lundi 27 septembre 2010

Police à bout, justice trop couard !

Dans le magazine Marianne de la semaine dernière (n° 700, du 18 au 24 septembre), une enquête était consacrée au malaise régnant au sein des forces de l'ordre. La parole était ainsi donnée à ces policiers et gendarmes dont on parle tant mais si peu à la fois. Ces derniers ont ainsi pu exprimer leur ras le bol.
Ce dossier, organisé sous forme de "chapitres" aborde différents thèmes dont certains sont au coeur des débats. Pour plus de praticité, je reprendrai la même articulation que celle utilisée par les journalistes. 

I. La peur
"La peur doit changer de camp". Cette phrase, prononcée maintes fois par les politiques, me semble symptomatique de la situation dans laquelle nous nous trouvons actuellement.
Pour beaucoup de citoyens, la peur du gendarme reste d'actualité et la seule vue de l'uniforme suffit à installer une certaine tension. Pourtant, pour d'autres, les forces de l'ordre ne représentent rien, ou tout du moins rien de plus qu'un ennemi. Les faits divers de ces dernières années illustrant à merveille ce phénomène. Les délinquants n'hésitant plus à tendre des embuscades à la police, les accueillant avec des pierres ou même des armes à feux.
Chaque intervention, même la plus anodine, représente alors un risque. Cette nouvelle génération n'a plus de respect pour ces hommes et ces femmes qui doivent dorénavant assurer leur propre sécurité avant celle de leurs concitoyens qui, rappelons-le, constitue le coeur de leur métier.
Plus grave encore, on assiste de plus en plus à "une véritable chasse aux poulets" puisque les policiers sont parfois attaqués alors même qu'ils ne sont pas en service.
 
II. La misère
Lorsque l'on parle de l'Education nationale, il est souvent question de moyens, tant humains (profs, surveillants ...) que financiers. Cela est moins le cas, tout du moins dans les médias de masse, lorsqu'il s'agit de la police. Pourtant, les moyens font, ici aussi, cruellement défaut. Les véhicules sont ainsi généralement (très) vieux, les locaux vétustes et les moyens informatiques archaïques. Il existe évidemment des exceptions mais la majorité des commissariats sont insuffisamment équipés. Comment alors espérer mener à bien des investigations dans ces conditions ? 

III. Les effectifs en baisse
Pas un ministère n'échappe à la fameuse RGPP (Révision Générale des Politiques Publiques). Celui ne l'Intérieur ne déroge évidemment pas à la règle. Lutte contre le déficit oblige, les effectifs de police et de gendarmerie diminuent. Un départ à la retraite sur deux n'est pas remplacé et les créations de poste sont limitées. Les conséquences sont rapides puisque plusieurs milliers de postes sont déjà supprimés chaque année. D'ailleurs, certaines personnes entrées à l'école de police se sont retrouvées sans affectation à leur sortie. Heureusement, la situation semble s'être arrangée depuis.

IV. La politique du chiffre
Nouvelle lubie pour nos dirigeants, montrer que les politiques sécuritaires menées portent leurs fruits. Quoi de mieux pour cela que de présenter de flatteuses statistiques ? Malheureusement, le travail d'investigation est un travail de fourmi souvent long et minutieux dont les effets ne sont pas forcément visibles à court terme. Efficace donc mais pas assez rapide. A l'inverse, les infractions routières, même si le préjudice est moindre, sont légions et faciles à réprimer.
Outre l'effet sur les statistiques, sanctionner les largesses avec le code de la route permet de remplir les caisses de l'Etat qui, n'oublions pas, "sont vides".
 
V. Les zones de non-droit
Réalité ou fantasme ? Telle est la question. En fait, la nuance est de rigueur pour répondre. Il est clair que les forces de l'ordre peuvent rentrer dans toutes les cités de France. Pourtant, la tâche n'est pas aisée dans certains quartiers où il serait suicidaire de s'aventurer avec une simple voiture de patrouille. La moindre petite perquisition nécessite alors l'envoi de dizaines d'hommes lourdement armés.
 
VI. Les chefs
Selon les témoignages lus dans Marianne, il semblerait que les "flics de base" soient de plus en plus lâchés par leur hiérarchie. Ces derniers, devant eux-mêmes rendre des comptes à leur patron, inciteraient donc à faire du chiffre pour avoir de bonnes évaluations et obtenir ainsi une promotion. De même, ces chefs seraient encouragés à ne pas faire de vagues pour ne pas risquer de déclencher des émeutes comme en 2005. De là à penser que les cités ont été abandonnés volontairement pour acheter une hypothétique paix sociale, il n'y a qu'un pas que certains policiers ont allégrement franchis.
 
VII. Les juges
Si l'incompréhension existe entre la police et la population, il semble que le torchon soit à la limite de brûler avec la justice. Dernier exemple en date, la libération sous contrôle judiciaire du second braqueur présumé du casino d'Uriage, braquage qui avait débouché sur des affrontements à Grenoble. L'homme qui avait donné tant de mal à la police a donc été relâché en quelques minutes par un juge des libertés et de la détention.
Ce cas n'est qu'un exemple mais il est fréquent d'entendre qu'un délinquant arrêté la veille est déjà en liberté le lendemain. D'ailleurs, on s'aperçoit que le nombre de délinquants multirécidivistes est loin d'être nul. Le fossé tend donc à se creuser entre une justice accusée de laxisme et des forces de l'ordre parfois impuissantes face à l'étendue de leur tâche.

VIII. La police de proximité
Instaurée par le gouvernement Jospin en 1999 et supprimée par Nicolas Sarkozy en 2003, la police de proximité est au coeur de l'actualité. Jugée inefficace par les uns (la police n'est pas faite pour jouer au foot avec, les jeunes), indispensable par les autres, elle revient tout de même sous une autre forme (uteq, unité territoriale de quartier) en 2008.
Il semblerait que sa disparition ait contribué à favoriser l'écart avec la population. On est alors passé d'une présence quotidienne à une intervention ponctuelle de la police.

IX. Nicolas Sarkozy
L'ancien ministre de l'Intérieur se pose comme le Monsieur sécurité de ces dernières années. Quoi qu'on en pense, il restera un des ministres de l'Intérieur le plus singulier des gouvernements passés. En charge de la sécurité des Français depuis 2002, Nicolas Sarkozy a rencontré un certain succès de par son volontarisme et son énergie. Malgré tout, en prenant un peu de recul, il s'avère que son bilan est peu réjouissant. Il est indéniable que Sarkozy est un beau parleur mais il l'est tout autant que les actes ne sont pas à la hauteur. La délinquance n'a pas forcément diminué et tend même à croitre, notamment en réaction à ses diverses provocations (Karcher ...).
Au final, que nous apprend cette enquête de Marianne ? Rien que nous ne savions déjà, si ce n'est que cette fois ce sont les principaux concernés qui expriment un ras-le-bol souvent porté par les politiques. La sécurité est le péché mignon de Sarkozy. D'ailleurs, il y revient fréquemment lorsque les choses commencent à lui échapper.
 
Aujourd'hui pourtant, le divorce est consommé entre le pouvoir et les forces de l'ordre. Il est donc grand temps d'arrêter les promesses et les belles paroles et de passer réellement à l'action avant qu'il ne soit trop tard. Pour cela, diverses solutions sont possibles.
La première concerne l'aspect financier. Il faut cesser immédiatement les suppressions de poste et, à l'inverse augmenter considérablement les effectifs. Dans le même ordre d'idée, des efforts budgétaires doivent être consentis afin de moderniser les locaux et équipements des commissariats et gendarmeries.
Un deuxième point devrait être la réhabilitation de la police de la proximité. Celle-ci permet de réaliser un travail de fond (renseignement, connaissance des lieux ...) par un contact quotidien avec la population sur le terrain.
Le troisième élément est relatif à la Justice. Des moyens supplémentaires sont évidemment nécessaires mais il convient également d'agir pour préserver son indépendance, tant des milieux économiques que politiques. En outre, un peu plus de sévérité, surtout en cas de récidive, ne me semble pas être inutile.
 
Alors bien sûr il n'existe pas de solution miracle pour endiguer la délinquance. Malgré tout, des efforts peuvent être faits à l'égard des forces de l'ordre. Bien qu'insuffisant, ce sera un premier pas non négligeable. En parallèle, il faudra également mobiliser l'ensemble de la société, au travers notamment de l'éducation tant scolaire que parentale. Car, je persiste à penser que l'on ne naît pas délinquant mais qu'on le devient. C'est donc durant l'enfance et l'adolescence que l'Etat doit intervenir pour remettre les brebis égarées dans le droit chemin ...

jeudi 23 septembre 2010

Union Européenne : géant économique, nain politique

En ce moment, l'Union Européenne est au coeur des débats, tant dans les médias que sur le net. C'est tout particulièrement le cas dans la blogosphère avec notamment des articles de Malakine, Laurent Pinsolle ou encore Yann. J'ai moi-même, et ce à plusieurs reprises, écrit sur ce thème tant il prête à commentaires. Le dernier en date ayant trait à la sortie médiatique de Viviane Reding sur les Roms.
 
Nouvel article donc sur l'Union Européenne inspiré par la formule suivante : "l'UE, un géant économique mais un nain politique".
Je passerai rapidement sur le côté économique en citant néanmoins quelques chiffres. Incontestablement, l'UE est la première puissance commerciale, même en faisant abstraction des échanges intracommunautaires. Celle-ci représente également le premier PIB mondial avec 16 390 milliards de dollars en 2009 contre 14 266 milliards pour les Etats-Unis (source : wikipédia).
Son poids économique est donc très important dans un monde globalisé tel que le notre. Pour autant, l'économie n'est pas tout et l'aspect politique n'est pas à négliger. C'est d'ailleurs ce point là qui fait actuellement défaut, ce que certains regrettent profondément.
 
Aujourd'hui, deux camps ayant des visions antagonistes s'affrontent : les fédéralistes contre les souverainistes (même si certains refusent ce qualificatif).
Pour simplifier, on voit s'opposer d'une part les partisans des Etats Unis d'Europe qui conduirait à davantage d'intégration européenne (budget, diplomatie ...) pour déboucher éventuellement à terme sur une seule nation européenne. On trouve d'autre part les défenseurs d'une confédération de nations où les Etats exerceraient de manière pleine et entière leur souveraineté dans tous les domaines et notamment ceux où ils ne le peuvent actuellement (politique monétaire, création de monnaie ...), tout en mettant en place des coopérations sur la base de traités internationaux lorsque cela est nécessaire (recherche, aérospatiale ...).
On trouve bien évidemment, entre ces deux extrémités, tout un panel de positions intermédiaires.
 
Cela n'est probablement pas un secret pour ceux qui me lisent régulièrement car j'ai déjà, par le passé, pris position sur le sujet mais je place dans la seconde catégorie. Alors évidemment, je passe souvent pour un anti-européen mais, pour être honnête, ce n'est pas le cas. Je ne suis pas hostile par principe à l'Europe en tant que telle mais en revanche, je ne porte pas dans mon coeur cette Europe supranationale. Je crois, en effet, que cette union, dans sa forme actuelle, n'est pas la meilleure solution pour notre pays. Je ne dis pas que l'UE a uniquement des défauts mais plutôt que les inconvénients qu'elle présente sont fortement pénalisants.
 
Mais revenons à ce qui nous intéresse ici, c'est à dire le poids politique de l'UE.
Personne aujourd'hui ne saurait contester le fait que le poids de celle-ci est minime voire inexistant. Effectivement, il est indéniable que l'UE est un nain politique sur la scène internationale. Celle-ci ne dispose pas d'institutions stables et puissantes (et le traité de Lisbonne n'a pas arrangé les choses puisqu'il a multiplié les "représentants européens" : Barroso, Van Rompuy ...), n'a pas de diplomatie commune (bien que Catherine Ashton soit censée l'incarner) et manque d'objectifs communs forts.
 
Ces faiblesses s'expliquent de différentes manières. En voici quelques unes.
La première a trait à la diversité des Etats-membres. Diversité de langues, de niveaux de développement, de cultures ... Cette très grande hétérogénéité constitue un handicap majeur qui conduit à des consensus mous ou des compromis contre-productifs. Cela a été d'autant plus renforcé que l'élargissement de l'UE s'est fait de manière beaucoup trop rapide et trop importante.
Le deuxième élément concerne la persistance des nations. De fait, les peuples restent profondément attachés à leur pays et ne souhaitent ainsi pas une dilution des spécificités qui sont les leurs dans un grand ensemble.
Une troisième raison que l'on peut avancer est le manque cruel de démocratie au sein de cette entité. Je pense notamment aux résultats des référendums en 2005 qui ont tout simplement été ignorés. Mais on peut aussi parler des membres de la Commission qui sont nommés, ce qui pose la question de leur légitimité. Ces derniers sont d'ailleurs souvent à contre-courant de l'opinion publique (cf le cas des Roms), ce qui n'est pas surprenant tant le fossé entre les peuples et les élites est grand.
 
Au final, il apparaît clairement que la situation n'est pas près de s'améliorer si l'on continue sur cette voie. Le traité de Lisbonne, tant vanté et imposé par la plupart des gouvernements européens, ne devait-il pas être la solution miracle qui réglerait tout les problèmes de cette union ? Peut-être mais pour le moment ses effets ne sont pas forcément très visibles et le remède semble pire que le mal.
 
Quelles perspectives alors ? Quatre me semblent envisageables :
- le statu-quo. Rien ne change et on continue comme cela jusqu'à ce que la situation devienne explosive.
- la transformation de l'UE. Ce ne sera pas chose aisée mais on pourrait imaginer que les traités européens soient renégociés avec l'ensemble des Etats-membres.
- la sortie de l'UE. L'article 50 du traité de Lisbonne le prévoyant, la France pourrait tout à fait sortir de l'UE. Cette possibilité peut faire peur car on pourrait croire à un isolement du pays. Mais rappelons que, par exemple, la Suisse et la Norvège ne sont pas dans l'UE et collaborent avec cette dernière par le biais d'accords bilatéraux.
- la sortie de l'UE à plusieurs et l'ébauche d'une alternative. Même scénario que précédemment mais la sortie se ferait à plusieurs (je pense notamment aux pays du bassin méditerranéen) afin d'aboutir à la création d'une union latine regroupant la France, l'Italie, l'Espagne, le Portugal et la Grèce.
 
Quelle que soit la solution choisie, il est clair que sa mise en oeuvre sera longue et probablement douloureuse. Personnellement, je privilégierais le dialogue afin d'essayer de remettre l'Europe sur les rails. Pour autant, je crois être réaliste en affirmant qu'un échec en sera très certainement le résultat.
N'étant pas partisan du statu-quo, tout du moins sur le long terme, il semblerait que l'option d'une sortie de l'UE doive être sérieusement envisagée. Cela nécessite évidemment de réfléchir aux conditions de notre retrait mais aussi à notre devenir après celle-ci. Certains politiciens et économistes ont déjà commencé le travail. Il me semble donc souhaitable de les encourager dans leur entreprise afin qu'un projet soit prochainement soumis aux Français, qui devront s'exprimer, en dernier ressort, sur leur adhésion ou non à ce dernier.

mercredi 15 septembre 2010

Merci Mme Reding

Décidément, je ne pensais pas tant être dans le vrai lorsque j'ai rédigé mes derniers articles. Or, il s'avère que mes prises de position dans mon billet sur les Roms et dans celui sur la loi de Godwin sont aujourd'hui confirmées par Mme Reding.
 
Mais qui est cette dame me direz-vous ? Et bien il s'agit de la commissaire européenne à la Justice, aux droits fondamentaux et à la citoyenneté. Celle-ci a condamné la politique menée à l'égard des Roms et a menacé la France poursuites en justice pour non respect de la législation de l'UE.
 
Ce n'est évidemment pas la première fois que Bruxelles s'insurge mais la sortie médiatique de Mme Reding est considérée comme un dérapage verbal. Voici ses propos :  "J'ai été personnellement interpellée par des circonstances qui donnent l'impression que des personnes sont renvoyées d'un État membre (de l'UE) juste parce qu'elles appartiennent à une certaine minorité ethnique. Je pensais que l'Europe ne serait plus le témoin de ce genre de situation après la Deuxième Guerre mondiale"
 
Comme je l'avais dénoncé dans les articles cités plus haut, nous voyons ici un organisme non élu, bureaucratique et illégitime se mêler de nos affaires, allant même jusqu'à nous menacer. En outre, on soulignera le tact et la finesse du discours qui aboutit à une comparaison douteuse de mauvais goût.
 
Cette histoire, qui est une nouvelle atteinte à l'image de notre pays, a au moins le mérite de montrer l'énorme décalage qui existe entre la Commission européenne et les peuples européens. En effet, le cas des Roms n'est qu'une des conséquences de cette europe (ultra) libérale tant au niveau économique que politique.
 
Pour autant, la situation devient de plus en plus intenable pour un grand nombre d'Etats-membres. Aux vues de la crise et des évolutions démographiques, sociologiques ... de ces dernières années, il semble difficile de conserver le même cap. Un cap qui vise notamment la concurrence libre et non faussé dans tous les pans de l'économie, la libre circulation des Hommes et des capitaux et la suprématie du marché.
 
Pendant que la plupart de nos dirigeants courbent l'échine devant Bruxelles, d'autres s'élèvent pour la défense de notre souveraineté et contre ces instances supranationales. Le combat s'annonce long et difficile mais rien n'est perdu dans la mesure où une partie des Français tend à se rallier aux thèses "souverainistes". Effectivement, un nombre croissant de personnes se rendent compte que l'europe, dans sa forme actuelle, est à la fois un leurre et une voie sans issue qui nous pénalise davantage qu'elle ne sert nos intérêts.
 
Un retour à la nation semble donc de plus en plus inéluctable puisque c'est uniquement dans ce cadre qu'il sera possible de sortir le pays du marasme dans lequel il stagne depuis des années. Le changement sera certes abrupt mais néanmoins salutaire. Plusieurs pistes sont d'ores et déjà avancées par différents acteurs qui appellent de leurs voeux cette transformation (Jacques Sapir, Nicolas Dupont-Aignan, Emmanuel Todd ...). Il s'agit notamment de la création de l'Europe des nations voire de la sortie complète de l'UE, de la réhabilitation de l'émission de monnaie par un retour progressif au franc et l'instauration d'une monnaie commune ou encore de la mise en place de mesures protectionnistes.
 
Evidemment, dit comme cela ces idées peuvent rebuter voire effrayer tant elles constituent un réel bouleversement. Malgré tout, il convient de laisser de côté les éventuels a priori et autres préjugés afin de s'intéresser réellement au fond des choses.
Les gouvernements successifs de ces dernières décennies ont traité les conséquences de nos problèmes sans s'attaquer véritablement aux causes. C'est ce que proposent de faire ces politiques et économistes qui, plus que l'alternance, offrent une alternative au pouvoir en place.

vendredi 10 septembre 2010

Retraites : une réforme pour rien

En ce moment, le projet de réforme des retraites est au coeur des débats. Suite aux manifestations de mardi et à l'émission "A vous de juger" sur France 2 qui était consacrée, hier soir, au sujet, je me devais de partager mon opinion sur cette réforme.
 
Avec plus de 2 millions de personnes dans les rues, les manifestations de mardi dernier sont un succès. Pour autant, le gouvernement semble campé sur ses positions, ce qui a conduit les syndicats à annoncer une nouvelle journée de mobilisation le 23 septembre prochain.
Même si je n'étais pas dans le cortège de ce défilé et n'y serai probablement pas non plus le 23, je dois avouer que je soutiens totalement, et ce n'est pas chose courante, les manifestants. En effet, je trouve cette réforme inutile et contre-productive.
 
Voici les principales critiques que j'adresse au gouvernement :
- Le premier point concerne le relèvement de l'âge légal de départ à la retraite (de 60 à 62 ans). Cette mesure ne me paraît pas utile pour  deux raisons. La première est que l'âge réel de départ est de 61,5 ans donc le "gain" est seulement de 0,5 année. La seconde est que l'on demande aux Français de travailler plus longtemps (41 ans en 2012 et 41,5 en 2020) donc ce relèvement touchera uniquement les personnes ayant commencé à travailler jeune, ce qui n'est évidemment pas très juste.
- Le deuxième élément est relatif au passage de 65 à 67 ans pour pouvoir partir à la retraite sans décote. Il s'agit là d'un gros point négatif car il pénalisera les personnes ayant des carrières hachées ou rentrant de manière tardive sur le marché du travail. Or vu la conjoncture et l'allongement de la durée des études, il est probable que cela touchera un grand nombre de salariés.
- Le troisième aspect se rapporte à la question de la pénibilité. Il est vrai que le gouvernement a travaillé sur sujet. Pour autant, cela me semble insatisfaisant dans la mesure où celle-ci est prise en compte a posteriori et de manière individuelle.
 
Malgré les contestations, la grande majorité des acteurs politiques et économiques s'accordent sur la nécessité d'une réforme. Partageant cet avis, voici quelques pistes de réflexion :
- Une des premières choses à faire est de remettre à plat le système de retraite pour plus de justice. Cela passe notamment par une homogénéisation public/privé, une harmonisation des différentes caisses et une correction des régimes spéciaux.
- Il me semble ensuite nécessaire de réellement tenir compte de la pénibilité. Mais cela doit être fait a priori et de manière collective. Concrètement, il faudra, après négociations avec les partenaires sociaux, définir les professions jugées pénibles ainsi que les "bonus" (trimestres supplémentaires ...) accordés à ces salariés.
- Une action sur le financement doit également être entreprise afin de lutter contre les déficits. On pourrait alors chercher à diversifier les modes de financement (instauration de la TVA sociale, taxation des stock-options et autres retraites chapeaux ...).
 
Mais même si je crois que ces propositions vont dans le bon sens, le problème des retraites ne saurait être réglé, et ce n'est pas le seul dans ce cas là, sans un réel effort pour l'emploi. En effet, la lutte contre le chômage permettrait de trouver de nouvelles ressources puisque plus de travailleurs signifie plus de cotisants.
L'emploi doit donc devenir la priorité du gouvernement qui doit avoir le courage de prendre les mesures qui s'imposent. Il faut s'atteler à la question de l'emploi des seniors, qui sont souvent débarqués des entreprises à la cinquantaine, mais aussi des jeunes qui ont du mal à s'insérer sur le marché du travail ou à des conditions parfois peu convenables (travail précaire, CDD à répétition, salaire de misère ...).
 
Comme le disait Bernard Thibault (secrétaire général de la CGT) hier soir face à Arlette Chabot, "avant de travailler plus, il faudrait travailler tous". Le plein emploi doit être un objectif qui permettra à la société française de mieux se porter.
Pour l'heure, rien n'est gagner mais rien n'est encore perdu non plus. Tout reste à faire. Malgré tout, les allégements de charges, qui furent l'apanage des gouvernants ces dernières années, semblent avoir montré leur limites. Peut-être qu'il serait temps de ne plus considérer le protectionnisme comme la pire des horreurs. Les Etats-Unis et la Chine y ont recours, pourquoi pas nous ?

lundi 6 septembre 2010

La loi de Godwin n'a jamais autant été d'actualité !

La loi de Godwin provient d'un énoncé fait en 1990 par Mike Godwin relatif au réseau Usenet, et popularisée depuis sur la toile : « Plus une discussion en ligne dure longtemps, plus la probabilité d'y trouver une comparaison impliquant les nazis ou Adolf Hitler s'approche de 1. » Dans un débat, atteindre le point Godwin revient à signifier à son interlocuteur qu'il vient de se discréditer en vérifiant la loi de Godwin.
Source : wikipedia.fr
 
Une fois de plus, l'été 2010 tient toutes ses promesses. Après l'affaire Woerth-Bettencourt, le virage sécuritaire voila qu'une loi issue de l'univers de l'internet trouve des débouchés dans le "monde réel". En effet, comme le souligne Wikipédia, la loi de Godwin se vérifie couramment sur le web et notamment dans les forums de discussion et les différents tchats.
 
Pourtant, il s'avère que le point Godwin est de plus en plus atteint lors de conversations en face à face entre individus. Et comme on pouvait s'y attendre, la sphère politique n'échappe pas à cette tendance. Les mois de juillet et août 2010 ont d'ailleurs été, il me semble, fort bien fournis. Effectivement, on se rappelle que la garde sarkozienne s'est défoulée sur la presse en des termes élogieux (trotskyste, fasciste...) à l'occasion de l'affaire Woerth-Bettencourt. Mais la gauche n'est pas en reste dans la mesure où l'action du président de la République et de son gouvernement a été assimilée à celle menée en son temps par le régime de Vichy.
 
La loi de Godwin semble donc s'être confirmée à maintes reprises durant cet été. Pourtant, au sens strict, le point Godwin est atteint dès lors qu'il est fait référence au nazisme ou à Hitler. Je pense néanmoins que l'on peut tout à fait étendre cette loi en y incluant les références à toute forme d'extrémisme ou de totalitarisme. En effet, en France il est souvent fait référence à Pétain et au régime de Vichy alors qu'en Italie se sera davantage Mussolini dont il sera question.
La conséquence en est alors la même : une perte cruelle et inévitable de crédibilité qui tend, s'il en est encore besoin, à dégouter et éloigner les citoyens de la politique.
 
Je croyais que l'on était arrivé au comble du ridicule avec ces comparaisons douteuses mais je me trompais. En effet, la rentrée 2010 fait encore plus fort que ces derniers mois avec ces manifestations du 4 septembre "contre la xénophobie d'Etat et la politique du pilori". Même si je respecte le droit à manifester et la liberté d'expression, je trouve ces défilés totalement ridicules. Là, on atteint des sommets. Enfin, venant d'associations prétendument antiraciste, cela n'est pas étonnant mais je ne comprends pas pourquoi des syndicats et partis de gouvernement se joignent à cette mascarade.
 
Car oui, pour moi ces manifestations sont une farce géante. Même si je ne soutiens pas la politique menée par Nicolas Sarkozy, je peux croire que celui-ci soit animé de sentiments racistes et xénophobes. Comme je l'ai déjà écrit, Sarkozy est un fin stratège qui joue sur différents thèmes tels que l'immigration ou la sécurité afin de rester au pouvoir.
En outre, ces défilés ne l'affaiblissent pas mais tendent, au contraire, à le renforcer. Les manifestants jouent, en réalité, le rôle de l'idiot-utile.
Il me semble grand temps de mettre un terme à la contestation stérile et de s'atteler réellement à la création d'une force de proposition.

samedi 4 septembre 2010

Sarkozy ou l'allumeur de contre-feux

Il y a quelques mois de cela, dans un précédent article, je traitais du traitement médiatique réservé à l'actualité. Je reprochais alors aux médias d'exploiter au maximum un sujet avant de passer à autre chose.
 
Cette analyse me semble bien évidemment toujours d'actualité mais l'été 2010 m'a prouvé qu'elle était complète. Effectivement, dans cette entreprise, les médias ne sont pas les seuls acteurs. Il en existe tout un tas d'autres dans des domaines bien différents. Pour autant, je me limiterai ici à la sphère politique et m'intéresserai plus particulièrement à Nicolas Sarkozy tant celui-ci me paraît être un professionnel en la matière.
 
Comme je le disais, l'été 2010 illustre parfaitement le fond de ma pensée. Il pourrait s'agir là d'un cas d'école qui résumerait à merveille le fonctionnement du président.
Petit rappel des évènements pour ceux qui auraient été absents ces dernières semaines. Depuis plusieurs mois déjà, l'affaire Woerth-Bettencourt est au coeur des débats. Chaque jour amène son lot de surprise dans une histoire qui mêle argent, pouvoir et conflit d'intérêt. Conséquences : un ministre fragilisé qui doit prochainement porter une réforme sensible, une milliardaire qui va devoir régulariser sa situation fiscale et un système politico-judiciaire qui apparaît très (trop) lié avec le monde des affaires.
 
En somme, un été difficile pour le gouvernement et une rentrée qui ne s'annonce pas meilleure. Mais Sarkozy ne pouvait pas laisser les choses telles quelles. Il a alors cherché à défendre son ministre par tous les moyens, envoyant sa garde rapprochée au front. Malheureusement, cela n'a pas suffi. Le président a donc décidé de sortir les grands moyens, que dis-je, l'artillerie lourde. Je parle bien sûr du thème de la sécurité. Ah cette chère sécurité, quel magnifique dérivatif. Le voilà donc qui allume plusieurs contre-feux (projet de déchéance de nationalité, expulsions des Roms ...) pour que les citoyens détournent le regard de cette affaire qui les dépasse et se concentrent sur un sujet qui les préoccupe davantage : l'insécurité.
 
Alors il est possible, voire même probable, que Nicolas Sarkozy ne soit pas le seul politicien à mettre en place de tels subterfuges visant à faire diversion. Depuis 2007, il a multiplié les exemples mais celui de cet été 2010 est, à mon sens, le plus flagrant et peut-être même le plus indécent.
 
Il me semble donc important d'être vigilant afin de ne pas tomber dans le panneau comme le font tant de Français. Pour cela, je crois que les médias ont un rôle prépondérant à jouer, tout simplement en faisant leur métier, c'est à dire en informant les citoyens sur la durée, sans cet insupportable effet de zapping.
Pour autant, je suis convaincu que la population doit également faire des efforts afin de s'informer de manière suffisante, ce qui sous-entend de confronter différentes sources afin de se forger son propre avis. Ce dernier point me paraît particulièrement essentiel et, pour moi, cet apprentissage devrait débuter dès les premières années de la vie, à l'école.

mercredi 1 septembre 2010

Expulsions des Roms : mais de quoi se mêlent-ils ?

Voila le feuilleton de l'été : le cas des Roms en France.
Tout commence le 16 juillet lorsqu'un individu force un barrage à Saint Aignan en écrasant au passage un gendarme. Au barrage suivant, les forces de l’ordre ouvrent le feu sur le véhicule, tuant le passager. Le 17 juillet, une cinquantaine de Gitans cagoulés et armés déferlent sur la commune de Saint Aignan où ils attaquent la gendarmerie.
Par la suite, le président Sarkozy entre en scène avec ses discours sécuritaires et décide de convoquer une réunion ministérielle consacrée aux gens du voyage. 
Depuis, plusieurs camps ont été démantelés partout en France et des critiques se sont faites entendre tant au niveau national qu'international.
 
Je ne reviendrai pas sur le bien-fondé de la destruction des campements et de l'expulsion des Roms. En effet, ces camps sont souvent insalubres et construits dans des endroits inappropriés. D'ailleurs, la majorité est installée de manière tout à fait illégale. Concernant les expulsions, je ne trouve pas anormal de renvoyer dans leur pays des gens qui n'ont pas le droit de résider sur le territoire français.
Pour autant, je ne donne pas un blanc-seing au gouvernement. Effectivement, si je suis d'accord sur le fond du problème, la forme me laisse perplexe. La situation des Roms n'est pas nouvelle et son traitement actuel constitue, pour grande partie, un dérivatif mais j'y reviendrai dans un prochain article. En outre, cette question ne se résoudra pas uniquement par des expulsions dans la mesure où il implique un certain nombre d'acteurs, notamment au niveau européen. Pour moi, le sujet des Roms doit être discuté au niveau de l'Union Européenne puisqu'il est une conséquence directe de son évolution, et est lié, en particulier, à l'existence de l'espace Schengen. 
 
En réalité, ce qui me dérange le plus dans cette affaire, ce sont les reproches ont été exprimés. Je ne parle évidemment pas des accusations lancées par le PS, l'extrême gauche ou certains membres de l'UMP (Villepin ...) tant celles-ci font parties intégrantes du jeu politique. Je m'intéresse ici aux réprobations signifiées par le Pape et l'ONU.
Alors évidemment chacun a le droit d'avoir un avis sur le sujet et de l'exprimer. Malgré tout, il s'agit là d'instances internationales qui doivent donc garder une certaine réserve. Personnellement, je trouve ces différentes réflexions inappropriées et d'autant plus déplacées que leurs émetteurs ne sont pas des modèles de vertu.
Commençons par le Pape. Celui-ci, dans une sortie médiatique que l'on aurait préféré entendre à l'occasion du scandale des prêtres pédophiles, a rappelé la nécessité de "savoir accueillir les légitimes diversités humaines". La belle affaire. Évidemment, il n'a pas tort et ses propos ne peuvent être contestés sur le fond. De plus, Benoît XVI est dans son rôle puisqu'il prône la tolérance, le respect ... Toutefois, il est indéniable que l'homme d'église est complètement coupé des réalités et qu'il n'est pas en charge d'un pays. Il est évident que la France doit pouvoir accueillir un certain nombre d'individus sur son territoire mais il est tout autant logique qu'elle ait le droit d'en refuser l'accès à d'autres, surtout lorsque ceux-ci présentent manifestement des difficultés d'intégration.
Mais le Pape a été épaulé dans sa bêtise par le CERD (Comité pour l'Elimination de la Discrimination Raciale de l'ONU). En effet, ce dernier "s'inquiète de la montée des manifestations et des violences à caractère raciste envers les Roms". Alors là, c'est l'hôpital qui se fout de la charité. De fait, ce comité est composé, entre autres, de : l'Algérie, la Russie, la Roumanie, la Chine, le Pakistan, l'Inde, la Turquie ou encore le Niger. Or, ces pays sont bien connus pour leur respect acharné des droits de l'Homme et l'absence de discrimination envers les minorités ethniques présentes dans leurs pays. Voila une belle illustration du proverbe : "Voir la paille dans l'oeil du voisin et ne pas voir la poutre dans le sien".
 
Alors bien sûr, cet article est totalement subjectif et partial dans la mesure où je défends mon pays alors que celui-ci est attaqué. Pour autant, il me semble indiscutable que nos détracteurs sont assez mal placés pour émettre une quelconque critique à notre égard. En outre, je supporte mal que des éléments extérieurs sans légitimité incontestable se permettent d'intervenir dans nos affaires internes. Je regrette que les Français ne soient plus souverains en leur pays et que des organismes discutables se mêlent de ce qui ne les regarde pas. Cela est d'ailleurs tout le problème de cette europe qui s'immisce sans cesse dans la vie des nations.