mardi 17 novembre 2015

Je suis Paris – 13.11.15

Il est toujours délicat de s'exprimer après des évènements tragiques comme notre pays en a connu ce vendredi 13 novembre. J'ai d'ailleurs longuement hésité avant d'écrire cet article.

Mais si j'ai décidé finalement de prendre la plume c'est tout d'abord pour exprimer tout mon soutien et ma compassion aux familles des victimes, aux proches des 129 morts et 352 blessés au cours de ces terribles attentats. Comme beaucoup de personnes en France mais aussi dans le monde, j'ai été profondément touché et affecté par ces actes ignobles. Meurtri en tant qu'être humain, je ne pouvais rester silencieux sur la question et souhaitais témoigner de ma solidarité à mon humble niveau.

Bien que pessimiste sur l'avenir, l'énorme mobilisation de tout un chacun par delà les frontières me rassure finalement sur la nature humaine et me conforte dans l'idée que rien n'est perdu et qu'un sursaut est possible. Mieux, ce sursaut commun est indispensable afin de montrer au reste du monde que l'obscurantisme n'aura pas raison de la France et que même meurtri en son sein le peuple saura se relever et résister comme il l'a maintes fois prouvé par le passé.

Durant ces trois jours de deuil national, notre nation s'est montrée unie et fraternelle comme l'avait demandé le président de la République. Hier, à midi, des millions de personnes se sont recueillies en hommage aux victimes. Nous ne pouvons que nous réjouir de l'ensemble de ces élans de solidarité et de générosité envers les familles des victimes mais également des forces de l'ordre et de secours (police, gendarmerie, pompiers, Samu …) qui ont une fois encore fait un travail exceptionnel.

L'unité nationale est bien évidemment indispensable en ces temps difficiles. Et aucun, hormis quelques groupuscules d'extrême gauche tels que le NPA, ne saurait la remettre en cause. Cela étant, cette unité nationale ne doit pas nous exonérer d'ouvrir les yeux sur ce qui s'est passé et d'affronter la réalité telle qu'elle est aujourd'hui : dure et violente.

C'est, je crois, le sens du discours de François Hollande devant le Parlement. Celui-ci a d'ailleurs été salué unanimement et ses annonces accueillies de manière positive (renforcement des frappes aériennes en Syrie, prolongation de l'état d’urgence, contrôle des frontières, expulsion des terroristes étrangers et déchéance de nationalité pour les binationaux, moyens supplémentaires pour les forces de sécurité).

Si je ne peux qu'approuver ces mesures qui me paraissent nécessaires et de bon sens, je ne peux toutefois pas m'empêcher de m'interroger. Pourquoi ne pas avoir agi avant, suite aux attentats du 11 janvier ? Nos dirigeants n'avaient-ils alors pas pris la mesure de la menace qui planait sur nous ? Les mesures annoncées sont évidemment indispensables mais il est inacceptable d'avoir attendu un nouveau massacre pour les mettre en œuvre.

Mon but n'est pas de polémiquer ni de rentrer dans une lutte partisane car tout cela serait contre-productif et malvenu. Comme beaucoup de nos concitoyens je reste toutefois perplexe face à des décisions qui me semblent insuffisantes. Et comme pour beaucoup, des questions restent sans réponse :
  
- Comme lors des attentats de janvier dernier, certains terroristes étaient fichés et connus des services de renseignement. Pourquoi laisser en liberté des individus que l'on sait dangereux ?

- Certains terroristes avaient déjà été condamnés à plusieurs reprises. Pourquoi n'étaient-ils pas en prison ?

- L'absence totale de contrôles aux frontières permet de fait une recrudescence des trafics d'armes et de stupéfiants ainsi qu'une circulation facilitée des criminels. Pourquoi ne pas remettre en place des contrôles afin de surveiller qui et quoi entre sur notre sol ?

- De nombreuses perquisitions ont eu lieu ces derniers jours dans des cités afin de saisir armes, drogue et argent. Dans la mesure où ces informations sont connues depuis longtemps, pourquoi ne pas l'avoir fait avant ?

- Certaines mosquées sont réputées pour être des lieux de propagande où des imams extrémistes prônent la haine et la violence. Pourquoi ces individus ne sont pas arrêtés et ces lieux ne sont pas fermés ?


Ces questions sont des exemples parmi tant d'autres qui nécessitent de vraies réponses. Évidemment il aurait été préférable de s'en préoccuper avant mais il est impossible de refaire l'histoire. En revanche, et c'est le plus important, nos dirigeants doivent tout mettre en œuvre afin que justement cette histoire ne se répète pas à nouveau. Nous sommes aujourd'hui tous dans le même bateau face à des terroristes islamistes qui veulent notre perte. Laissons alors de côté les postures et la politique politicienne pour se consacrer aux vrais enjeux.

Je ne dis pas avoir de solution toute faite et sans faille. Néanmoins, je crois que certaines mesures permettraient d'aller dans le bon sens.
Indéniablement les effectifs de police, de gendarmerie et de l'armée doivent être augmentés afin de se donner réellement les moyens de faire face. Les budgets de l'Intérieur et de la Défense doivent donc se voir doter de nouvelles ressources financières afin d'investir à la fois en hommes et en matériel.
Parallèlement à cela, il me semble impératif de faire preuve de davantage de fermeté envers les criminels en général et les terroristes en particulier. Cela passe alors par l'expulsion ou l'enfermement de l'ensemble des individus identifiés comme des menaces et notamment les djihadistes revenant d'Irak ou de Syrie.
Enfin deux aspects sur le plan de la politique extérieure. D'une part notre intervention en Syrie doit être assumée et renforcée dans le cadre d'une coalition internationale afin de neutraliser Daech. D'autre part, nos relations diplomatiques envers les pays jouant double jeu en finançant le terrorisme (Turquie, Qatar, Arabie Saoudite …)  doivent être clarifiées.

J'en terminerais ici avec deux éléments qui se font écho. Une citation de Koffi Annan au conseil de sécurité de l'ONU le 12 septembre 2001 et une photo qui, je crois, se passe de commentaire.

“Une attaque terroriste contre un pays est une attaque contre l'humanité tout entière.”