vendredi 29 avril 2011

Et pourquoi pas en France ?

Comme vous le savez forcément, et il serait surprenant du contraire tant on nous en rebat les oreilles depuis des semaines voire des mois, le 29 avril 2011 est la date à laquelle le prince William et Kate Middleton se sont unis en l'abbaye de Westminster.
 
Alors que notre pays n'est pas directement concerné ni touché par cette union, plusieurs chaînes de télévision ont retransmis la cérémonie. Grâce à cela des milliers (millions ?) de Françaises et Français ont pu s'émerveiller et se prendre à rêver.
Personnellement, je n'ai pas assisté à ce mariage en direct de mon salon. Malgré tout, je n'ai pas pu m'empêcher de regarder quelques images par-ci, par-là. Ces dernières m'ont alors inspiré trois réflexions.
 
Tout d'abord, il apparaît assez clairement que les Anglaises ont un goût assez particulier pour les chapeaux. De fait, il semblerait que chacune voulait avoir un couvre-chef plus excentrique que celui de sa voisine. L'avantage d'une telle effervescence est qu'il était alors aisé de régler les couleurs de sa télévision.
 
Ensuite, je dois reconnaître avoir été quelque peu heurté par le faste déployé autour de cet évènement. Alors bien sûr il s'agit du mariage du futur roi d'Angleterre, fils de Lady Di et évidemment que le protocole et la tradition pèsent lourdement sur les organisateurs. Pour autant, il ne faut pas oublier que nous sortons à peine d'une crise économique majeure qui a conduit à de nombreux sacrifices. D'ailleurs le peuple anglais n'a pas été épargné par la cure d'austérité souhaitée par le premier ministre David Cameron.
Un peu plus de modestie et de retenue n'auraient donc pas été de trop en ces temps de disette budgétaire, ne serait-ce que par respect et par solidarité avec les plus petits.
 
Mais ces deux premières remarques me paraissent assez insignifiantes à côté de celle qui va suivre. Je dois reconnaître avoir moi-même été étonné d'avoir seulement pensé à cela. En effet, j'ai déjà exprimé ici mon attachement à la République et à nos institutions qui me paraissent assez en adéquation avec notre temps. Avec le recul, et malgré des freins psychologiques et liés aux mentalités, je ne suis pas convaincu que cette idée soit si mauvaise.
 
Bref assez tourné autour du pot, rentrons dans le vif du sujet. En regardant quelques bribes de la cérémonie, je me suis laissé aller à imaginer un tel évènement en France. Je ne parle pas d'un mariage de tel ampleur, enfin pas seulement, mais plutôt de la présence d'une famille royale dans notre pays.
 
Pour parler clairement, j'ai envisagé quelques instants l'éventualité de l'instauration d'une monarchie constitutionnelle en France. Impossible ? Et pourquoi donc ? Plusieurs pays dont l'Angleterre ou la Belgique par exemple ont adopté ce modèle. Malgré tout, et du fait de notre Histoire, il serait nécessaire d'adapter son fonctionnement.
 
Alors concrètement qu'est ce que cela donnerait ?
La première chose est de réinstaurer la monarchie, c'est à dire de reconnaître la légitimité des descendants des rois de France. Ceux-ci auraient alors un statut plus ou moins équivalent à la famille royale anglaise. Grossièrement, leur pouvoir relèverait essentiellement du symbole.
Ensuite, et contrairement au Royaume-Uni où le premier ministre est le chef du parti remportant les élections législatives, je crois qu'il serait préférable de maintenir l'élection de notre dirigeant effectif (le remplaçant du président et du premier ministre) au suffrage universel.
En fait, ce système consisterait à ajouter à nos institutions actuelles un étage supplémentaire et au-dessus des autres qui serait le roi et sa famille. Cela aurait le mérite de ne pas trop chambouler notre fonctionnement.
 
Alors pourquoi un tel chambardement me direz-vous ? Et bien je dois avouer que l'objectif principal est de rassembler les Français autour d'une structure neutre et fédératrice. En somme, le but est d'essayer de gagner en cohésion et de raviver le sentiment d'union nationale voire, si j'osais, les valeurs patriotiques.
 
Si cette métamorphose du fonctionnement de notre pays pouvait conduire à ressouder la population et à lutter contre les dérives communautaristes alors peut-être que l'expérience devrait être tentée, ou tout du moins sérieusement envisagée.
Pour autant je ne suis pas naïf et un tel bouleversement, un tel changement ne serait pas simple à mettre en place tant au niveau pratique que dans les esprits. D'ailleurs moi-même je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée ...

dimanche 24 avril 2011

Arrêtons de brandir la menace d'un nouveau 21 avril !

Jeudi dernier, cela faisait neuf ans jour pour jour que le FN s'est qualifié au second tour de l'élection présidentiel. En effet, le 21 avril 2002 Lionel Jospin est éliminé dès le premier tour, ce qui conduit à un duel entre Jacques Chirac et Jean-Marie Le Pen, largement remporté par le premier avec un score stalinien (82,1 %).
Pour ce neuvième anniversaire donc, un site internet dédié a été créé. Celui-ci relaie ainsi un appel visant à obtenir une candidature unitaire à gauche.
 
Disons le clairement je trouve stupide l'idée d'avoir un unique candidat, que ce soit à gauche ou à droite. Effectivement, il me semble préférable que chacun puisse exprimer son opinion par le biais d'un certain pluralisme politique, ce qui s'oppose bien évidemment à la conception de rassemblement unitaire dès le premier tour. Au contraire, il me semble souhaitable voire même nécessaire d'avoir des candidats de sensibilités différentes dans toutes les élections.
 
Alors bien sûr la date de parution de cet appel n'est pas anodine. De fait, celui-ci fait ostensiblement écho à l'élection présidentielle de 2002 dans laquelle la gauche n'a pas participé au second tour. Les auteurs de ce texte souhaitent ainsi éviter la multiplication de candidatures et donc un phénomène de division, jugé responsable de l'échec de Jospin en 2002. De fait, Jean-Pierre Chevènement et Christiane Taubira, en particulier, ont été accusés d'avoir sabordé les chances du PS après sept années de Chiraquisme.
 
N'ayant pas personnellement suivi la campagne présidentielle à l'époque, mon opinion est à relativiser. Néanmoins, je ne pense pas que l'échec de Lionel Jospin soit entièrement imputable à la présence d'autres candidats de gauche. En effet, il me semble trop facile de rejeter la faute sur les autres sans analyser, par ailleurs, ses propres faiblesses (bilan, programme ...). En outre, on peut se demander si ces candidatures dissidentes ne venaient pas justement combler un manque programmatique voire idéologique.
 
Mais cessons de parler du passé pour revenir à notre époque et plus particulièrement à 2012.
Cet appel qui se veut humaniste, rassembleur ... est en fait un moyen de faire barrage à Marine Le Pen afin de l'empêcher d'accéder au second tour en capitalisant toutes les voix à gauche. 
Selon moi, cet objectif est doublement contre-productif.
D'une part, les auteurs partent du principe que les électeurs de gauche accepteront bien gentiment de voter pour le candidat qui aura été désigné. Permettez-moi d'en douter. Je ne suis pas convaincu qu'un partisan de Jean-Luc Mélenchon vote pour DSK et inversement, tout du moins pas au premier tour. En outre, cela pose également la question des désistements en faveur d'un autre, d'où des problèmes d'ego en perspective.
D'autre part, je ne trouve pas qu'un tel comportement soit très démocratique ni très moral (encore que la morale en politique ne soit plus chose très répandue). Ainsi, je ne comprends pas que des partis qui se disent porter des valeurs participent avec autant d'engouement à une telle chasse aux sorcières.
 
Car oui il semble bien que Marine Le Pen fasse l'objet d'une véritable cabale à son encontre. Effectivement, la leader frontiste est condamnée d'emblée, sur la base d'a priori et d'amalgames. Je crois alors que cette dernière est victime de l'héritage de son père et de son parti. Pour autant, je ne pense pas que cela soit complètement fondé dans la mesure où il apparaît que la fille Le Pen cherche à dédiaboliser le FN, tant dans les mots que dans les actes (expulsion de membres indésirables, révision programmatique ...).
Malgré tout, je ne donne pas un blanc-seing à Marine Le Pen. Je me suis d'ailleurs déjà exprimé sur le sujet dans un précédent article. En revanche, je dois reconnaître que je suis avec attention l'évolution de ce parti. Cela s'explique notamment par le fait que celui-ci a repris un certain nombre de thèmes dans lesquels je me reconnais, en particulier au niveau économique et social.
De plus, et quoi que l'on en pense, le FN est aujourd'hui la troisième formation politique de notre pays et mérite donc, de ce fait, d'être pris en compte dans les analyses politiques. Cela est d'autant plus vrai que le vote FN est de plus en plus un vote d'adhésion qui séduit 36 % des ouvriers (sondage IFOP pour le JDD) et tend à se développer dans toutes les classes sociales.
 
Aujourd'hui, nous en sommes arrivés à un point où nos politiques sont dans l'opposition permanente (à Nicolas Sarkozy, à Marine Le Pen ...) et non plus dans la proposition qui est l'essence même de la politique. De plus, il apparaît assez clairement que le fossé entre le peuple et les élites est en croissante augmentation, ce qui renforce à la fois le rejet de nos dirigeants et le succès de Marine Le Pen.
 
Au final, brandir la menace d'un nouveau 21 avril me semble être une hérésie tant cela ne repose sur rien de factuel. En effet, soit le FN est un parti dangereux et anti-républicain et auquel cas il faut l'interdire soit le FN est un parti "classique" et il faut alors arrêter de le diaboliser à outrance.
Je peux tout à fait concevoir que des individus aient des opinions différentes. Néanmoins, j'ai plus de mal avec les bien-pensants qui veulent nous imposer leurs dogmes et crachent sur ceux qui réfléchissent différemment.
 
Pour moi, la présence de Marine Le Pen au second tour l'élection présidentielle de 2012 ne serait pas un danger pour notre pays. De fait, cette dernière ne me semble pas être une dictatrice qui ambitionne de faire un coup d'Etat et de remettre en cause nos institutions. Un nouveau 21 avril ne serait donc pas une menace en soi mais traduirait plutôt l'échec de l'UMP et du PS qui n'auraient pas su répondre aux attentes légitimes des Français. 
En 2002, l'accession de Jean-Marie Le Pen au second tour a été une surprise pour tout le monde. En 2012, un tel succès pour sa fille ne surprendrait personne ... et serait un débouché logique pour la contestation actuelle.

lundi 18 avril 2011

France/Italie : les immigrés de la discorde

Si les matchs de football entre les deux sélections sont réputés pour leur tension particulière, les actuelles relations diplomatiques entre Paris et Rome n'ont rien à leur envier. En effet, depuis quelques semaines maintenant les deux pays européens se mènent une petite guerre à distance, souvent par presse interposée. L'objet du conflit : l'immigration tunisienne.
Pour résumer brièvement les faits, on pourrait dire que, suite aux révolutions arabes, de nombreux Tunisiens ont quitté leur pays et entrepris de traverser la Méditerranée direction l'Italie. Cette dernière a alors du faire face à une vague d'immigrés qui, pour la plupart, ne souhaitaient pas rester sur le territoire italien.
 
Jusque là rien d'anormal donc et surtout rien qui ne concerne la France. Néanmoins, sur ce coup là, l'Italie a voulu jouer perso sans recourir à l'aide européenne. Face à un afflux croissant et étant quelque peu dépassées par les évènements, les autorités italiennes ont donc décidé d'accorder des permis de séjour de six mois à ces migrants.
Et c'est là tout le problème. Effectivement, ces permis confèrent à son possesseur le droit de circuler librement au sein de l'espace Schengen. Concrètement, par cet acte l'Italie s'est débarrassée de la patate chaude en la refilant à ses voisins, au premier lieu desquels la France.
Voilà donc pour les faits. Toutefois s'arrêter aux seuls faits serait trop facile. De fait, ces évènements appellent à commentaires à deux niveaux : le cas des immigrés tunisiens et l'espace Schengen.
 
Commençons tout d'abord par le cas qui nous intéresse. Clairement je trouve pitoyable l'attitude des autorités italiennes. Il me semble difficile de prendre une décision aussi couarde et peu responsable. En gros le message est "ils veulent aller chez vous donc débrouillez vous avec eux". Ah elle est belle l'Europe ! Évidemment que la situation n'est pas simple. Pour autant, il aurait été préférable d'agir de manière coordonnée au niveau européen afin de juguler ces flux entrants. D'ailleurs, la France a proposé son aide à son voisin en ce sens.
S'agissant du cas particulier de ces Tunisiens qui fuient leur pays, je crois qu'il faut être particulièrement ferme. De fait, la stabilité du pays étant quasiment revenu, l'asile politique ne peut alors être retenu.
 
Mais l'exode des Tunisiens n'est qu'un exemple parmi tant d'autres. En effet, la migration n'est pas l'apanage des populations africaines et les peuples de l'Est ne sont évidemment pas en reste. D'ailleurs, les récentes polémiques autour des Roms en est la plus flagrante expression. Ainsi, l'Europe est devenue une véritable passoire, que ce soit en termes de libre-échange de marchandises et de capitaux ou de circulation de personnes.
 
A qui la faute me direz-vous ? A vrai dire à personne et à tout le monde. Enfin plutôt à nos dirigeants en général qui s'en remettent très souvent à plus gros qu'eux (UE, FMI, OMC ...) et qui sont empêtrer dans leur dogmatisme. Ce sont d'ailleurs nos chers gouvernants qui nous ont pondu l'idée d'une zone où tout le monde pourrait aller à sa guise. Le problème de cette initiative est qu'elle favorise les trafics en tout genre (drogue, argent, humains ...) du fait de la suppression de tout contrôle. Mais quoi de plus naturel pour nos amis mondialistes de lutter avec acharnement contre toute forme de régulation et de limitation ?
 
Bien que l'objectif initial ne soit pas condamnable en soi, l'expérience a montré que sa mise en oeuvre a été désastreuse pour notre pays. Malheureusement il semble clair que, malgré un échec patent, personne ne souhaite revenir sur la décision, de peur de reconnaître une erreur que certains avaient anticipée.
Pour ceux qui n'auraient toujours pas compris de quoi je parle, je précise que mes propos concernaient évidemment l'espace Schengen, horrible outil de la mondialisation au service d'un petit nombre.
 
Constater c'est bien mais proposer c'est mieux. Aussi, il me semble important, et c'est ce que je m'évertue à faire sur ce blog, de toujours avancer des solutions pour faire suite aux constats.
Une fois n'est pas coutume, et au risque de me répéter, je crois que le retour à la souveraineté nationale serait plus que bénéfique pour notre pays. Comme dans de nombreux domaines, le recours à l'Etat-nation semble alors être un élément clé.
Concrètement cela consiste à remettre en place un certain nombre de contrôles tant au niveau physique que financier. Bref à remettre des règles là où elles ont été supprimées.
 
Pour autant, et la caricature est facile, cela ne signifie pas qu'il faille bunkériser la France ni à se couper du monde. Cela serait évidemment contreproductif et pourrait avoir de graves conséquences socio-économiques. Seuls la raison et l'intérêt général doivent guider cette évolution qui s'avèrera très probablement salutaire.
Une fois encore il faut veiller à ne pas tomber dans les extrêmes que ce soit d'un côté comme de l'autre. Pour moi tous les sujets doivent être mis en débat et chacun doit avoir la possibilité de s'exprimer dès lors que ses positions sont argumentées. Espérons alors que ce sujet sera un des thèmes abordés durant la campagne présidentielle, sans devenir pour autant une obsession.

vendredi 15 avril 2011

Villepin : le début de la fin ?

Avant toute chose, et pour être le plus honnête possible, je dois reconnaître que j'ai un attrait certain et une relative bienveillance pour Dominique de Villepin. Cette attitude à son égard s'explique notamment par son allure générale, son charisme et sa grande classe. En fait, cet homme représente plutôt bien l'image que je me fais d'un président.
Pour autant, la forme ne fait pas tout en politique même si elle tend, malheureusement, à prendre une place de plus en plus importante. Pour moi, le fond, c'est à dire les idées, reste le plus important.
C'est pourquoi j'ai choisi aujourd'hui de détailler le programme présenté par le président de République Solidaire le 14 avril en point presse. Pour cela, je m'appuierai sur la version en 20 points disponible à cette adresse.
 
1) Un revenu citoyen de 850 euros pour les personnes sans ressources et dégressif pour les personnes aux revenus inférieurs à 1500 euros, pour garantir la dignité de chaque citoyen.
2) Un statut du citoyen qui fixe les droits et les devoirs du citoyen, notamment l’obligation de voter et la reconnaissance du vote blanc.
3) Un impôt citoyen progressif, unifiant tous les impôts actuels sur le revenu et le patrimoine et qui devra être payé même symboliquement, par chaque citoyen.
4) Un service citoyen pour donner un visage à la solidarité, service obligatoire pour les jeunes et ouvert à tous.
Ces quatre propositions ont clairement pour objectif de revaloriser le rôle du citoyen au sein de la société. Fondamentalement, la mise en place d'une allocation sociale unique de même montant et pou tous et une évolution importante. Malgré un coût élevé (30 milliards), cette promesse a le mérite de simplifier notre système d'aide social et de le rendre plus équitable. C'est d'ailleurs dans cette même optique que la fiscalité sera, semble-t-il, réformée.
Concernant le statut du citoyen, on peut penser qu'il s'agit davantage d'une posture que d'une réelle proposition. Bien que favorable à la reconnaissance du vote blanc, je ne suis pas sûr que l'obligation de voter soit vraiment un progrès.
S'agissant du service citoyen, je n'ai pas vraiment d'avis sur le sujet. Cela peut être séduisant pour la jeunesse mais je crains que cela ne soit qu'une version plus ou moins évoluée de l'actuel service civique. Une réintroduction du service militaire aurait été, selon moi, une perspective intéressante.
 
5) Des institutions plus efficaces, huit à dix ministres, pour recentrer l’action, huit à dix régions pour aller au bout de la décentralisation.
6) Le défi de l’équilibre des territoires : une collectivité territoriale, la métropole, capable d’assumer les défis de la lutte contre la ségrégation des banlieues au niveau le plus adéquat, grâce à des projets territoriaux élaboré par les habitants dans le cadre de conseils de quartiers.
Voila un premier point sur lequel je suis en désaccord avec l'ancien premier ministre. En effet, je crois que notre organisation territoriale n'est pas forcément notre plus gros problème. De plus, cela ferait, avec la réforme en cours des collectivités, deux gros chambardements en peu de temps. En outre, cela risque d'aller à l'encontre de notre héritage historique qui nous a légué notre organisation actuelle. 
 
7) Une justice indépendante grâce à un Procureur Général de la Nation.
8) Une police plus efficace par une division des tâches entre une police nationale chargée du judiciaire et du maintien de l’ordre et une nouvelle police métropolitaine, à recrutement national, en charge de la tranquillité publique sous l’autorité du maire, présente dans tous les quartiers, forte en effectifs et bien équipée. Pour lutter contre les grands trafics, nous avons besoin de coordination entre les Groupements d’Intervention régionaux, un Groupement d’Intervention Nationale et des Groupements d’intervention Européens.
9) Une école plus juste et plus efficace en dépassant le Collège Unique par une Ecole du Socle et une Ecole de la Détermination au sein de Cités Scolaires à direction générale unifiée. Il faut, pour plus de justice, remplacer les ZEP par un droit personnalisé à l’enseignement prioritaire, attaché anonymement à chaque élève qui en a le besoin.
10) Le défi du service public : de nouveaux services publics pour garantir l’intérêt général par la régulation, et notamment un service public bancaire, à la fois pour garantir l’accès aux services de base et pour orienter la finance vers l’économie réelle et un service public du logement, notamment pour développer les missions d’intérêt général des bailleurs privés de façon contractuelle, logement social et d’encadrement des loyers pour les classes moyennes.
11) Le défi de l’accès à une santé de qualité : un hôpital public décentralisé, repensé et en prise avec les territoires et une gouvernance de l’Assurance maladie unifiée et régionalisée pour associer au plus près la maîtrise des financements et la connaissance des besoins.
12) Le défi de la société de la connaissance : de grands pôles universitaires réunis avec les grandes écoles et les classes préparatoires pour entrer dans la société de la connaissance.
Pour moi, ces propositions sont "superflues". Il s'agit simplement de faire un coup d'éclat par des phrases vides de sens. En outre, ce ne sont que des grandes déclarations de principe visant à montrer son opposition à Nicolas Sarkozy et à rassembler au delà de son camp.
 
13) Avec un instrument de régulation : la TVA 3E sociale et environnementale permettant de responsabiliser les consommateurs et de soutenir la production française.
14) Avec un instrument de pilotage : le Conseil National Stratégique et le Plan Vert, pour plus de cohérence et de compétitivité de l’économie française.
En voila une bonne nouvelle. Décidément, j'ai l'impression que nos politiques tendent tous à se mettre d'accord sur l'instauration de mesures protectionnistes. Pour autant, ces derniers n'ont pas encore le courage d'appeler un chat un chat et se cachent derrière des considérations écologiques.
15) Avec un instrument de mobilisation : la cogestion avec un tiers des sièges dans les Conseils d’Administration et de Surveillance pour les salariés.
Certains voient en cette proposition la fibre gaulliste de Villepin. Personnellement, je n'irai pas jusque là même s'il s'agit d'un réel progrès. D'ailleurs, DSK, qui ne revendique en aucun cas l'héritage du général, a avancé la même idée.

 
16) Avec un instrument de lutte contre le chômage : un service public des parcours professionnels intégrant chômage, formation professionnelle et sécurisation des parcours.
Nouveau son de pipeau. Certes le Pôle Emploi n'est pas un modèle de réussite et peu grandement être amélioré mais je ne suis pas sûr qu'il faille encore une fois tout chambouler. De plus, je ne suis pas convaincu de l'efficacité d'une telle mesure sur un chômage qui a bien d'autres causes.
 
17) Une exception culturelle française accordant une exemption fiscale sur les revenus des créateurs, afin d’attirer en France les grands noms et de soutenir les jeunes créateurs.
Clairement je suis opposé à cette proposition. Tout d'abord, je suis contre la plupart des exonérations fiscales de principe. Ensuite, celle-ci me paraît à la fois inappropriée et indécente. Enfin, je trouve que la France a d'autres problèmes plus urgents à résoudre que d'accueillir des "artistes". Malgré tout, il faut bien reconnaître que pour moi la culture n'est pas une priorité, ce qui explique ma position.
 
18) Une garantie de souveraineté au sein de l’Europe en nous dotant des outils d’une coopération étroite et quotidienne avec l’Allemagne, notamment sur l’euro, un Haut Conseil permanent franco-allemand.
19) Une garantie d’indépendance en articulant la sortie du commandement intégré de l’OTAN avec des progrès d’une Europe de la Défense indépendante.
Nouveau point de désaccord important entre DDV et moi. Par ailleurs, cet enchaînement de mesures me semble tout à fait révélateur des contradictions du candidat potentiel. En effet, d'une part il souhaite recouvrer notre indépendance militaire mais d'autre part, en persistant dans son illusion européiste, il maintient le pays dans un relatif asservissement.

 
20) Une maîtrise de l’immigration, grâce à un parcours d’immigration et d’intégration qui accompagne les étrangers en situation régulière par des droits et des autorisations de séjours croissants avec le temps dans le cadre d’un titre de séjour unique et progressif.
Pas grand chose à redire sur le principe. Pour autant, cela est plus facile à dire qu'à faire en raison des contraintes européennes, et notamment les règles de l'espace Schengen, qui pèsent sur notre pays.
 
Au final, il apparaît que mon attirance pour la forme ne fait pas le poids face à l'analyse du fond. Bien que quelques points d'accord apparaissent, il n'en reste pas moins que des divergences profondes subsistent. Je pense notamment à la fuite en avant européenne et au programme économique quelque peu faiblard.
De plus, je dois reconnaître avoir été assez déçu par ce programme. En effet, ce dernier avait été annoncé comme révolutionnaire alors que, finalement, hormis quelques mesures, celui-ci se révèle assez classique.
 
Parallèlement à cela, et maintenant que le programme de base est dévoilé, il faut savoir si Dominique de Villepin sera candidat ou non. A l'heure actuelle rien n'est encore fait et tout reste à faire. Malgré tout, on peut remarquer que l'espace politique de l'ancien premier ministre s'est considérablement réduit avec la "pseudo dissidence" de Jean-Louis Borloo. Peut-être qu'une alliance Borloo-Villepin-Bayrou-Morin ... serait alors une bonne solution tant ces derniers sont idéologiquement proches.
Mais nous ne sommes qu'à un an de la présidentielle. D'ailleurs il est fort probable que cette élection nous réserve d'autres surprises.

mercredi 13 avril 2011

Côte d'Ivoire : et maintenant ?

Le président ivoirien sortant Laurent Gbagbo a été arrêté lundi à l'issue d'une offensive généralisée des forces de son rival Alassane Ouattara, appuyées par les moyens aériens et blindés des forces françaises et de la mission des Nations unies (Onuci). "Laurent Gbagbo a été arrêté par les Forces républicaines de Côte d'Ivoire (FRCI, pro-Ouattara) et conduit à l'hôtel du Golf (QG du camp Ouattara) par les FRCI", a déclaré l'ambassadeur de France, Jean-Marc Simon.
Dans la soirée, Laurent Gbagbo a lancé un appel à l'arrêt des affrontements en Côte d'Ivoire. "Je souhaite qu'on arrête les armes et qu'on rentre dans la partie civile de la crise, et qu'on conclue rapidement pour que le pays reprenne", a-t-il déclaré à la télévision TCI du nouveau président, Alassane Ouattara.
Source : lepoint.fr
 
Et bien voilà, après plusieurs semaines voire même plusieurs mois, Laurent Gbagbo est finalement tombé. Pour autant, cette arrestation ne doit pas être une fin en soi mais au contraire le début d'une nouvelle étape. En effet, il apparaît clairement que tout est à reconstruire dans un pays mis à feu et à sang par les combats.
 
Aujourd'hui donc, la Côte d'Ivoire possède à sa tête son président "légitime". Néanmoins, je ne suis pas sûr que cela permette d'arranger rapidement les choses tant ce pays rencontre de problèmes.
Tout d'abord, on peut douter de la fiabilité des élections. De fait, comment être sûr qu'Alassane Ouattara a réellement été élu ? L'Afrique n'étant pas connu pour sa grande transparence électorale, il est tout à fait possible que les deux candidats aient triché. C'est d'ailleurs cette incertitude qui est à l'origine du conflit.
Ensuite, on peut remarquer que la population est profondément divisée entre pro-Ouattara et pro-Gbagbo. Chaque camp cherchant alors à soutenir son poulain a pris les armes et commis de nombreuses exactions. Ainsi, viols, massacres et autres pillages ont été le lot quotidien des Ivoiriens pendant de longues semaines. Notons également que ce morcellement de la population est aggravé par des considérations ethniques.
Enfin, il ne faut pas oublier de rajouter à tout cela le volet socio-économique. Effectivement, et malgré une industrie du cacao florissante, la situation économique de la Côte d'Ivoire n'est pas idéale. Il en est de même des conditions de vie qui restent, pour la plupart des habitants, plus que précaires.
 
Bref, il est indéniable que l'équipe d'Alassane Ouattara a du pain sur la planche afin de relever le pays et surtout de retrouver une certaine stabilité. Mais comme si la tâche n'est pas assez difficile, il existe un élément de plus qui va considérablement compliquer les choses. Il s'agit évidemment des conditions d'arrivée au pouvoir du président en place. D'ailleurs, certaines critiques ont déjà commencé à se faire entendre.
Il sera donc difficile pour le nouveau président de rassembler le pays derrière lui alors que ce dernier a bénéficié de l'aide de la communauté internationale. Concrètement, Ouattara est suspecté d'être le candidat de l'étranger et d'agir dans l'intérêt d'autres puissances, au premier rang desquelles la France.
 
Mais justement abordons maintenant le cas de l'intervention de la France en Côte d'Ivoire.
Depuis des années maintenant et depuis 2002 plus précisément, la France est présente, sous mandat de l'ONU, sur le sol ivoirien par le biais de la force Licorne. Récemment, Ban Ki-moon, le secrétaire général des Nation Unies, au travers de la résolution 1975 du conseil de sécurité a sollicité un engagement supplémentaire de l'armée française afin de protéger les ressortissants étrangers, d'apporter un soutien à l'Onuci et de détruire les armes lourdes des forces pro-Gbagbo utilisées contre des civils. Pour résumer, la France avait pour mission de protéger et d'assurer la sécurité des civils ivoiriens et étrangers.
Malgré tout, il semblerait que nous ayons outrepassé nos prérogatives. En effet, et même si un certain flou règne encore, nos forces armées auraient participé à l'assaut contre la résidence de Laurent Gbagbo aux côtés des soldats d'Alassane Ouattara. De même, il apparaît que nous avons militairement soutenu l'armée pro-Ouattara.
 
Au vu de ces agissements, on peut alors qualifier l'intervention française d'ingérence dans les affaires ivoiriennes. Bien que favorable à la protection des civils, qui ne sont que des dommages collatéraux d'une lutte pour le pouvoir et l'argent, je crois que nos soldats n'auraient pas du contribuer à la destitution de Gbagbo. Cela d'autant plus que Ouattara n'est pas exempt de toute critique.
 
Alors que je me félicitais il y a peu du retour de la France sur la scène internationale, je ne peux que me désoler que notre pays viole la souveraineté d'un Etat.
Une fois n'est pas coutume, cette intervention va à l'encontre des dires de Nicolas Sarkozy qui voulait mettre un terme à la Françafrique. Au vu de notre détermination à soutenir Alassane Ouattara, on peut légitimement s'interroger sur son motif réel.

dimanche 10 avril 2011

Parce que la droite, aussi, est plurielle

Dans un récent article, je mentionnais le départ de l'UMP de Jean-Louis Borloo. A cette occasion, je me suis interrogé sur la crédibilité de son éventuelle mais probable candidature à l'élection présidentielle.
Bien qu'attendue depuis longtemps, cette sécession pose la question de l'avenir de l'UMP. En effet, certains voient en cet acte une condamnation à mort du parti présidentiel, parti dont l'unité était déjà bien entamée.
Alors 2011 sera-t-elle l'année de la disparition de l'UMP ? C'est la question qui m'intéresse aujourd'hui.
 
L'UMP (Union pour la Majorité Présidentielle puis Union pour un Mouvement Populaire) fut créée le 23 avril 2002, entre les deux tours de la présidentielle. L'objectif était d'"unir les forces politiques de toutes les droites" en une seule entité. Concrètement, cela s'est traduit par la réunion de trois familles politiques : les gaullistes (RPR), les libéraux (Démocratie Libérale) et les centristes (UDF, Parti Radical, Chrétiens-démocrates).
 
Officiellement, la persistance de sensibilités au sein du parti devait être possible afin de préserver le débat. Néanmoins, cela ne fut pas le cas et l'UMP parlait d'une seule voix pour mener son chef à la victoire. Pour autant, et on le voit bien aujourd'hui, cette situation n'est pas éternellement tenable. Effectivement, il paraît difficile de museler indéfiniment les différents courants de pensée, sauf à avoir recours à quelques stratagèmes au premier lieu desquels la carotte et le bâton.
 
Alors bien sûr ma légitimité pour critiquer cette entreprise est réduite du fait de ma faible expérience politique. Cependant, je dispose de quelques connaissances en management qui m'amènent à penser que ce rassemblement, s'il partait d'un bon sentiment, n'a pas été correctement appréhendé et était alors voué à l'échec à plus ou moins long terme. Il faut toutefois reconnaître que Nicolas Sarkozy, de par son style notamment, n'a fait qu'accélérer son dénouement.
 
Aujourd'hui donc Jean-Louis Borloo largue les amarres du bateau UMP avec très probablement une grande partie des centristes. De même, Christine Boutin et son Parti Chrétien-Démocrate (PCD) devraient prendre la même direction. Le parti présidentiel se retrouve alors sans une de ses composantes les plus importantes et risque alors, de ce fait, de rapidement chanceler même si son sort ne semble pas encore scellé à l'heure actuelle.
Les prochaines semaines et les prochains mois seront donc probablement très instructifs à ce niveau là.
 
Comme je l'ai indiqué, je ne suis pas partisan de l'entité unique. En effet, rien ne serait pire pour notre démocratie que l'avènement d'un bipartisme à l'américaine. En conséquence, il pourrait être intéressant de redistribuer complètement les cartes à droite en la réorganisant en profondeur.
 
Mais en pratique, qu'est ce que cela donnerait ?
Personnellement, je pense qu'un retour à plusieurs formations politiques à droite ne serait pas une mauvaise chose. Pour dire vrai, je crois même que cela permettrait de proposer aux Français une offre et des projets plus variés et peut-être plus proches de leurs attentes.
 
Dans mon esprit, cette nouvelle organisation serait assez proche de celle de la droite pré-UMP avec une articulation en trois pôles :
- les centristes. Il s'agirait en quelque sorte de "ressusciter" l'ancienne UDF. Au niveau idéologique, cette formation serait très européiste et tendrait vers un fédéralisme européen. De même, celle-ci serait adepte du capitalisme sans réelle remise en question du système, avec toutefois quelques adaptations à la marge. On retrouverait notamment au sein de ce groupe les Radicaux (Borloo), le Nouveau Centre (Morin), le Modem (Bayrou), République Solidaire (Villepin), la Gauche Moderne (Bockel) ...
- les libéraux. Je vois ce pôle comme la version française des conservateurs américains. En clair, ce sont des partisans du libéralisme voire de l'ultralibéralisme qui prônent un retrait massif de l'Etat. En parallèle, ces derniers seraient très conservateurs sur le plan moral.
- les gaullistes. L'intitulé ne me convient pas forcément mais je n'en ai pas vraiment d'autres. A la rigueur, on pourrait dire les souverainistes. Il existe clairement des convergences avec les centristes sur certains sujets mais des divergences importantes subsistent. Je pense notamment à la conception de la nation et donc de la question européenne mais également du rôle de l'Etat dans l'économie.
 
Évidemment, et je vous le concède volontiers, cette vision des choses peut être considérée comme optimiste voire même naïve ou pire complètement délirante. Pour autant, cela ne paraît pas impossible dans la mesure où une telle configuration était une réalité il y a quelques années.
 
Finalement, répondre à la question première n'est pas chose aisée. En effet, il est difficile, sauf à faire de la politique fiction, d'arriver à anticiper de manière certaine les décisions à venir. En outre, tout un tas d'évènements peuvent intervenir dans les prochains jours, changeant alors complètement la donne.
Pour le moment, je ne sais donc pas si l'UMP va réussir à surmonter sa crise interne. Néanmoins, il serait peut-être souhaitable que cela ne soit pas le cas afin que puisse émerger une réelle alternative à droite.

vendredi 8 avril 2011

Borloo, homme de paille ou alternative à l'UMP ?

Décidément, il ne fait pas bon être à l'UMP en ce moment. Après avoir essuyé de nombreuses critiques à l'occasion de polémiques diverses et variées (débat sur la laïcité ...), le parti présidentiel se voit maintenant amputé d'une de ses composantes. En effet, Jean-Louis Borloo a annoncé hier soir son départ de l'UMP afin de proposer une autre offre politique par le biais d'une "alliance républicaine".
 
Arlette Chabot, pour sa dernière apparition sur France 2, devait être contente. Cette dernière a rassemblé près de 10 % de parts d'audience grâce à l'invitation de l'ex futur premier ministre. Hier soir, celui-ci a déclaré, le jour de ses 60 ans, qu'il faisait sécession de l'UMP en raison de divergences importantes.
 
Malgré l'effet d'annonce, Borloo n'a finalement rien révélé de transcendant tant son départ était attendu et prévu depuis quelques mois. De plus, je dois reconnaître ne pas avoir été vraiment  convaincu par l'ancien ministre de l'écologie. En effet, je l'ai trouvé assez monomaniaque sur certain sujets et surtout manquant d'envergure et de crédibilité.
 
Alors bien sûr cette émission ne se prête pas forcément à l'expression longue et détaillée de propositions concrètes. Pour autant, j'en suis ressorti avec une impression d'avoir assisté à un spectacle de guignol où l'homme politique a redoublé d'effort pour nous enfumer. D'ailleurs, ce dernier a utilisé de manière démesurée des termes "amis", "collectif" ... Preuve que la langue de bois était de rigueur pour ménager les susceptibilités de chacun.
 
Mais arrêtons-nous quelques instants sur les fameux amis de Jean-Louis Borloo et sur sa future formation politique. Hier, un certain nombre de personnalités politiques faisant partie de l'aventure étaient présents sur le plateau. On a ainsi pu apercevoir Hervé Morin, Jean-Marie Bockel, Thierry Breton, Fadela Amara ou encore Jean-Marie Cavada. Que de grandes pointures en somme.
Parallèlement à cela, Borloo souhaite rassembler tout un tas de chapelles : le nouveau centre, les écologistes de droite, les déçus du Modem et de l'UMP, les centristes en tout genre, les radicaux ... Soit peu ou prou le centre-droit, c'est à dire l'équivalent de feu l'UDF.
 
A la limite, cette initiative peut se comprendre. Mais j'y reviendrai par la suite. Pour autant, j'ai bien l'impression que cette nouvelle formation sera davantage un regroupement de déçus et de parias du sarkozysme qu'une réelle alternative. En effet, il ne faut pas oublier que la plupart des formations en présence (Nouveau Centre, Radicaux, Gauche Moderne ...) sont des partis associés ou proches de l'UMP.
En outre, la quasi totalité des personnalités politiques qui participent à ce rassemblent ont été ministres de Nicolas Sarkozy et sont donc, de ce fait, comptables de son bilan. D'ailleurs, on sent bien que Borloo n'est pas en réelle opposition au président de la République sur le fond mais plus sur la forme. De là à penser qu'il n'existe aucune divergence sur la politique à mener, il n'y a qu'un pas ...
 
Pour moi, Jean-Louis Borloo, tout comme Hervé Morin par exemple, n'est pas une alternative crédible à Nicolas Sarkozy. En effet, je crois que leurs différences sont relativement minimes et concernent davantage la forme et le style que le fond des choses. D'ailleurs, ce n'est pas une coïncidence si l'ancien maire de Valenciennes est au gouvernement depuis tant d'années.
En outre, il est fort probable, voire même certain, que Borloo appellerait à voter Nicolas Sarkozy au second tour. Dans ces conditions, une candidature en 2012 est-elle vraiment indispensable ? La question se pose d'autant plus que d'autres têtes commencent à poindre avec, entre autres, Christine Boutin ou Dominique de Villepin.
 
Il y a  quelques temps j'affirmais ma croyance dans le pluralisme politique. Malgré tout, je pense que celui-ci a des limites et qu'il ne doit pas conduire à la multiplication de candidatures toutes plus proches les unes des autres.
La politique n'est pas un jeu. Elle doit avoir pour unique but de proposer un projet viable aux électeurs et non être le lieu d'une bataille d'egos ni d'une lutte sans merci pour le pouvoir.
Espérons simplement que Jean-Louis Borloo et  son armée mexicaine ne se situent pas dans cette perspective ...

mardi 5 avril 2011

L'armée française est de retour !

L'Onuci (Mission de l'ONU en Côte d'Ivoire) s'est engagée militairement ce lundi en Côte d'Ivoire. Des hélicoptères ont tiré lundi soir sur le palais et la résidence de Laurent Gbagbo, ainsi que sur deux camps de son armée. Les forces françaises de l'opération Licorne y participent officiellement depuis 19 heures, «à la demande du secrétaire général de l'ONU», comme le prévoit la résolution 1975 du Conseil de sécurité. Ces opérations visent à «mettre hors d'état de nuire les armes lourdes qui sont utilisées contre les populations civiles et les Casques bleus», non à s'attaquer à Laurent Ggagbo, a bien précisé Ban Ki-moon.
Source : leparisien.fr
Après la Libye où la France a joué et joue un rôle prépondérant, voilà que notre pays intervient militairement en Côte d'Ivoire. En quelques semaines donc l'armée française est appelée à tenir un rôle de premier plan sur la scène internationale.
 
Alors bien sûr les circonstances sont dramatiques puisque des centaines de civils périssent dans les combats et que des régions entières sont dévastées. Malgré tout, je me félicite, ou plutôt je me "réjouis", que nos soldats interviennent dans ces pays.
 
Certes cette position peut s'avérer assez étrange pour un pacifiste comme moi qui préfère le dialogue à la violence et qui prône le respect des souverainetés nationales. Pour autant, je pense que ces interventions militaires ne sont pas forcément en opposition avec ces principes.
 
Bien évidemment j'aurais préféré que les combats soient évités et qu'une solution diplomatique soit trouvée plus rapidement, à l'instar de ce qui est en train de se passer. De même, il eut été préférable que les peuples libyen et ivoirien réussissent par leurs propres moyens à résoudre leurs problèmes. Néanmoins, cela n'a pas été possible et la communauté internationale, par le biais de l'ONU, a dû intervenir.
 
Face à ces situations, la France avait deux solutions : soit s'engager pour la résolution des conflits, soit s'en laver les mains et rester planqué comme l'ont fait un certain nombre de nations telles que l'Allemagne, la Chine ou la Russie.
Personnellement, je crois que la première option, même si elle n'était pas optimale, s'avérait être la meilleure. Sur ce coup là, je dois donc reconnaître que le gouvernement a fait le bon choix.
 
Outre l'aspect purement moral et les éventuelles considérations politiques attenantes, je dois avouer être plutôt fier de ces interventions dans la mesure où elles traduisent un retour, même minime, de notre armée sur le devant de la scène. Étant depuis toujours un fervent admirateur de nos soldats, je ne peux qu'être satisfait que ces derniers portent la voix de la France de par le monde.
 
Selon moi, la puissance d'une nation s'évalue, entre autres, grâce à la qualité de son armée. Je crois, peut-être à tort, qu'un Etat ne peut revendiquer pleinement sa grandeur s'il ne dispose pas d'une armée digne de ce nom.
Malheureusement, il semblerait que nos dirigeants ne soient pas forcément de cet avis. Pour preuve, le budget du ministère de la Défense tend à chuter depuis plusieurs années, cela ayant pour conséquences une baisse des effectifs ainsi qu'une dégradation de nos équipements.
 
Attention cependant à ne pas caricaturer mes propos. En effet, ce n'est pas parce que je désire davantage de moyens et de considération pour nos soldats que cela signifie que je souhaite que la France devienne un va-t-en-guerre comme le sont les États-Unis. Bien au contraire.
En revanche, je pense que la mission première d'un soldat n'est pas de défiler. Son métier est de faire la guerre ou tout du moins d'être engagé dans des conflits armés afin d'y rétablir la paix.
 
Aujourd'hui, la France dispose d'une des meilleures armées du monde, que ce soit en termes de qualifications, de professionnalisation ou encore d'armement. Cet avantage stratégique doit donc être utilisé au mieux de ses capacités. Cela signifie donc clairement que nous ne devons pas suivre aveuglément d'autres États, ou même pire laisser dissoudre nos soldats au sein d'entités supranationales.
 
Que ce soit en Afghanistan, en Libye, ou encore en Côte d'Ivoire, il me semble important de ne pas oublier que nos soldats se battent pour nous, citoyens français et mettent leur vie en danger pour défendre tout à la fois nos intérêts, notre sécurité mais aussi nos valeurs.

samedi 2 avril 2011

Là où l'OTAN passe, les civils trépassent !

Comme l'ont constaté les deux envoyés spéciaux du Parisien-Aujourd'hui en France présents en Libye, une frappe de l'Otan a fait douze victimes dans les rangs des insurgés opposés au régime de , dans la nuit de vendredi à samedi, sur la route entre Brega et Ajdabiya. Alors que ces derniers quittaient leur position de Brega, en convoi, en se dirigeant vers Ajdabiya, des avions de l'Otan auraient d'abord tiré au canon en visant la route devant eux. Les insurgés auraient répondu en tirant en l'air, en criant «Allah Akbar» comme ils ont coutume de le faire. C'est alors qu'une autre frappe aérienne aurait atteint directement le convoi, les pilotes de l'Otan les ayant sans doute pris pour des soldats de Kadhafi. Selon un militaire libyen du camp insurgé, les impacts laissés sur les véhicules et sur la route étaient similaires à ceux des canons à tir rapide équipant certains appareils de l'armée de l'air américaine
Source : leparisien.fr
 
Si l'OTAN cherchait à se décrédibiliser davantage, il semblerait qu'elle ait réussi son coup. En effet, cette nouvelle bavure vient entacher encore un peu plus la réputation de l'alliance atlantique. En outre, cette affaire vient donner du grain à moudre à ceux qui ne souhaitaient pas, et moi le premier, une prise en main de la guerre libyenne par les américains l'OTAN.
 
Alors bien sûr une erreur est toujours possible et les dommages collatéraux ne sont pas la chasse gardée de l'OTAN. Pour autant, il s'avère que cette dernière est coutumière du fait, notamment en Afghanistan où les bombardements malencontreux sont relativement fréquents.
Pour autant, accuser l'OTAN serait malhonnête dans la mesure où il ne s'agit que d'une "organisation dépersonnalisée" qui regroupe les armées de différentes nations dont la nôtre. En revanche, il est clair que les Etats-Unis ont la mainmise sur cette alliance et la dirige de manière ostensible. De plus, la plupart des bavures sont le fait des soldats américains.
 
Quoi qu'il en soit ce nouvel évènement dramatique en Libye relance la question de la légitimité de l'OTAN. Pour rappel, cette organisation a été créée en 1949 pour défendre l'occident au lendemain de la seconde guerre mondiale. Par la suite, l'OTAN a dû faire face au Pacte de Varsovie (1955), en particulier dans le cadre de la guerre froide.
On aurait alors pu s'attendre à ce que l'effondrement de l'URSS suivi de la dissolution du Pacte de Varsovie entraîne la disparition de l'OTAN qui n'aurait donc plus lieu d'être.
 
Or cela ne fut pas le cas. Bien au contraire. En effet, l'OTAN est ainsi devenue le bras armé des Etats-Unis afin de guerroyer de par le monde. D'ailleurs la  subsistance de cette organisation purement occidentale tend à attiser des tensions, notamment en direction de la Russie, et surtout à accréditer la thèse du choc des civilisations.
 
Personnellement, je crois que le retour de la France dans le commandement intégré de l'OTAN a été une grave erreur que nous risquons de payer cher, que ce soit à court ou à long terme. Ainsi, notre pays a vu son image et sa réputation se détériorer considérablement. De plus, cette rupture avec notre héritage et notre tradition (le général de Gaulle en avait sorti la France en 1966) est perçu comme une allégeance à l'empire américain et se résume, quoi qu'on en dise, à un renoncement à notre indépendance.
 
Aujourd'hui, le monde n'est clairement plus partagé entre l'est et l'ouest. Bien au contraire, ce dernier est devenu multipolaire avec l'émergence de nouvelles puissances sur tous les continents. Refuser de voir cette évolution serait alors une hérésie qui laisserait notre pays sur le bord de la route.
 
Contrairement à ce que l'on voulait nous faire croire, les instances supranationales (UE, FMI ...) ne sont pas le remède à tous nos problèmes. Au contraire, on peut remarquer que les récentes crises que nous avons connu ont permis un retour en fanfare des Etats-nations qui se sont révélés être des acteurs indispensables au fonctionnement de l'économie.
 
Pour conclure, il me semble absolument nécessaire que les Etats recouvrent au plus vite leur souveraineté. Cela doit être le cas au niveau militaire avec un retrait de l'OTAN mais cela n'est évidemment pas suffisant. Notre pays doit aller encore plus loin pour retrouver véritablement son indépendance. Je pense notamment à la capacité de battre la monnaie, à la possibilité de mettre en place des barrières protectionnistes ou encore à la mise au pli de la finance.
 
Malheureusement tout cela ne me semble pas être pour demain tant nos dirigeants sont soumis au dogme libéral et  ne paraissent pas souhaiter s'en libérer. Pour autant, et même si rien n'est gagné, je garde espoir et reste assez optimiste pour la suite. En effet, même si nos élites ont juré fidélité et loyauté à la concurrence libre et non faussée et se prosternent devant les forces du marché, je reste persuadé que le peuple ne pourra pas indéfiniment se faire plumer sur l'autel du libre échange.
Comme en Tunisie, en Egypte ou en Libye, le sursaut émanera probablement du peuple. Et lorsque ce jour viendra, il ne fera pas bon s'y opposer. N'oublions pas que nous descendons de ceux qui ont fait la Révolution française ou qui ont résisté au nazisme.