mardi 22 octobre 2013

Affaire Leonarda : circulez, y'a rien à voir !

Cela fait maintenant plusieurs mois que je n'avais pas repris le clavier. Un temps beaucoup trop long depuis ce dernier article en date du 25 mai 2013 où je me félicitais justement de la pérennité de ce blog. Cela étant, divers éléments tant personnels que professionnels m'ont tenu éloigné de mon activité d'écriture. Entrant, je l'espère, dans une période normalement plus calme pour moi, je vais donc essayer de reprendre la plume de manière régulière.
 
Et quoi de mieux pour ce retour que de consacrer un article à la fausse polémique du moment, à savoir la fameuse affaire Leonarda. En effet, je trouve que toute cette histoire est particulièrement révélatrice de l'état de notre pays.
 
Commençons tout d'abord par un rapide rappel des faits.
Leonarda est une jeune fille de 15 ans qui a été renvoyée au Kosovo avec sa famille suite à une décision de justice. Il s'agit là d'une procédure tout à fait ordinaire qui a lieu fréquemment dans notre pays. En revanche, il est un élément qui a mis le feu aux poudres et dont découle la suite des évènements. A leur arrivée au domicile de la famille, les forces de l'ordre se sont aperçues de l'absence de Leonarda qui était en sortie scolaire. Après discussion, il a finalement été décidé d'aller chercher la jeune fille sur le lieu de sa sortie, ce qui a été fait sans problème particulier.
 
Jusque là tout se passait normalement en application et dans le respect de la loi française comme le confirmera le rapport de l'IGA (Inspection Générale de l'Administration) demandé par Manuel Valls, le ministre de l'Intérieur. Mais à l'ère du tout communication, cette procédure a rapidement fait le tour du web et certains se sont insurgés d'une telle interpellation en milieu scolaire. Partant de là, les choses ont rapidement dégénéré avec des cris d'orfraie venus de toute part et la prise à partie du ministre en charge du dossier. Pire, le président de la République est même descendu dans l'arène pour au final ne pas vraiment trancher le problème.
 
Au détour d'un article ou d'une interview, l'expression de "dictature de l'émotion" a été utilisée. Et je crois que celle-ci résume parfaitement la situation autour d'une procédure finalement banale. Car en fin de compte, si cette affaire prend des proportions extraordinaires, c'est justement car l'émotion a pris le pas sur la raison. En effet, et le rapport publié par le ministère de l'Intérieur le prouve, aucune faute ni erreur n'ont été commises. Bien au contraire, l'ensemble des règles ont été respectées à la lettre. Fort heureusement d'ailleurs car je n'ose imaginer les réactions des bien-pensants de gauche en cas de faute de la part des forces de l'ordre.
 
En définitive, et le rapport le pointe également, la seule critique qui peut être faite est le manque de discernement dans l'interpellation de Leonarda. Autrement dit, il aurait été préférable de ne pas intervenir lors de cette sortie scolaire. Bref, rien à reprocher sur le plan légal.
Mais dès lors que l'on sort du champ rationnel pour tomber dans le registre de l'émotion justement, certains individus se sont largement répandus dans les médias pour exprimer leur mépris et condamner cette intervention. Pour faire simple, et en caricaturant à peine, il serait, selon eux, honteux d'expulser Leonarda et sa famille, notamment car celle-ci serait scolarisée. A l'inverse, il faudrait les accueillir parmi nous et leur offrir la possibilité de rester sur le territoire français. Certains, bien inspirés s'il en est, ont fait référence aux rafles et quelques lycéens ont eu l'excellente idée de manifester pour exprimer leur soutien. On voit bien là toute la mesure et la pondération de ces individus.
 
Quel angélisme de la part de cette gauche complètement déconnectée des réalités de son peuple !
Quelle bêtise de la part de ces jeunes qui participent à des évènements qu'ils ne comprennent qu'à moitié et qui les dépassent !
Quel boulevard offert (sciemment ?) au Front National par nos dirigeants politiques !
Bref quel gâchis …
 
Car à y regarder de plus près, cette expulsion est on ne peut plus légitime. Et ce fameux rapport a au moins le mérite de replacer les choses dans leur contexte. Ainsi, l'ensemble des demandes et recours de cette famille ont été rejetés par la justice. Contester cette expulsion revient donc à nier et renier la Justice de notre pays.
Par ailleurs, et c'est un biais particulièrement abject de certains médias, les Dibrani sont présentés comme une famille exemplaire. Là encore, le rapport en question remet sérieusement en cause ce point de vue et apporte des éléments plus qu'intéressants. De fait, je cite, "M. Dibrani n'a jamais donné suite aux propositions d'embauche qui lui étaient faites, et il ne cachait pas attendre le versement des prestations familiales qui suivraient sa régularisation pour assurer un revenu à sa famille. De plus, M. Dibrani a été́ placé en garde à vue pour un cambriolage le 14 octobre 2010 et a aussi été́ mis en cause comme auteur dans un vol commis dans une déchetterie."
Parallèlement à cela, et entachant considérablement l'image d'élève modèle de la petite Leonarda, le rapport nous informe que "selon les données recueillies par la mission, les absences de Leonarda au collège sont de 66 demi-journées en 6e, 31 en 5e, 78 en 4e et 21 1/2 depuis le début de l'année scolaire actuelle."
 
En somme, et contrairement aux dires de certains, nous avons affaire là à des individus qui ont menti pour entrer sur le territoire et qui sont venus en France sans intention manifeste de s'intégrer dans le but de profiter des aides sociales accordées par notre pays.
En conséquence de quoi il ne me parait pas illogique, pour ne pas dire qu'il est tout à fait normal, que ces personnes soient expulsées. En cela je soutiens donc Manuel Valls qui est l'un des rares ministres du gouvernement que j'apprécie et qui fait correctement son travail.
 
A l'inverse, et une fois n'est pas coutume, je déplore l'action du chef de l'État. S'il est naturel que celui-ci réaffirme que la loi doit être respectée par tous, il est plus surprenant en revanche qu'il ait laissé une porte ouverte à Leonarda car cela revient à contredire en quelque sorte la première partie de ses propos. En fait, en cherchant à ménager la chèvre et le chou comme à son habitude, François Hollande s'est employé à mécontenter tout le monde. D'ailleurs, comment imaginer séparer une enfant de sa famille ? Là encore, le président a fait preuve d'un manque flagrant de fermeté. Sans compter que le chef de son propre parti n'a pas hésité à critiquer cette prise de position, remettant ainsi encore davantage en question une autorité déjà bien fragile.
 
Parallèlement à ce cas particulier qui n'aurait finalement jamais du prendre autant d'ampleur, cette histoire soulève un certain nombre de questions dont deux qui m'ont particulièrement interpellé.
La première concerne la mobilisation des lycéens. Personnellement j'ai beaucoup de mal à la comprendre. Pire je désespère de constater que cette génération paumée est capable de se désintéresser de problématiques stratégiques pour son avenir (emploi, retraites, europe …) et de se mobiliser pour des microphénomènes qu'elle ne comprend qu'à moitié. Je trouve donc que ces manifestations lycéennes sont tout à la fois futiles et malvenues. On peut certes admettre que les camarades de classe de la jeune fille souhaitent qu'elle reste parmi eux mais où se trouve la légitimité des autres lycéens ?
La seconde concerne l'argument de la scolarisation des enfants pour contester une expulsion. Pour moi celui-ci est nul et non avenu dans la mesure où cette scolarisation ne constitue pas un motif d'autorisation pour rester sur le territoire français. Il s'agit là d'une chance offerte aux clandestins que de pouvoir mettre leurs enfants à l'école alors même que ceux-ci n'ont pas le droit d'être en France. Il est donc paradoxal d'invoquer cet élément pour rester.
A mon sens la règle est simple, si une personne n'a pas le droit d'être sur le territoire français alors elle doit être expulsée. C'est la loi, elle doit être appliquée et chacun doit la respecter.
Dura lex, sed lex comme le dit la locution latine.