mercredi 30 mars 2011

Non les électeurs FN ne sont pas des gros cons !

"Sophia Aram doit sûrement regretter la chronique du 23 mars sur France Inter dans laquelle elle qualifiait les électeurs du Front National de “gros cons”. Cible d’insultes et de menaces, là voilà réduite à se faire accompagner lorsqu’elle se rend à France Inter, si l’on en croit Le Parisien. Sans compter l’insulte de Guy Carlier, qui l’a traitée, dans sa chronique matinale, sur Europe 1, deux jours plus tard, de “petite conne”.
Sans attendre que Guy Carlier se mêle de l’affaire, le Front National avait réagi par voie de communiqué et laissé entendre qu’il pourrait saisir le CSA. Il n’en a rien fait pour l’instant, nous a assuré une source interne au conseil. Celui-ci ne s’est pas moins saisi de l’affaire, ému par “plus de 150 mails de protestation, mais aucun courrier du FN”. Moralité: le CSA examinera donc, dès demain, mercredi 30 mars, la chronique en question."
Source : nouvelobs.com

Après Stéphane Guillon, voila que la nouvelle chroniqueuse de France Inter, Sophia Aram, se fait reprendre et provoque la polémique. Décidément, cette radio n'a vraiment pas de chance avec ses humoristes. Mais peu importe, je me contrefiche de ces individus qui, je dois le reconnaître, ne me font pas rire.
Ce qui m'intéresse davantage est le fond des propos en question. Autrement dit, les électeurs du Front National sont-ils des "gros cons" ?
 
Avant de rentrer dans le vif du sujet, j'aimerais m'attarder quelques instants sur le principe même de la démocratie. Certains considèrent que ce système est peu satisfaisant et qu'il conviendrait de le faire évoluer. Cet avis peut éventuellement s'entendre mais alors quelle alternative mettre en place ? Car comme disait Churchill, "la démocratie est le pire des régimes, à l'exception de tous les autres". Ce système, bien qu'imparfait, reste donc à l'heure actuelle la base de nos sociétés et permet, quoi qu'on en dise, une expression populaire libre.
Personnellement, je ne suis pas sûr que ce soit la démocratie qui soit en cause mais plutôt l'usage que l'on en fait. Je rappellerais seulement deux éléments afin d'appuyer mes propos : la forte abstention lors des élections et la violation du Non au référendum relatif au Traité Constitutionnel Européen (TCE).
 
Mais revenons-en à nos moutons. Dans son billet, la soi-disant humoriste a sciemment insulté des électeurs. Dans un premier temps, il me semble nécessaire de laisser de côté la nature même du vote incriminé. En effet, nous sommes dans un pays qui garantit la liberté d'expression et le pluralisme politique. Chacun est donc libre de voter pour le parti qu'il veut et ce choix, quel qu'il soit, doit être respecté et pris en compte.
Il me paraît donc anormal et est même illégal de discriminer un individu sur la base de ses convictions politiques. Cette "règle" est évidemment valable pour toutes les formations politiques, y compris celles qui sont jugées extrèmistes.
 
Lors de ces dernières cantonales, chacun a pu voir que le Front National a rencontré un certain succès. Cela voudrait-il dire que le nombre de "gros cons" a explosé en ce mois de mars ? Evidemment non et il serait préférable de comprendre les raisons de ce vote.
Selon moi, il est clair que l'électorat FN est hétérogène. On peut ainsi y retrouver des individus d'âge et de classe sociale divers. De plus, ce bulletin peut exprimer un vote d'adhésion mais également de contestation et de protestation (au même titre que l'abstention) en direction du pouvoir en place ou plus largement à l'adresse de la classe politique en général.
Réduire les électeurs du Front National uniquement à des nostalgiques du régime de Vichy et de l'Algérie française ou alors à des racistes et xénophobes en puissance serait alors stupide et très éloigné de la réalité. En effet, il ne faut pas oublier qu'une grande partie de la classe ouvrière, et plus récemment des employés, s'est détournée de la gauche (particulièrement du PCF) pour renforcer le score du FN. D'ailleurs, la prise de pouvoir de Marine Le Pen a accentué et accéléré ce transfert, notamment du fait de son image plus "édulcorée".
 
Mais attention, ce n'est pas parce que je peux comprendre ces personnes que je ferai de même lors des prochaines élections. Alors bien sûr, je dois reconnaître que le FN version Marine reprend un certain nombre de thèmes que j'affectionne, en particulier au niveau économique et social. J'ajouterais même que la leader frontiste défend des positions proches de mes idées (Etat fort, défense des services publics, protectionnisme ...). Lui accorder ma voix semblerait alors logique, ou tout du moins cohérent.
Pour autant, il s'avère qu'à l'heure actuelle certains éléments font que je ne le peux pas.
Tout d'abord, je ne suis pas certain de la sincérité du virage pris par ce parti, alors même que son programme économique et social pour la présidentielle de 2007 était presque totalement le contraire des prises de positions de Marine.
Ensuite, je crois qu'il ne faut pas être naïf quant à l'évolution même des structures du parti. Effectivement, il semble clair qu'une partie des cadres et militants ne sont pas sur la même ligne que la chef du parti. Or, en cas d'accession au pouvoir, ces mêmes individus seront appelés à prendre des responsabilités. Aussi, qui peut croire que Bruno Gollnisch est tout à coup devenu un fervent étatiste ? De plus, la récente polémique autour du salut nazi d'un responsable local du FN ne fait que renforcer cette idée et n'est en aucun cas rassurante.
Enfin, il subsiste toujours dans la sémantique des dirigeants et surtout dans leur programme et leur logiciel idéologique des sujets qui sont pour moi rédhibitoires. Je pense, entre autres, à la fixette sur l'immigration ou l'islam ou encore à la préférence nationale.
Pour toutes ces raisons je ne souhaite pas mettre un bulletin Front National dans l'urne. Néanmoins, je ne souhaite pas jeter la pierre à ceux qui le font tant je peux comprendre leur geste.
 
Hier le Front National était largement diabolisé et son audience était fortement limitée. Aujourd'hui les choses ont changé, notamment du fait de la déception et du dégoût provoqués par nos dirigeants ces dernières années. Malgré une évolution idéologique (de façade ?), le FN n'en reste pas moins le FN avec le spectre de son fondateur et sa longue histoire depuis sa création en 1972.
Pour autant, chacun doit être conscient de l'essor médiatique et électoral de ce parti. Bien que ce dernier ne soit pas le mal absolu ni un danger pour la République, il me semble préférable de chercher à l'affronter. Toutefois ce combat doit avoir lieu sur le terrain des idées et des valeurs et non plus "à l'ancienne" comme cela était le cas du temps de François Mitterrand.
Cela ne signifie pas de chasser sur les terres du FN comme le fait l'UMP mais cela ne consiste pas non plus à refuser le débat sur certains sujets ou problèmes comme le fait le PS. En outre, le FN ne doit en aucun cas être un étalon ou un quelconque baromètre.
Pour moi la meilleur façon de lutter contre le FN est de lui opposer de vraies réponses alternatives et crédibles aux thèmes qu'il aborde afin de démontrer que ses solutions imparfaites, voire même contre-productives.

lundi 28 mars 2011

Retour sur les cantonales

Et bien voila, la dernière élection cantonale vient de se terminer en cette année 2011. En effet, à partir de 2014, les conseillers généraux et régionaux seront fusionnés en une seule entité : les conseillers territoriaux. Malgré tout, cette ultime élection cantonale n'en mérite pas moins un petit débriefing.
Il ne s'agit pas là de décortiquer dans le détail ce scrutin mais davantage de s'intéresser aux grandes tendances qui s'en sont dégagées. Ainsi, quatre éléments méritent, selon moi, que l'on s'y attarde.
 
Le premier point que l'on peut voir est le résultat de la majorité présidentielle (UMP + NC + autres partis associés). Cette élection, malgré les dires de ses principaux responsables, est un nouvel échec. Cela n'est pas vraiment étonnant lorsque l'on voit la popularité du président. Pour autant, il convient de nuancer ses propos dans la mesure où l'UMP conserve tout de même quelques bastions. On peut alors remarquer que ce parti arrive à préserver un socle électoral non négligeable, qui s'explique par le fait que l'électorat de droite (seniors, professions libérales ...) ne sont pas véritablement coutumiers de l'abstention.
 
Ensuite, le score du PS, ou plus largement de la gauche, est assez surprenant. Effectivement, on pouvait assez légitimement s'attendre à une vague rose. Or, il s'avère que finalement ce raz de marée n'a pas eu lieu, bien au contraire. Il est clair que le PS, premier parti d'opposition, n'a pas su capitaliser le mécontentement des Français et n'en a profité qu'à la marge.
Comme depuis quelques années déjà, le Parti Socialiste n'arrive pas à incarner une véritable alternative ni à se défaire de ses démons. En effet, il règne depuis longtemps une certaine cacophonie au sein des instances de décision, en raison notamment de la multiplicité des leaders. Ainsi, à l'inverse de la droite, le PS n'a jamais vraiment réussi à se ranger derrière un chef. En outre, le vide programmatique, réel ou ressenti, conduit les électeurs à se détourner de la gauche de gouvernement.
Malgré la défaite de 2007, défaite qui n'aurait jamais dû arriver après 12 ans de Chirac, il semblerait que les socialistes persistent dans la même direction. Ainsi, nous sommes aujourd'hui à un an de l'élection présidentielle et le candidat n'est toujours pas désigné. De même, le programme, bien qu'en cours d'élaboration, sera une nouvelle fois imposé au candidat qui ne disposera alors que d'une marge de manoeuvre limitée.
 
Contrairement aux deux précédemment partis, une troisième formation politique, le Front National, a su tirer son épingle du jeu. Alors bien sur on est loin de la vague bleue marine annoncée puisque seuls deux conseillers généraux FN ont été élus. Malgré tout, il est clair que ce scrutin peut être une source de satisfaction pour Marine Le Pen qui poursuit sa quête de respectabilité et sa course à la dédiabolisation. En effet, il faut remarquer qu'un certain nombre de candidats frontistes ont réalisé des scores non négligeables et surtout ont réussi à accroître leur nombre de voix entre les deux tours. La jeune leader est donc en train de gagner son pari de normaliser son parti et séduit un électorat plus large qui ne choisit plus ce bulletin uniquement par contestation.
Parallèlement à tout cela, j'aimerais revenir sur un évènement qui est intervenu entre les deux tours dans ma région. Effectivement, le candidat frontiste sur Grenoble 6 a été suspendu par le parti suite à la découverte de photos le montrant faisant le salut nazi. Comme on pouvait s'y attendre les politiques locaux ont crié au scandale ... alors même que lesdites photos étaient déjà sorties à l'occasion des élections régionales de 2010. A titre personnel, je croyais que ces révélations allaient desservir le candidat et le pénaliser dans les urnes. Or il s'avère que ce ne fut pas le cas puisque ce dernier a amélioré son score en nombre de voix. En outre, cette affaire constitue un coup de pub formidable pour le FN. En effet, les instances dirigeantes ont rapidement suspendu le candidat qui risque, officiellement, une exclusion. Cette décision vient alors appuyer le discours de Marine Le Pen qui souhaite "épurer" son parti.
 
Enfin, il semble inimaginable de parler d'une élection sans mentionner l'abstention. Clairement les abstentionnistes sont les grands gagnants de ce suffrage. Il est toujours difficile de connaître précisément les raisons de ce refus de voter. On peut néanmoins avancer l'hypothèse que les Français sont déçus voire dégoûtés par la/les politique(s) et expriment alors par ce biais leur mécontentement. De plus, on peut également penser que le fait que cette élection ait un enjeu faible, qu'elle ne soit couplée avec aucune autre et que seule une partie du pays soit appelée aux urnes n'ait en rien arrangé les choses.
 
Comme c'est le cas après chaque élection connaissant un fort taux d'abstention, l'idée de rendre le vote obligatoire refait surface. Je dois avouer que je suis assez partagé sur cette question. D'un côté, je pense que l'abstention est un fléau pour notre démocratie dans la mesure où elle pose la question de la légitimité de nos dirigeants. De plus, il ne faut pas oublier que voter est un devoir citoyen et que des millions d'individus se battent ou risquent leur vie pour pouvoir voter.
A l'inverse, je crois que le vote doit rester un droit qui vise à l'expression populaire et ne doit donc pas, de ce fait, représenter une contrainte. Pour autant, d'autres pays ont mis en place ce système et leur population ne s'en porte pas forcément plus mal. Il pourrait alors être intéressant d'étudier nos voisins et de poser clairement le débat, quitte à prendre une décision par référendum.  
Par ailleurs, je crois qu'il est grand temps de reconnaître le vote blanc tant il représente un choix pour les citoyens. Car aujourd'hui voter blanc ou s'abstenir revient finalement au même. Cette reconnaissance est d'autant plus indispensable que le vote sera rendu obligatoire.
 
Alors au final, est-ce que les cantonales de 2011 sont un tour de chauffe pour la présidentielle et les législatives de 2012 ? Difficile à dire tant il peut s'en passer des choses d'ici là. Malgré tout, on peut en retirer des enseignements pour le futur : l'UMP est au plus bas et risque d'entrer en crise, le PS a du mal à être crédible, le FN continue à gagner en audience.
Partant de cet état de fait, chaque formation politique va devoir travailler sur elle-même pour atténuer ses faiblesses. Mais il ne suffira pas, je crois, de se regarder le nombril. Au contraire, il me semble plus que souhaitable que nos responsables politiques commencent réellement à s'intéresser aux Français et à leurs problèmes afin d'être en mesure de leur proposer de vraies solutions de long terme et plus seulement de petites réponses comme c'est le cas depuis des décennies.

vendredi 25 mars 2011

Guéant frôle le néant

Pauvre Nicolas Sarkozy ! Décidément, notre cher président de la République n'est vraiment pas aidé. Alors même que ce dernier souhaitait mettre en place une équipe d'expérience en vue de 2012, il s'est avéré que les derniers remaniements ont été de profonds échecs. Après Brice Hortefeux et ses procès puis Michèle Alliot-Marie et ses voyages, voilà que Claude Guéant, ex grand manitou de l'Elysée et actuel ministre de l'Intérieur, se met lui aussi à déraper.
 
Clairement ces derniers jours ont été le théâtre de multiples sorties médiatiques désastreuses pour le premier flic de France. Pour rappel, voici les propos à l'origine de la polémique :
- "le président a pris la tête de la croisade pour mobiliser le Conseil de sécurité des Nations unies."
- "les agents des services publics évidemment ne doivent pas porter de signes religieux, manifester une quelconque préférence religieuse, mais les usagers du service public ne doivent pas non plus."
 
Alors bien sûr certains trouveront que la controverse est facile voire même déplacée. Pour autant, il faut bien reconnaître que le locataire de la place Beauvau, de manière consciente ou non, met les pieds dans le plat.
Mais reprenons ces déclarations dans le détail.
 
Tout d'abord Claude Guéant a utilisé le terme de "croisade" pour parler de l'opération en Libye. Personnellement, et malgré ses démentis, je crois que ce mot n'a pas été utilisé de manière innocente. En effet, il est clair que celui-ci revêt une connotation historique forte et fait indéniablement référence aux guerres entre chrétiens et musulmans au Moyen-âge. On peut alors légitimement s'interroger sur les arrière-pensées du ministre, et ce d'autant plus que l'intervention en Libye tend à devenir une intervention purement occidentale.
 
Par la suite, le ministre de l'Intérieur s'est exprimé sur les signes religieux dans les services publics, en perspective du futur débat sur la laïcité. Cette déclaration ne me semble pas condamnable en soi. Malgré tout, cette dernière me semble inappropriée à l'heure actuelle. De plus, je ne suis pas sûr que celle-ci soit justifiée sur le fond. Effectivement, cette phrase induit que les personnes portant un signe religieux devra soit l'ôter soit renoncer à utiliser les services publics. Cela pose bien évidemment d'importants problèmes dans la mesure où les signes religieux sont multiples (voile, kippa, crucifix ...) et les services publics vastes (poste, mairie, transports ...).
 
Une fois n'est pas coutume, un membre de l'UMP commet à nouveau une bourde. Cela n'est évidemment pas la première fois et on peut même dire que cela devient habituel (voir les propos de Chantal Brunel ou d'autres députés). Pour autant, je ne suis pas convaincu que toutes ces déclarations soient des dérapages involontaires. De fait, le succès croissant du FN commence sérieusement à inquiéter le pouvoir en place. On pourrait alors interpréter ces propos comme un fragment d'une véritable course à l'échalote entre les deux partis, l'un cherchant à dépasser l'autre sur sa droite. D'ailleurs, les récentes saillies sur l'islam et les musulmans l'illustrent à merveille.
 
Pour finir, il me semble nécessaire de rappeler que Claude Guéant est un ministre de la République en exercice. De ce fait, il devrait être tenu à une certaine exemplarité, tant dans les actes que dans les mots. Il en va de même de tous nos élus et ce quelles que soient leurs responsabilités.
Que le début de mandat est loin ... Depuis, la "République irréprochable" s'est, semble-t-il, transformée en République des reproches.

lundi 21 mars 2011

La Libye ne doit être ni l'Irak ni l'Afghanistan

Comme on pouvait (légitimement ?) s'y attendre, l'opération "Aube de l'Odyssée" suscite de nombreuses critiques. Je ne parle évidemment pas des réserves exprimées avant même son lancement, retenues que j'ai abordées dans un précédent article. Non, je fais davantage référence aux réprobations qui sont intervenues par la suite.
 
Et il faut bien reconnaître que certains pays ne se sont pas gênés pour exprimer leurs doutes et autres regrets. Je pense notamment à la Chine, l'Inde, la Russie ou encore l'Allemagne. Personnellement, je trouve cette attitude peu fair-play. En effet, ces Etats, qui ont refusé l'intervention pour des raisons obscures et en particulier pour la préservation d'intérêts économiques, cherchent à donner des leçons de morale alors même que ces derniers ne sont pas des modèles de vertu.
 
Alors bien sûr il aurait été préférable que cette opération militaire ne voie jamais le jour. Malgré tout, la communauté internationale a décidé d'approuver une telle intervention afin de venir en aide au peuple libyen. Malgré des doutes compréhensibles, et j'en ai moi-même quelques uns, nous devons aujourd'hui faire front derrière nos troupes afin que la mission soit un succès.
 
Pour autant, il convient de respecter scrupuleusement les limites fixées par la résolution de l'ONU. Effectivement, il est clair que la crédibilité de nos nations se joue actuellement en Libye. Il serait alors désastreux pour la suite des évènements que cette opération tourne au vinaigre.
Voila pourquoi il est primordial que nous n'outrepassions pas les prérogatives qui nous ont été allouées. Comptons pour cela sur le professionnalisme et la qualité de nos soldats qui font un travail à la fois délicat mais d'une importance non négligeable.
 
Mais ne soyons pas naïfs, les dérives éventuelles ne sont jamais loin. Il faudra donc redoubler de vigilance afin que la situation ne s'enlise pas comme cela a été le cas en Irak ou en Afghanistan. Pour faire simple, cela signifie que la communauté internationale doit rester dans son rôle d'assistance et non de force d'occupation. Concrètement, cela revient à se contenter de protéger les civils par des actions aériennes ciblées. A l'inverse, cela implique de ne pas intervenir au sol et surtout de ne pas s'engager dans un conflit dans la durée.
 
A titre de comparaison, les affrontements en Libye ne doivent pas être menés comme l'ont fait les américains par le passé. L'action de la communauté internationale doit alors être formellement limitée, tant dans le temps que dans l'espace. Cette dernière ne doit donc pas chercher à imposer un quelconque modèle de développement mais au contraire chercher au plus vite à se désengager de ce territoire afin de laisser le peuple libyen décider de son avenir.

vendredi 18 mars 2011

Libye : nouvel objet de discorde pour l'UE

Malgré l'adoption de la résolution de l'ONU (10 voix pour et 5 abstentions), l'intervention militaire contre le régime de Kadhafi ne fait pas consensus au sein de l'Union européenne. La France a regretté ouvertement vendredi l'attitude sur le dossier de son principal partenaire, l'Allemagne, qui n'a pas voté jeudi au Conseil de sécurité de l'ONU en faveur de la résolution autorisant le recours à la force contre les forces de Mouammar Kadhafi.
Source : lci.fr
 
Ce matin la plupart des médias ont parlé de l'adoption de la fameuse résolution de l'ONU visant la Libye. En effet, malgré l'opposition de principe de la Chine et de la Russie qui se sont finalement abstenues, le conseil de sécurité a décidé s'opposer militairement à Kadhafi afin de protéger le peuple libyen.
 
Dans un article publié la semaine dernière, j'émettais quelques réserves concernant une action militaire. Pour autant, j'expliquais qu'une telle opération devrait être sérieusement envisagée dès lors que la situation évoluerait. Or il s'avère que, depuis quelques jours, plusieurs évènements se sont produits (demande d'aide du conseil national de transition, contre-attaques violentes de l'armée ...) et m'ont amené à revoir ma position.
 
Aujourd'hui, et malgré la persistance de quelques doutes, une intervention militaire en Libye me semble appropriée afin de répondre à l'appel de la population. La communauté internationale ayant été expressément sollicitée, il me semble judicieux de répondre à cet appel. Par ailleurs, la répression sanguinaire du colonel Kadhafi, qui a réussi à reprendre du terrain sur les insurgés grâce à l'appui de nombreux mercenaires étrangers, ne peut être plus longtemps tolérée.
 
Il n'en reste pas moins qu'une telle opération militaire doit rester exceptionnelle et ne saurait devenir la règle. Effectivement, la mise en place d'une zone exclusion aérienne n'est ni plus ni moins qu'un acte de guerre avec toutes les conséquences que cela induit. Il reste donc à espérer que la Libye ne ripostera pas à ces mesures, évitant ainsi d'entraîner avec elle la région dans un conflit que personne ne souhaite.
A l'heure actuelle, le régime de Kadhafi a annoncé un cessez-le-feu. Il faut toutefois rester méfiant et maintenir une certaine vigilance afin de s'assurer que ce signe d'apaisement n'est pas un leurre visant uniquement à retarder une intervention extérieure.
 
Parallèlement au contexte purement local, il apparaît que le vote de cette résolution de l'ONU est plutôt instructif. En effet, deux évènements sont à noter.
Le premier est l'opposition de la Chine et de la Russie. Cela n'est en rien surprenant puisque leur désaccord était connu de longue date. Selon moi, cela s'explique notamment par le fait que ces deux pays, qui font face à des minorités au sein de leur territoire, n'ont pas vraiment hésité à les réprimer à plusieurs reprises. Comment alors blâmer une autre nation et  y soutenir une intervention militaire alors même que ces derniers ne font pas mieux ? De plus, cela pourrait donner des idées aux autres pays pour le futur.
Le second point, qui est plus surprenant, est l'abstention de l'Allemagne. Effectivement, on aurait pu s'attendre à un certain consensus parmi les Etats membres de l'UE. Or cela ne fut point le cas. Une fois de plus, l'Europe expose au monde entier ses divergences et affiche ses divisions, perdant encore davantage sa crédibilité d'entité unique. Cela atteste donc bien de la pertinence des Etats-nations qui restent tout à fait d'actualité.
 
En ce 17mars, les cartes sont à nouveau rebattues entre Kadhafi et la communauté internationale. Gageons que la partie de poker-menteur est loin d'être terminée et que le colonel n'a pas encore dit son dernier mot. D'ailleurs, ce surprenant coup de bluff qu'est le cessez-le-feu ne fait que relancer les autres joueurs. Attendons maintenant de voir qui raflera finalement la mise. Pour le moment, les paris sont ouverts.

mardi 15 mars 2011

Le malheur des Japonais fait le bonheur des écolos ...

Au cas où vous ne le sauriez pas encore, un séisme suivi d'un tsunami a touché le Japon. Enfin bon, je pense que vous le devez le savoir puisque l'on ne parle plus que de cela depuis des jours, à moins que, on se sait jamais, vous soyez un ermite qui vit au fin fond du Vercors sans télé ni radio ...
 
Bref, mon propos d'aujourd'hui ne concerne ni les catastrophes naturelles, ni le traitement médiatique démesuré de l'évènement. Pour autant, il existe un lien direct entre le sujet que je souhaite aborder et la situation au Japon. En effet, je désirer parler des conséquences de ce désastre japonais ... sur la France.
 
Comme vous l'aurez probablement remarqué, je ne tiens pas les écolos en odeur de sainteté. En même temps, il faut bien reconnaître que ces derniers font tout pour me plaire. Le dernier exemple en date, et qui est à l'origine de cet article, est bien évidemment leur (énième) charge contre le nucléaire.
 
Alors bien sûr, et même si je suis favorable au nucléaire comme je l'ai signifié à plusieurs reprises, je peux tout à fait concevoir que l'on soit opposé à ce type d'énergie. Pour autant, je ne cautionne pas les récents agissements des écologistes afin de faire passer leur message. Voici deux exemples concrets afin d'illustrer mes propos.
Premier point : les manifestions anti-nucléaire contre les convois de déchets. Pour rappel, des centaines d'individus se sont violemment opposés, en France et en Allemagne, au passage d'un train se dirigeant vers un centre de traitement. Pour moi, la violence est l'apanage des faibles et ne doit en aucun cas être un moyen d'expression.
 
Deuxième élément : la récente polémique suite à l'accident nucléaire japonais. Comme d'autre, je considère que sur ce coup là les Verts ont manqué de décence et dignité. En effet, ces derniers n'ont éprouvé aucune gêne à diffuser leur propagande alors même que des milliers de Japonais sont soit morts, soient disparus et que leur pays est dans un état de délabrement avancé. En lieu et place de la compassion et du soutien, nos chers écolos n'ont envoyé que critiques et réprimandes. Pour un parti que se veut de gauche, c'est tout de même le comble.
 
Outre des réserves sur la forme, je crois également que le fond n'est pas inattaquable. En effet, il a été avancé le fait que le nucléaire est dangereux et peu fiable. Certes les centrales japonaises ont été partiellement détruites, mais on peut également remarquer que, au vu de la puissance dévastatrice de la catastrophe, lesdites infrastructures ont particulièrement bien résisté ce qui a contribué à limiter l'ampleur du drame. De plus, il est vrai que le nucléaire est une énergie dangereuse. C'est un fait. Mais est-ce vraiment une raison de s'en passer ? Et à ce compte là il faudrait bannir  de notre vie tous les éléments potentiellement néfastes.
 
Par ailleurs, je crois qu'il est important de ne pas omettre l'aspect économique et pratique au sein de ce débat. Ainsi, 80 % de l'électricité française est issue du nucléaire. De plus, grâce à nos centrales, nous possédons l'électricité la moins chère au monde et une indépendance énergétique non négligeable. Enfin, il ne faut pas oublier que nous ne disposons pas, à l'heure actuelle, d'alternatives viables, crédibles et suffisantes.
 
A la lumière de ces arguments, et il en existe probablement une multitude d'autres, il me semble inconcevable voire même suicidaire de vouloir sortir du nucléaire à court terme. Malgré tout, cela ne veut pas dire que nous devons refuser tout débat. Bien au contraire.
Ainsi, il peut tout à fait être envisagé de mettre en place un grenelle du nucléaire (oui c'est à la mode). Son objectif serait évidemment de réfléchir à d'éventuelles alternatives à long terme (fusion nucléaire, éolien, solaire ...) mais aussi, et surtout, de s'interroger sur la gestion actuelle de la filière, de sa production à sa commercialisation. Concrètement, cela reviendrait, entre autres, à étudier l'état de notre parc de centrales et à s'assurer du bon fonctionnement des différents services en cas de catastrophe. Il semblerait également intéressant de poser la question de la gestion et de la gouvernance du nucléaire.
 
Au final, et c'est une ligne de conduite chez moi, il me paraît préférable de privilégier le dialogue à toute attaque de front qui s'avèrerait contre-productive. A l'inverse, la mise en avant de propositions, de solutions est bien plus efficace que l'opposition stérile.
Malheureusement, il semblerait que sur ce sujet, comme bien d'autres, une véritable guerre de tranchées se mette en place avec l'affrontement de deux camps arc-boutés sur leurs positions ...

dimanche 13 mars 2011

Tous pour un ou un pour tous ?

Décidément, le sondage Harris Interactive de la semaine dernière ne cesse de faire parler. En effet, chacun y est allé de son analyse afin d'expliquer cette percée de Marine Le Pen. Depuis, la tension ne semble pas encore totalement redescendue dans la classe politique. Malgré la parution de nouveaux sondages qui viennent nuancer les premiers résultats, on peut remarquer que la qualification du Front National au second tour est une hypothèse plus que vraisemblable.  
 
Parallèlement à ces sondages, le souvenir du 21 avril 2002 tend à entretenir l'obsession qui s'est emparée des  différentes formations politiques. A 14 mois de l'élection présidentielle, la gauche et la droite commencent à faire les comptes et s'inquiètent d'une éventuelle élimination dès le premier tour. Les semaines et les mois à venir risquent donc d'être consacrés à l'avènement de la politique politicienne afin d'essayer au maximum de "faire place nette" pour les partis dominants.
 
Mais revenons quelques années plus tôt pour mieux comprendre la situation actuelle.
En 2002, Lionel Jospin et le PS sont éliminés du second tour de l'élection présidentielle qui voit s'affronter Jacques Chirac et Jean-Marie Le Pen. Ce "choc" eu deux conséquences importantes : l'élection d'un président français avec un score soviétique et la retrait de la vie politique d'un premier ministre en exercice.
Outre ces deux éléments, on pouvait s'attendre à ce que cet évènement historique dans l'histoire de notre pays conduise à une certaine remise en cause tant au niveau idéologique qu'organisationnel et tactique. Or cela ne fut vraisemblablement pas le cas. Ainsi, l'argument premier (unique ?) expliquant l'échec du parti socialiste était la multiplication de candidatures à gauche (Jean-Pierre Chevènement, Christiane Taubira ...) qui aurait conduit à un éparpillement des voix.
 
Aujourd'hui, il semblerait que les leçons du passé n'aient pas forcément été retenues. Effectivement, on peut remarquer que le PS et l'UMP ont cherché/cherchent/vont chercher à limiter le nombre de candidats à l'élection présidentielle afin de ne pas revivre un éventuel 21 avril à l'endroit ou à l'envers.
Concrètement, les manoeuvres stratégiques ont déjà débuté. Ainsi, Nicolas Sarkozy va faire son possible pour éviter une candidature centriste (Borloo, Morin ...) mais aussi une dissidence au sein de son propre parti (Villepin). Bref, le président souhaiterait être le seul à se présenter à droite. A gauche, l'objectif est le même bien que celui-ci soit plus difficile à réaliser. On peut éventuellement penser à un abandon d'Europe Ecologie-les Verts en échange de places aux législatives mais rien n'est gagné concernant le Front de Gauche.
 
On peut alors s'interroger sur la pertinence et la légitimité d'une telle stratégie.
Personnellement, je crois que le pluralisme politique est une chance pour la démocratie. De plus, je crois que notre pays n'aurait rien à gagner dans un bipartisme à l'américaine. Il me semble donc nécessaire et indispensable d'avoir plusieurs candidats à l'élection présidentielle.
Pour autant, je ne suis pas sur que toutes les candidatures soient légitimes. En effet, le foisonnement de candidats, à l'inverse, n'est pas une bonne chose non plus et peut s'avérer contre-productif. Je crois qu'une candidature se justifie si elle permet de porter un projet différent des autres. Dans le cas contraire, je pense que cela est inutile.
Clairement le problème se pose principalement à droite. Effectivement, qu'est ce qui distingue vraiment Sarkozy, Fillon, Borloo, Morin voire même Villepin qui sont tous issus de la même famille politique, qui ont tous gouverné ensemble ? Pour moi, pas grand chose sur le fond ou tout du moins pas suffisamment pour justifier une candidature.
A gauche, le problème est sensiblement plus complexe dans la mesure où il existe de grandes disparités, en lien avec l'histoire de la gauche. A mon sens la candidature des verts est contre-productive, de même que la multiplication des partis d'extrême gauche.
 
Alors bien sûr, je n'ai aucune légitimité pour juger de la pertinence d'une candidature. D'ailleurs, la barrière des 500 signatures permet un premier filtrage. De plus, le peuple sera en dernier recours le seul juge.
Pour autant, je crois que l'élection présidentielle doit être une tribune permettant d'exprimer un projet, de présenter une alternative et non un moyen d'obtenir un quelconque strapontin ou autre privilège.
 
Au final, je pense que le credo de la candidature unique n'est pas une bonne chose. La France n'est pas la Chine ou feu l'URSS. La France est un pays démocratique où le pluralisme politique doit pouvoir s'exprimer librement.
La formule des mousquetaires ne doit donc pas être "tous pour un" mais bien "un pour tous" !

dimanche 6 mars 2011

Marine Le Pen à 23% : et alors ?

"Coup de tonnerre sur la présidentielle ? Selon un sondage réalisé par l'institut Harris Interactive pour «le Parisien» -«Aujourd'hui en France» à paraître ce dimanche, Marine Le Pen arrive en tête des intentions de vote au premier tour de la présidentielle avec 23%. Elle devance et Martine Aubry, crédités tous deux de  21%."
Source : leparisien.fr
 
Que d'animation et de bouillonnement en ce dimanche ! Et tout ça pour quoi ? Seulement pour un petit sondage de rien du tout. Ainsi, depuis hier et encore plus aujourd'hui, toute la classe politique est en émoi suite à la parution de ce sondage. Ce phénomène est d'autant plus important que les journalistes n'ont de cesse de mettre en avant ces chiffres et d'interroger tout un chacun sur ces derniers.
 
Alors que nous apprend ledit sondage réalisé à plus d'un an de l'élection présidentielle et valable uniquement à un instant t ? Et bien que Marine Le Pen serait en tête au premier tour devant Nicolas Sarkozy et Martine Aubry. Et alors ? La semaine dernière la présidente du Front National était à 20 %, puis avant cela à moins de 18 % ...
Tout cela pour dire qu'il faut faire très attention à l'interprétation des sondages afin de ne pas leur attribuer plus d'importance qu'ils ne le méritent. Cela est encore plus vrai avec ce sondage qui table sur des candidatures tout à fait hypothétiques (Aubry, Villepin ...).
 
Mais revenons quelques instants sur l'élément central de cette enquête : le bon score de Marine Le Pen.
Indéniablement Marine n'est pas Jean-Marie. Bien que leur logiciel idéologique soit similaire pour ne pas dire identique, il faut bien reconnaître que la fille fait d'importants efforts pour paraître plus présentable. De plus, celle-ci insiste davantage sur  l'économie et le social, sans être pour autant vraiment convaincante, bien que la lubie de l'immigration ne soit jamais loin. On peut donc penser, à juste titre je crois, que cela a contribué à délier les langues sur le vote FN et donc à permettre de mieux assumer ce choix dans les sondages.
 
Parallèlement à cela, je crois qu'il est nécessaire de s'interroger sur les raisons plus profondes de ce score éventuel. Traditionnellement le vote FN est multiple. On y retrouve d'une part la manifestation d'un vote extrémiste et d'autre part une volonté de contestation, de protestation voire même d'opposition au système. Ces deux composantes sont toujours présentes à l'heure actuelle mais je crois qu'il convient d'y rajouter l'expression d'une certaine adhésion aux thèmes mis en avant par Marine Le Pen. Je pense notamment à la question de l'euro, de la laïcité ou encore de la mondialisation.
 
La présidente du FN surfe donc sur ces sujets qui ont été abandonnés ou délaissés depuis bien longtemps par l'UMP et le PS alors qu'ils intéressent fortement les Français et en particulier les classes populaires. On peut alors considérer que le Front National est, en quelque sorte, le PCF (Parti Communiste Français) du XXIème siècle qu'il s'agisse des thèmes défendus ou de son électorat.
Concrètement, le Front National bénéficie grandement de l'alliance implicite entre la droite et la gauche de ce pays. D'ailleurs Marine Le Pen reconnaît elle-même que les débats tendancieux lancés par l'UMP contribuent de manière non négligeable à son succès.
 
Malgré tout, et en dépit d'un certain intérêt pour les sujets mis en avant par ce parti, je crois qu'il ne faut pas se laisser aveugler par cet écran de fumée. En effet, une analyse rigoureuse et rationnelle des propos, discours et propositions de Marine Le Pen conduit à prendre ses distances sur un grand nombre de points.
 
Pour finir, je tenais à rassurer tous ceux qui s'inquiètent suite à ce sondage. Sachez que, même si Marine Le Pen atteint le second tour de l'élection présidentielle, cette dernière ne sera jamais élue. Rappelez-vous notamment du 5 mai 2002, date à laquelle Jacques Chirac a réalisé un score digne des belles années de l'URSS.
En revanche, on peut se demander à qui profite le crime ? Autrement dit, à qui bénéficie le fait que le FN soit si haut dans les sondages ? La réponse est clairement l'UMP et le PS qui accéderont/resteront au pouvoir quel que soit leur candidat.
Bref, Marine Le Pen : réelle menace ou bulle savamment entretenue ?

vendredi 4 mars 2011

Libye : intervenir ou ne pas intervenir, telle est la question

Après notamment la Tunisie et l'Egypte, c'est maintenant au tour de la Libye d'être en proie à un soulèvement populaire de grande ampleur. En effet, depuis maintenant quelques semaines le peuple libyen, dans la droite lignée de leurs voisins, aspirent à la liberté et la démocratie.
Malheureusement, et comme on pouvait quelque peu s'y attendre, Kadhafi n'est pas Ben Ali, ni Moubarak. Sa réaction est autrement plus violente puisqu'il n'hésite pas à faire bombarder son propre pays tuant des centaines de civils. Par chance, certains soldats ont refusé ces ordres et sont à leur tour rentrés en résistance.
 
Face à cette situation, la communauté internationale a rapidement protesté et menacé le dirigeant libyen de représailles. Parallèlement à cela, l'hypothèse d'une intervention militaire a été avancée et en particulier par les américains qui ont déjà commencé à déployer leurs troupes dans la Méditerranée.
 
Aujourd'hui la question se pose donc de savoir si une ingérence dans les affaires de la Libye est opportune afin d'arrêter le massacre ou si, au contraire, le peuple libyen doit mener seul le combat comme l'ont fait les Tunisiens et les Égyptiens.
Répondre à cette interrogation n'est pas chose aisée tant nous ne savons pas de quoi sera fait le futur et tant il paraît difficile d'évaluer les conséquences d'une telle intervention.
 
Pour autant, je dois bien avouer que je suis, pour le moment, fortement opposé à toute opération militaire en Libye. En effet, je ne crois pas que cette option soit la plus appropriée en l'état actuel des choses. Alors bien sûr que la situation est grave et que le régime tue sans vergogne. Cela est incontestable.
Malgré tout, et c'est peut-être horrible à dire mais je ne suis pas convaincu que les circonstances soient suffisamment graves pour légitimer une intervention militaire, même sous mandat de l'ONU. Ainsi, une telle chose reviendrait purement et simplement à déposséder les Libyens de leur révolution. Cela pourrait alors se révéler très préjudiciable pour notre pays, notamment en termes d'opinion publique et de confiance.
 
En outre, je crois qu'il faut également s'interroger sur les raisons réelles qui nous pousseraient à intervenir. Est-ce vraiment le salut de la population ? Si oui, alors pourquoi ne rien faire dans d'autres pays où les habitants sont également massacrés ?
Mais peut-être que nos motifs sont davantage mercantiles et donc inavouables ? Serait-ce la première fois ? Allons bon, ne soyons pas naïfs et rappelons-nous en particulier de l'Irak.
 
Au final, je crois que la France ne doit pas s'engager dans une quelconque intervention militaire en Libye. Effectivement, je pense que la situation ne l'exige pas encore et qu'il faut laisser au peuple libyen le temps et la chance de mener leur combat à son terme. Pour autant, cette position n'exclut en aucun cas l'acheminement de l'aide humanitaire.
Néanmoins si la situation venait à se dégrader fortement, il conviendrait alors de réviser cette attitude et d'envisager, en concertation avec d'autres nations au sein de l'ONU mais aussi en tenant compte de l'opposition en Libye, une riposte plus importante en direction du colonel Kadhafi.
 
Aujourd'hui, une page de l'Histoire moderne est en train de s'écrire dans les pays arabes à l'initiative des peuples. Comme nous l'a prouvé le passé, et notamment le notre, le chemin vers la démocratie et la liberté est long et sinueux.
Je crois que nous avons le devoir moral d'accompagner et d'assister ces pays vers cette voie tout en prenant garde de ne pas nous ingérer dans les affaires internes d'une nation souveraine.

mardi 1 mars 2011

"Douze projets pour 2012"

Bien que l'élection présidentielle soit seulement dans 14 mois, personne ne peut ignorer que la machine est en marche. Ainsi, chaque formation politique commence petit à petit à se mettre en ordre de bataille pour 2012.
Dans cette perspective, Malakine a lancé sur son blog Horizons une chaîne afin d'interpeller différents blogueurs. Il s'agit en fait de rédiger six questions que l'on aimerait poser aux candidats durant la campagne présidentielle.
Ayant été sollicité pour ce projet, et je remercie Malakine au passage pour sa démarche, je vous livre mes propositions de questions :
 
1 - A l'heure actuelle, les Etats-Unis, la Chine mais aussi d'autres pays émergents protègent leur économie de diverses manières (taux de change ...). A l'inverse, l'Union Européenne prône le libre-échange et la concurrence libre et non faussée. L'Europe est donc clairement le dindon de la farce de la mondialisation.
J'aimerais donc savoir ce que vous proposez pour contrebalancer cette situation, et notamment en termes de protectionnisme.
 
2 - Un certain nombre de personnalités politiques, tant à gauche qu'à droite, semblent vouer une certaine admiration à l'Allemagne et appellent de leurs voeux une certaine convergence entre nos pays. En outre, le couple franco-allemand est sensé être le moteur de l'Europe. Malgré tout, on a vu poindre ces dernières années un déséquilibre entre la France et l'Allemagne au profit de cette dernière.
Ma question est donc simple : quel comportement la France doit-elle adopter vis-à-vis de l'Allemagne ? Fidèle second ou au contraire partenaire sincère ?
 
3 - On dit souvent que la France est un des pays qui a le plus fort taux de prélèvements obligatoires. Cela n'est évidemment pas faux tant notre système fiscal est vaste. Pour autant, notre fiscalité, du fait d'incessantes réformes, est devenue très opaque avec une règle et surtout une multitude d'exceptions ou d'exonérations en tout genre. Cela fait des années que l'on entend dire qu'il faut remettre notre fiscalité à plat mais pourtant rien n'a encore été fait.
Aussi, j'aimerais savoir si vous envisagez une réforme fiscale de grande ampleur. Et si oui, avec quels objectifs et dans quels buts ?
 
4 -Les évènements de ces derniers mois, notamment l'affaire Woerth-Bettencourt, ont encore un peu plus éloignés les Français de la politique. Depuis, d'autres polémiques ont vu le jour (MAM et la Tunisie) sans être pour autant mieux gérées. Pour essayer de changer les choses, une commission a été mise sur pied et a rendu un rapport qui est, pour le moment, resté lettre morte.
Quelles mesures préconisez-vous pour éviter les conflits d'intérêt et surtout pour réintéresser la population à la chose publique ?
 
5 - Aujourd'hui, environ 6 millions de salariés français touchent moins de 750 € par mois. Pourtant, le 20 février dernier, Jean-Claude Trichet, le président de la BCE, a estimé qu'une augmentation des salaires était la dernière bêtise à faire en Europe. Dans le même temps, certains estiment que le travail en France coûte trop cher et qu'il faut chercher à baisser ce coût.
Êtes-vous d'accord avec les propos de Jean-Claude Trichet ? Et que proposez-vous en matière de politique salariale, notamment en ce qui concerne la TVA sociale ?
 
6 - En 2010, le déficit a atteint près de 150 milliard d'euros soit 7,7 % du PIB. De même, la dette s'est élevée à environ 1600 milliards d'euros. Il est clair que cette situation ne peut plus durer dans la mesure où elle limite considérablement nos marges de manoeuvre pour le futur. Notre position est d'autant plus inquiétante que la menace de la perte de notre AAA flotte sur nos têtes telle une épée de Damoclès.
J'aimerais donc savoir ce que vous comptez faire pour réduire notre endettement, à la fois à court et à long terme.
 
Voila donc six questions, parmi tant d'autres que j'aimerais poser aux candidats à l'élection présidentielle.
 
S'agissant d'une chaîne, je devrais normalement taguer six blogueurs afin de leur passer le relai. Néanmoins, je ne crois pas avoir la légitimité pour le faire dans la mesure où mon lectorat est assez modeste. De plus, je ne suis  même pas sûr d'être lu par d'autres blogueurs. Il serait donc prétentieux de ma part de prétendre à une quelconque influence sur la blogosphère.
En revanche, j'invite toutes les personnes qui seraient amenées à lire cet article et disposant d'un blog à poursuivre ce projet.