Hier soir, TF1 diffusait
dans l'émission "sept à huit" un reportage sur les récentes scènes de
guérilla urbaine survenues à Moirans. Une fois encore Grenoble et son
agglomération attire l'attention des médias pour des phénomènes de violence.
Une fois de plus nous faisons la une pour de sombres affaires qui entachent encore
un peu plus l'image déjà peu reluisante de notre région.
Évidemment Grenoble
n'est pas un cas isolé en France. Et il est clair que le fait d'y habiter
renforce le degré d'information et de connaissances des faits divers. Cela
étant l'agglomération a connu son lot de mésaventures en tout genre (émeutes,
braquages, règlement de comptes …) et restera tristement célèbre pour le
discours de Nicolas Sarkozy du 30 juillet 2010.
Mais in fine ce n'est
pas tant le lieu qui compte mais bien les faits en eux-mêmes. Et ici les faits
sont clairs et limpides. Des individus appartenant à la communauté des gens du
voyage ont mis à feu et à sang la commune de Moirans afin d'obtenir une
permission de sortie précédemment refusée. Bref une "vulgaire"
tentative de chantage par la violence.
Heureusement cela n'a
pas fonctionné cette fois ci mais on peut évidemment se remémorer des évènements
similaires en août dernier sur l'A1. Des gens du voyage (déjà) avaient complètement
bloqué l'autoroute afin d'obtenir une permission de sortie (encore) pour l'un
des leurs. Et de tels exemples peuvent être multipliés à l'envie. Je pense
notamment en Isère au blocage de routes à Meylan ou du campus universitaire à
Saint Martin d'Hères visant à obtenir l'ouverture de barrières afin d'y stationner
leur caravane. La méthode est toujours la même : recourir à la violence pour
obtenir d'un tiers, en l'occurrence l’État ou les communes, une dérogation à la
règle de droit commun.
Malheureusement ces
gens là obtiennent souvent ce qu'ils veulent. Et c'est bien là tout le
problème. Car pourquoi ne pas recommencer si cela fonctionne ? Puisque la
puissance publique cède face à ces revendications, pourquoi se priver ? Cette
faiblesse de l’État crée finalement une sorte de jurisprudence qui incite à
récidiver. Les émeutiers de Moirans n'ont peut-être fait que s'inspirer de
leurs confrères de l'A1. Peut-être ont-ils simplement profité de la brèche
ouverte à cette occasion ?
Voila toute la problématique
qui nous occupe aujourd'hui. Évidemment dans le cas de Moirans mais bien plus
largement en réalité. La faiblesse de l’État. Son laxisme ou pire, son
impuissance. Beaucoup d'habitants ont blâmé les policiers et gendarmes présents
sur place pour leur inaction. Ils ne comprenaient pas pourquoi ils laissaient
ces voyous saccager leur ville sans rien faire. A Moirans comme ailleurs la
réponse est la même : "on a des ordres".
Ordre. Voila le mot
magique. Mais en fait d'ordres de la part de nos gouvernants, c'est le désordre
qui s'installe. La chienlit comme disait De Gaulle. L’État a peur. Peur de la
bavure, peur de la contagion, peur d'un nouveau 2005.
On peut évidemment
comprendre qu'il faille tenir compte des risques et conséquences avant
d'intervenir mais quelle image donnée à la population que ce laisser-faire ?
Comment demander aux citoyens de respecter les lois sous peine de sanctions alors
que d'autres bénéficient d'une totale impunité ? Comment justifier ce deux
poids-deux mesures, cette telle différence de traitement entre d'un côté des
CRS qui délogent manu militari des avocats manifestant pacifiquement devant un
tribunal et de l'autre ces mêmes CRS qui restent immobiles devant des voyous
brulant des voitures ?
Le citoyen lambda ne
peut qu'être stupéfait par ce phénomène. Il ne peut que s'interroger de voir
ses dirigeants si impuissants face à des voyous. Parce qu'il est l’État, l’État
ne peut et ne doit pas avoir peur. De par ses attributs et ses fonctions, l’État doit assurer l'ordre sur son territoire et protéger sa population. Or tout
cela l’État a renoncé à le faire. L’État est devenu couard et fuit de plus en
plus ses responsabilités au risque de déstabiliser toujours plus le fragile
équilibre de la vie en communauté.
Dans le cas qui nous
occupe, on ne peut que regretter qu'aucune interpellation n'ait eu lieu. Et malgré
les vaines promesses du premier ministre, on peut légitimement penser qu'aucune
poursuite ne sera engagée comme ce fut le cas par le passé. Je ne peux
m'empêcher de me demander si une intervention franche et massive afin de faire
cesser ces exactions n'aurait pas été préférable ? Nos forces de l'ordre
sont-elles à ce point incompétentes qu'elles n'auraient pas su ramener le calme
? Je ne le crois pas. Une fois de plus l’État a cédé face aux gens du voyage,
laissant ces individus évoluer en toute liberté jusqu'au prochain affrontement
pour je ne sais quelle revendication.