les "keynésiens" avec une volonté de relancer l'économie et de l'autre les partisans de la rigueur et de l'austérité (notamment Valls, Hollande et Baylet) même si cela n'est pas exprimé de manière explicite. Dans la même veine, j'ai le sentiment que cohabitent dans ce parti les transformateurs (Montebourg et éventuellement Royal) et les gestionnaires qui accompagnent le système actuel.
Par ailleurs, il est clairement apparu que Martine Aubry a cherché à se démarquer de François Hollande (nucléaire, cumul des mandats, contrats de génération, déficits, emplois jeunes). Cela semble tout à fait logique puisque ce sont les deux leaders des sondages. Malgré tout, il est à noter que François Hollande a réalisé un bon coup sur la question du nucléaire en mettant ses camarades en difficulté alors que lui-même a un projet clair, net et précis.
 
Pour conclure, ce débat m'a paru assez intéressant, tant sur le fond que sur la forme. Alors bien sûr le débat final a été plutôt long à démarrer en raison des louanges, plus ou moins hypocrites, que les candidats s'adressaient chacun leur tour. Pour autant, l'interview centrale a permis de mieux cerner les différents protagonistes de la primaire :
- François Hollande : c'est la bonne surprise de la soirée pour moi. Ce dernier, que je ne connaissais que peu, m'a séduit sur la forme (dynamisme, volonté ...) même si je ne peux pas en dire autant sur le fond.
- Ségolène Royal : suite à son livre, et malgré son passif, je partais avec une opinion assez positive. Malheureusement je n'ai pas trouvé sa prestation à la hauteur. En outre, ses défauts de 2007 sont revenus au grand galop ce qui me déplaît fortement. En réalité, Royal m'énerve en particulier dans son intonation et ses slogans de bisounours mais aussi par l'usage à outrance du "je" et du "moi".
- Jean-Michel Baylet : pour moi Baylet n'est pas vraiment à sa place dans la primaire. Ce dernier n'a évidemment aucune chance et aurait du, si son intention est réelle, mener une candidature en parallèle. La seule raison pouvant expliquer sa présence est qu'en participant à la primaire, le PRG se rappelle au souvenir des socialistes afin d'obtenir un éventuel poste de ministre et surtout des circonscriptions pour les législatives.
- Arnaud Montebourg : dans la droite ligne de son livre, Montebourg défend des idées qui me parlent. De plus, ses qualités oratoires et son charisme viennent renforcer un peu plus ses possibilités de conviction.
- Manuel Valls : Valls m'est sympathique et j'apprécie certaines de ses prises de position. Malgré tout, je doute quelque peu de sa place au PS et le trouve un peu trop libéral à mon goût.
- Martine Aubry : A l'inverse de François Hollande, j'ai été déçu par la maire de Lille. Elle était ma préférée au début mais c'est de moins en moins vrai au fur et à mesure de ses prises de position.

lundi 12 septembre 2011

"Lettre à tous les résignés et indignés qui veulent des solutions" de Ségolène Royal

Les primaires socialistes approchant à grand pas, et ayant la volonté d'y participer, je m'attelle à m'informer sur tous les candidats. Après l'ouvrage d'Arnaud Montebourg, "votez pour la démondialisation", j'ai donc décidé de lire la "lettre à tous les résignés et indignés qui veulent des solutions" de Ségolène Royal.
 
A priori, je n'ai pas plus d'affinités que cela avec l'ancienne candidate à la présidentielle socialiste. En effet, je la trouve plutôt nunuche, voire même naïve dans certaines de ses prises de position. De plus, son volte-face concernant son programme de 2007 m'a quelque peu refroidi.
Pour autant, certaines idées émises par la candidate socialiste m'ayant interpellé, j'ai choisi de passer outre mes préjugés et de creuser un peu plus avec ce livre.
 
Pour commencer, Ségolène Royal met en avant toute l'étendue de son expérience. Cela va de ses relations avec François Mitterrand à sa campagne présidentielle en passant par ses postes de ministre. Sans oublier évidemment ses responsabilités en Poitou-Charentes, véritable laboratoire régional pour ses solutions.
Cette mise en exergue n'est bien évidemment pas innocente et a même trois objectifs. Le premier est de répondre aux critiques émises sur sa prétendue incompétence, notamment en 2006. Le second concerne directement 2011 et plus particulièrement la primaire socialiste puisqu'il s'agit de mettre en avant une expérience que n'ont pas les autres candidats, hormis peut-être Martine Aubry. Enfin, le troisième et dernier but est de s'inscrire dans les pas de Mitterrand. De fait, ce dernier est en quelque sorte un héros pour les socialistes et chacun cherche à se prévaloir de son héritage. En rappelant ses relations avec lui, Ségolène Royal prend ainsi une longueur d'avance sur les autres.
 
Outre l'aspect compétence, la présidente du Poitou cherche à se démarquer de ses camarades en allant là où on ne l'attend pas. Le passage suivant en est ainsi la preuve :
"Alors que ce n'était pas dans les habitudes du PS, j'avais décidé de mettre mes réunions publiques aux couleurs de la France  car elles appartiennent à tous, et je ne veux plus que l'extrême droite s'en attribue le monopole."
Par ces propos, je crois que Ségolène Royal touche du doigt l'explication du succès du FN. En effet, il semble clair que ce parti se développe sur les thèmes laissés de côté par les partis traditionnels alors mêmes qu'ils intéressent grandement les Français. Cela est notamment le cas de l'immigration, de la laïcité ou encore de l'euro. Mais l'exemple du drapeau Français est également un bon exemple tant celui-ci avait été accaparé par l'extrême-droite. De fait, il n'était plus possible d'exprimer l'amour de son pays ou un quelconque patriotisme sans être accusé de fascisme ou de racisme.
 
S'il est un autre sujet sur lequel la gauche a fait des progrès, c'est bien la sécurité. Ainsi, tous les candidats se sont saisis de la question et mettent en avant des solutions. Alors bien sûr l'angélisme n'a pas complètement disparu du PS mais les choses semblent évoluer dans le bon sens. D'ailleurs, Ségolène Royal fait une excellente analyse de l'échec de la politique de sécurité de Nicolas Sarkozy en développant cinq points: abandon du terrain, politique du chiffre, manque de moyens, insécurité juridique et inflation législative et manque de prévention. Il restera à voir ce que seront les mesures mises en oeuvre car trop souvent le constat est juste mais les solutions inadaptées.
 
De même qu'Arnaud Montebourg, Ségolène Royal souhaite un retour des états et du politique dans l'économie. De plus, ses charges multiples et virulentes contre les banques et le système financier vont en ce sens. Malgré tout, et je fis la même remarque s'agissant du concept de démondialisation, une telle volonté ne pourra se réaliser dès lors que l'on restera dans le cadre du système actuel. En effet, ces deux dirigeants socialistes veulent mettre en place des mesures qui s'opposent au fonctionnement des instances européennes sans vouloir faire sécession avec ces organisations supranationales. C'est là une grande contradiction que l'on peut leur opposer.
 
Enfin, Ségolène Royal termine son livre par une ode à la culture. Celle-ci exprime son souhait de maintenir un budget conséquent, même en temps de crise, afin de démocratiser la culture et de la rendre accessible à tous.
Il est vrai que mon intérêt pour la Culture avec un grand C est assez limité. C'est pourquoi j'ai du mal avec les individus qui prônent toujours plus de moyens pour ce ministère. Alors bien sûr, je crois que la culture revêt son importance mais il me semble préférable, notamment en période de disette budgétaire, de privilégier d'autres dépenses plus essentielles.
 
Pour conclure sur ce livre, je dirais ne pas avoir été déçu par ce que j'ai lu. Je dirais même plus que je suis d'accord avec la plupart des propos tenus. Malgré tout, deux éléments m'ont gêné.
Sur le fond, je regrette que les socialistes persistent dans leur idéologie de fédéralisme européen qui n'est qu'une utopie stérile et sans avenir. Il faut arrêter de croire que l'intégration européenne est la solution à tous nos maux.
Sur la forme, je dois reconnaître que l'utilisation intempestive du "je" m'a dérangé. Certes la cinquième République implique une personnalisation du débat et que l'élection présidentielle est la rencontre entre un peuple et un Homme. Mais je pense qu'il aurait été préférable d'utiliser davantage le "nous", ou à défaut la forme impersonnelle, afin de fluidifier le tout.
D'ailleurs, il est surprenant de constater ce phénomène chez une personnalité de gauche alors même que la tradition est de privilégier le groupe. Par ce biais, Ségolène Royal se distingue un peu plus des autres candidats et se rapproche en ce sens de Nicolas Sarkozy, grand adepte de ce procédé.

jeudi 8 septembre 2011

Règle d'or ou règle de plomb ?

En ce moment, il est une expression que l'on retrouve dans toutes les bouches. Je parle bien évidemment de cette fameuse "règle d'or". Initiée par Nicolas Sarkozy, il n'est pas étonnant que la droite prêche pour son adoption. A l'inverse, cela est plus problématique à gauche, et notamment au sein du PS.
Alors bien sûr l'ensemble des candidats à la primaire socialiste se sont élevés contre cette règle et ont appelé à s'y opposer au Parlement. En revanche, il faut noter que François Hollande et Ségolène Royal se sont prononcés pour le principe d'une telle règle mais seulement après 2012. De là à les considérer comme des girouettes et de faire de l'antisarkozysme primaire ...
 
Mais passons sur cette politique politicienne pour nous intéresser davantage au fond du problème. Pour rappel, cette "règle d'or" consiste à inscrire dans la Constitution le fait que chaque gouvernement devra contribuer à un assainissement budgétaire. En clair, l'objectif est de contraindre de manière constitutionnelle nos gouvernants à réduire notre déficit et notre dette donc à présenter des budgets en équilibre.
 
A première vue, l'adoption d'un tel principe semble être une bonne chose. Ce n'est pas faux. En effet, qui, aujourd'hui, s'opposerait à réduire notre endettement ? Pour autant, cela serait bien évidemment trop simple et il faut prendre conscience de l'étendue des conséquences de cette règle. Et c'est là que le bât blesse.
 
Comme vous l'aurez sûrement compris, je suis favorable à une meilleure gestion de finances publiques mais je suis clairement opposé à cette règle qui, je le crois, se révélera contre-productive. Et cela d'autant plus que je ne pense pas que cela aura un réel effet puisque d'autres solutions sont envisageables.
 
Tous ceux qui ont un minimum de formation en droit savent que la Constitution est la source de droit la plus élevée en France. Je laisse volontairement de côté la législation européenne qui me paraît illégitime. Ce texte a pour objectif de fixer le fonctionnement et l'organisation de notre Etat. En somme, notre Constitution contient d'une part l'ensemble des règles qui organisent les pouvoirs publics et leurs rapports entre eux (gouvernement, Parlement, président ...) et d'autre part les libertés publiques (ou libertés fondamentales) qui sont accordées à toute personne résidant sur le territoire ou ressortissante de l'État concerné. (Source : wikipedia.fr)
 
Tout ce baratin juridique pour dire que la Constitution n'a pas pour vocation de contenir une règle de politique budgétaire. Je dirais même que ce texte ne doit pas définir la politique à mener. Une modification de son contenu comme souhaité par Nicolas Sarkozy reviendrait donc à aller à l'encontre de l'esprit du droit.
 
Parallèlement à ce point assez technique, il est un argument qui me semble nettement plus important. Contraindre un gouvernement à l'équilibre budgétaire consiste en fait à lui ôter toute latitude, toute marge de manoeuvre pour diriger le pays à son aise. Mais aussi, et c'est peut-être le plus grave, à faire face à des évènements imprévus.
 
Prenons comme exemple la crise économique et financière de ces dernières années dans l'hypothèse où cette règle d'or serait en vigueur. Notre cher président aurait alors été confronté à un choix cornélien : soit respecter à la lettre la Constitution et donc laisser le pays sombrer, soit faire fi de ladite règle et mettre en oeuvre les mesures adéquates tout en creusant la dette.
 
Il est bien évident que la seconde solution serait privilégiée, quitte à aller à l'encontre de notre loi fondamentale. D'ailleurs, cela a bien été le cas pour le pacte de stabilité et ces fameux critères de Maastricht. Bref, on veut nous faire adopter une ligne de conduite que l'on s'empressera de violer à la première occasion.
 
Pour pallier cet inconvénient, certains proposent  d'assortir la règle de conditions. Pour faire simple, on réduit l'endettement quand tout va bien et on fait comme on peut en temps de crise. Dans ce cas, pourquoi vouloir inscrire cela dans la Constitution, au prix d'un cheminement long, coûteux et incertain, alors même que c'est la démarche entreprise ces dernières décennies.
 
Au final, la "règle d'or" voulue par notre président et son gouvernement se révèle être une règle de plomb qui nous pénalisera davantage puisque le remède sera pire que le mal.
Malgré tout, cela ne signifie pas que l'on doive faire preuve de laxisme budgétaire, bien au contraire. La lutte contre la dette doit être menée de front mais de manière juste et efficace, pas comme le font les gouvernements en place que ce soit en France ou à l'étranger (Grèce, Espagne ...).
 
On pourrait donc, finalement, s'interroger sur le réel objectif de Nicolas Sarkozy avec ce nouveau chiffon.
Ne pourrait-on pas imaginer qu'il s'agit d'un énième coup de communication ?
Serait-il impossible que cette règle soit agitée à destination des marchés financiers et des agences de notation pour préserver le triple A ?
Oserait-on penser qu'il s'agit ni plus ni moins que d'une manière de "jouer au président responsable face aux laxistes socialistes" en période pré-électorale ?
Franchement, il faudrait être bien impudent pour songer à cela. D'autant plus que ce n'est pas du tout le genre de notre président ...

dimanche 4 septembre 2011

Retour sur l'actualité

Après quelques semaines d'absence, me voila de retour pour de nouvelles aventures. Dans cet article, je reviendrais sur certains faits marquants de l'actualité qui m'ont interpellé.
 
- Plan de "rigueur" : Fillon se moque du monde
Comme de nombreux pays européens, la France n'est pas épargnée par ces fameux plans de rigueur. Ainsi, François Fillon a récemment décliné l'ensemble des mesures visant à économiser 11 milliards d'euros.  
Disons le tout de suite, ce plan n'est pas à la hauteur et n'est pas adapté à la situation. De fait, son montant est d'une faiblesse effarante alors que l'on nous rebat les oreilles avec le soi-disant problème de la dette. Pour information, la baisse de TVA dans la restauration coûte près de 3 milliards par an et l'exonération de cotisations sociales sur les heures supplémentaires environ 4,5 milliards.
Pire, les mesures proposées sont injustes et petit-bras ! Une fois de plus ce sont les classes moyennes qui payent pour les autres. Par ailleurs, il faut noter que c'est aujourd'hui au contribuable français de payer l'addition de la crise alors même que les principaux responsables en sont dispensés. En outre, il ne faut pas oublier que le "plan de sauvetage des banques" a considérablement accru notre déficit et notre dette.
Une fois n'est pas coutume, notre gouvernement parle beaucoup mais agit peu. Ce dernier fait mine de se creuser la tête pour trouver 11 milliards alors que des marges de manoeuvre plus importantes pourraient et devraient être dégagées. Il suffirait simplement de vraiment le vouloir et de laisser toute considération dogmatique au placard. Pour preuve, la suppression des deux mesures citées plus haut (TVA à 5,5 % et exonération de cotisations) rapporterait déjà plus de la moitié du plan Fillon. Ajoutons à cela un grand coup de balai dans les niches fiscales et sociales (plusieurs dizaines de milliards par an) ainsi qu'une augmentation d'impôts pour certains et le tour serait joué.
Je ne parle même pas des mesures structurelles qui me semblent indispensables (TVA sociale, protectionnisme, réforme de la fiscalité, financement par la banque de France ...) et qui permettraient de se défaire de manière pérenne de nos soucis de dette.
 
- Taxons les riches, ce sont eux qui le demandent
Après Warren Buffet et ses acolytes, voilà maintenant que 16 contribuables français parmi les plus riches ont signé une tribune demandant à payer une contribution exceptionnelle raisonnable.
A priori, il s'agit là d'une avancée majeure qui témoigne d'une prise de conscience de la part de nos élites. A priori seulement car, avec le recul, il s'avère que ce texte relève davantage de la communication et du coup de pub que d'une conversion à l'équité et la justice sociale. Je m'explique.
Tout d'abord, seuls 16 personnes ont signé cet appel alors même que les ultra-riches sont bien plus nombreux dans notre pays. Ensuite, ces derniers souhaitent une contribution exceptionnelle qui sera alors temporaire et donc appelée à disparaître rapidement. Enfin, celle-ci doit être raisonnable ou autrement dit faible.
En somme, ces bonnes âmes nous disent qu'ils sont prêts à verser une petite obole en temps de crise après s'être largement gavés et avoir amplement bénéficié de cadeaux fiscaux. Comme disait Jean-Luc Mélenchon, nous ne demandons pas l'aumône au CAC 40 !
Clairement les inégalités se sont accrues dans notre pays depuis quelques années. La faute à la crise bien évidemment mais pas seulement. N'oublions pas que les "gros de notre pays" tant particuliers qu'entreprises ont profité de largesses fiscales de la part de nos dirigeants (bouclier fiscal, niches fiscales ...).
Il me semble que ce temps est révolu. Aussi, il me semble normal que ces individus, qui ont bénéficié des services de l'Etat (éducation, infrastructures ...), passent à la caisse comme le font le reste des contribuables français. Et cela doit être fait de manière pérenne. Pour cela, la meilleure solution est de réviser l'ensemble des niches fiscales et sociales mais également de rétablir la progressivité de l'impôt sur le revenu et de taxer davantage le capital.
Seul une réforme juste et audacieuse de notre système fiscal permettra de retrouver une certaine égalité devant l'impôt et de restaurer une certaine justice sociale.
 
 
- Prime de rentrée des classes : stop à l'hypocrisie
 Comme chaque année, à la période de la rentrée des classes, les associations des parents d'élèves et des familles viennent pleureur au journal de 20 heures pour nous expliquer que le coût de la rentrée augmente et que la prime gouvernementale n'est pas adaptée ni assez élevée.

Clairement je m'inscris en faux contre ces allégations. Je peux admettre que la ventilation entre catégories d'âge n'est pas optimale (284,97 € de 6 à 10 ans; 300, de 300,66 €  de 11 à 14 ans et de 311,11 € de 15 à 18 ans) mais la mise en cause des montants alloués ne me semble pas pertinente. Il est vrai que le coût des fournitures scolaires est amené à évoluer d'année en année. C'est un fait. Pour autant, le montant de l'allocation est également réévalué périodiquement.
A mon sens, le principal problème de vient pas tant du coût des produits mais plutôt de la tendance de consommation excessive des foyers. Concrètement, est-il réellement nécessaire d'acheter un nouveau cartable à chaque rentrée ? Doit-on forcément avoir les derniers produits à la mode ? La réponse est bien évidemment non.
En fait, je crois que cela pose la question de la place de l'enfant au sein de la famille et de son pouvoir d'influence lors de la prise de décision. Ainsi, le règne de l'enfant-roi est loin d'être fini.
Pour résumer, il faut arrêter de critiquer le montant des aides gouvernementales. A l'inverse, il serait intéressant de remettre en question nos modes de consommation et d'inculquer à nos enfants la valeur de l'argent.