vendredi 30 juillet 2010

Du tribalisme au communautarisme

Nouvel article en lien avec le livre de Gérard Mermet. Dans celui-ci, l'auteur constate un retour d'une certaine forme de tribalisme. Il s'agit bien évidemment d'un "tribalisme évolué" que l'on nomme aujourd'hui communautarisme.
Durant des décennies voire des siècles et dans le monde entier, l'espèce humaine s'est organisée en tribus. Il s'agissait alors d'individus liés par des liens ancestraux, qu'ils soient familiaux, historiques ... Ce phénomène ancien est notamment illustré par les tribus indiennes d'Amérique ou encore les tribus africaines.
Ces tribus consistaient en des groupes fermés, avec des coutumes particulières, un langage propre et parfois même des rites initiatiques.
 
Peut-on alors parler aujourd'hui de renouveau du tribalisme ?
Oui et non. En réalité, pas vraiment. On utilise d'ailleurs plus le terme "tribalisme" mais "communautarisme". Pour autant, il est possible de considérer que les deux phénomènes sont proches et que l'un n'est que l'évolution, la version moderne de l'autre. Personnellement, je suis plutôt d'accord avec cette thèse, même s'il existe bien évidemment des différences.
 
Il paraît indéniable que depuis quelques années le communautarisme, c'est à dire l'organisation en communautés partageant la même identité culturelle, ethnique ou religieuse, connaît un regain d'intérêt. Malgré tout, et même si ce phénomène est davantage visible ces derniers temps, il ne faut pas oublier que celui-ci a toujours existé dans la mesure où il revient à opérer un regroupement entre personnes ayant des aspirations similaires.
 
Alors bien sûr quand on parle de communautarisme, on pense tout de suite aux cités et autres banlieues. Cela semble naturel tant il en est question dans les médias. De même, on associe fréquemment la religion musulmane à cela. En fait, les adeptes du communautarisme sont souvent présentés comme des populations issues de l'immigration vivants dans des quartiers difficiles et de confession musulmane.
Cette image n'est pas complètement fausse dans la mesure où il est vrai que les quartiers sensibles sont le lieu d'un fort communautarisme où les habitants se coupent, de manière plus ou moins délibérée, du reste de la société, ce qui fait évidemment les affaires des délinquants.
Mais il s'avère que cette représentation est insuffisante. En effet, il existe bien d'autres formes de communautarisme. Je pense notamment aux regroupements d'adeptes d'autres religions qui peuvent également vivre de manière reclue.
 
La conséquence de ce phénomène est le développement de l'entre-soi. Chacun va évoluer au milieu de ses semblables (comme dans une tribu), ce qui conduit ou peut conduire au rejet de l'autre et de la différence. Il s'agit alors d'une négation complète du "melting-pot". En outre, la France tend à devenir un ensemble de communautés vivant les unes en parallèle des autres. En fait, notre pays commence à se britanniser puisque la Grande-Bretagne est le pays communautariste par excellence. A l'inverse, la France est une République une et indivisible où il n'existe qu'une communauté, celle des Français et ce d'où qu'ils viennent. Nous sommes donc confrontés à une opposition entre deux modèles de société distincts.
 
Personnellement, je suis attaché à notre modèle républicain qui me semble être le plus pertinent et le plus respectueux de chacun. Malheureusement, celui-ci est attaqué de toutes parts. Je pense particulièrement à toutes ces associations (CRAN, CRIF, LDH ...) qui attisent les différences et cherchent à diviser les Français.
 
Mais je crois que rien n'est perdu. Il n'est pas trop tard pour inverser la tendance. Pour cela, il me semble nécessaire de favoriser toutes les actions permettant un brassage des populations et le maintien d'une  mixité. Je pense notamment à l'école mais aussi au service militaire. Ce dernier, qu'il faudrait réinstaurer, avait le mérite d'inculquer des valeurs (respect, discipline, solidarité, dépassement de soi ...) à la jeunesse, de faire abstraction des inégalités ou encore de donner un certain nombre de repère à ceux qui en manquaient.
Le monde de l'entreprise doit également constituer un biais dans cet objectif. En effet, la coaptation, en particulier dans les grandes entreprises et pour les postes les plus importants, est une forme de communautarisme puisqu'elle nuit à un renouvellement des élites.
 
La lutte contre le communautarisme est un combat long et difficile. Pour le moment, une bataille a été perdue mais ce n'est pas encore le cas de la guerre. Aussi, l'Etat doit s'engager complètement contre ce phénomène en cherchant à le limiter et non à l'encourager comme le fait si bien Nicolas Sarkozy.

mardi 27 juillet 2010

Vers une démocratie émotive ?

J'ai profité de la petite semaine de vacances que je me suis octroyée pour lire l'ouvrage "Révolution ! Pour en finir avec les illusions françaises" de Gérard Mermet.
Ce livre, que j'ai trouvé assez intéressant malgré quelques imprécisions liées au fait qu'il date de 2005, aborde différents aspects de notre pays aussi divers que l'économie, la politique ou encore la culture. Parmi ceux-ci, trois éléments m'ont particulièrement interpellé et feront donc l'objet d'une série d'articles. 
Commençons dès aujourd'hui avec le premier thème : la place de l'émotion dans la société.
 
On a souvent pour habitude d'opposer raison et émotion, ou de manière plus métaphorique, le cerveau (la tête, l'esprit) et le coeur. Le premier étant sensé être plus objectif, plus logique alors que le second a un côté plus impulsif, plus fougueux. En réalité, cela est plus complexe et un équilibre entre les deux doit être trouvé.
 
Mais quittons l'échelle de l'individu pour nous placer au niveau de la société. En toute logique, on pourrait penser qu'en ce qui concerne le débat public la raison devrait l'emporter sur l'émotion. De fait, il semblerait normal que les responsables adoptent un discours raisonnable en s'adressant à l'intellect de ses concitoyens.
 
Néanmoins, on s'aperçoit qu'aujourd'hui la raison tend à perdre du terrain au profit de l'émotion. Ainsi, on cherche de plus en plus à toucher le coeur des gens, à susciter leur compassion. Ce phénomène est extrêmement visible dans les médias et plus particulièrement dans la façon dont l'actualité est abordée. En effet, on peut remarquer que l'on voit de plus d'images de misère et de détresse et ce quel que soit le contexte, qu'il s'agisse de guerres (Afghanistan ...) ou de catastrophes naturelles (inondations dans le Var ...) par exemple.
Ce sentiment est d'autant plus renforcé que l'on voit émerger depuis quelques années un nouveau type de marketing : le marketing sensoriel qui vise à stimuler les achats et à conforter le lien entre la marque et ses clients grâce à la sollicitation des cinq sens. Là encore, le recours à la raison n'est plus une priorité.
 
L'émotion tend donc à se généraliser dans différents domaines. Il semblerait que ce soit, malheureusement, également le cas dans la sphère politique. Je pense évidemment au développement de la peoplitique, que j'avais abordé dans un précédent article.
Mais cela n'est pas tout. Prenons pour exemple le référendum de 2005 relatif au traité établissant une Constitution pour l'Europe. A l'époque, le duo Chirac/Raffarin avait soumis la question suivante au peuple français : "Approuvez-vous le projet de loi qui autorise la ratification du traité établissant une Constitution pour l'Europe ?". Résultat : 55 % de NON et une participation d'environ 70 %.
Ce référendum illustre parfaitement la prépondérance de l'émotion dans le débat public. Effectivement, la campagne précédant le vote a été l'occasion de jouer sur les peurs des gens mais aussi de promettre monts et merveilles. Une analyse quelque peu sérieuse et réfléchie suffisait à écarter un certain nombre d'arguments saugrenus.
 
Si l'on extrapole un peu ce cas particulier, il semble légitime de se demander si le suffrage universel est réellement efficace. En effet, beaucoup de personnes votent de manière quasi-aléatoire, en s'attachant davantage à des éléments subjectifs (physique, capacité à discourir, aura médiatique ...) qu'aux programmes électoraux eux-mêmes. Cela peut donc aboutir à l'élection d'individus peu compétents, ou tout du moins inappropriés aux fonctions auxquelles ils prétendent.
Si l'on va au bout de ce raisonnement, cela conduirait à une remise en question du suffrage universel, considérant que certaines personnes sont inaptes à la citoyenneté. Personnellement, je crois que, malgré les critiques, le droit de vote doit être maintenu en l'état. Je suis convaincu, contrairement à d'autres, que le peuple est loin d'être stupide. Alors bien sûr il peut faire des erreurs mais il ne faut pas oublier que le peuple français est à l'origine de grandes choses qui font que la France est la France (Révolution de 1789, résistance contre l'Allemagne nazie ...).
 
Pour conclure, il est clair que l'on se dirige de plus en plus vers une démocratie émotive où la raison tend à disparaître. Pour autant, je crois qu'il est possible d'inverser la tendance. Loin de moi l'idée de dénigrer l'émotion et les sentiments mais je reste persuadé que la raison doit être un guide et que la réflexion est indispensable à l'Homme. D'ailleurs, n'est-ce pas celle-ci qui est à l'origine de tant de découvertes et d'avancées technologiques ?
Aujourd'hui, les jeunes générations ne savent plus réfléchir par elles-mêmes tant elles ont été habituées à ce qu'on leur mâche le travail. Il me paraît donc urgent de réapprendre à la jeunesse à penser, à raisonner. Et cela me semble être le rôle de l'école mais aussi de l'environnement familial. Encore un domaine où le duo école/famille est la solution aux problèmes ...

dimanche 18 juillet 2010

Nouvel épisode du Sarkoshow

Le 12 juillet dernier, Nicolas Sarkozy s'est exprimé sur France 2 à l'occasion d'un entretien avec David Pujadas. Une fois de plus Sarko a fait son show mais sans convaincre puisque 57% des Français n'ont pas été convaincus selon un sondage CSA.
Dans cet article, je ne vais pas m'attacher à commenter les sujets abordés par le président (retraites, affaire Woerth-Bettencourt ...). Je vais plutôt m'intéresser à la prestation télévisuelle en elle-même.
 
Commençons tout d'abord par le décor. Il s'agit là d'une nouveauté puisque l'interview s'est déroulée dans les jardins de l'Elysée, sur la terrasse. Ce choix n'est pas banal. En effet, le lieu est plutôt neutre, simple et sans fioritures. Cela tranche donc avec le côté solennel du bureau et le côté clinquant des grandes salles du palais. On retrouve donc une volonté de proximité avec les Français et la recherche d'un endroit détendu.
 
Outre le cadre différent, on remarque des changements au niveau du président lui-même. Le plus flagrant est la présence de cheveux grisonnants. Mais ne soyons pas dupes, ce n'est pas son coiffeur qui a loupé sa couleur. Il s'agit simplement d'une stratégie basée sur le physique, comme cela avait été le cas pour Jean Sarkozy lors de son intervention sur FR2 au sujet de l'EPAD. Par cette couleur de cheveux, Sarkozy cherche à renier son côté précieux. De plus, il apparaît que les cheveux gris représentent la vieillesse et donc dans une certaine mesure la sagesse qui est sensée l'accompagner.
Parallèlement à l'aspect purement esthétique, on remarque que la voix de Nicolas Sarkozy était très posée, avec des phrases lentes et des réponses intervenant après un "léger blanc". Une fois encore, ce n'est qu'une tactique pour se donner une stature d'homme d'Etat. Il a ainsi tenu compte des critiques qui lui ont été faites, notamment concernant son débit de paroles, son niveau de langage et sa grande nervosité. Malgré tout, le naturel a réussi à reprendre le dessus au cours de la dernière partie de l'entretien. On retrouve ainsi, par exemple, une forte répétition de "moi" et "je", ce qui peut faire penser à une certaine mégalomanie de sa part.
 
Intéressons-nous maintenant à quelques passages précis de cette interview.
Tout d'abord, lorsque Nicolas Sarkozy parle de l'affaire Woerth-Bettencourt, on remarque qu'il s'intéresse davantage aux individus (Woerth est honnête ...) qu'au problème en tant que tel. De plus, il utilise l'attaque pour se défendre puisqu'il met accuse la presse et certaines personnes de calomnies. Évidemment, il se donne le beau rôle en se présentant comme une victime qui fait dignement face aux difficultés.
Toujours dans la même séquence, on distingue la méthode Sarkozy, c'est à dire que suite à un évènement particulier (ici, le conflit d'intérêts autour d'Eric Woerth) le président souhaite faire une loi. Ce n'est pas la première que ce procédé est utilisé puisque Sarkozy en est coutumier. Il suffit pour s'en convaincre de regarder les lois sur la burqa, sur la récidive ... Pour moi, cela traduit un manque d'anticipation, une sorte de navigation à vue mais surtout on peut voir que ce gouvernement surfe sur l'émotion. En effet, il attend que l'opinion publique soit choquée pour réagir et passer ainsi pour le "gentil" alors qu'il serait plus intéressant d'agir en amont afin d'éviter les problèmes.
Ensuite, lorsque le président a abordé le thème des retraites, celui-ci a comparé la situation en France à celle dans les autres pays européens. A titre personnel, je suis favorable à l'analyse comparative (ou benchmarking) mais encore faut-il qu'elle soit utilisée à bon escient. De fait, il peut-être séduisant de faire comme les autres mais il ne faut pas de nivellement par le bas. Au contraire, il faut que l'on cherche à s'aligner sur les pays qui font mieux que nous et pas l'inverse. D'ailleurs, Nicolas Sarkozy a plusieurs fois mis en avant le modèle allemand (leur inventant au passage un bouclier fiscal qui n'existe pas dans les faits) mais pour rappel, il n'existe pas de salaire minimum en Allemagne ce qui contraint certains salariés à travailler pour moins de 5 € de l'heure !
Enfin, le dernier point sur lequel je souhaitais revenir concerne la vie privée des politiques, sujet que j'ai récemment abordé dans un article. Effectivement, le président a, à plusieurs reprises, fait état de sa privée en mettant en avant sa famille. Outre le fait que ce soit complètement hors-sujet, il ne faut pas oublier que l'on se fout totalement de ce que fait Carla.
 
Au final, ce nouvel épisode du Sarkoshow est, comme les précédents, une belle séance d'enfumage qui n'a servi qu'à peu de choses puisque l'on savait déjà tout, ou presque. Personnellement, je crois que cet entretien aurait tout à fait pu être donné par le premier ministre tant il a trait à des réformes précises. N'oublions pas que c'est, en théorie, au premier ministre de conduire la politique de la nation et de diriger l'action du gouvernement.
Pour moi, cette interview a été inutile et contribue un peu plus à affaiblir la parole du président de la République.

vendredi 16 juillet 2010

Les politiques ne sont pas des people comme les autres


 J'ai eu envie de rédiger cet article suite à la lecture de "Starkozysme" de Michel Field et d'Olivier Duhamel. Pour résumer grossièrement, ce livre traite de la relation passionnelle entre Nicolas Sarkozy et les médias.
Sarkozy est un exemple spécifique, certes à un niveau jamais atteint, mais son cas peut être appliqué à d'autres politiques, de droite comme de gauche.
 
Aujourd'hui, on remarque une certaine désaffection des Français pour la politique en général mais aussi pour les politiques en particulier. Alors bien sûr, ce phénomène de date pas d'hier mais il prend une ampleur de plus en plus importante qui conduit à des taux d'abstention gigantesques (près de 75 % à l'occasion de certaines élections).
 
Ce désintérêt trouve sa source à différents niveaux. On trouve notamment les scandales politico-financiers (affaires Chirac, Woerth-Bettencourt ...), les dénis de démocratie (référendum de 2005 ignoré et adoption du traité de Lisbonne par le Parlement ...) ou encore la prééminence de l'économique sur le politique. Il existe probablement d'autres causes mais je souhaite m'intéresser ici au phénomène de peoplitique.
 
Cette peoplitique, qui au passage est un néologisme, est devenue aujourd'hui la règle pour tout politique qui veut se faire connaître. Pour moi, il s'agit pour un homme ou une femme politique de devenir une "star" afin d'être apprécié.
Vous allez me dire que cela a toujours existé puisque les politiques ont toujours cherché à se faire voir sur leur meilleur jour. C'est vrai. Pour autant, nous n'avions jamais atteint un tel niveau.
 
D'ailleurs, Nicolas Sarkozy est, pour le moment, le maître incontesté dans cette discipline. En effet, celui-ci adore les médias et se plaît à jouer avec eux. On pourrait qualifier cette relation de "je t'aime moi non plus" dans la mesure où on y retrouve un caractère lunatique.  Il cultive, de plus, de fortes accointances avec le milieu du "show-business" (musique, télévision ...) ce qui renforce son côté star.
Certains diront que Sarkozy adore le pouvoir et l'argent et aime être sur le devant de la scène. En étant le plus objectif possible, il est difficile de ne pas leur donner raison tant il faut tout pour se faire remarquer, quitte à choquer l'opinion (célébration de sa victoire au Fouquet's, premières vacances comme président sur le yacht de Bolloré ...).
 
Comme je le disais précédemment, Sarkozy n'est pas le seul à s'adonner à la peoplitique. Effectivement, de nombreux et nombreuses responsables politiques cherchent de plus en plus à se mettre en scène pour plaire, allant même jusqu'à mélanger vie privée et vie publique. On peut notamment penser à Rachida Dati, Ségolène Royal ou encore Dominique de Villepin. Ce phénomène semblerait donc se généraliser, pour mon plus grand malheur.
 
Il peut ainsi paraître surprenant que le gens se désintéressent de la politique alors même que les hommes et femmes politiques font tout pour leur plaire. Et bien pas forcément. Effectivement, la peoplitique s'inscrit dans le court terme et a trait à l'individu en tant que tel et non plus à ses idées. Aussi, cela revient à transformer le politique en une "star" parmi d'autres. Or, on s'aperçoit qu'actuellement la "culture du zapping" est à l'honneur. Les gens vont donc s'intéresser temporairement à un(e) politique comme il le ferait avec n'importe qu'elle célébrité, avant de passer à autre chose.
 
Mais alors, qui est responsable de cela ? Les politiques eux-mêmes ? Les médias ? L'opinion publique ? Selon moi, les coupables appartiennent aux trois catégories.
Les politiques, tout d'abord, qui se mettent en scène et rendent public leur vie privée. En outre, ceux-ci ont tendance à mélanger les genres en s'exprimant sur des sujets ne les concernant pas ou en assistant à des évènements auxquels ils n'ont pas leur place.
Les médias, ensuite, qui publient des informations privées qui devraient le rester ou s'intéressent à des sujets auxquels ils ne devraient pas.
L'opinion publique, enfin, qui malgré les apparences reste friands des magazines people et se passionne pour la vie privée des politiques.
 
A l'heure actuelle, beaucoup veulent faire de la politique autrement. Pour autant, si c'est pour nous proposer de la peoplitique, ce n'est pas la peine car le remède est pire que le mal. En effet, comment peut-on espérer résoudre les problèmes que rencontre notre pays alors que l'on s'attache davantage à la forme qu'au fond des choses ?
Cela ne m'intéresse pas de connaître la famille de nos dirigeants ou leur destination de vacances. Je préfère savoir quelles actions ils comptent entreprendre pour lutter contre le chômage, contre les délocalisations ...
 
Aujourd'hui, le fond a disparu au profit de la forme. Le diktat du paraître a réussi à envahir le domaine politique alors même que celui-ci restait l'une des dernières places fortes à résister. Il me semble donc urgent de lutter contre ce phénomène qui risque de causer d'importants dégâts.
Pour cela, il faut remettre au goût du jour les débats de fond et réinscrire l'action politique dans le long terme. Concrètement, cela passe, par exemple, par la reprogrammation d'émissions de débats à des heures de grande écoute, à la mise en place de cours où serait abordée l'actualité afin de donner à chacun les outils pour appréhender la "vie réelle".
Il existe sûrement bien d'autres moyens de réimpliquer les Français dans la citoyenneté. Toute idée est bonne à prendre car après, il sera trop tard et il ne faudra alors pas se plaindre des conséquences ...

lundi 12 juillet 2010

Pour une presse libre et indépendante !

C'est en juillet 1881, le 29, qu'est votée une des premières lois relatives à la liberté de la presse.
En France, l'expression est un droit et une liberté dont chacun peut disposer. Même si certaines restrictions existent (propos racistes ...), la parole est normalement libre, notamment en comparaison avec d'autres pays (Chine, Cuba, Corée du Nord ...).
En revanche, les médias français, et en particulier la presse écrite, sont plutôt respectueux et tendres, voire frileux. Cela contraste grandement avec les tabloïds anglais et américains qui ont mis en exergue de nombreux scandales (politico-financiers, économiques ...), qui ont parfois conduit à des démissions de responsables et dirigeants en tout genre.
 
Mais revenons sur le territoire national. En ce moment, l'affaire Woerth-Bettencourt est au coeur du débat, avec l'apparition de nouvelles informations chaque jour. Bien que la presse traditionnelle reste peu vindicative, le net, avec par exemple le site Mediapart ou les articles de très nombreux blogueurs, est à l'origine de la plupart des attaques visant l'actuel ministre du travail mais aussi le président de la République.
 
En réaction, la garde sarkozyste s'est attaquée à la presse. Xavier Bertrand, secrétaire général de l'UMP, a critiqué des "méthodes fascistes". Nadine Morano, secrétaire d'État chargée de la Famille et de la Solidarité, a dénoncé les "fascisto-trotskistes" de la presse. Enfin, Christian Estrosi, ministre chargé de l'industrie, a comparé la presse française à une "certaine presse des années 30".
Que de jolis mots et de belles formules donc afin d'assimiler les journalistes à des extrémistes dont le seul but est de répandre la rumeur.
 
Après s'en être allégrement servi, entre autres durant la campagne présidentielle, Sarkozy et sa clique cherchent maintenant à museler la presse. Néanmoins, si les critiques des journalistes étaient adressées à l'opposition, il ne fait nul doute que le pouvoir en place n'aurait pipé mot. En somme, c'est : soutiens-moi ou tais-toi.
 
De telles attaques sont évidemment inacceptables tant elles s'opposent aux valeurs de notre pays. Comment peut-on reprocher aux journalistes de faire leur travail ? Je crois, au contraire, qu'il faut se féliciter de cela.
Aujourd'hui, la presse connaît des difficultés en lien notamment avec leur modèle économique. Pour autant, l'aspect financier ne doit pas interférer dans la ligne éditoriale.
 
Je crois qu'une réforme de la presse doit intervenir afin de garantir sa pérennité et son indépendance. Il me semble particulièrement nécessaire de limiter les connivences entre les médias et le pouvoir politique. De même, il n'est pas forcément sain que des entreprises industrielles ou commerciales contrôlent, même de manière indirecte, un journal comme c'est le cas pour le Figaro avec le groupe Dassault.
 
Espérons donc que la presse française continuera son travail d'enquête et d'investigation. C'est en révélant au grand jour les travers du pouvoir qu'une société en ressort grandie. Bien que les médias traditionnels gardent une certaine prudence vis-à-vis des puissants, on peut que se réjouir qu'internet symbolise encore le caillou dans la chaussure. Internet est, pour le moment, un vaste lieu d'expression où chacun peut donner son avis. Cela est encore d'actualité, mais jusqu'à quand ?

mardi 6 juillet 2010

La République atteinte dans ses symboles

Après la suppression de la Garden Party par le président, voilà que les verts souhaitent la disparition du traditionnel défilé du 14 juillet, jugé trop coûteux et trop polluant.
 
Evidemment, je suis totalement opposé à ces annulations.
Ces deux évènements constituent une tradition républicaine et font partie intégrante de notre histoire, et ce depuis des dizaines d'années. Une fois de plus on peut remarquer que nos dirigeants, ou ceux qui aspirent à nous diriger, s'inscrivent dans une négation et un détricotage des particularités de notre pays, de ce qui fait que la France est la France.
 
Sans surprise, l'argument du coût est avancé pour justifier ces positions. Comment, en ces temps de disette budgétaire, pourrait-on s'opposer à la réalisation d'économies ? Et bien moi je m'y oppose, et je pense ne pas être le seul. La Garden Party a coûté environ 700 000 € en 2009. Cela n'est pas insignifiant mais rien n'empêche son maintien, tout en limitant le nombre d'invités et la fastuosité du buffet.
De même, il est tout à fait possible de limiter les dépenses relatives au défilé en restreignant la présence de personnalités, à l'inverse de ce qui est fait par Nicolas Sarkozy.
 
Les écologistes, eux, avancent le côté environnemental. Certes, le défilé du 14 juillet occasionne des rejets de C02 du fait de la circulation de blindés, camions et autres véhicules en tout genre. Pour autant, cela représente une goutte d'eau dans l'océan qui ne change pas grand chose au niveau mondial. Je le répète mais ce n'est pas à la France de se sacrifier car ce n'est pas elle qui pollue le plus. En outre, les Verts me semblent quelque peu hypocrites dans la mesure où ils ne s'opposent pas, et notamment Daniel Cohn Bendit, au libre échange qui lui est responsable de davantage de pollution.
 
Pour moi, les arguments avancés sont fallacieux et démagogiques. Il est vrai que le défilé et la Garden Party ont un coût (environnemental et économique) mais celui-ci est minime comparativement à l'aspect symbolique de ces célébrations.
J'en reviens au côté financier mais que représentent ces frais par rapport aux prix du nouvel avion du président, aux privilèges des politiques ou encore à l'aide de l'Etat aux banques ? Je suis pour la réalisation d'économies mais encore faut-il que celles-ci soient justes et utiles.
 
Au final, je crois que ces décisions relèvent davantage d'une idéologie visant à "dissoudre la France dans l'Union Européenne". Depuis 2007, Nicolas Sarkozy démantèle petit à petit l'ensemble des spécificités de notre pays, héritées du passé. Une étape de plus a été franchie.
Méfions-nous, il reste encore deux ans durant lesquels tout est possible ...

samedi 3 juillet 2010

La Grande Muette passe à table !

Énorme tapage au ministère de la Défense et à l'état-major des armées, après l'interview qu'a donnée le général de division (trois étoiles) Vincent Desportes au Monde. Cet officier qui commande actuellement le Collège interarmées de défense tient un discours que nombre de militaires et d'experts de l'Afghanistan partagent. À savoir que la guerre engagée depuis 8 ans et demi par les États-Unis et leurs alliés est mal partie, que les insurgés mettent à mal la stratégie déployée par la coalition occidentale et que les deux options militaires successivement employées jusqu'à aujourd'hui ne donnent pas de résultat tangible. Desportes n'y va pas par quatre chemins, quand il écrit, avec raison : "Factuellement, la situation n'a jamais été pire." Il donne également un avis tranché quand il estime que le président Barack Obama a choisi la demi-mesure en acceptant d'envoyer 30.000 hommes en renfort, "alors que ce devait être zéro ou 100.000 de plus. On ne fait pas de demi-guerres." Le troisième argument de l'officier est tout aussi assez sévère : "C'est une guerre américaine. Quand vous êtes actionnaire à 1 %, vous n'avez pas la parole."
Il semble bien qu'une lourde sanction soit sur le point d'être prise à son encontre et que Vincent Desportes soit très près d'être relevé de son commandement, qu'il quittera de toute façon le 31 août pour rejoindre le "cadre de réserve". Il pourrait également être mis à la retraite d'office, sanction rarissime d'une extrême gravité. Il est convoqué vendredi soir par l'amiral Édouard Guillaud, chef d'état-major des armées, qui a manifesté son courroux dans la matinée au micro d'Europe 1, en évoquant une "faute" de Vincent Desportes : "Je pense que c'est une opinion malvenue et que je qualifierais d'irresponsable, car elle vient de quelqu'un qui est en activité et qui, de ce fait, a une crédibilité."
Source : lepoint.fr
 
Deux éléments m'ont interpellé dans cette histoire. Le premier est relatif à la sortie médiatique de ce général et le second concerne évidemment la situation en Afghanistan.
 
En règle générale, peu de choses filtrent des différentes opérations militaires auxquelles participe la France. De même, l'armée n'est pas réputée pour être un grande communicante. Néanmoins, il arrive de temps en temps que des soldats ou officiers s'expriment pour informer la population de la réalité des choses mais aussi pour partager leur mal-être.
C'est donc ce qu'a fait Vincent Desportes dans une interview donnée au Monde. Je crois que cette sortie est symptomatique de la coupure, de l'incompréhension qui existe entre les forces de l'ordre (armée, police, gendarmerie) et les politiques. En effet, ce n'est pas la première fois qu'un gradé utilise les médias pour relayer une position ignorée par la hiérarchie.
Selon le Point, ce général va être sanctionné. Si l'on suit la loi, cela est logique car il a outrepassé son devoir de réserve. Toutefois, je trouve cela anormal. Cet entretien n'a pas été accordé pour nuire à quelqu'un mais au contraire pour susciter une prise de conscience collective.
Par ailleurs, je trouve ce devoir de réserve stupide. Il revient uniquement à brider les militaires qui ne peuvent ainsi exprimer leurs revendications à la vue de tous, contrairement, par exemple, aux policiers qui peuvent être syndiqués. Je crois donc qu'il serait bon de supprimer ce devoir de réserve qui consiste en une limitation de la liberté d'expression. Malheureusement, il est peu probable que cela soit fait un jour puisqu'il permet de museler une partie de la population qui aurait sûrement beaucoup de choses à dire.
 
Concernant l'Afghanistan maintenant, je continue à penser, comme je l'avais exprimé dans un précédent article, que ce conflit est une boucherie sans fin dans laquelle la France n'a pas sa place. Les propos du général Desportes me confortent d'ailleurs dans mes positions puisqu'il reconnaît lui-même que la guerre en Afghanistan est un échec pur et simple et que la situation ne va qu'en empirant. Notre pays s'est engagé, à raison, dans ce combat en 2001. Mais près de 9 ans plus tard, peu de choses ont changé et nos soldats continuent à tomber au champ d'honneur. Comment peut-on penser nous arriverons à nous sortir de ce bourbier alors même que les Russes ont échoué, avec des troupes en nombre considérable, voilà près de 20 ans ?
Pour moi, ce conflit est gouffre dans lequel la France s'enfonce. Je crois donc que notre pays doit rappeler ses troupes au plus vite afin de mettre un terme à cette hécatombe. Il s'agit là d'une guerre qui ne nous concerne pas. Ce sont aux Afghans de se mobiliser pour sauver leur pays. Pour cela, ils doivent chercher à développer les activités civiles et surtout lutter contre la corruption qui gangrène ce pays, jusqu'aux plus hautes sphères de l'Etat.
 
En Afghanistan, la France n'a rien à gagner mais elle y a tout à perdre ...