S’il ne fallait retenir que deux thématiques qui occupent fortement l’espace médiatique ces dernières semaines, le choix serait somme toute aisé : les turbulences en matière économique, notamment sur les marchés financiers et la dégradation du climat géopolitique mondial. Avec en point commun, pour ne pas dire causal, les États-Unis et plus particulièrement Donald Trump.
L’idée n’est pas de revenir dans le détail sur les différents événements depuis l’élection du président américain. Précisons toutefois deux choses à destination des vierges effarouchées situées de ce côté-ci de l’Atlantique. D’une part, Donald Trump a été élu pour défendre les intérêts de son pays, y compris s’ils sont contraires avec ceux du reste du monde, alliés inclus. D’autre part, Trump ne fait que mettre en œuvre le programme pour lequel il a été choisi (assez étonnant vu de chez nous je vous l’accorde), que cela plaise ou non.
Rappelons également que je tenais déjà des propos similaires en 2008 au sujet de Barack Obama. Mais différence de taille pour certains, le président démocrate incarnait le bien alors que le républicain est au contraire le mal incarné.
Cela étant dit, rien ne sert de se lamenter sur son sort et de conspuer l’oncle Sam. Cela ferait d’ailleurs doucement rigoler les équipes de la Maison Blanche.
Considérons à l’inverse cette conjoncture, comme une opportunité, ou dit plus crûment comme un coup de pied aux fesses, visant à reprendre en main notre destin. « Les États n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts » disait le général De Gaulle. En voici une énième preuve, en espérant que celle-ci serve réellement de leçon.
Mauvaise pioche semblerait-il néanmoins, en particulier en matière militaire. Chacun aura compris qu’un climat de dissensions que l’on pensait dépassé ressurgit à nos frontières. Sans être pour autant catastrophiste, il semble malgré tout préférable de se préparer au pire ou en tout cas de se donner les moyens d’y faire face.
Point positif, nous disposons d’une nette avance sur nos voisins grâce à l’héritage du passé : dissuasion nucléaire, forces armées formées, siège au conseil de sécurité de l’ONU. Bien que ce legs n’ait pas été suffisamment entretenu et développé à mon sens, il n’en reste pas moins qu’il constitue une base solide sur laquelle s’appuyer.
Cela ne signifie pas pour autant qu’il faille se reposer sur ses lauriers. Bien au contraire, cela nous oblige à prendre les décisions qui s’imposent de manière rapide et ambitieuse. Pour le dire clairement, il s’agit d’augmenter sans tergiverser nos dépenses en matière de défense et d’investir massivement dans du matériel militaire de pointe, afin notamment de reconstituer nos stocks en armements et équipements dont une partie a été cédée à l’Ukraine.
Bien évidemment tout cela aura un coût qui pèsera sur les comptes de la nation. Mais notre pays peut et doit se le permettre car les conséquences potentielles en cas de manquement seraient bien pires. Nombre d’économies sont possibles afin de dégager les marges de manœuvre nécessaires. Sans compter les retombées positives de ces investissements sur l’économie et l’emploi.
Pourquoi donc tant de blabla alors que les choses paraissent si simples ? Au risque de paraître caricatural, la réponse tient pour moi en deux points : administration et dogmatisme européen.
Je ne m’étendrais pas sur le premier aspect tant les lenteurs administratives et les lourdeurs procédurales sont de notoriété publique.
Le second paramètre est lui tout à la fois plus prépondérant et plus problématique. Aboutir à des convergences au niveau européen sera évidemment plus long et plus complexe à obtenir que la mise en œuvre d’une décision unilatérale. Il est d’ailleurs clair qu’aucune ligne de conduite commune ne se dégage et qu’il existe un risque non négligeable que la décision collective desserve nos intérêts.
Pire encore, le serpent de mer de la défense européenne refait à nouveau surface. Concept somme toute illusoire mais qui revient cette fois-ci avec une nouvelle facette hautement sensible, à savoir le partage de notre dissuasion nucléaire. Idée sans conteste lumineuse avancée par notre président qui consiste à subsister un bouclier nucléaire français à sa version américaine, nous obligeant à devenir le chaperon de nos voisins européens et donc à assumer de fait leurs éventuels errements. Un pari clairement risqué en ces temps troublés qui va à l’encontre de l’intérêt supérieur du pays.
Au vu des enjeux et des implications, je crois que la décision ne peut relever de la seule volonté présidentielle. Elle nécessite a minima un débat parlementaire digne de ce nom, voire même une consultation du peuple pour trancher en dernier ressort.