mardi 31 janvier 2012

Les Etats généraux du Renouveau - Partie 2

Après quelques remarques générales, passons maintenant aux débats du premier jour.

- L'Europe est-elle l'ennemie du citoyen ?  
Arnaud Montebourg (député socialiste) - Bernard Guetta (journaliste à Libération) – Modérateur : Jean-Dominique Merchet (journaliste à Marianne)
Selon Bernard Guetta, et il a tout à fait raison, l'Europe n'est pas aimé par les peuples qui, souvent à juste titre, lui attribuent leurs malheurs. En particulier, l'UE est perçue comme une "entreprise de libération des économies" et son caractère démocratique est faible alors même que celle-ci prend une place croissante ans nos vies. "Qui a donné mandat à je ne sais qui de mener ces politiques ?" interrogeait-il.
Arnaud Montebourg, sans se qualifier d'anti-européen, a affirmé que l'UE n'était pas la solution aux problèmes des européens mais leur cause. Il constate également que les nations européennes ont abandonné la monnaie et les frontières alors qu'il s'agit d'armes dont usent et abusent les autres pays. En revanche, celui-ci considère que nous avons besoin de l'euro et qu'il est donc nécessaire de le sauver.
En réalité, Montebourg et Guetta partage les mêmes constats bien que les solutions divergent. Je regrette que Montebourg dénonce le fait que la droite dit blanc à Paris et noir à Bruxelles alors même que le PS adopte parfois un comportement similaire. Enfin, je constate que Montebourg a un discours proche de celui-ci de Jean-Luc Mélenchon, de Jean-Pierre Chevènement ou encore de Nicolas Dupont-Aignan. Or il me semble que le député socialiste ne va pas au bout de sa logique en restant au PS. Mais peut-être que la perspective de postes est plus forte …


- Face à face avec François Hollande
Maurice Szafran (Marianne) - Nicolas Demorand (Libération) - Teddy Weber (Unis-cité) - Vincent Girer (Libération)
Ce qui m'intéresse ici ce n'est pas tellement les propositions avancées par François Hollande puisque ces dernières ont été rendues publiques la semaine dernière. En revanche, il me paraît plus plaisant de partager mon sentiment vis-à-vis de la prestation du très probable prochain président de la République.
Clairement le discours du socialiste n'a été que peu enthousiasmante. Aucun de ses propos n'a suscité chez moi une euphorie particulière. D'ailleurs, les traits d'humour dont fait preuve le candidat lui ont à plusieurs reprises permis de noyer le poisson et de se dépêtrer d'une situation délicate. Comme je l'ai déjà dit, François Hollande constitue une alternance mais en aucun cas une alternative.
Deux remarques pour terminer. La première concerne le témoignage du jeune d'Unis-Cité. Cela n'apportait rien et contribuait davantage à entretenir les clichés : le pauvre jeune de banlieue qui venait faire part de son parcours et de ses doléances au gentil candidate de gauche. A mon sens, la théâtralisation n'était pas loin. La seconde remarque a trait au "fanatisme" de certains spectateurs, "fanatisme" digne de groupies sans cervelle qui m'insupporte au plus haut moins. Un exemple parmi tant d'autres est les salves d'applaudissements après des phrases anodines telles que "merci d'être venu". Les politiques ne sont pas et ne doivent pas être des stars que l'on adule.


- Droite-gauche, quelles frontières ?
Hervé Morin (président du Nouveau Centre) - Gilles Finchelstein (président de la fondation Jean Jaurès) - Modérateur : Paul Quinio (Libération)
Selon Hervé Morin, et je suis d'accord avec lui, le clivage gauche/droite perdure mais d'autres se créent : fédéralisme/europe des nations, souverainistes/mondialistes … Il estime tout de même que cette opposition gauche/droite est nécessaire pour le débat démocratique et l'alternance. Il est d'ailleurs rejoint sur ce point par Gilles Finchelstein qui considère que ce clivage est un "bien précieux qu'il faut défendre". Pour autant, celui-ci reconnait que les choses ont évolué et que certains désaccords font partie du passé et sont devenus aujourd'hui des sujets consensuels (peine de mort, pacs …).
A titre personnel, je dois dire que ce sujet m'intéressait fortement dans la mesure où j'ai moi-même du mal à me situer sur l'échiquier politique. De fait, je me considère comme de droite et ne me sens pas de gauche alors qu'il semblerait, selon mes idées, que je me positionne davantage à gauche qu'à droite. Je comptais donc sur ce débat pour tenter de clarifier les choses. Et bien je dois reconnaître avoir été grandement déçu dans la mesure où aucune définition ni description de la gauche et de la droite n'ont été proposés. De même, les participants n'ont pas cherché à définir les clivages, les points de divergence existants entre droite et gauche. Un coup manqué donc pour un thème qui, je crois, méritait mieux.


- Face à face avec Jean-Luc Mélenchon
Maurice Szafran (Marianne) - Nicolas Demorand (Libération)
Avant de parler du fond, je m'attarderai quelques instants sur la forme car celle-ci, dans ce cas précis, me paraît très importante. Tout d'abord, j'ai ressenti, à l'inverse du débat avec François Hollande, une véritable ferveur populaire avec de nombreuses acclamations et un nom scandé à plusieurs reprises. Pour moi, cela s'explique (au moins) par deux éléments. Le premier est que Mélenchon a un côté populaire, bon vivant, simple, proches des gens …que n'a pas vraiment Hollande. Ensuite, et quoi que l'on pense du programme du Front de Gauche, il est clair que les propositions de Mélenchon suscitent un réel enthousiasme, en particulier du fait de leur  aspect clairement en rupture avec le système en place.
S'agissant du fond maintenant, le candidat de la gauche de la gauche comme on dit a déroulé quelques unes de ses mesures. Mais il a également mis un certain nombre de choses au clair pour lever toute ambiguïté. Premièrement, il ne fera pas partie d'un gouvernement socialiste. En revanche, il a indiqué que chaque composante du Front de Gauche sera libre de son choix, recourant à un vote des militants. Ensuite, il a expliqué que son soutien à François Hollande au second tour ne serait pas automatique. Il a d'ailleurs profité de l'occasion pour faire une longue critique du candidat socialiste et de ses ambivalences (finance, traité de Lisbonne …), qualifiant certaines de ses prises de position de "ruses de campagne". Et là je dois reconnaitre que Jean-Luc Mélenchon a raison sur ce point. En effet, je crois qu'il ne pas se limiter aux seuls discours de Hollande pour cerner l'individu mais bien regarder tous ses propos (parfois contradictoires) et surtout son parcours et ses choix antérieurs. Car le "vrai" François Hollande n'est pas forcément celui du Bourget.
Enfin, le président du Front de Gauche s'est attardé sur la candidature Marine Le Pen, menant une attaque en règle contre celle qui vise le même électorat que lui. A cette occasion Mélenchon a fait la promotion de la "méthode Dracula", c'est-à-dire à la méthode consistant à démonter les idées du FN en démontrant leur caractère bancal. Et à nouveau, je rejoins le camarade Jean-Luc sur ce point. Il ne suffit pas/plus de jeter le discrédit sur le FN et de l'ostraciser. Si cela pouvait être suffisant avec Jean-Marie, ce n'est clairement plus le cas avec Marine. En revanche, et on l'a vu avec Anne-Sophie Lapix par exemple, dès lors que l'on creuse quelque peu les propositions, que l'on va au bout des choses et que l'on pousse la candidate FN dans ses retranchements, on constate que celle-ci ne maîtrise pas ses sujets et qu'elle est essentiellement dans la communication.
Un regret, un seul, à avoir de cette intervention est que, les deux hommes étant sur place et les conditions réunies, aucune confrontation entre Jean-Luc Mélenchon et François Hollande n'ait été organisée. On peut toutefois supposer que les organisateurs y aient préalablement réfléchi mais que l'un des deux (Hollande au hasard) ait refusé.

lundi 30 janvier 2012

Ne zappez pas, le nouveau Sarkozy est là !

Hier soir, le président de la République s'est exprimé durant plus d'une heure dans le cadre d'une interview diffusée sur un nombre de chaînes ahurissant (TF1, FR2, iTélé, BFMTV …). Mais alors que penser alors de cet exercice de communication digne des plus grands monarques de la planète ?
 

Disons le tout de suite, pour évacuer les propos portant sur la forme, j'ai trouvé Nicolas Sarkozy convaincant et plutôt à l'aise dans cet exercice. Mais là n'est pas le plus important et la conclusion en est tout autre dès lors que l'on s'attarde quelque peu sur le fond, ce que je vais m'atteler à faire en m'intéressant aux mesures annoncées.
Commençons par le logement. Stigmatisant l'encadrement des loyers qui "n'a marché nulle part", Nicolas Sarkozy a proposé que "pour les 3 ans qui viennent, tout terrain, toute maison, tout immeuble verra ses possibilités de constructions augmentées de 30 %".
Si cette proposition peut être entendue, je ne crois pas à une généralisation de celle-ci car cela reviendrait à une application aveugle du principe sans tenir compte des spécificités locales. Par ailleurs, il ne s'agit là que d'une mesurette qui ne me paraît pas à la hauteur de la crise du logement que connaît notre pays. Il me semblerait alors plus pertinent de mettre en œuvre une politique de construction massive de nouveaux logements ce qui aurait, en outre, le mérite de développer le secteur du BTP donc de l'emploi.

Ensuite, le président a exprimé la volonté de créer une banque de l'industrie avec une dotation d'un milliard d'euros de fonds propres. Une fois de plus l'idée est louable mais elle reste petits-bras. En effet, et bien que je sois favorable à la création d'un pôle public d'investissement de type fonds souverain, je crois qu'il est impératif de faire preuve de plus de sévérité à l'égard des banques qui ne jouent plus le rôle qui devrait être le leur. Pourquoi alors que le constat est justement posé ne pas aller au bout de la logique ? Pourquoi ne pas contraindre les banques à financer l'économie réelle, c'est-à-dire à faire leur métier ?

S'agissant de l'emploi des jeunes, l'accent a été mis sur l'apprentissage avec le relèvement  du quota d'apprentis à 5 % (contre 4 % actuellement) et le doublement des sanctions à l'égard des entreprises ne jouant pas le jeu. Là encore je suis en accord avec cette proposition mais, une fois n'est pas coutume, cela n'est pas suffisant. L'apprentissage et l'alternance sont effectivement des dispositifs très intéressants et donc à développer mais pour autant ils ne peuvent être la seule réponse au chômage des jeunes. Car il ne faut pas oublier que l'apprentissage ne garantit pas un emploi à la sortie et que, de plus, il n'est pas possible dans toutes les formations.

Envisagée depuis longtemps mais refusée au plan européen, notamment du fait d'une opposition des Britanniques, Nicolas Sarkozy a annoncé l'instauration d'une taxe sur les transactions financières de 0,1 % sur les titres de toutes les entreprises cotées en France, même si l'achat est effectué à l'étranger. C'est une grosse surprise que cette initiative car depuis des années on nous sérine qu'une telle taxe ne peut être envisagée qu'à l'échelle européenne. Or on voit bien que lorsque la volonté politique existe les choses avancent. On ne peut maintenant que souhaiter que ce dispositif s'étende et se généralise par un phénomène de contagion.


Autre annonce faite hier soir et inspirée de modèle allemand, les accords sur le temps de travail. Concrètement, le temps de travail sera négocié entreprise par entreprise, signifiant alors la mort des 35 heures. A mon sens, il me semble nécessaire que l'Etat se mêle, dans une certaine mesure, de la vie des entreprises et cela d'autant plus en matière de droit du travail. Or avec cette mesure, les accords d'entreprises s'imposeront à la loi, comme le souhaite François Hollande d'ailleurs. On peut alors craindre, du fait même du principe de négociations, d'aboutir à un système inégalitaire avec une issue défavorable pour les salariés tant le rapport de force avec le patronat est déséquilibré. En outre, cela pose également la question du déclenchement des heures supplémentaires. Car rappelons qu'aujourd'hui rien n'interdit de dépasser 35 heures par semaine dès lors que les heures effectuées en plus sont majorées.


Enfin, et c'est probablement la principale déclaration, Nicolas Sarkozy s'est prononcé en faveur de l'instauration d'une TVA sociale (bien qu'il en réfute le nom). En somme, la TVA va augmenter de 1,6 point à 21,2% et la CSG sur les revenus financiers de 2 points pour baisser les charges patronales.
Il serait malhonnête de ma part de condamner cette mesure alors que j'en suis partisan. Pour autant, le terme de "TVA sociale" recouvre un grand nombre de réalités. Et la mienne et différente de celle du président. Personnellement, et je me suis exprimé à plusieurs reprises sur le sujet, je crois qu'il est nécessaire d'agir sur les cotisations patronales et salariales, ce qui n'est évidemment pas le cas ici.

Au final, et à trois mois d'une élection capitale, Nicolas Sarkozy cherche à sauver la face en multipliant les annonces. Cela est toutefois surprenant dans la mesure où ces réformes auraient pu être mises en œuvre durant le quinquennat. Comportement étrange donc que cette fuite en avant. Enfin étrange, pas vraiment puisqu'il s'agit là d'une étape s'inscrivant dans un plan de bataille plus large en vue de la présidentielle. Car, que Nicolas Sarkozy soit candidat à sa réélection ou qu'il prépare la place pour un autre, cet énième entretien n'est qu'un nouvel enfumage, une nouvelle diversion visant à noyer le poisson d'un mandat raté.

dimanche 29 janvier 2012

Les Etats généraux du Renouveau - Partie 1

Ce week-end, comme depuis plusieurs années maintenant, avait lieu à la maison de la culture de Grenoble (MC2) les Etats généraux du Renouveau organisés par Marianne et Libération. Coutumier de cet évènement, je ne voulais en aucun cas manquer ces trois jours de débat.
Avant de commenter, dans les prochains jours, plus longuement chacun des débats auxquels j'ai assisté, je souhaitais tout d'abord faire quelques remarques d'ordre général sur ce forum.
 
En premier lieu, je me réjouis que Marianne et Libération aient à nouveau organisé ces débats. Il s'agit là d'une excellente chose pour le débat d'idées et la promotion de la politique. D'ailleurs, je trouve très enthousiasmant et même assez réconfortant qu'un tel évènement réussisse à réunir 27 000 participants lors d'un week-end.
J'ai également apprécié le souci de pluralisme des partis, des idées mais aussi des personnes (politiques, économistes, sociologues ...). On peut toutefois regretter un certain nombre d'annulations, en particulier de la part des membres du gouvernement (Pécresse, Bachelot, Bertrand) qui, étrangement, ont tous rencontrés des problèmes d'emploi du temps au dernier moment.
 
Ajoutons à cela la volonté des organisateurs d'impliquer le public par des échanges systématiques avec la salle. Pour autant, la mise en oeuvre pratique était quelque peu problématique du fait du manque de coopération des spectateurs. Concrètement, les gens, au lieu d'aller droit au but, se perdaient en longs propos introductifs souvent stériles qui nuisaient à la fluidité des échanges. Cela a donc conduit à limiter les possibilités de questions et à instaurer une certaine tension dans la salle. Et ce d'autant plus que certaines questions étaient complètement hors-sujet et donc sans rapport avec le thème des discussions.
 
Mais tous ces éléments ne sont qu'anecdotiques en comparaison avec un phénomène qui m'a choqué au plus haut point. Alors certes on peut considérer que je suis trop naïf mais j'ai trouvé que certaines personnes présentes avaient fait preuve d'un manque de respect inouï. Je passe rapidement sur le grand nombre de téléphones qui ont sonné durant les débats car il s'agit là d'un fléau somme toute contemporain.
En revanche, il est certains comportements que je trouve honteux de la part de personnes normalement civilisées. Je pense notamment aux innombrables bousculades dans les files d'attente et aux incivilités afférentes. A titre d'illustration, on peut comparer ces mouvements de foules aux hordes d'individus se précipitant dans les magasins à l'occasion des soldes. Cela est d'autant plus stupide que le système de réservation par tickets permettait à chacun d'avoir une place dans la salle.
Le pire étant pour moi la manière dont certains spectateurs, par ailleurs souvent âgés, se sont comportés avec les hôtesses. Je tiens d'ailleurs à saluer leur calme et leur professionnalisme car celles-ci ont su conserver leur sang-froid alors même qu'elles se faisaient allègrement chahuter tant verbalement que physiquement. Et je ne parle même pas d'un quelconque bonjour (et encore moins d'un sourire) qui devait très certainement écorcher la bouche de ces personnes.
 
"L'Homme est un loup pour l'Homme" disait le philosophe anglais Thomas Hobbes. Et je ne peux qu'abonder en ce sens tant les personnes que j'ai vues se sont comportées comme des animaux. Au risque de tomber dans le pathos, je réaffirme avoir été profondément sidéré par ce manque de respect voire même d'humanité. On ne peut certes pas généraliser ces comportements à l'ensemble des participants, et heureusement d'ailleurs, mais je ne l'ai vu que trop de fois au cours de ces trois jours. Cela étant d'autant plus paradoxal que ces individus venaient assister à des débats ayant pour fil conducteur, pour intitulé général "vivre la République".

mardi 24 janvier 2012

Allemagne, la Chine d'europe ?

L'Organisation internationale du travail (OIT) a épinglé la politique allemande de compétitivité par les salaires, y voyant «la cause structurelle» de la crise en zone euro, dans un rapport publié mardi.
«L'amélioration de la compétitivité des exportateurs allemands est de plus en plus identifiée comme la cause structurelle des difficultés récentes dans la zone euro», souligne l'institution onusienne basée à Genève, qui critique notamment les réformes engagées en 2003 par le gouvernement Schröder.
Dans un contexte de chômage élevé en Allemagne, les réformes Schröder ont eu pour effet de «réduire les revenus du bas de l'échelle [...], notamment dans les services où de nouveaux emplois, essentiellement à bas salaires, sont apparus». Mais, dans le même temps, «peu de choses ont été faites pour améliorer la compétitivité par le biais d'une progression de la productivité», selon ce rapport.
«La politique de déflation salariale n'a pas seulement amputé la consommation, restée plus d'un point de pourcentage en retrait du reste de la zone euro sur la période de 1995 à 2001. Elle a aussi conduit à un accroissement des inégalités de revenus, à une vitesse jamais vue, même durant le choc de l'après réunification», dénonce l'OIT, en faisant référence à des données récentes de l'OCDE sur le sujet.
Source : liberation.fr
 
Qu'il est agréable de voir confirmer par une instance internationale indépendante, donc a priori au dessus de tout soupçon, des positions que certains défendent depuis longtemps. Moi-même je n'ai eu de cesse de répéter que la politique solitaire et égoïste menée par l'Allemagne n'était pas une solution. Bien au contraire. 
 
Aujourd'hui le rapport de l'OIT atteste donc bien que la prétendue réussite du modèle allemand n'est qu'un leurre. Pire, il s'agit d'une illusion qui saute aux yeux dès lors que l'on s'y intéresse quelque peu. Encore faut-il en avoir la volonté et ne pas chercher à enfumer les Français comme le fait notre président en glorifiant à outrance ce pays et le citant sans arrêt comme un exemple à suivre.
 
En réalité, l'Allemagne a privilégié ses entreprises aux dépens de son peuple. Les réformes du soi-disant héros Schröder ayant davantage contribué à saborder l'économie allemande, tout du moins à long terme, qu'à la soutenir. En effet, par sa politique de déflation salariale, qui a conduit à la multiplication d'emplois à 1 € de l'heure, l'Allemagne a grandement précarisé sa population.
 
Alors certes les entreprises ont gagné en compétitivité ce qui leur a permis d'exporter massivement. Mais à quel prix ? 
Car il existe bien évidemment un côté obscur, une face cachée à tout cela. Tout d'abord, les Allemands ont perdu en pouvoir d'achat et ont vu leurs conditions de vie se dégradées. Ensuite, il faut rappeler que la majorité des exportations allemandes sont réalisées au sein de l'Union Européenne ce qui revient à faire payer aux européens les erreurs des gouvernements de notre voisin. Enfin, ce modèle économique basé sur les exportations connaît aujourd'hui ses limites. De fait, le ralentissement de la demande extérieure a des conséquences considérables sur les entreprises qui voient leurs commandes grandement diminuer. Or, et c'est bien là le problème, le marché intérieur n'est pas suffisamment dynamique pour prendre le relais.
 
Hier adulé, le modèle allemand subit actuellement un retour de bâton qui vient sanctionner l'orientation même prise par ce pays. Aujourd'hui, l'Allemagne se trouve, dans une certaine mesure et à moindre échelle, dans la même situation que la Chine. Ces deux nations ayant depuis longtemps privilégié la course à la compétitivité par une pression à la baisse des salaires se retrouvent alors dans une position délicate avec un marché intérieur en berne et une situation sociale tendue.
 
Une nouvelle fois un rapport indépendant vient vilipender un pays sur lequel notre nation veut prendre exemple. Cela prouve donc bien qu'il faut que la France cesse de vouloir toujours imiter les autres et fasse ce qu'elle sait faire de mieux : être elle-même.

mardi 17 janvier 2012

Ne pleurons pas la perte du triple A, réjouissons-nous !

Vendredi dernier, le 13 janvier (coïncidence ou facétie de l'agence de notation ?), Standard and Poor's a dégradé la note de la France de AAA à AA+. S'en est alors suivi toute une série de lamentations de la part des médias et de nos politiques préférés et en premier lieu Nicolas Sarkozy et François Fillon.
Pour le président de la République et son premier ministre cette dégradation est un échec personnel tant ceux-ci avaient sacralisé cette note quitte à la transformer en veau d'or. Pire, la politique gouvernementale de ces derniers mois était orchestrée dans le but de conserver ce triple A. Il s'agit donc la d'un double échec qui vient en réalité sanctionner la politique de Nicolas Sarkozy.

Comme je le disais, le maintien de cette note était un combat de chaque instant. Sous prétexte de ne pas perdre ce fameux AAA, le peuple devait se serrer la ceinture et faire des efforts pour ne pas sombrer dans le tourment à l'image de la Grèce. Depuis ce week-end, on nous explique alors qu'il va falloir toujours plus d'efforts pour ne pas aggraver la situation et espérer récupérer notre note dans un futur plus ou moins proche. En somme, avec le AAA le peuple trinque et sans le AAA le peuple trinque aussi. Ce qui est bien avec ces gens là c'est que dans tous les cas ce sont toujours les mêmes qui payent les pots cassés.


En fait, il apparaît clairement que la note des Etats est devenue l'alpha et l'oméga des politiques menées par les différents gouvernements en place. Ainsi, les réformes entreprises n'ont plus pour objet de servir le collectif et de contribuer à l'intérêt général. A l'inverse, leur but est de plaire aux agences de notation et d'aller dans leur sens (privatisation, libéralisation …) afin de gagner un court sursis avec la dégradation.
Un tel comportement est clairement contre-productif car dans la situation actuelle toutes les économies, en particulier européennes, seront dégradées à terme. Seul le moment auquel cela interviendra est incertain. Chercher à lutter reviendrait à écoper le Costa Concordia à la petite cuillère.

Pour autant, cela signifie-t-il que tout est perdu ? Je ne le crois pas. Bien au contraire. En effet, les agences de notation n'ont pas été créées hier. Or cela fait seulement quelques années que l'on en entend parler. Pourquoi alors se préoccuper de l'avis de ces entités qui n'ont aucune légitimité ? Pourquoi tenir compte de l'avis de sociétés privées qui ont aggravé la crise financière en notant AAA les subprimes ?

Il est clair qu'aujourd'hui ces agences de notation ont une réelle responsabilité dans l'ampleur de la crise de la dette comme l'appellent certains. De fait, celles-ci sont le centre d'un véritable cercle vicieux dans la mesure où la note attribuée influe sur les taux d'intérêt auxquels les Etats empruntent, taux ayant eux-mêmes une incidence considérable sur la situation économique d'un pays.


Indéniablement, et selon toute logique, il semble urgent de sortir de cet engrenage. Pour ce faire, une solution simple existe. Celle-ci n'est toutefois pas orthodoxe puisqu'elle implique de remettre en cause le système actuel.
La dette est aujourd'hui un fléau pour les économies modernes. Pas sur son principe bien évidemment mais plutôt sur son volume qui a atteint des niveaux faramineux. Or il s'avère que la dette de l'Etat Français (environ 1 700 milliards d'euros) correspond peu ou prou à la somme cumulée des intérêts pays depuis 1973, date de la loi Pompidou-Giscard interdisant le financement de l'Etat auprès du Trésor public.


Pour faire simple, la France et les autres nations européennes empruntent sur les marchés financiers à un taux compris entre 3 et plus de 10 % de l'argent prêté par la BCE (Banque Centrale Européenne) aux banques privées à 1 %. L'alternative "light" serait alors d'obliger la BCE à financer directement les Etats en se passant des intermédiaires privés qui réalisent au passage des bénéfices record. Dans la version plus "extrême", cela consisterait à ce que chaque Etat puisse emprunter à leur banque centrale (la banque de France en ce qui nous concerne) à des taux très faibles voire nuls.


A l'heure actuelle nos dirigeants ne semblent pas vouloir entendre parler de ces solutions qu'ils évacuent sans en discuter alors même qu'elles sont avancées à la fois par des économistes (Jacques Sapir, Jacques Généreux …) et des politiques (Nicolas Dupont-Aignan, Jean-Luc Mélenchon …).
La remise en cause de notre triple A, synonyme d'emprunts bon marchés, pourrait alors complément changer la donne et relancer le débat autour de ces questions.

vendredi 13 janvier 2012

Mélenchon ou la gauche comme on l'aime !

Hier soir, l'émission "des paroles et des actes" présentée par David Pujadas sur France 2 était consacrée à Jean-Luc Mélenchon. Durant plus de deux heures, le candidat du Front de Gauche a pu détailler certains aspects de son programme.
 
Disons le tout de suite, je ne suis guère fan du format de cette émission. En effet, la première partie sur la vie de l'invité n'a que peu d'intérêt et ne fait que renforcer un phénomène de peoplitisation déjà trop présent. Ajoutons également que l'affrontement permanent entre le président du Parti de Gauche et les journalistes n'est qu'une perte de temps qui nuit à la fluidité de l'émission et à l'expression des idées. D'ailleurs, je trouve que le combat perpétuel et les invectives de Mélenchon contre les journalistes est pesant à la longue et finira, d'une manière ou d'une autre, par le desservir.
Pour finir sur la forme, il faut toutefois reconnaître les grandes qualités oratoires de cet excellent tribun qu'est Jean-Luc Mélenchon. A la nuance près que sa "grande gueule" et son caractère entier peuvent être une force mais aussi une faiblesse.
 
Mais intéressons nous maintenant au fond du discours du candidat. Je ne reviendrai bien évidemment pas sur l'intégralité des propos tenus tant ils sont denses mais je vais plutôt m'attarder sur quelques aspects qui m'ont interpellés.
 
Tout d'abord, une phrase tenue au tout début de l'émission : "je ne suis pas de l'extrême gauche, je suis de gauche". Pour moi, ces quelques mots revêtent une importance particulière, bien plus que le caractère banal qu'on pourrait y attacher. De fait, pour la plupart des gens, le PS est l'alpha et l'oméga de la gauche, chacun se positionnant alors par rapport à ce parti. Or, comme le disait très bien le général de Gaulle : "je n'aime pas les socialistes car ils ne sont pas socialistes". Et c'est bien là tout le problème puisque depuis plusieurs années, le Parti Socialiste s'est progressivement dirigé vers le centre-gauche, à la manière de tous les partis sociaux-démocrates européens. Ainsi, le PS n'est plus un mouvement de transformation mais bien un parti de gestion qui accompagne le système. D'ailleurs, on voit bien que François Hollande lorgne davantage du côté de Bayrou et du Modem que de celui du Front de Gauche, pourtant allié historique. Ainsi, Jean-Luc Mélenchon s'inscrit pleinement dans l'histoire de la gauche française alors que François Hollande se situe davantage dans la continuité de la politique menée après le tournant libéral de 1983.
 
Tout au long de l'émission, Jean-Luc Mélenchon a avancé un certain nombre de mesures concrètes auxquelles j'adhère totalement : augmentation des salaires pour agir sur la consommation et donc relancer l'activité, passage de 5 à 14 tranches pour l'impôt sur le revenu, hausse des impôts sur le patrimoine (successions et ISF), participation des salariés au conseil d'administration.
A l'inverse, certaines me laissent dubitatif voire même circonspect : régularisation de tous les travailleurs sans-papiers et surtout la convocation d'une assemblée constituante pour l'instauration d'une 6ème République. Si je peux comprendre le raisonnement poussant à régulariser les travailleurs sans-papiers, je suis en revanche plus réservé sur la notion de régularisation massive. Un traitement au cas par cas me semblerait alors plus adapté tant ce statut recouvre des réalités différentes. De plus, étant attaché à la stabilité de nos institutions et à la 5ème République en particulier, je dois reconnaître que la mise en place d'une 6ème République ne m'enthousiasme guère. Il faudra toutefois juger sur pièce lorsque nous aurons davantage d'informations.
Il en est de même s'agissant de sa volonté de consacrer son premier voyage officiel à l'Algérie et plus largement au Maghreb. Il s'agirait certes d'un symbole et d'un signe envoyé mais je ne crois pas que cela soit forcément une bonne chose, ni une priorité.
 
Outre les journalistes, Jean-Luc Mélenchon s'est retrouvé face à Jean-Louis Beffa, ancien PDG de Saint-Gobain. Il est clair que cette partie a été plus calme avec un candidat plus poli et modéré. Cela n'en était que mieux dans la mesure où les autres séquences de l'émission étaient "polluées" par la véhémence envers les journalistes. Je regrette toutefois qu'un échange n'est pas vraiment eu lieu entre les deux protagonistes. En effet, la communication s'est limitée à une suite de monologues sans réelle lien entre eux.
 
Au final, il apparaît clairement que la prestation de Jean-Luc Mélenchon, suivie par 3,2 millions de téléspectateurs a été bonne. Celle-ci aurait pu être excellente avec une plus grande retenue dans ses attaques à l'encontre des journalistes qui ont indéniablement nui à la clarté des débats donc à la transmission des idées.
Parti avec un a priori positif, mon opinion n'en a été que renforcée par cette émission. Si je rejoins le candidat du Front de Gauche sur un grand nombre de sujets, il n'en reste pas moins que sa trop grande véhémence, voire même violence par moment, constitue pour moi un sérieux handicap pour sa campagne. A l'heure de la médiatisation à outrance et donc de l'omniprésence des journalistes en politique, il pourrait être souhaitable pour Mélenchon de faire preuve d'une plus grande modération dans ses propos.

samedi 7 janvier 2012

Retour sur l'actualité

Premier article de cette nouvelle année avec un retour sur les derniers évènements marquants de cette semaine. 

- Sarkozy et la TVA sociale : une nouvelle imposture
Suggérée dans les voeux présidentiels et appuyée par différents ministres par la suite, la TVA sociale fait une nouvelle fois son retour sur le devant de la scène. Ainsi, cela fait maintenant quelques jours que les médias et la classe politique s'affrontent à ce sujet. 
Fervent partisan de ce mécanisme, je ne peux que regretter les caricatures qui sont faites de cette TVA sociale. En effet, le terme de "TVA sociale" est assez trompeur et regroupe tout un tas de réalités différentes. Or celle souhaitée par le président de la République est une tromperie visant à faire un nouveau cadeau au patronat puisque cela reviendrait en fait à intervenir uniquement sur les charges patronales. Dans cette configuration, les Français seraient bien évidemment lésés.
Dans mon esprit cette proposition n'est pas une TVA sociale mais bien une supercherie. En revanche, la "vraie TVA sociale" serait une opportunité pour notre pays. Pour résumer brièvement, il faudrait transférer tout ou partie des charges patronales ET salariales avec une augmentation de la TVA en contrepartie. Ainsi, les entreprises gagneraient en compétitivité à l'export et les salariés bénéficieront d'une hausse de leur salaire net. En outre, seuls les produits importés subiront une hausse des prix dans la mesure où les entreprises devront répercuter sur leurs prix le gain lié à la baisse des charges patronales. En somme, cela permettrait donc d'élargir l'assiette de financement de notre protection sociale par une contribution des importations mais également d'inciter à la relocalisation des entreprises. 

- Eva Joly récidive encore et encore ...
Qu'il est rafraîchissant en ces temps moroses de lire les déclarations d'Eva Joly. Un peu de déprime, un coup de moins bien, hop quelques phrases de la candidate écolo et ça repart avec le sourire et l'allégresse !
Après la critique du défilé du 14 juillet puis celle des commémorations du 11 novembre, voila maintenant que l'ancienne juge d'instruction s'attaque à la mise à l'honneur de Jeanne d'Arc à l'occasion du 600ème anniversaire de sa naissance. Ainsi, Eva Joly a qualifié Jeanne d'Arc de "symbole ultranationaliste" et a trouvé "bizarre d’aller chercher l’inspiration dans cette figure qui a bouté hors de France les Anglais. Ce n’est pas le symbole que nous cherchons aujourd’hui".
A l'inverse de Mme Joly, je crois au contraire que la figure de Jeanne d'Arc est tout à fait d'actualité en raison justement de notre situation économique. En effet, il faudrait s'inspirer davantage de cette femme qui s'est ardemment engagée pour défendre notre pays contre les envahisseurs. Un tel comportement à l'égard des marchés financiers et des instances supranationales (UE, FMI, OMC ...) ne serait qu'un juste retour des choses après des décennies de soumission. 

- Jack Lang ou le pire de la politique
S'il est un ministre de la Culture dont on se souvient, outre André Malraux, c'est bien ce cher Jack Lang. Quoi que l'on pense du ministre, voire même de l'homme, il faut bien reconnaître que celui-ci a laissé une trace de son passage, en particulier par le biais de la fête de la musique.
Mais il est bien loin le temps de la joyeuse Mitterrandie pour l'ancien ministre. Aujourd'hui les temps sont durs pour celui qui a grandement perdu de sa superbe. Malgré tout, il faut bien manger et continuer à exister parmi les socialistes. Aussi, les législatives sont une échéance à ne pas manquer. Malheureusement pour lui ses affaires dans le Nord ont pris l'eau et il a donc fallu trouver une autre planque terre d'accueil. Par chance, Martine Aubry, dans sa volonté de faire chier François Hollande rassembler le parti, s'est démenée pour son ami et lui a finalement trouvé un nouveau défi dans les Vosges.
Après ça, on se demande bien pourquoi les Français se détournent de la politique ...