samedi 15 mars 2025

Défense européenne : la réponse est nationale

S’il ne fallait retenir que deux thématiques qui occupent fortement l’espace médiatique ces dernières semaines, le choix serait somme toute aisé : les turbulences en matière économique, notamment sur les marchés financiers et la dégradation du climat géopolitique mondial. Avec en point commun, pour ne pas dire causal, les États-Unis et plus particulièrement Donald Trump. 

L’idée n’est pas de revenir dans le détail sur les différents événements depuis l’élection du président américain. Précisons toutefois deux choses à destination des vierges effarouchées situées de ce côté-ci de l’Atlantique. D’une part, Donald Trump a été élu pour défendre les intérêts de son pays, y compris s’ils sont contraires avec ceux du reste du monde, alliés inclus. D’autre part, Trump ne fait que mettre en œuvre le programme pour lequel il a été choisi (assez étonnant vu de chez nous je vous l’accorde), que cela plaise ou non. 

Rappelons également que je tenais déjà des propos similaires en 2008 au sujet de Barack Obama. Mais différence de taille pour certains, le président démocrate incarnait le bien alors que le républicain est au contraire le mal incarné. 


Cela étant dit, rien ne sert de se lamenter sur son sort et de conspuer l’oncle Sam. Cela ferait d’ailleurs doucement rigoler les équipes de la Maison Blanche. 

Considérons à l’inverse cette conjoncture, comme une opportunité, ou dit plus crûment comme un coup de pied aux fesses, visant à reprendre en main notre destin. « Les États n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts » disait le général De Gaulle. En voici une énième preuve, en espérant que celle-ci serve réellement de leçon. 


Mauvaise pioche semblerait-il néanmoins, en particulier en matière militaire. Chacun aura compris qu’un climat de dissensions que l’on pensait dépassé ressurgit à nos frontières. Sans être pour autant catastrophiste, il semble malgré tout préférable de se préparer au pire ou en tout cas de se donner les moyens d’y faire face. 

Point positif, nous disposons d’une nette avance sur nos voisins grâce à l’héritage du passé : dissuasion nucléaire, forces armées formées, siège au conseil de sécurité de l’ONU. Bien que ce legs n’ait pas été suffisamment entretenu et développé à mon sens, il n’en reste pas moins qu’il constitue une base solide sur laquelle s’appuyer. 


Cela ne signifie pas pour autant qu’il faille se reposer sur ses lauriers. Bien au contraire, cela nous oblige à prendre les décisions qui s’imposent de manière rapide et ambitieuse. Pour le dire clairement, il s’agit d’augmenter sans tergiverser nos dépenses en matière de défense et d’investir massivement dans du matériel militaire de pointe, afin notamment de reconstituer nos stocks en armements et équipements dont une partie a été cédée à l’Ukraine. 


Bien évidemment tout cela aura un coût qui pèsera sur les comptes de la nation. Mais notre pays peut et doit se le permettre car les conséquences potentielles en cas de manquement seraient bien pires. Nombre d’économies sont possibles afin de dégager les marges de manœuvre nécessaires. Sans compter les retombées positives de ces investissements sur l’économie et l’emploi. 


Pourquoi donc tant de blabla alors que les choses paraissent si simples ? Au risque de paraître caricatural, la réponse tient pour moi en deux points : administration et dogmatisme européen. 

Je ne m’étendrais pas sur le premier aspect tant les lenteurs administratives et les lourdeurs procédurales sont de notoriété publique. 

Le second paramètre est lui tout à la fois plus prépondérant et plus problématique. Aboutir à des convergences au niveau européen sera évidemment plus long et plus complexe à obtenir que la mise en œuvre d’une décision unilatérale. Il est d’ailleurs clair qu’aucune ligne de conduite commune ne se dégage et qu’il existe un risque non négligeable que la décision collective desserve nos intérêts. 


Pire encore, le serpent de mer de la défense européenne refait à nouveau surface. Concept somme toute illusoire mais qui revient cette fois-ci avec une nouvelle facette hautement sensible, à savoir le partage de notre dissuasion nucléaire. Idée sans conteste lumineuse avancée par notre président qui consiste à subsister un bouclier nucléaire français à sa version américaine, nous obligeant à devenir le chaperon de nos voisins européens et donc à assumer de fait leurs éventuels errements.  Un pari clairement risqué en ces temps troublés qui va à l’encontre de l’intérêt supérieur du pays. 

Au vu des enjeux et des implications, je crois que la décision ne peut relever de la seule volonté présidentielle. Elle nécessite a minima un débat parlementaire digne de ce nom, voire même une consultation du peuple pour trancher en dernier ressort. 

lundi 13 janvier 2025

Ce que cherche Jordan B.

2024 aura indéniablement été une année particulièrement agitée, notamment en matière politique avec l’ensemble des rebondissements que chacun connait. Une année qui sera sans doute à marquer d’une pierre blanche (ou noire selon les opinions).
Mais l’idée n’est pas ici d’en faire un quelconque bilan, encore qu’il y aurait bien des choses à dire. Pour autant, l’année qui vient de s’écouler aura mise en lumière différents acteurs politiques qui auront très probablement un rôle majeur à jouer à l’avenir. Parmi ceux-ci figure en particulier l’actuel président du Rassemblement National, Jordan Bardella. 2024 aura été pour lui un véritable ascenseur émotionnel, l’emmenant d’une victoire aux élections européennes de juin à la possibilité, avortée, de devenir premier ministre en passant par la sortie de son premier livre, pour finir par une 10ème place (et 1ère figure politique) du top 50 des personnalités préférées des Français publié par le JDD.

Et c’est justement sur ce livre, intitulé ce que je cherche, que je souhaitais revenir aujourd’hui. Étant davantage éloigné de l’actualité politique que par le passé, je reconnais ne pas bien connaître Jordan Bardella et n’avoir jamais regardé une de ses interventions télévisées. La sortie de ce livre, couplée aux évènements de 2024, aura donc représentée l’occasion de m’intéresser davantage au personnage. Car comme je l’indiquais précédemment, il est fort probable que celui-ci continue son ascension dans la vie politique française. Et ce à plus ou moins courte échéance dans la mesure où le dauphin officiel de Marine Le Pen pourrait être amené à la suppléer plus rapidement que prévu en cas de condamnation dans son procès relatif aux assistants parlementaires européens du FN/RN.

Et c’est d’ailleurs à Marine Le Pen qu’est consacré, de manière symbolique, le dernier chapitre du livre. Quelques pages qui retracent l’évolution du tandem depuis leur rencontre en 2016 jusqu’à leurs relations actuelles et qui montrent notamment la relation de confiance et de respect qui existe entre les deux protagonistes. L’objectif étant clairement de réfuter les doutes émis quant à leur duo mais également les velléités de potentiel matricide qui seraient les siennes. Bien évidemment cela n’assure en rien de sa sincérité et peut ne révéler que d’un coup de communication mais ne pas le réaffirmer ici aurait été une erreur. Méfiance dirons toutefois certains lorsque l’on connait le sort réservé par le passé aux numéros 2 du FN …

S’agissant du parti justement, il n’en est finalement que peu question en tant qu’organisation politique dans la mesure où le livre se veut davantage personnel. La seconde partie de l’ouvrage est ainsi largement consacrée à son passé, sa jeunesse et son ascension progressive depuis son engagement suite au débat Marine Le Pen/Jean-Luc Mélenchon du 23 janvier 2012 sur France 2 à sa candidature comme tête de liste aux européennes de 2019 à 23 ans en passant par son passage comme dirigeant de la branche jeune du parti.
La carte du témoignage personnel est ici ouvertement jouée lorsqu’il est question de son prénom, du lien avec son origine sociale et surtout des difficultés que cela représente de le porter, en particulier dans des milieux politiques plutôt aisés. Il est d’ailleurs plusieurs fois question de sa jeunesse passée dans une cité de saint Denis avec la présence de trafics, de violence … L’idée est indéniablement de mettre en avant ses origines populaires pour se distinguer des autres dirigeants politiques.
Plus encore, et l’objectif du livre étant là, cette partie vise à distiller ci et là confidences et anecdotes personnelles pour fendre l’armure et humaniser le personnage. Ainsi en est l’expression de ses doutes sur sa capacité à réussir, à ne pas décevoir, sur sa légitimité. Mais également sur les sacrifices de la politique, le sacerdoce que cela représente ainsi que la dureté et la violence des campagnes politiques.

Mais bien qu’il ne s’agisse pas d’un livre programmatique au sens strict du terme, Jordan Bardella en profite malgré tout pour distiller quelques éléments structurants de sa pensée : récompense du travail, lutte contre l’insécurité et l’immigration, défense du pouvoir d’achat, soutien à la filière nucléaire, promotion de la souveraineté nationale, rejet du wokisme … Des idées généralement associées à la droite dont il se revendique plutôt ouvertement au demeurant, contrairement à Marine Le Pen qui défend un positionnement ni gauche, ni droite. Il évoque d’ailleurs la nécessité de rassembler classes populaires et bourgeoisie conservatrice, à l’instar de Nicolas Sarkozy en 2017. Sur le même registre, il évoque Eric Zemmour pour le cataloguer comme trop radical, trop excessif, trop caricatural et doute de sa capacité à devenir un homme d’État. Enfin et pour enfoncer le clou, plusieurs charges véhémentes sont portées à l’encontre de Mélenchon et LFI.

Évidemment d’autres aspects sont évoqués au cours des quelques 300 pages : campagne des européennes et législatives, préparation en vue de la constitution d’un gouvernement de cohabitation, résultats du second tour des législatives et tentatives d’explications de l’échec (alliance macronistes/NFP avec des retraits au profit de l’autre, candidatures problématiques avec buzz médiatiques, mobilisation des médias pour chercher la moindre erreur), abandon du monde rural …

Alors au final, on achète ou pas ?
Déjà fait pour ma part. Plus sérieusement, ce livre me parait plutôt intéressant dans la mesure où il allie témoignages personnels et aspects plus idéologiques. Bien évidemment il s’agit d’une opération de communication/séduction visant à mettre en lumière l’auteur et à donner une image positive et affable, pour ne pas dire de gendre idéal. Et sur ce point l’objectif est rempli.
Sera-ce suffisant pour s’affranchir de l’étiquette d’extrême droite et séduire un électorat plus large ? Réponse lors des prochaines élections mais sans aucun doute c’est ce que cherche à faire Jordan Bardella.
 

 

lundi 23 décembre 2024

Bayrou ou la mise en œuvre du slogan de la Maaf !

Je le serai un jour, je le serai !
Telle pourrait être l’adaptation du slogan de les assurances Maaf pour notre nouveau premier ministre François Bayrou. 


Car il aura en effet fallu faire preuve de patience au plus célèbre des Béarnais pour enfin obtenir le graal. Certes pas celui dont il rêvait (la présidence de la République) mais un poste de premier plan malgré tout. 


Une prouesse somme toute inespérée tant Bayrou revient de loin. Qui plus est lorsque l’on sait que le poste a failli une fois de plus lui passer sous le nez au profit, selon les rumeurs, de Sébastien Lecornu. 


Mais le tout n’est pas d’être nommé. Encore faut-il exercer le pouvoir, former un gouvernement et plus encore assurer son maintien en poste. Et rien n’est encore fait. 


Première étape franchie aujourd’hui avec l’annonce de la composition du gouvernement en ce 23 décembre. Si j’avais quelques espoirs quant au gouvernement Barnier, en raison notamment de la qualité du premier ministre, force est de reconnaître  que ce n’est pas le cas pour celui de son successeur. Outre le fait que je n’ai que peu d’accointances avec Bayrou, il apparaît que la brochette de ministres de ce nouveau gouvernement ne fait clairement pas rêver. Beaucoup (trop) de revenants, qui pour la plupart ont échoués à la tâche, pour espérer un réel changement. Bref, une classique continuité qui s’inscrit parfaitement dans la philosophie du « en même temps ». 


Et pourtant, pouvait-il en être autrement ? Assurément non. D’une part, en raison du contexte politique actuel qui incite à rechercher un large consensus afin d’éviter la censure. D’autre part, du fait même de la personnalité du premier ministre, incarnation sans faille d’un centrisme européiste vieillissant. 


Quoi qu’il en soit, il faudra faire avec cette équipe gouvernementale, a minima pour les prochaines semaines. Sauf surprise, sa durée de vie devrait être sensiblement identique à celle du gouvernement Barnier. Voire inférieure tant les débuts du premier ministre ont été maladroits, voire houleux : conseil municipal à Pau, polémique sur le cumul des mandats …


Souhaiter un échec de François Bayrou et son gouvernement n’est toutefois pas une solution tant la situation est déjà critique. Il faut au contraire espérer qu’un budget soit adopté le plus rapidement possible et que celui-ci soit le moins fiscalement douloureux. Ce qui n’est déjà pas gagné …

mercredi 4 décembre 2024

Ci-gît le gouvernement Barnier

5 septembre 2024 – 4 décembre 2024
Telle sera la date apposée sur la tombe du gouvernement Barnier suite au vote de la censure par une majorité de députés en fin de journée. Presque 3 mois au pouvoir pour un premier ministre si difficile à trouver. A moins que cela ne soit pire pour le prochain.

Les avis sont tranchés quant au sort de Michel Barnier et de ses ministres. Certains exultent et n’attendaient que cela, d’autres regrettent le gâchis et s’inquiètent de la suite des événements. Je dois avouer me ranger dans la seconde catégorie car ce premier ministre n’était pas pour me déplaire. Évidemment tout n’était pas parfait, bien sûr que certains membres du gouvernement n’étaient pas ma tasse de thé mais au vu des circonstances, cela aurait pu être (bien) pire. Sans parler naturellement de l’hypothèse d'un gouvernement LFI/NFP.

Le gouvernement est donc tombé suite au recours à l’article 49-3 sur le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) et au dépôt de deux motions de censure portées par le NFP et le RN. Seule la première a toutefois été votée puisque la majorité aura été atteinte. Il est toutefois probable que la seconde ne l'aurait pas été dans la mesure où les députés de gauche ne souhaitaient pas mêler leur voix à celles de leurs collègues du RN. Vaste hypocrisie puisque l’addition de l’ensemble des voix de ces groupes était nécessaire pour espérer obtenir une majorité.
C’est d’ailleurs la décision de Marine Le Pen et ses équipes de voter la censure qui a conduit à cette situation. Voilà pourquoi il a régulièrement été question que le RN avait pouvoir de vie ou de mort sur ce gouvernement et surtout pourquoi Michel Barnier s’est évertué à satisfaire autant que possible aux demandes du premier groupe de députés à l’Assemblée nationale.

Ce PLFSS n’est finalement qu’un prétexte et ne constitue pas en réalité l’enjeu des débats. Ceux-ci dépassent largement ce seul sujet et, allons même plus loin, la thématique du budget 2025. Là encore je reconnais que ce budget n’était pas à la hauteur avec trop de hausses d’impôts et pas assez de baisses de dépenses, notamment structurelles autour du fonctionnement de l’État et des organisations, opérateurs et autres agences en tout genre qui, comme dirait l’autre, coûtent un pognon de dingue. Mais n’oublions pas les circonstances, à la fois temporelles, politiques et économiques, dans lequel ce budget a été élaboré. L’idée n’est pas de chercher de quelconques excuses mais de sortir d’une simple logique d’affrontements stériles.

Quoi qu’il en soit, la messe est dite et finalement peu importe les motivations de vote de chacun (empêtrement juridique, batailles d’egos, désaccords de fonds …). Emmanuel Macron doit maintenant se mettre en quête d’un nouveau premier ministre dont la tâche ne sera d’ailleurs pas plus aisée que celle de son prédécesseur. Car in fine rien n’aura changé en termes d’équilibres politiques et donc de majorité puisqu’aucune dissolution n’est possible à ce stade. On prend donc les mêmes et on recommence.

L’autre alternative envisageable mais déjà écartée par le principal intéressé consiste en la démission du président de la République. Si cela était vraiment le cas, on pourrait considérer que la boucle serait bouclée puisque finalement tout ce capharnaüm n’est que la conséquence de la dissolution décidée par Emmanuel Macron en juin dernier. Pour autant, je crois que cela ne ferait qu’ajouter du chaos au chaos en exacerbant des tensions et divisions déjà vives dans la population et le pays.

Les prochains jours et prochaines semaines n’augurent alors rien de bon et il n’est pas certain que la traditionnelle trêve des confiseurs vienne apaiser les esprits. Il serait pourtant préférable que nos dirigeants s’inspirent des valeurs de noël afin de sortir notre pays du bourbier dans lequel il se trouve.

samedi 19 octobre 2024

Et si on recréait la taxe d’habitation ?

L’examen du projet de loi de finances 2025 a donc commencé ces derniers jours à l’Assemblée nationale. Et je dois reconnaître être quelque peu consterné par ce qui s’y passe actuellement. Nos chers députés, en particulier côté NFP, rivalisent d’ingéniosité pour nous assommer de taxes en tout genre. Chacun y va ainsi, y compris en provenance du Mouvement Démocrate, de son amendement visant à accroître la pression fiscale alors même que notre pays connaît déjà un niveau de prélèvement obligatoire très (trop ?) élevé atteignant 43,2% du PIB en 2023.

Difficile de croire alors que l’on vive dans le même monde que ces gens-là, eux qui évoluent sous les ors de la République grâce à nos impôts justement (peut-être une piste d’économie d’ailleurs). Rien n’est évidemment définitif pour le moment et il faudra attendre le vote en séance plénière pour être fixé. Il semblerait pourtant que le volet réduction des dépenses, si ce n’est sur les aspects liés à la sécurité sociale par exemple, soit peu fourni. Mais cela est-il tant étonnant de la part de ceux qui bénéficient à plein de l’argent public ? Sans tomber dans un discours purement démagogique, peut-être faudrait-il revoir à la baisse le budget de nos dirigeants (Élysée, Matignon, Parlement …) tout en sabrant allègrement dans le nombre de conseils, comités et autres organismes étatiques en tout genre dont l’utilité est pour le moins contestable. 


Mais laissons pour l’heure de côté les questions de réduction des dépenses pour revenir au sujet du jour, à savoir la réhabilitation de la taxe d’habitation. Si le retour de ce dispositif supprimé par Emmanuel Macron à partir de 2018 pourrait paraître contradictoire avec ma critique de la recrudescence de la pression fiscale, il n’en est rien. En effet, rappelons-nous que cette suppression annoncée comme un gain de pouvoir d’achat n’est en réalité qu’une vaste supercherie qui a permis certes un gain pour les locataires mais a surtout représenté une véritable gifle fiscale pour les propriétaires du fait de la hausse massive de la taxe foncière, en particulier par les communes (sans compter les effets néfastes de l’inflation sur la revalorisation des bases). Ce qui a été donné de la main gauche a donc été récupéré rapidement et plus amplement par la main droite. 


Plus encore, au delà de la pénalisation financière des propriétaires, il s’avère que cette réforme présente un problème de fond d’après moi dans la mesure où elle conduit à couper le lien entre l’habitant et le territoire sur lequel il réside. De fait, cela revient à faire supporter le fonctionnement des services et infrastructures locaux aux seuls propriétaires sans participation de ceux qui in fine en profitent le plus, c’est à dire les habitants de la commune en question. 


L’idée serait donc bien de revenir à une logique de financement par l’usager, ou tout du moins en partie afin d’une part de recréer ce lien avec le lieu d’habitation et d’autre part de davantage les responsabiliser en les associant au développement de leur ville. En ce sens, cela s’inscrit dans la même logique pour moi que le fait que chacun devrait payer un impôt sur le revenu à la hauteur de ses moyens. 


Faut-il alors revenir sur les mêmes mécanismes qu’auparavant ou développer un nouveau dispositif ? Je dois reconnaître ne pas avoir de réponse toute faite sur le sujet et la question mérite d’être étudiée de manière plus approfondie par des experts en fiscalité. Ce que je crois en revanche c’est que la charge fiscale doit être répartie entre celui qui possède le bien et celui qui y habite car tous deux bénéficient de manière plus ou moins directe des services et infrastructures de la commune. 

Et outre une logique d’équité et de justice fiscale, cette réforme permettrait d’alléger une partie des nombreuses contraintes (DPE, taxe foncière, impayés …) pesant sur les propriétaires bailleurs. 


Car sur ce sujet comme sur d’autres, à trop décourager l’investisseur et le propriétaire bailleur, notamment issu des classes moyennes, ce sont les plus précaires d’entre nous qui en paieront le prix par effet collatéral. 

mercredi 2 octobre 2024

Habemus gouvernementam !

Si le choix d’un premier ministre a été long et éprouvant, la constitution du gouvernement n’a pas pour autant été de tout repos. Et c’est finalement le 21 septembre que la tant attendue fumée blanche est apparue, 16 jours après la nomination de Michel Barnier à Matignon.

Ceux qui ne s’attendaient à rien n’auront pas été déçus, quant aux autres … Mais laissons sa chance au produit comme dirait l’autre. Car même si peu de ministres semblent sortir du lot, reconnaissons que l’équilibre n’était pas aisé à trouver au vu de toutes les contraintes et injonctions contradictoires. Pour autant Michel Barnier a pour l’heure réussi l’exercice réunissant certes un grand nombre de personnalités inconnues du grand public mais également quelques poids lourds (actuels ou anciens) de la vie politique française (Bruno Retailleau et Didier Migaud notamment), sans compter des membres des gouvernements sortants.

Bien évidemment, nos chers amis du Nouveau Front Populaire ont eu beau jeu de crier au scandale. Posture somme toute attendue dans la continuité des précédentes prises de position qui s’est d’ailleurs prolongée hier suite au discours de politique générale de Michel Barnier. Plus encore, le comportement de certains députés, notamment LFI, me parait tout à la fois puéril, déplacé et irresponsable. Si cela s’inscrit dans la droite lignée de la précédente mandature, il n’en reste pas moins que cela ne grandit pas notre classe politique et ne tend pas à rassurer sur la capacité à gouverner de certains.

Toute cette esbroufe était-elle au final nécessaire au vu du discours du premier ministre ? Assurément non d’après moi. Clairement Michel Barnier n’a pas renversé la table ni promis le grand soir mais cela n’est pas le genre de la maison. Il a malgré tout réussi, je crois, à s’inscrire dans une certaine continuité programmatique tout en y mettant sa patte et en donnant des gages à gauche et à droite. Augmentation du SMIC et mise à contribution des grandes entreprises et des plus fortunés d’une part, maitrise de l’immigration et simplification administrative d’autre part en passant par une réflexion sur le scrutin proportionnel et la politique du logement.

En somme, et à première vue, de quoi satisfaire largement et s’attirer les bonnes grâces au-delà de son propre camp. Toutefois, tout ceci ne relève pour l’heure que du domaine des paroles et l’épée de Damoclès de la censure continue toujours de planer au-dessus des têtes du nouveau gouvernement. Seuls des actes forts et une réelle démarcation avec le début du quinquennat permettront d’assurer une relative longévité à l’équipe en place.
Wait and see comme disent nos amis anglais.  

 

vendredi 6 septembre 2024

Michel Barnier à Matignon : tout ça pour ça ?

Il fut un temps où TF1 diffusait une saga de l’été, téléfilm à suspense en plusieurs épisodes. Si la tradition semblait révolue, Emmanuel Macron prit visiblement le parti de la ressusciter en 2024. On retrouve dans les deux cas les mêmes ingrédients : casting XXL, rebondissements à foison … Mais le dénouement de l’histoire était nettement meilleur sur la première chaine privée d’Europe.

Tout commença par des élections européennes en juin 2024. Élections dont chacun connait l’issue et qui débouchèrent sur une dissolution de l’Assemblée nationale suivie d'élections législatives. Alors même que le président appelait à un moment de clarification, ces dernières semaines n’ont finalement été qu’un énorme maelstrom qui n’auront fait qu’éloigner, comme s’il le fallait encore, la base de nos élites.

Près de deux mois auront donc été nécessaires pour aboutir enfin à la nomination d’un premier ministre. Deux mois laborieux au cours desquels notre pseudo maitre des horloges a prêché le vrai et le faux, distillant çà et là des noms parfois plus surprenants les uns que les autres. De (trop) nombreuses semaines qui auront mis le pays sous tension et jeté le discrédit sur notre classe politique, le président au premier chef. Faut-il pour autant parler de dictature, de déni démocratique et autres accusations de totalitarisme ? Assurément non, sauf à se vautrer dans une posture politique comme le fait allègrement une partie de la gauche.

Cela étant, nous avons donc dorénavant un premier ministre en la personne de Michel Barnier. Formidable contraste toutefois entre la modernité, au moins dans la forme, de Gabriel Attal et le classicisme de Michel Barnier. Point positif de l’histoire, le républicain de 73 ans a au moins le mérite de l’expérience, de la connaissance des institutions et possède une stature internationale. Existait-il un meilleur candidat ? Possiblement mais celui-ci n’est pas pour autant le pire, loin s’en faut. Reste à voir maintenant la politique qui sera menée et surtout les marges de manœuvre dont disposera le premier ministre, sans parler de sa durée de vie évidemment.

Mais après tant de suspense, pourquoi sent-on poindre alors un sentiment de déception ? Ne serait-ce pas finalement parce que la montagne a accouché d’une souris ? Tant de palabres et temps perdu pour ressortir in fine une carte maintes fois jouée. Gageons toutefois que nous ne sommes pas au bout de nos (mauvaises) surprises avec la nomination prochaine, enfin on l’espère, des différents membres du gouvernement.