mercredi 28 mars 2012

Car le pédagogisme tue l'école


Une "quinzaine sans devoirs" à la maison : parents d'élève et enseignants lancent à partir de lundi 26 mars une campagne contre cette pratique qui perdure, malgré des doutes sur son "utilité".
Dans un communiqué, FCPE et ICEM (Institut Coopératif de l'Ecole Moderne) rappellent que les devoirs écrits sont interdits dans le primaire depuis 1956. Les devoirs sont une "cause d'inégalités pour les enfants qui n'ont ni le temps ni les moyens d'être aidés", explique une responsable nationale à l'ICEM, partisan de la pédagogie Freinet, fondée sur l'expression libre des enfants.
Source : lemonde.fr
 
Comme nombre de sujets récurrents, la question des devoirs à la maison revient fréquemment sur le devant de la scène. Il n'est donc pas surprenant qu'une nouvelle charge soit conduite contre ceux-ci tant ils sont l'expression d'une opposition, d'un clivage plus large que ce point particulier.
 
Mais commençons tout d'abord par le cas qui nous intéresse et dont il est fait mention dans l'article. Évidemment la question des devoirs est polémique. Je dirais même plus qu'il s'agit d'un sujet de discorde important au sein des familles. Pour autant il serait trop simple d'invoquer ce seul argument pour les abolir.
 
Bien que les devoirs soient officiellement interdits en primaire depuis 1956, ce qui prouve que notre cadre législatif doit être réactualisé, je crois que ceux-ci sont légitimes et nécessaires. Ainsi, et ce pour des raisons différentes (effectifs, manque de temps, programmes trop denses ...), il n'est pas possible de réaliser l'intégralité du travail scolaire en classe, impliquant alors de le faire en partie à la maison. Par ailleurs, je considère que les devoirs, s'ils sont effectués correctement, permettent à l'élève de mettre en application et/ou d'approfondir ses connaissances par ses propres moyens, ce qui lui permet de gagner en autonomie.
 
Alors bien sûr certains me rétorqueront qu'un tel système accroît les inégalités entre ceux qui peuvent se faire aider et les autres ou entre ceux qui évoluent un environnement propice au travail et les autres. Effectivement cela n'est pas faux. Mais alors sous prétexte de ne pas léser certains nous devrions pénaliser tout le monde ? J'ajoute d'ailleurs que la suppression des devoirs n'empêcherait pas les parents qui le peuvent de payer des cours à leurs enfants, justement pour palier les carences de l'école.
 
La problématique des devoirs n'est donc qu'un micro-problème qui doit s'insérer dans une réflexion plus vaste autour de la question de l'école. A l'origine cette institution avait pour vocation de transmettre des savoirs, d'instruire les élèves. Or depuis plusieurs années maintenant, il apparaît que, sous la pression toujours plus forte de pédagogistes, l’Éducation Nationale a perdu de vue cet objectif au combien essentiel. Ainsi, l'école s'est vue confier de plus en plus de responsabilités : apprentissage des règles de vie, ouverture à la culture et aux langues ... Pire, l'école est maintenant sensée être un lieu de vie où les élèves passent du bon temps.
 
Clairement je crois que cette dérive explique, pour grande partie, les problèmes que rencontre aujourd'hui notre système éducatif (violence, baisse de niveau ...). En accordant une place de plus en plus importante au bien-être de l'élève plutôt qu'à sa bonne instruction, nos dirigeants successifs ont complètement dénaturé et déstructuré l'école de Jules Ferry. En fait, comme le reste de la société, l'école souffre du règne de l'enfant-roi.
 
Deux alternatives s'offrent alors à nous : soit continuer sur la même lancée, c'est-à-dire vers un consumérisme rampant de l'école avec toutes ses nouvelles évolutions (cours à la carte, développement de matières annexes, mise en place d'activités sportives l'après-midi), soit décider de reprendre en main l’Éducation Nationale afin de la réorienter vers son objectif originel qu'est l'instruction.
 
Personnellement, je suis plutôt partisan de la seconde solution. Cela ne sera certes pas facile, voire même complexe vu la tournure prise par les évènements ces dernières années, mais je suis convaincu que les résultats seront à la hauteur du défi qui nous attend. Plus que des réformes, chaque ministre ayant voulu laisser son empreinte, c'est d'un réel projet dont notre école a besoin. Et pour un chantier tel que celui-ci, d'une telle envergure, il est impératif d'associer toutes les parties prenantes, et notamment les enseignants, afin de s'assurer de son succès.
 
Dire que j'ai les réponses à ces questions serait à la fois présomptueux et mensonger. En revanche, mes réflexions personnelles m'ont conduites à envisager quelques pistes.
En premier lieu, et malgré le climat ambiant, je crois que des augmentations de moyens, ou éventuellement des réallocations entre zones, sont nécessaires afin de donner à chacun un cadre propice à l'apprentissage. Cela passe en priorité par une diminution du nombre d'élèves par classe afin de permettre un meilleur accompagnement des élèves les plus en difficultés.
 
Ensuite, je crois nécessaire de réorienter les cours vers les savoirs fondamentaux, en particulier en primaire. Nous devons impérativement mettre le paquet sur la lecture, l'écriture et le calcul tant il s'agit de notions stratégiques qui conditionnent le reste de la scolarité et plus largement de la vie des enfants. De fait, comment ne pas être en marge de la société lorsque l'on ne sait ni lire ni écrire.
 
En outre, il me semble nécessaire de lutter contre l'échec  scolaire, et ce dès le plus jeune âge. A mon sens, cela nécessite de développer le système "d'études" après 16h30, qui consiste à aider les élèves à faire leurs devoirs ou à leur réexpliquer certaines notions. De même, il me paraît intéressant de chercher à développer le soutien scolaire en petits groupes, au sein même des établissements. Là encore le but est de permettre aux élèves les plus en difficulté de ne pas complètement décrocher.
 
Enfin, je crois fermement au retour de l'autorité dans les salles de classe. Depuis trop longtemps déjà, le rapport entre enseignants et élèves s'est dégradé au profit des seconds. Il n'est d'ailleurs pas neutre que le nombre de candidats aux concours de professeurs diminue d'année en année. De fait, il n'a jamais été aussi compliqué, voire risqué à certains endroits, d'enseigner alors même que les salaires ne sont pas mirobolants et que les exigences augmentent. Un travail doit donc être effectué en termes de revalorisation du métier (rémunération, formation ...) mais également au niveau de la discipline en classe et dans l'établissement ce qui passe notamment par une coopération avec la hiérarchie (souvent absente) et les parents (parfois démissionnaires).
 
En cette période de campagne présidentielle, il serait souhaitable que les différents candidats s'emparent réellement de la question de l'école afin de présenter clairement leurs propositions. Il s'agit là d'un sujet crucial et fondamental dans la mesure où il a des conséquences à la fois sur le présent et le futur. Malheureusement, pour l'heure, il semblerait que les candidats des principales formations politiques préfèrent s'écharper entre eux plutôt que de développer leur projet pour le pays.

lundi 26 mars 2012

De l'hypocrisie des enfoirés


Hier, alors que je regardais la télé, je suis tombé sur le clip des enfoirés. N'étant pas un grand mélomane, je laisserai de côté l'aspect musical. En revanche, ces images, qui montraient tout un tas de chanteurs, acteurs et autres célébrités en tout genre, m'ont incité à réfléchir sur le concept même du truc.
 
De quoi s'agit-il en réalité ?
Chaque année un certain nombre de personnalités se réunissent pour une série de concerts au profit des restos du cœur, dont l'un est diffusé sur TF1. Ces spectacles, et le disque afférent, permettent ainsi de récolter des fonds pour l'association. Evidemment, sur le principe, tout le monde trouve ça génial. Moi le premier d'ailleurs.
 
Mais je crois qu'il faut aller plus loin que cette première impression et s'attarder sur l'envers du décor. Tout d'abord, on peut remarquer que le nombre d'artistes tend à diminuer chaque année avec toujours les mêmes têtes et un nombre croissant de personnes qui refusent d'y participer. Ensuite, la troupe des enfoirés est jugée par certains comme une sorte de secte avec ses rites et ses clans, pratiques somme toute éloignées de la volonté affichée de solidarité et de fraternité. Enfin, il existe une grande différence entre le show pour la télévision et les autres prestations de la tournée.
 
Mais au-delà des enfoirés, qui ne sont finalement qu'un prétexte pour moi, je m'interroge sur la sincérité des artistes qui s'engagent pour des associations. Evidemment tous ne sont pas à mettre dans le même sac et généraliser ne serait pas forcément juste. Pour autant, je suis convaincu que beaucoup d'entre eux agissent de la sorte dans un but purement commercial afin de faire leur promo et d'avoir une bonne image auprès du public.
 
Mais alors me direz-vous, où est le problème si tout le monde y trouve son compte ?
Dans l'absolu, il ne semble pas y avoir de problème. Mais personnellement j'y vois une question de morale et de principe. Je trouve ainsi extrêmement hypocrite et malvenu le double discours, le double jeu de certains de ces artistes. En effet, comment peut-on oser appeler à la générosité des Français et critiquer les carences de l'Etat en matière sociale et, dans le même temps, faire le choix de s'exiler pour des raisons purement fiscales ?
 
Il est vrai que l'Etat présente des faiblesses au niveau de l'action sociale (hébergement d'urgence ...). Et on peut d'ailleurs se féliciter, si je puis dire, que des associations telles que les restos du cœur interviennent sur le terrain pour venir en aide aux plus démunis.
Evidemment que se devrait être à l'Etat d'effectuer ce travail et je crois que chacun préférerait que ces organismes disparaissent à tout jamais.
 
Malheureusement cela ne semble pas possible à brève échéance. Aussi, il me semble nécessaire de mener des actions à la fois au niveau des associations et à la fois au niveau de l'Etat.
S'agissant des associations, il s'agit bien évidemment d'assurer et de pérenniser leur fonctionnement par le biais des dons des particuliers et des dotations de l'Etat et des instances européennes. Mais je crois qu'il faut également permettre à la grande distribution de donner davantage de ses stocks en assouplissant la réglementation à ce niveau, en particulier en termes de date de consommation. De fait, il me semble complètement stupide que des magasins jettent de la nourriture alors même que des gens meurent de faim.
En ce qui concerne l'Etat, il me paraît impératif, à court terme, de dégager des crédits afin de construire davantage de structures d'accueil et de logements, sociaux ou non. On me rétorquera alors probablement que nous sommes en déficit chronique depuis des décennies etc. ... Mais si l'on peut trouver des fonds pour les banques ou pour faire des chèques aux bénéficiaires du bouclier fiscal, je suis persuadé qu'on pourra en faire autant pour les plus pauvres.
 
Quoi qu'il en soit, le problème de la pauvreté induit forcément de parler, à un moment ou à un autre, de solidarité nationale. Et inévitablement la question de l'impôt, de par son objectif de redistribution des richesses, devra être abordée.
 
Pour moi, le sujet de la fiscalité est très important dans la mesure où il conditionne en grande partie le modèle de société dans lequel on vit. Personnellement je considère que, dès lors que chacun jouit de l'action de l'Etat (aides sociales, infrastructures publiques ...), tout le monde doit payer des impôts en fonction de ses moyens. Cela signifie donc que les plus modestes comme les plus riches doivent contribuer à l'effort national. Et cela ne sera possible que par une remise à plat globale de toutes les niches fiscales et sociales qui existent aujourd'hui.
 
Au-delà de considérations purement budgétaires, certes légitimes, la question de la fiscalité doit être traitée dans son ensemble. Pour moi l'impôt est un puissant outil qui permet à l'Etat  d'impulser une dynamique. Ce sujet est d'autant plus stratégique qu'il constitue la pierre angulaire de notre fonctionnement collectif.
 
Voila pourquoi il me semble tout à fait pertinent et nécessaire de se pencher sur les différentes propositions des candidats à la présidentielle en matière fiscale. Plus que l'expression d'une pensée politique, je crois qu'elles sont le reflet d'un système de valeurs.
En somme, dis moi quel est ton programme fiscal et je te dirais quelle politique tu mèneras. L'exemple de Nicolas Sarkozy en 2007 en est d'ailleurs une excellente illustration ...

vendredi 23 mars 2012

François Hollande et l'europe : naïf ou menteur ?

La semaine dernière, François Hollande avait réuni à Paris une partie des dirigeants socialistes européens devant lesquels il a expliqué sa vision de l'Europe. Bien que ce discours ne nous apprenne rien de nouveau, j'en ai tout de même sélectionné quelques passages qui me semblent assez intéressants et qui, je crois, méritent de s'y attarder.
 
- "Renaissance de l’Europe. Une Europe nouvelle doit voir le jour, plus solide, plus solidaire, plus sociale."
Quelle belle idée que l'europe sociale, que l'europe qui protège ... Mais cela fait plus de trente que l'on nous la promet cette fameuse europe. Rappelez-vous des débats au moment du traité de Maastricht en 1992 ou à l'occasion du référendum de 2005. A gauche comme à droite, la plupart des responsables politiques nous promettaient monts et merveilles. On a bien vu le résultat : austérité, chômage, délocalisations ... Et j'en passe tellement la liste est longue.
Comment alors continuer à croire de telles sornettes après tant de mensonges ? Comment garder confiance en l'europe avec tout ce qu'elle nous a fait, en particulier au niveau du bafouement de la démocratie ?
 
- "Ma détermination sera entière, contrairement à celui qui annonce d’emblée qu’il quittera la table des négociations s’il n’est pas suivi. Parce que ce qu’il veut c’est renégocier les traités signés, ratifiés, appliqués depuis de nombreuses années. Non, je mettrai toute ma détermination non pas à quitter la table des négociations, mais à y rester tout le temps nécessaire pour obtenir la croissance, l’emploi, le développement, le progrès."
Une des grandes lubies de François Hollande est de renégocier les nouveaux traités. Traités que le Parti Socialiste a d'ailleurs contribué à faire voter en s'abstenant de manière courageuse. François Hollande va donc chercher à discuter avec ses homologues étrangers. Et en cas d'échec, il continuera encore et encore jusqu'à ce qu'il obtienne satisfaction ... ou qu'il soit sorti par les Français. Personnellement je crois qu'il faut savoir faire preuve d'un peu de véhémence, notamment en matière diplomatique et non se résigner à parlementer à l'infini. D'ailleurs il ne faut pas oublier que c'est grâce à la politique de la chaise vide que le général de Gaulle a obtenu la PAC (Politique Agricole Commune). Je suis donc convaincu qu'il ne faut pas hésiter à envoyer paître nos partenaires dès lors que nos intérêts profonds sont mis en cause, et cela d'autant plus que sans la France l'europe n'est rien.
 
- "Nous devrons aller vers de nouvelles avancées, vers la réciprocité des échanges commerciaux."
Ah le juste échange. Je reconnais bien là tout l'audace du PS qui n'ose pas appeler un chat un chat. Car ne nous voilons pas la face, le juste échange n'est ni plus ni moins que l'appellation politiquement correcte du terme protectionnisme, avec peut-être malgré tout une différence de niveau et d'intensité.
Reconnaissons toutefois les progrès de François Hollande sur ce sujet, notamment sous s'impulsion d'Arnaud Montebourg. Mais encore faut-il que cela ne soit pas que des mots et que cela se traduira en actes concrets. Permettez-moi malgré tout d'en douter car je ne peux mettre de côté le fait que Dominique Strauss-Kahn (ancien directeur du FMI) et Pascal Lamy (directeur général de l'OMC), tous deux socialistes, sont de fervents défenseurs du libre-échange.
 
- "L’Europe a besoin de l’Allemagne, parce que c’est une grande nation, parce que c’est une puissance économique, parce qu’elle est aussi une référence en matière de compétitivité et, aussi, de démocratie sociale."
Décidément, l'Allemagne semble obséder la classe politique française. Du PS à l'UMP en passant par le Modem, tous vantent le génialissime modèle allemand et nous incitent à imiter ce pays dans ses réformes visant à accroître la compétitivité. Je ne vais pas revenir une fois encore sur la réalité de l'économie allemande mais, par principe, je me méfie des individus qui admirent et font la promotion d'un système qui conduit à la précarisation du marché de l'emploi.
 
- "Je ne tiendrai pas deux langages, un langage à Bruxelles et un langage à Paris."
Je souhaitais finir par cette phrase car je la trouve tout simplement magnifique. En effet, il s'agit d'une hypocrisie de grande ampleur, que dis-je d'un mensonge éhonté malheureusement trop connu du grand public. Pour se rendre compte de la réalité des faits, il suffit simplement de s'intéresser aux votes des socialistes Français au Parlement européen ou, mieux encore, aux prises de position du PS sur les différents traités européens. La vérité ? Elle est très simple, les socialistes ont approuvé tous les traités (Maastricht, TCE, Lisbonne ...) et ont soutenu de manière quasi-systématique toutes les directives qui nous ont conduit dans la situation actuelle.
Pire, la récente interview du candidat au journal britannique The Guardian est consternante et illustre à merveille mes propos. Au Bourget, Hollande nous expliquait que la finance était son adversaire et qu'il allait la mettre au pas. Puis quelques jours plus tard, dans ce fameux journal, celui-ci rassurait les Anglais en affirmant qu'ils ne devaient pas avoir peur et que les socialistes, lors de leur passage au pouvoir, avaient largement libéralisés l'économie.
 
Comme je le répète assez souvent autour de moi, la politique ne se résume pas à des mots. Et pour juger de la crédibilité d'un homme, politique ou non d'ailleurs, il convient également de s'intéresser aux actes afin de s'assurer de la cohérence entre les deux. Car bien trop souvent l'adage "fais ce que je dis, pas ce que je fais" est la norme en politique. François Hollande et le PS n'échappent évidemment pas à cet implacable constat comme le montrent, et il en existe bien d'autres, les quelques exemples que j'ai cités.
 
L'europe est bien évidemment un sujet important pour notre pays, notamment dans un contexte de crise comme aujourd'hui. Mais c'est également le thème sur lequel les candidats jouent le plus les funambules car ceux-ci cherchent à ménager la chèvre et le chou, et ce d'autant plus depuis la montée en puissance du clivage en 2005. Nicolas Sarkozy, durant sa campagne de 2007, l'illustre d'ailleurs à merveille.
 
Bien que 2012 ne soit pas 2007, certains candidats nous resservent les mêmes formules que l'on entend depuis des décennies. Et à ce jeu là, François Hollande, Nicolas Sarkozy mais aussi François Bayrou sont les grands gagnants. Ou plutôt les grands imposteurs.
Il est une citation du général de Gaulle que j'aime rappeler assez fréquemment tant elle est pertinente. Et plus de 50 ans après, celle-ci est, malheureusement, toujours autant valable.
"Je n’aime pas les socialistes parce qu’ils ne sont pas socialistes, et je n’aime pas les miens parce qu’ils aiment trop l’argent."

jeudi 22 mars 2012

Affaire Merah, tout est mal qui finit mal


Voila maintenant plusieurs jours que le pays retient son souffle suite aux meurtres de Toulouse et Montauban. Le criminel ayant été mis hors d'état de nuire, il me semble donc venu le temps de réfléchir aux évènements de ces derniers jours.
 
Avant toute chose, et même si cela n'est que purement symbolique, je voudrais avoir une pensée pour ces hommes et ces enfants lâchement abattus ainsi que pour leur famille. J'aimerais également avoir un mot pour ces hommes et ces femmes, policiers, membres du Raid ..., qui se sont formidablement mobilisés pour mener à bien leur mission et faire triompher la République face au terrorisme et à l'intégrisme.
Mais après l'émotion, certes légitime et nécessaire, il me semble impératif d'en revenir à la réflexion. Trois éléments au moins me paraissent intéressants dans cette affaire, à savoir les aspects sécuritaire, médiatique et politique.
 
Mais commençons tout d'abord par les questions de sécurité qui ont été soulevées par ces évènements. A priori, et d'un point de vue extérieur, il semblerait que l'enquête et l'opération policière qui s'en est suivie aient été correctement gérées. En effet, un suspect a rapidement été identifié puis mis hors d'état de nuire sans trop de dommages.
 
Pour autant, je crois qu'il existe plusieurs zones d'ombre qui viennent entacher ce succès apparent. En premier lieu, j'ai du mal à comprendre pourquoi cet individu, largement connu des services de police et de renseignement, était toujours en liberté alors même qu'il avait été identifié comme un risque potentiel du fait de ses "états de service". Ensuite, je m'interroge sur la durée même de l'intervention du Raid. Pourquoi avoir tant fait trainer les choses alors que l'individu avait été localisé et était seul dans son appartement ? Je peux comprendre la volonté de parlementer mais à un moment donné il faut savoir passer outre les négociations, surtout lorsque la personne en face n'est pas réceptive et se moque du monde comme cela était le cas, et donner l'assaut afin de ne pas donner trop d'importance à quelqu'un qui ne le mérite pas. Pour rappel, le Raid a attendu plus de 30 heures avant de recevoir l'ordre d'intervenir, et tout cela finalement pour ne pas appréhender le suspect en vie.
 
Si l'on devait malgré tout retenir quelque chose de positif à tout cela est le fait que notre pays bénéficie de forces de sécurité compétentes et efficaces ... dès lors qu'on leur donne les moyens de faire correctement leur travail. Voila pourquoi je crois qu'il est indispensable d'augmenter le budget de la Justice et des forces de l'ordre au sens large (police, renseignement, armée).
 
Continuons ensuite avec l'aspect médiatique de l'affaire. Depuis le début de la semaine, tous les médias nous parlent à longueur de journée de ces incidents. Bien sûr que cela est important mais était-ce vraiment la seule et principale actualité ? D'autres évènements ne méritaient-ils pas une plus grande attention ? Une fois encore les médias se sont concentrés sur un unique filon en l'exploitant au maximum pour vendre leurs papiers ou faire de l'audimat. Mais gageons que d'ici quelques jours une autre information aura pris le relais car on voit bien qu'une actualité chasse l'autre.
 
Terminons enfin avec l'aspect politique. A mon sens celui-ci est triple avec l'interruption de la campagne, les tentatives de récupération et les raccourcis douteux de certains.
Clairement, selon moi, la suspension de la campagne pour quelques jours est une escroquerie sans nom. Et cela est d'autant plus hypocrite qu'en réalité rien n'a été vraiment arrêté puisque l'on n'a jamais autant entendu les "candidats de premier plan".
D'ailleurs, et malgré l'horreur de la chose, il s'agit d'une aubaine pour certains candidats qui n'ont pas hésité à exploiter ce drame. La plupart des "gros candidats", si ce n'est tous, ont en effet surfé sur l'évènement pour se faire mousser. Il en va ainsi de Nicolas Sarkozy qui, remettant ses habits de président, s'est posé en défenseur de la veuve et de l'orphelin. D'autres comme Mélenchon ou Bayrou ont accusé la droite et l'extrême droite de favoriser de tels comportements par les sujets abordés. Outre le fait qu'un tel discours ne tient pas la route, ces deux là auraient mieux fait de se taire et d'attendre les résultats de l'enquête avant de qualifier ces crimes de racistes et antisémites.
 Cela a d'ailleurs fait le jeu du Front National et de Marine Le Pen qui se sont une nouvelle fois posé en victime du système. Enfin cela n'a pas duré très longtemps car les vieux réflexes sont rapidement revenus. En effet, les agissements de Mohamed Merah, musulman qui tue des soldats et des juifs, est une occasion inespérée pour Marine Le Pen. D'ailleurs celle-ci s'est empressée de squatter les plateaux télé afin d'expliquer que la menace islamiste et fondamentaliste plane sur notre pays et qu'il faut absolument prendre les mesures nécessaires contre l'envahisseur.  
 
Loin de moi l'idée de minimiser le problème terroriste ou de mettre de côté la question de l'intégrisme religieux. Il s'agit là d'une menace réelle qu'il faut bien évidemment prendre au sérieux. Pour autant, je crois qu'il faut faire attention à ne pas tout mélanger comme cherche à le faire, à dessein, le Front National en assimilant l'islam à l'islamisme. Certes Mohamed Merah était musulman et a tué au nom de la religion. Mais cela justifie-t-il pour autant de jeter le discrédit sur tous les musulmans ? Cela doit-il nous conduire à considérer tous les musulmans comme des terroristes en puissance ? Je ne le crois pas. Nous devons bien évidemment condamner et lutter contre tous les extrémismes de toute nature (religieuse, politique ...) mais cela ne doit pas aboutir à rejeter une partie de la population en raison d'amalgames douteux.
 
En ces temps de doute et d'effroi c'est ensemble que nous devons avancer pour faire face à l'avenir. Car si nous jouons les uns contre les autres c'est vers le chaos que nous nous dirigeons.
J'appelle donc l'ensemble de nos concitoyens à faire preuve de raison et à ne pas céder, malgré les sollicitations, à leurs plus vils instincts. Ne tombons pas dans la facilité de la division et prouvons au monde entier que les Français sont un peuple qui non aux extrémistes d'où qu'ils viennent, un peuple qui ne courbe pas l'échine face à l'adversité. En somme un peuple fier et uni envers et contre tout.

mardi 20 mars 2012

Meeting de Bayrou à Grenoble : Tomgu y était !

Hier soir, François Bayrou était à Grenoble pour une réunion publique ouverte à tous. N'étant jamais allé à un meeting de ma vie, j'ai donc sauté sur l'occasion pour me faire ma propre opinion. Alors bien sûr François Bayrou n'est pas le meilleur choix mais comme on dit, faute de grives on mange des merles.
 
Sensé débuter à 18h30, le meeting n'a en fait démarré qu'à 19h15, soit 45 minutes plus tard. Et dès le début, le secrétaire général adjoint du Modem Isère a annoncé la couleur : en raison du massacre du matin à Toulouse, cette réunion allait être solennelle et modérée. En gros, pas de foule en liesse, pas de fougue ... Bref, on allait sacrément s'amuser.
 
Suivirent alors les apparitions de Michelle Cédrin (présidente du Modem 38), Philippe de Longevialle (adjoint Modem à la mairie de Grenoble), Jean-Luc Rigaut (maire NC d'Annecy et soutien de Bayrou à la présidentielle) et enfin Jean-Luc Benhamias (vice-président du Modem et député européen).
 
Que retenir alors de ces différentes interventions ?
Et bien tout d'abord il est clair que ces personnes ne sont pas de grands tribuns. Si les deux derniers orateurs s'en sont assez bien sorti avec un relatif dynamisme, les deux premiers ont rendu une pâle copie avec un discours monotone, une voix monocorde donc un discours peu enthousiasmant.
 
Sur le fond, je relèverai simplement quelques phrases en passant :
"Bayrou est visionnaire" (Cédrin)
"Il faut penser le changement et non changer le pansement" (citation de Francis Blanche par de Longevialle)
"Bayrou avait vu juste sur la dette" (Benhamias)
En somme rien de nouveau sous le soleil. Bayrou est génial car il avait soulevé la question de la dette depuis longtemps, il est le seul à incarner le changement (le changement c'est maintenant ?) et à pouvoir rassembler largement. Rien de bien transcendant en fait, et ce d'autant plus que Bayrou ne veut pas de rupture avec le système actuel puisqu'il s'inscrit en son sein.
 
Finalement c'est seulement à 20h10 soit avec près de deux heures de retard que François Bayrou est finalement apparu. Après une brève acclamation de la part des militants, le président du Modem entame son discours par quelques mots sur le drame du matin. Et cela va durer pendant les 30 minutes, oui je dis bien 30 minutes, de sa piètre prestation au cours de laquelle Bayrou va nous parler de rassemblement et de non opposition entre Français, d'unité nationale ...
 
En fait, le rapide discours de François Bayrou à Grenoble se résume à une série de banalités sur la nécessité de rassemblement sans en préciser les moyens. Faute de propositions, nous étions hier soir dans l'incantation pure et simple. Pour paraphraser de Gaulle, Bayrou saute sur sa chaise comme un cabri en disant rassemblement ! Rassemblement ! Rassemblement !
 
Malgré tout, Bayrou a laissé de côté, dans les toutes dernières minutes de son intervention, sa lubie du jour pour parler d'autres sujets. En deux phrases, en deux toutes petites phrases, le Béarnais a perdu, à mon sens toute crédibilité.
Tout d'abord il a parlé de la dette de la France, lui le visionnaire qui avait soi-disant vu le problème avant tout le monde. Il nous alors expliqué que l'endettement nous rendait dépendant et qu'il fallait donc chercher à lutter contre ce phénomène. Sur le constat je suis tout à fait d'accord mais alors pourquoi ne pas aller au bout du raisonnement en continuant à se soumettre au pouvoir des banques ?
 
Ensuite Bayrou a fait un parallèle entre la situation de notre pays qui a besoin de se rassembler et l'Italie et la Grèce. Ainsi, selon lui, les partis politiques de ces pays ont su s'unir derrière un leader nouveau pour l'intérêt général. De plus, celui-ci a expliqué que les Italiens soutenaient l'action de leur nouveau premier ministre. Heureusement, il n'a pas tenu les mêmes propos sur le peuple grec. Il faut quand même être sérieux. Pour rappel, dans ces deux pays la démocratie a été bafouée puisque les dirigeants de l'époque, élus démocratiquement, ont été destitués et remplacés par des technocrates, anciens cadres de Goldman Sachs, nommés par l'UE afin de faire le sale boulot et sauver le système en place.
 
Par ces deux exemples, mais il en existe bien d'autres, François Bayrou nous montre bien qu'il vit dans le monde des Bisounours. Outre ses perpétuelles incantations sur le rassemblement, et malgré quelques propositions intéressantes, il est clair que le leader du Modem est plein de contradictions qui le maintiennent pieds et poings liés. C'est notamment le cas sur la question de l'europe dans la mesure où le candidat se soumet sans rien dire au diktat de Bruxelles. Comment alors faire confiance à un homme qui accepte le viol de la démocratie ? Comment envisager de confier le pouvoir à une personne qui soutient avec ferveur un système dictatorial qui sacrifie les peuples sur l'autel de la finance ?
 
Comme je le disais en préambule, je n'avais jamais assisté à un meeting. Cela est maintenant chose faite mais je dois reconnaître avoir été grandement déçu. Certes les circonstances étaient particulières mais cela n'est pas une excuse. Bien sûr que le massacre de ces enfants est horrible, c'est une évidence. Mais pourquoi en faire tout un pataquès alors même que des gens meurent tous les jours dans notre pays ? Pourquoi accorder une importance démesurée à un fait divers si ce n'est pour des raisons purement électorales ?
 
Si la campagne est suspendue pour l'assassinat de quatre personnes, je n'ose même pas imaginer ce qui se passerait en cas d'attentat de grande ampleur. Une annulation pure et simple de l'élection présidentielle, peut-être ?

dimanche 18 mars 2012

Propositions du Figaro contre le déficit : du bon et du moins bon

En cette période de campagne présidentielle où la question des déficits est omniprésente, le Figaro a publié, sur son site internet, 20 pistes pour baisser la dépense publique. Si certaines sont pleines de bon sens, d'autres relèvent davantage du credo libéral que je condamne.
Revue de détail.
 
1. Geler les rémunérations des fonctionnaires
S'il est une lubie des libéraux, c'est bien les fonctionnaires dont il s'agit. Ainsi, notre pays souffrirait d'un nombre trop important de serviteurs de l'Etat. Et comme en Grèce ou en Espagne on préfère agir sur le salaire des fonctionnaires plutôt que de s'attaquer au train de vie de l'Etat par exemple.
En outre, une politique de rigueur salariale de type allemande, dans le public mais aussi dans le privé, serait une hérésie dans la mesure où elle aurait des conséquences immédiates et dramatiques sur la consommation donc sur la croissance.
 
2. Poursuivre le non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite
3. Appliquer le «un sur deux» à tous les opérateurs publics
Dans la droite lignée de la première proposition, et après s'être attaqué aux rémunérations des fonctionnaires, voila qu'il faut maintenant en réduire le nombre. Personnellement je suis opposé au principe de non-remplacement. Loin de moi l'idée de nier qu'il faut se pencher sur les effectifs dans la fonction publique mais je considère que l'application de cette règle de manière aveugle et purement comptable est une erreur. Je ne suis pas opposé à une révision des effectifs, notamment dans les collectivités locales, mais cela doit être fait avec parcimonie en tenant compte des besoins réels de la population.
 
4. Accélérer les cessions immobilières
La question du patrimoine, notamment immobilier, de l'Etat me paraît être un sujet hautement stratégique qui requiert un débat public et contradictoire. Pour autant, il convient de reconnaître que certains biens doivent être cédés car ils ne sont plus nécessaires à son fonctionnement. En revanche, il me semble impératif de ne pas brader les biens publics comme cela a trop souvent été le cas (autoroutes, hippodrome de Chantilly …). Donc oui à des cessions mais au juste prix !
 
5. Regrouper les établissements scolaires
De l'échec d'une telle politique dans le domaine de la santé a conduit à la création de déserts médicaux, le Figaro ne semble pas en avoir tiré les leçons. L'Education comme la santé sont des fonctions qui doivent relever de la puissance étatique en dehors de toute logique économique. L'avenir de nos enfants, donc de notre pays, est un sujet bien trop grave pour être subordonné à des considérations purement financières. De plus, il est clair que le regroupement de plusieurs écoles en une superstructure viendra aggraver encore un peu plus les maux dont souffre actuellement notre système éducatif (décrochage scolaire, violence …). Sans parler de l'accroissement des inégalités entre territoires, en particulier en milieu rural.
 
6. Réduire les allègements sur les bas salaires
Le proposant moi-même, je ne peux qu'approuver cette mesure. En plus d'être coûteux pour l'Etat (40 milliards d'euros), ces dispositifs ont une efficacité plus que douteuse et encourage les entreprises à pratiquer une politique de faible rémunération pour bénéficier de ces fameuses aides.
 
7. Diminuer les concours aux collectivités locales
Alors même que la décentralisation a conduit à déléguer toujours plus de compétences aux collectivités territoriales, les dotations de l'Etat n'ont pas toujours suivies en conséquence. Cela étant, il faut reconnaître que des dérives ont eu lieu, notamment en termes d'embauches, parfois pour des raisons électoralistes.
Une remise à plat des compétences de chacun (Etat, région, département …) me semble donc nécessaire dans un premier temps afin de savoir qui fait quoi et d'éviter les doublons donc de faire des économies. Par ailleurs, une sensibilisation des collectivités à une gestion plus rigoureuse ne serait pas forcément inutile.
 
8. Recentrer les subventions aux associations
Depuis quelques années maintenant le secteur associatif a pris une ampleur non négligeable et continuera probablement à se développer dans le futur. Si l'action de certaines associations est indiscutable, en particulier dans le domaine social afin de combler les lacunes de l'Etat, d'autres organismes ont une finalité plus discutable. La proposition du Figaro de recentrer les financements publics sur des secteurs clés doit donc être envisagée avec sérieux.
 
9. Plafonner les indemnités chômage
A l'heure actuelle, un chômeur français peut toucher jusqu'à 6000 € par mois pendant deux ans. Evidemment ces indemnisations ont un coût pour la société. Comme le Figaro, je suis partisan d'un plafonnement des indemnités chômage. Mais à la différence du journal qui envisage cette mesure comme une source d'économie, je propose, pour ma part, de réutiliser les sommes ainsi dégagées afin de prolonger la durée d'indemnisation de deux à trois ans.
 
10. Plafonner les aides aux ménages
11. Repenser la politique familiale
12. Mettre sous conditions de ressources les allocations familiales
13. Mettre fin au cumul allocations familiales/supplément familial des fonctionnaires
Aujourd'hui il existe un nombre impressionnant d'aides en tout genre (RSA, allocations familiales …) accordées par différents organismes publics (Etat, collectivités …). Ces aides aux ménages qui ont représenté un coût de 30 milliards d'euros en 2011 constituent donc un véritable méandre administratif complexe et incompréhensible. Une remise à plat ne me semble donc pas être un luxe.
Par ailleurs, je crois que l'idée un plafonnement global mais également la mise en place de conditions de ressources doit être mise en débat. Ainsi on peut se demander, légitimement je crois, s'il est normal qu'un foyer aisé touche les allocations familiales ou si un ménage bénéficie d'un montant d'aides sans limite de maximum.
 
14 Introduire des franchises
15. Définir un panier de soins remboursé intégralement par la Sécu
16. Lutter contre la surconsommation de médicaments
17. Revoir la liste des affections de longue durée (ALD)
La question des franchises médicales est un sujet qui revient fréquemment sur le devant de la scène, notamment lorsqu'il est question du fameux "trou de la sécu". Bien que ce dispositif existe déjà d'une certaine manière (50 cts par boîte de médicament dans la limite de 50 € par an ou 1 € sur chaque consultation), certains veulent aller plus loin en instaurant une franchise de 200, 500 ou 1000 €.
Personnellement je suis opposé à un tel système qui pénalisera fortement les plus modestes et qui conduira un grand nombre de nos concitoyens à renoncer aux soins comme c'est déjà malheureusement le cas aujourd'hui. De plus, il ne faut pas oublier que chacun contribue au financement de la sécurité sociale par le biais des cotisations.
En lieu et place d'une telle mesure, il me semblerait plus efficace de faire un tri entre les produits efficaces donc à rembourser et ceux inutiles à supprimer. Mais il faudra pour cela avoir le courage de tenir tête au lobby pharmaceutique.
 
18. Réserver l'aide médicale d'État aux soins d'urgence
Avec un coût de 650 millions d'euros par an, certains, dont Marine Le Pen, sont partisans de supprimer complètement ce dispositif visant à accorder un accès aux soins aux étrangers en situation irrégulière. Bien évidemment, et c'est d'autant plus le cas en situation de crise, il est difficile d'accepter de soigner gratuitement des sans-papiers, donc des gens qui n'ont pas le droit d'être sur notre territoire. Outre les considérations de solidarité, une telle suppression pose la question de problèmes sanitaires de grande ampleur. Voila pourquoi je ne suis pas spécialement favorable à sa disparition. En revanche, on pourrait imaginer de relever le ticket d'entrée qui est actuellement de 30 €.
 
19. Des hôpitaux moins nombreux mais plus grands
De même que j'y suis opposé pour les écoles, je n'y suis pas favorable pour les hôpitaux pour des raisons identiques.
 
20. Multiplier les opérations en ambulatoire
Dès lors que les soins peuvent être effectués dans la journée sans risque pour le patient, je ne vois pas au nom de quoi nous devrions nous opposé à une telle pratique.

jeudi 15 mars 2012

L'UIMM et le patronat n'ont rien compris à la crise ...

Récemment, je suis tombé sur la tribune de l'UIMM (Union des Industries et Métiers de la Métallurgie) du mois de mars 2012 intitulée "le temps de l'effort". Et je dois reconnaître que j'ai failli m'étouffer à plusieurs reprises en la lisant. Je respecte bien évidemment le point de vue de cette organisation patronale, mais je crois que celle-ci est complètement déconnectée des réalités. 

Voici quelques extraits les plus représentatifs : 

L’Allemagne, qu’on le veuille ou non, est devenue un modèle économique et financier, une référence en terme de compétitivité. [...] Force est de constater que nous avons beaucoup à apprendre d’un grand pays, hier encore divisé, qui a su mener avec courage et pugnacité une politique de l’offre faite de modération salariale et de flexibilité du marché du travail. [...]
La « fourmi » Allemande pouvait afficher en 2010 près de 190 milliards de surplus… alors que les « cigales » vivaient – et vivent encore – au-dessus de leurs moyens.
 
Il s’agit de reconnaître que les pays de la zone euro ont, de manière générale, dépensé sans compter, accordant à leurs actifs des hausses de salaire sans rapport avec leurs gains de productivité. [...] Les « médications » appropriées : une industrie forte et compétitive, davantage de rigueur budgétaire, et de réformes structurelles. [...]
Un grand quotidien du soir, parlant sans ambages, écrivait il y a peu : « L’équilibre budgétaire, oui… à condition de s’attaquer aux bonnes dépenses, celles liées au fonctionnement de l’État, et non les dépenses d’investissement cruciales pour l’avenir. Autrement dit, la réduction du nombre de certains fonctionnaires ou de leur rémunération – comme ce qui se fait en Italie, en Espagne ou au Portugal – serait, bien que difficile à faire accepter, en partie justifiable ». On ne saurait mieux dire…
 
Trop de déséquilibres constatés dans certains États membres « nécessitent de réduire le niveau élevé de leur endettement, et de regagner de la compétitivité». (Commission européenne). [...]
À cet égard, on ne peut passer sous silence les efforts méritoires que fait l’Espagne pour réformer son marché du travail. Conscient des rigidités de ce dernier, le gouvernement de Mariano RAJOY veut promouvoir la « flexibilité interne » dans les entreprises afin de permettre à ces dernières de s’adapter aux évolutions du marché. Les syndicats dénoncent l’assouplissement des conditions de licenciement mais en Espagne comme ailleurs, il faut garder à l’esprit que c’est en facilitant la sortie que l’on facilite l’entrée dans le monde du travail.
 
Alors que retenir de cette tribune ? Et bien tout simplement que l'UIMM veut nous servir une nouvelle ration de cette potion ultralibérale qui a déjà gravement rendu malade notre pays. Comme beaucoup de libéraux, cette organisation attaque notre fonctionnement social en mettant en avant l'exemple de l'Allemagne. Une énième rediffusion d'un grand classique en somme.
Comme je l'ai déjà expliqué sur ce blog, l'Allemagne n'est forcément un modèle à suivre pour notre pays, et ce d'autant plus que son paradigme économique n'est pas réplicable en l'état à d'autres nations européennes. 

Evidemment, et c'est le cas de l'UIMM, l'Allemagne est un exemple pour tous ceux qui veulent mettre à bas notre modèle social. D'ailleurs, il n'est pas neutre de citer les politiques de modération salariale et de flexibilité du travail, car il s'agit là de vieilles revendications patronales.
Mais je crois que les césars de la mauvaise foi et de la désinformation peuvent être décernés à l'UIMM pour ce passage : La « fourmi » Allemande pouvait afficher en 2010 près de 190 milliards de surplus… alors que les « cigales » vivaient – et vivent encore – au-dessus de leurs moyens. Car je rappelle une fois de plus que l'excédent commercial allemand est réalisé au sein de l'UE. C'est donc bien car les autres pays ont mené une politique à l'inverse de l'Allemagne que les consommateurs ont suffisamment de pouvoir d'achat pour acheter des produits allemand. Enfin, rappelons également que l'Allemagne se sert allégrement de ses voisins à l'est pour toutes ses opérations de sous-traitance. 

Les deux autres paragraphes sont globalement du même acabit. Pour résumé, l'UIMM nous explique que pour gagner en compétitivité, notre économie doit être davantage libéralisée. Concrètement, cela signifie baisse des salaires, coupe dans les effectifs et notamment dans le public, austérité, et bien sûr allégement des contraintes pesant sur les entreprises (droit du travail, fiscalité ...). 

On retrouve bien là le parallèle avec l'Allemagne qui a opéré de telles réformes sous l'ère Gerhard Schröder. En revanche, et même si l'on nous en montre seulement les aspects positifs, il ne faut pas oublier de regarder toute la réalité des faits. Or on ne nous en parle que trop peu tant celle-ci n'est guère reluisante : accroissement des temps partiels, multiplication des jobs à 1 € de l'heure ... Bref, une précarisation à outrance du marché de l'emploi. 

Alors bien sûr on peut penser que de telles propositions permettraient d'améliorer la situation économique et financière de notre pays. Personnellement je ne le crois pas. Et à tous ceux qui ne sont pas d'accord avec moi, je recommande de regarder ce qui se passe en Grèce où une telle politique est menée à grande échelle.
Une question alors : la Grèce va-t-elle mieux ? Les choses se sont-elles arrangées depuis ? Non, bien évidemment que non. Et c'est même le contraire qui se produit. En effet, comment peut-on envisager de relever un pays en affamant son peuple par la baisse des salaires ou des retraites ?
Cela est tout bonnement impossible. 

A mon sens ce n'est pas une politique de l'offre qu'il faut mener mais bien une politique de la demande. Car c'est en stimulant la demande par la relance et l'intervention de l'Etat que les choses iront en s'améliorant. C'est par l'injection de pouvoir d'achat que les entreprises se remettront à produire donc à embaucher. Et cela, tout adepte de l'économiste britannique John Maynard Keynes pourra vous le confirmer.

mercredi 14 mars 2012

Ralliement de Chevènement à Hollande : raison ou passion ?

Jean-Pierre Chevènement, président d'honneur du Mouvement républicain et citoyen (MRC), a officiellement annoncé mardi sur TF1 son soutien attendu à François Hollande pour la présidentielle, voyant dans le candidat PS "l'homme le mieux à même de rassembler" face à la crise. "Je me suis décidé en fonction des intérêts de la France", "dans la grave crise qui se présente et qui n'est pas derrière nous, il faut rassembler toutes les forces de la France et je pense que l'homme le mieux à même de rassembler, c'est François Hollande", a-t-il dit sur le plateau du 20 heures.
Source : lepoint.fr
 
Après s'être lancé dans la course à la présidentielle en novembre dernier puis annoncé son retrait en février, Jean-Pierre Chevènement se rallie finalement à la candidature de François Hollande.
 
Cette nouvelle, qui n'a en réalité rien de surprenant, a pourtant été accueilli de manière assez froide par ses partisans, voire même avec une certaine déception pour certains d'entre eux.
Mais ce ralliement est-il si illogique que cela ? A mon sens, il y a deux réponses à cette question, selon que l'on se place sur le plan des idées ou de la politique.
 
Commençons tout d'abord par l'aspect politique politicienne qui, je crois, a commandé ce choix. Avant toute chose, il ne faut oublier que Chevènement avait adopté une stratégie identique en 2007 puisqu'il avait soutenu Ségolène Royal après une très courte campagne en nom propre.
Je ne vous apprendrai rien en disant que la vie politique du président d'honneur du MRC touche à sa fin. D'ailleurs, je n'ai jamais vraiment cru à cette nouvelle candidature qui n'était en fait qu'un moyen de pression. Pour autant, Chevènement doit assurer la survie de son parti, ce qui passe notamment par une présence aux élections et en particulier aux prochaines législatives afin de bénéficier d'un financement public.
Or cela n'est possible que par l'intermédiaire du PS. Car Chevènement est bien conscient que le MRC n'existerait pas sans le soutien bienveillant de son grand frère socialiste. Voila pourquoi un accord a été trouvé pour l'attribution de circonscriptions.
 
Mais laissons de côté cette tambouille politique pour nous intéresser aux idées et aux valeurs défendues par "le Che". Je ne développerai pas ici toutes les propositions de l'ancien ministre de l'Intérieur mais il est clair que lui et François Hollande ne sont pas tout à fait sur la même longueur d'ondes. Je pense notamment à la question de l'euro et de l'europe qui sont les plus significatifs mais il en existe évidemment d'autres.
Sur le plan programmatique donc, et malgré le relatif optimisme des communiqués de presse, ce ralliement est difficilement compréhensible.
 
Mais alors, Jean-Pierre Chevènement avait-il d'autres choix possibles ?
En termes d'accords électoraux, je ne le crois pas car seul le PS pouvait lui faire une telle concession. En revanche, il est clair que d'autres candidats ont davantage de proximité idéologique. Mélenchon tout d'abord. Mais je ne vois pas d'alliance possible entre les deux hommes, d'autant plus qu'il existe des divergences fortes (sans-papiers, institutions, monnaie ...).
 
Nicolas Dupont-Aignan ensuite. Une alliance entre les deux hommes, alors même que le président de Debout la République vient d'annoncer avoir obtenu les 500 signatures requises, ne serait finalement que l'aboutissement de la tentative de Chevènement en 2002 de rassembler les républicains des deux rives. Certes l'un vient de la droite et l'autre de la gauche mais sur le fond, qui est à mon sens le plus important, il n'y a pas l'épaisseur d'une feuille de papier à cigarette. Qu'il s'agisse de politique économique, des institutions ou encore de la monnaie, le député de l'Essonne et le sénateur du territoire de Belfort se rejoignent de manière quasi systématique.
 
J'ai donc beaucoup de mal à comprendre l'absence d'un ticket présidentiel entre les deux hommes. En réalité, Jean-Pierre Chevènement, malgré une sincérité dans ses propositions, se laisse enfermer dans des logiques purement électorales. Une fois de plus, en privilégiant la raison sur la passion, celui-ci préfère mettre un mouchoir sur ses idées pour quelques postes.
Ne nous étonnons pas alors que les Français soient dégoutés de la politique et se réfugient dans l'abstention ou le vote extrémiste.

dimanche 11 mars 2012

Ode à l'automobiliste

Comme beaucoup de nos concitoyens, j'utilise ma voiture pour me rendre sur mon lieu de travail. Cela fait des années que je fais ainsi et je le ferai encore pendant longtemps, en particulier parce que je n'ai pas d'alternative.
On dit de moi que je suis un pollueur, que je suis un fossoyeur de l'environnement. Mais en réalité je suis surtout un honnête homme qui n'a d'autre choix, comme des millions de Français, que de prendre sa voiture pour aller travailler.
 
Mais je suis aussi une victime. Oui vous avez bien entendu. En ma qualité de motard et d'automobiliste, je suis victime de mon véhicule. En effet, il est de plus en plus compliqué pour nous d'évoluer dans cette société qui nous voue aux gémonies.
 
Et je suis d'autant plus bien placé pour en parler que j'habite dans l'agglomération grenobloise. Ainsi, Grenoble est "en pointe" dans ce domaine et fait tout pour chasser la voiture. La dernière nouveauté en date étant la participation à l'expérimentation des ZAPA (Zones d'Actions Prioritaires pour l'Air) qui va conduire à interdire à certaines catégories de véhicules de circuler en ville. Sans compter les fréquents pics de pollution qui impliquent une réduction de vitesse.
 
Mais cela n'est pas tout, bien au contraire, et il faut rajouter encore d'autres problèmes. Je pense notamment aux embouteillages quotidiens qui pourrissent nos journées de bon matin, mais aussi à la flambée du prix de l'essence ou encore à la persécution policière visant à faire du chiffre.
 
Aujourd'hui donc les conditions de vie des automobilistes tendent à se dégrader de jour en jour sans que l'Etat ne cherche à améliorer les choses, prisonnier du lobby écologiste. Alors bien sûr il est possible que des propositions soient prochainement faites, campagne électorale oblige, mais il y a fort à parier que rien ne changera vraiment.
 
A mon sens la question des transports doit être abordée de manière franche et sans préjugés idéologiques. Je crois qu'il s'agit d'un problème fondamental qui a des conséquences fortes sur la vie quotidienne des gens, tant au niveau personnel que professionnel (stress, retard ...).
 
Voila pourquoi il me semble indispensable de prendre les mesures qui s'imposent. Personnellement j'en vois au moins trois qui me semblent prioritaires à brève échéance :
- pour lutter contre les embouteillages chroniques dans certaines zones, il me paraît indispensable de lancer un grand programme de constructions et de rénovation des infrastructures routières. Outre l'incidence sur le sujet des transports, cela aura également des effets sur l'emploi dans le secteur du BTP.
 
- pour agir sur le pouvoir d'achat des ménages lourdement pénaliser par les déplacements incompressibles, l'Etat doit agir sur le prix du carburant en jouant sur le levier de la TIPP.
 
- pour désengorger les routes, une réflexion doit être menée sur les alternatives à la voiture (transports en commun, covoiturage ...).
 
Bien que certains disent le contraire, je crois qu'il est impossible, à l'heure actuelle, de se passer de la voiture tant celle-ci bénéficie d'avantages non négligeables, en particulier par rapport aux transports en commun (souplesse, rapidité ...).
 
A tous les ayatollahs verts et autres biens pensants hypocrites planqués dans les centres-villes qui stigmatisent les automobilistes, je vous invite à vous mettre à la place de toutes ces personnes qui passent des heures et des heures dans leur voiture à cause de votre dogmatisme de bobos des villes.
 
Je le dis haut et fort et le revendique sans scrupules : construisons des routes et emmerdons les écolos.

jeudi 8 mars 2012

Femmes en politique : faire-valoir ou hommes comme les autres ?

En ce 8 Mars 2012, journée internationale de la femme, je ne pouvais ne pas écrire sur ce sujet. Et puisque mon blog est à forte dominante politique, j'ai donc décidé de relier les deux thèmes en un seul article.
Quelques chiffres pour commencer : notre pays compte 107 députées (sur 577), 77 sénatrices (sur 343) et 8 ministres et secrétaires d'Etat (sur 33).
 
Chacun peut ainsi se rendre compte qu'il existe un grand décalage entre les belles paroles sur la parité à l'occasion des campagnes électorales et la réalité des faits. Je crois que cela pose alors la question de la place de la femme en politique. Présenté comme cela, on pourrait s'en amuser. De fait, s'interrogerait-on sur la place de l'homme ? Evidemment que non. Mais c'est justement pour cela qu'il faut s'y intéresser.
 
Depuis des années maintenant on nous rebat les oreilles avec le concept de parité. A priori, cela part d'un bon sentiment qui vise à donner davantage de place aux femmes. Pour autant, je considère, pour ma part, qu'il s'agit là d'une forme de discrimination positive qui conduit à des effets pervers dans la mesure où on choisira une femme, non pas pour ses qualités intrinsèques, mais pour son sexe. Or je crois, et je pense ne pas être le seul, qu'une femme ne se résume pas à un vagin.
 
Aujourd'hui donc, la gent féminine est appréhendée comme un argument de vente, un faire-valoir. Cela est vrai dans le commerce (publicités avec des mannequins, plantes vertes dans les salons automobiles ...) mais aussi en politique. Pour illustrer cela, je prendrais trois exemples, du plus évident au plus subtil.
Tout d'abord, le cas des ministres femmes de Silvio Berlusconi en Italie est flagrant. Effectivement, celles-ci ont été choisies uniquement pour leurs qualités esthétiques. L'expression "sois belle et tais toi" n'ayant jamais été autant d'actualité.
Ensuite, on peut remarquer une attitude similaire, certes dans une moindre mesure, de Nicolas Sarkozy dans son premier gouvernement avec les nominations de Rachida Dati et Rama Yade : femmes, jolies et issues des minorités. Le tiercé dans l'ordre en somme pour un beau coup politique.
Enfin, et c'est une "tradition ancestrale", il ne faut pas oublier la situation de toutes les suppléantes dans le cadre des élections uninominales. Car bien souvent ce sont des femmes qui endossent ce rôle pas toujours glorieux.
 
Mais alors cela signifie-t-il que les femmes ne peuvent exister en politique ? Clairement non. Et de nombreux exemple de par le monde viennent confirmer cela : Margaret Thatcher en Angleterre, Angela Merkel en Allemagne, Dilma Roussef au Brésil ... mais aussi Martine Aubry, Ségolène Royal, Nathalie Kosciusko-Morizet, Valérie Pécresse et bien d'autres encore.
 
Ce qui est frappant chez les femmes politiques, même si la tendance commence à s'inverser, c'est leur côté masculin. En effet, il semblerait que pour exister ces femmes soient obligés, ou tout au moins se sentent obligées, de se comporter comme des hommes. Ainsi, pour se faire une place, celles-ci ont pris le parti d'adopter les mêmes comportements et les mêmes armes que leurs homologues masculins, quitte parfois à être dans la surenchère par rapport à ces derniers.
Aujourd'hui, il apparaît alors que la femme politique est devenue un homme comme les autres. Et je crois que cela est bien dommage tout à la fois pour elles, pour la politique et pour la société. Je ne peux donc que regretter ce phénomène et me réjouir de l'émergence d'une nouvelle génération qui tend à s'y opposer.
 
Je profite donc de cette journée de la femme pour réaffirmer que la femme n'est pas, et n'a pas à être, un homme comme les autres. Et ce en politique et dans tout autre domaine. Chacun doit donc contribuer à son échelle pour que les femmes trouvent leur place dans notre société en restant ce qu'elles sont, avec leurs forces et leurs faiblesses.

mardi 6 mars 2012

Hallali sur le halal

Après avoir soutenu les propos discutés de Claude Guéant, qui a fait un lien entre le droit de vote des étrangers et l'arrivée dans les cantines de viande abattue selon le rite musulman, le premier ministre -s'exprimant à titre personnel- a lancé: «Je pense que les religions devraient réfléchir au maintien de traditions qui n'ont plus grand-chose à voir avec l'état aujourd'hui de la science, l'état de la technologie, les problèmes de santé».
Et de poursuivre cette réflexion sur les viandes «halal» et «casher»: «On est dans un pays moderne, il y a des traditions qui sont des traditions ancestrales, qui ne correspondent plus à grand-chose alors qu'elles correspondaient dans le passé à des problèmes d'hygiène». «On pourrait y réfléchir», a enchaîné François Fillon, avant de préciser que ce n'était «pas le jour et pas le moment d'engager ce débat».
Source : lefigaro.fr
 
 Une fois encore c'est bien Marine Le Pen qui dicte l'actualité médiatique. En effet, après avoir lancé une polémique sur la viande halal, la plupart des responsables politiques lui ont emboité le pas sur le sujet. Dans ce domaine, il est clair que Marine est bien la fille de son père puisque d'un micro-problème on en arrive à un débat national.
 
Mais revenons-en à la question qui nous occupe, à savoir la viande halal et par extension la viande casher. Disons le tout net, il n'existe aucune différence de goût ou de saveur entre une viande halal, casher ou "traditionnelle". En revanche, il faut savoir que ce sont les méthodes d'abattage qui divergent : égorgement avec prière contre étourdissement.
 
A priori donc aucune conséquence pour le consommateur donc qui, s'il ne le sait pas, ne se rend compte de rien. A mon sens, le problème n'est pas tant que la viande soit halal ou casher mais plutôt que les gens ne le savent pas. Il s'agit donc là tout simplement d'une question d'information du consommateur qui me semble tout à fait légitime.
 
De nombreuses réglementations, notamment européennes, sont venus renforcés les obligations de traçabilité de la viande. Ainsi, on peut maintenant connaître de manière assez précise l'origine des bêtes. Pourquoi alors ne pas rajouter sur les étiquettes une indication sur la méthode d'abattage ?
Certains disent que cela reviendrait à stigmatiser les musulmans ou les juifs. Mais c'est idiot. Si ces personnes souhaitent manger une viande particulière c'est bien leur droit. Comme c'est également le droit d'autres personnes de ne pas vouloir manger de viande halal.
 
Personnellement, je n'ai aucune réticence à manger de la viande halal ou casher. Mais il est vrai que je préfère le savoir. Et je crois qu'il s'agit d'une question de respect envers les gens que l'on reçoit à sa table que leur indiquer ce qu'ils mangent.
Pour autant, je peux comprendre que certaines personnes refusent catégoriquement de manger une telle viande, et ce quelle qu'en soit la raison (égorgement des animaux, financement d'une religion ...). Voila pourquoi je crois qu'un étiquetage permettrait de mettre un terme à cette polémique stérile.
 
Toutefois, il me semble intéressant de s'arrêter quelques instants sur cette dispute. Car je crois que celle-ci n'est évidemment pas neutre, surtout en cette période de campagne électorale. De fait, la question du halal est un sujet très ancien qui revient de manière périodique sur le devant de la scène avec notamment le remue-ménage autour de l'affaire du Quick. Or plutôt que de clarifier les choses une bonne fois pour toutes, on préfère garder le sujet sous le coude pour le ressortir au moment opportun.
 
Pour moi la question de la viande halal ou casher peut être abordée de deux manières. La première consiste à la traiter comme un problème alimentaire, ce qu'elle est en fin de compte. Mais c'est souvent la seconde qui est privilégiée dans la mesure où elle est plus rentable électoralement parlant. Il s'agit alors de l'aborder sous l'angle de la religion, thème au combien polémique.
 
Loin de moi l'idée de déconnecter complètement le caractère religieux de ces pratiques. Malgré tout, et c'est ce que fait le Front National, je crois qu'il ne faut pas faire d'amalgames ni prendre de raccourcis. Oui les musulmans et les juifs consomment de la viande abattue selon des rites religieux et c'est bien leur droit. Mais au nom du principe de laïcité, je crois que l'Etat n'a pas à intervenir dès lors que cette pratique ne constitue pas un trouble à l'ordre public, ce qui ne semble pas être le cas actuellement.
 
Si on creuse un peu, on se rend compte que Marine Le Pen, par la mise en exergue de ce phénomène ancien, cherche à stigmatiser une partie de la population. De fait celle-ci s'engage sur le terrain communautaire et identitaire qu'elle n'a finalement jamais quitté. En réalité, en soulevant le point du halal, c'est la religion musulmane dans son ensemble qu'elle dénonce.
 
Malgré ses dires, la présidente du FN s'inscrit donc bien la lignée de son père et de son parti. Et si l'on ne s'arrête pas simplement aux postures et à l'image qu'elle se donne, on se rend bien compte que Marine Le Pen est en fait une bonne communicante et une excellente équilibriste entre d'un côté la frange dure du Front National qu'il faut conserver et de l'autre l'électorat modéré qu'il faut attirer.
 
Selon moi Marine Le Pen est à l'image d'un bijou en plaqué-or : brillant à l'extérieur, en toc à l'intérieur et finalement sans grande valeur.

lundi 5 mars 2012

Les élections peuvent-elles changer la société ?


Aujourd'hui, alors que je me rendais sur le campus grenoblois, je suis tombé sur une affiche invitant à participer à un débat organisé par le NPA sur le thème " les élections peuvent-elles changer la société ?".
 
Ma première réaction fut de répondre par l'affirmative puisque cela me semblait être tout à fait logique. Or, après réflexion, je crois que la réponse n'est en fait pas si évidente. Voila pourquoi il m'a semblé intéressant d'y consacrer un article.
 
Comme je l'indiquais plus haut, le oui fut mon premier réflexe. En effet, en tant que démocrate convaincu, je crois que le bulletin de vote est un des meilleurs moyens d'expression de la souveraineté populaire. N'est-ce pas par ce biais que nos dirigeants, œuvrant à l'intérêt général de la société, sont élus ? Ainsi, il est donc possible de donner un cap différent à notre pays via les urnes. Rappelons-nous notamment de François Mitterrand qui voulait "changer la vie" en 1981.
 
Pour autant, je ne suis pas naïf. Et je sais bien que les promesses n'engagent que ceux qui les croient. On peut d'ailleurs constater que malgré l'alternance les politiques menées n'ont changées qu'à la marge. Il serait donc illusoire que 2012, malgré le slogan de certains, en soit autrement.
 
Mais la France n'est pas le seul pays où les élections ne permettent pas de changer réellement la société. Je pense notamment à la Russie où le grand démocrate Vladimir Poutine a été, de manière surprenante et inattendue, réélu président dès le premier tour. Et on pourrait citer bien d'autres exemples en Afrique (Sénégal) mais aussi en Europe (Grèce, Italie, Espagne ...).
 
Vu sous cet angle, la situation paraît bien sombre. On pourrait alors s'interroger sur l'utilité du vote puisque celui-ci semble inefficace pour changer les choses. Personnellement, je crois qu'un tel raisonnement est erroné dans la mesure où il est grandement biaisé. En effet, celui-ci conduit à jeter l'anathème sur un régime alors même qu'il est, comme le disait Churchill, le pire à l'exception de tous les autres.
 
Je crois qu'il serait dangereux de jeter le bébé avec l'eau du bain. A mon sens, ce n'est pas notre système démocratique qui est en cause mais au contraire les acteurs principaux de ce système, à savoir les électeurs et les élus.
 
Commençons par les élus, c'est-à-dire nos dirigeants. A chaque nouveau scrutin, on prend les mêmes et on recommence. Malgré les promesses, qui ne durent que le temps de la campagne, les politiques menées se suivent et se ressemblent alors même que les partis au pouvoir sont censés être différents. Mais cet état de fait est-il la conséquence de l'élection ? Evidemment non. La responsabilité est celle des principaux partis qui se moquent éperdument de nous par des oppositions de façade et des postures.
 
Mais si la classe politique est fautive dans cette histoire, je crois que les électeurs ne doivent pas pour autant être dédouanés. En effet, ce sont bien les gens qui votent, ou pas d'ailleurs, et qui portent donc au pouvoir ces individus. Il est donc trop facile de blâmer les politiques sans se remettre en question soi-même. Ainsi, il me semble effarant d'entendre les gens se plaindre que les choses ne changent pas alors que ceux-ci élisent des personnes qui sont aux affaires depuis des décennies. Comment peut-on vouloir le changement et voter dans le même temps pour le PS ou l'UMP, pour François Hollande ou Nicolas Sarkozy ? Un peu de cohérence ne ferait pas de mal, je crois.
 
Au final, j'en arrive à la conclusion que les élections recèlent en elles la possibilité de changer la société. Nous l'avons bien vu par le passé, même s'il est vrai que notre pays s'inscrit dans une tradition révolutionnaire. Mais pour que les choses changent vraiment, cela suppose une évolution préalable des mentalités visant à sortir de la pensée unique. Et ce n'est qu'à partir de ce moment là que cette volonté d'évolution pourra se traduire dans les urnes afin de donner un nouveau cap à notre pays.

samedi 3 mars 2012

Herman Van Rompuy : un capitaine timoré pour un navire européen à ladérive


Herman Van Rompuy a été reconduit jeudi à la tête de l'Union européenne et va voir son champ d'action étendu à la zone euro. Lors d'un sommet à Bruxelles, l'ancien Premier ministre belge âgé de 64 ans a obtenu un nouveau mandat de deux ans et demi à la présidence du Conseil européen, le forum des chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE. Il avait été nommé fin 2009 à ce poste créé par le traité de Lisbonne.
Herman Von Rompuy va hériter en fait d'une double casquette puisqu'il sera aussi chargé de présider les sommets dorénavant réguliers des dirigeants des seuls 17 Etats de la zone euro, incarnation de son "gouvernement économique".
Source : Libération.fr
 
Dans la plus grande discrétion voire même le plus grand secret, Herman Van Rompuy a donc été reconduit dans ses fonctions pour deux ans et demi supplémentaires. Mieux (ou pire, c'est selon) celui-ci s'est vu accorder une promotion dans la mesure où il sera dorénavant en charge de la présidence des sommets de la zone euro.
 
Comme l'indique parfaitement l'article de Libération, le président du conseil européen est un parfait inconnu issu de la pure technocratie européenne. Bien que je ne remette à aucun moment en cause les compétences de cet homme, il faut bien reconnaître que le charisme et l'art oratoire ne sont pas ses principales qualités. Bien au contraire. D'ailleurs, Nigel Farage, eurodéputé anglais, l'avait traité de serpillère humide lors d'une de ses interventions au Parlement européen.
 
Il apparaît donc clairement qu'Herman Van Rompuy n'a pas la carrure pour incarner à lui seul l'Union Européenne. Mais en réalité n'est-ce pas grâce à cela qu'il a été choisi ? L'ancien premier ministre Belge n'est-il pas en fait un homme de paille, une marionnette entre les mains du couple franco-allemand ?
 
Indéniablement, la France et l'Allemagne, enfin surtout cette dernière, sont aujourd'hui les leaders de l'UE. Pour preuve, les récents traités ont été élaborés par ces deux pays laissant, malgré les apparences, les autres nations en marge. Aussi, la mise en place d'un président du conseil européen plus flamboyant, plus robuste se serait traduit par une perte d'influence des chefs d'Etats européens.
 
Mais au-delà de la problématique des personnes, je crois que la question de l'existence même du poste doit être posée. A l'heure actuelle, la direction de l'UE est à la fois multiple et bancale ce qui nuit à l'efficacité. De fait, nous avons une commission avec son président José Manuel Barroso et un conseil européen dirigé par Herman Van Rompuy qui coexistent en parallèle des chefs d'Etat et de gouvernements, sans compter le Parlement. Bref, cela fait un paquet de décideurs, chacun avec leur propre ego.
 
Je crois donc que l'on peut légitimement s'interroger sur l'actuelle gouvernance européenne qui essaye de conjuguer fédéralisme avec la Commission et europe des nations par le biais du conseil européen. A mon sens cette organisation, adoptée pour ménager la chèvre et le chou,  est mauvaise car elle revient à entraver le fonctionnement des institutions européennes. Sans parler de son caractère démocratique plus qu'inexistant.
 
Voila pourquoi il me semble nécessaire de trancher entre deux visions opposées de l'europe. Entité fédérale d'un côté contre coopération des nations de l'autre. Et c'est de ce choix que devra naître une nouvelle structuration des organes européens afin que l'Union Européenne redevienne ce qu'elle n'aurait jamais du cesser d'être, c'est-à-dire un lieu de paix, de démocratie, de solidarité et de prospérité.

vendredi 2 mars 2012

Eva Joly contre la Nation

Après Eva Joly et le défilé du 14 Juillet puis Eva Joly et les jours fériés religieux, voila maintenant Eva Joly et les langues régionales !
 
Dans une récente interview accordée à Corse Matin, Eva Joly a exprimé la volonté d'aboutir à "une fiche d'état civil avec deux colonnes, l'une en français et l'autre en corse voire en breton, en alsacien, en catalan. Je modifierai dans ce sens l'article 2 de la Constitution". Pour rappel, l'article 2 de la Constitution dispose que "la langue de la République est le français". Ainsi, seul le français est reconnu comme langue officielle dans notre pays, ce qui exclut donc d'office les dialectes et autres patois régionaux.
 
Par cette nouvelle sortie médiatique catastrophique, Eva Joly nous prouve une nouvelle fois toute l'étendue de son incompétence et de sa méconnaissance de notre Histoire. Disons le tout net, et même si certains le pensent, je ne crois pas que cela soit du à l'origine norvégienne de la candidate écologiste. Il serait d'ailleurs trop facile d'expliquer ces propos par cet état de fait alors même que Mme Joly est Française depuis de nombreuses années.
 
Au vu de sa carrière de l'ancienne juge d'instruction, il semble peu crédible que les propositions d'Eva Joly soient de simples erreurs d'appréciation. On peut certes penser qu'il existe des loupés dans sa communication mais à ce point, cela serait plus qu'inquiétant et hautement suicidaire dans une campagne présidentielle.
 
Pour ma part, je crois qu'il y a d'autres hypothèses plausibles. Indéniablement Eva Joly est une novice en politique mais comme je l'ai dit, et en raison de sa ribambelle de conseillers, je crois que cela ne joue que de manière marginale.
 
En revanche, il me semble que deux raisons peuvent justifier un tel comportement.
La première relève du fond, de l'aspect programmatique. Ainsi, il apparaît assez nettement que les écologistes s'inscrivent dans une tradition internationaliste qui défend la notion de citoyen du monde, ce qui s'oppose clairement à l'idée même de nation. D'ailleurs, leur défense acharnée d'une europe fédérale appuie en ce sens. Dans cet objectif, il n'est donc pas surprenant que la candidate EELV cherche à détruire les composantes de notre nation (langue ...) et à dissoudre notre pays dans une entité globale.
 
Mais parallèlement à cet aspect dogmatique, on peut également envisager une considération plus politicienne. En effet, chacun sait qu'aujourd'hui Eva Joly est au plus bas dans les sondages et que sa campagne a du mal à démarrer. De plus, on peut remarquer que celle-ci n'a pas réussi à fédérer son parti autour d'elle puisqu'un certain nombre de ses "amis" n'hésitent pas à la tacler publiquement.
En conséquence, il est possible d'envisager que ces sorties sont un moyen pour elle d'exister dans les médias et donc de faire parler d'elle. Mais rien ne dit que l'effet sur les électeurs ne soit pas le contraire de celui escompté. De fait, en attaquant la France dans son for intérieur, dans ses racines, il est plus probable que la candidate suscite du rejet que de l'adhésion.
 
En vérité, et quelle que soit la raison qui pousse Eva Joly à débiter de telles âneries, je ne peux m'empêcher de m'interroger sur l'opportunité d'une candidature à l'élection présidentielle de 2012. Attention, je ne conteste pas la légitimité et le bien fondé d'une candidature écologiste, encore que je considère que l'écologie ne constitue pas un programme en soi. Ce que je veux dire est que je doute de plus en plus, et je ne suis pas le seul, de la pertinence d'un maintien dans la course à tout prix.
Au vu des circonstances et de la situation, il me semblerait plus sage qu'Eva Joly se retire et rallie François Hollande. D'une part, cela permettrait d'épargner à EELV une nouvelle bérézina électorale qui risquerait de laisser d'importantes séquelles au sein du parti. D'autre part, les écologistes ont déjà négocié et obtenu du PS des circonscriptions gagnables pour les législatives du mois de Juin afin de pouvoir constituer un groupe parlementaire.
Quel intérêt alors de perdurer dans cette voie si ce n'est de décrédibiliser encore un peu plus la candidate et son mouvement ?   

jeudi 1 mars 2012

Imposition à 75 % : Hollande ce dangereux gauchiste

Lundi soir, dans l'émission "parole de candidat" sur TF1, François Hollande a annoncé vouloir créer une tranche d'impôt sur le revenu à 75 % pour ceux qui gagnent plus d'un million d'euros par an, soit environ 80 000 € par mois.
Avant toute chose, je tiens à préciser pour ceux qui ne seraient pas familiers avec la fiscalité que ce taux de 75 % ne s'applique à l'intégralité des revenus du fait de la progressivité de l'impôt. Concrètement, une telle mesure ne reviendrait pas à spolier un individu des ¾  de ses revenus. En revanche, et c'est là l'objectif, les plus aisés contribueront davantage à la solidarité nationale.
 
Bien évidemment cette proposition a été fortement commentée à gauche comme à droite. Et d'un côté comme de l'autre je crois que les réactions n'ont pas été à la hauteur. Effectivement, et de manière assez cohérente en réalité, l'UMP a réprouvé cette mesure arguant du risque d'exil des plus riches et donc de son effet contre-productif. Jean-Luc Mélenchon, quant à lui, a estimé qu'il s'agissait d'un premier pas mais qu'il fallait aller encore plus loin, à savoir un taux de 100 % au dessus de 360 000 € par an.
 
Sur le fond, je dois reconnaître que je suis plutôt en accord avec François Hollande sur ce sujet là. Encore qu'il me semblerait préférable de mettre en place davantage de tranches afin de rétablir une réelle progressivité de l'impôt. Mais il ne me semble pas illogique que chacun contribue à l'effort national en fonction de ses moyens car il ne faut pas oublier que cet argent sera soit redistribué soit investi dans des infrastructures publiques (écoles, hôpitaux, routes ...). Voila pourquoi je crois que personne ne devrait être exonéré d'impôt. Je suis donc partisan que chaque foyer fiscal, du plus modeste au plus aisé, soit imposé afin de n'exclure personne de ce mécanisme de solidarité.
 
Alors bien sur, et c'est d'ailleurs la théorie de l'économiste américain Arthur Laffer avec sa célèbre idée "trop d'impôt tue l'impôt", on peut penser qu'il ne faut pas trop taxer les riches. Dans l'absolu, je ne suis pas opposé à cela. Encore faut-il s'accorder sur la notion de "trop", qui est subjective au possible. Je rappelle simplement qu'en 1941, le président Roosevelt avait instauré un taux marginal d'imposition de 91 %. Or il ne me semble pas que Franklin Delano Roosevelt ait été un dangereux bolchevik. L'impôt a une vocation redistributive et non confiscatoire qu'il convient de préserver ou plus vraisemblablement de réaffirmer.
 
On m'opposera alors le fait que rien n'empêche les riches basés en France de s'exiler vers des contrées plus accueillantes, fiscalement parlant. On me dira qu'il est donc préférable de contenir notre pression fiscale pour ne pas accentuer ce phénomène.
Pour moi ces arguments ne sont pas valables. En effet, nous avons bien vu que la politique fiscale de Nicolas Sarkozy menée par Eric Woerth en début de mandat a été un échec cuisant, qui a simplement contribué à assécher les recettes de l'Etat. De plus, je crois qu'il ne faut pas être naïf sur ce sujet. Même si la France baissait son niveau de prélèvements obligatoires, elle ne pourrait s'aligner sur certains pays qui vivent de ce dumping fiscal, les fameux paradis fiscaux.
 
Clairement, la lutte contre l'exil fiscal doit s'inscrire dans un contexte de coopération internationale pour être vraiment efficace. Bien que le G20 ait émis cette volonté, il s'avère que cela fut un échec du fait d'un manque de volonté politique et d'un refus de collaboration des paradis fiscaux. Une fois encore la négociation a été privilégiée à la sanction, ce qui a hypothéquée toute chance de réussite.
 
A maintes reprises sur ce blog j'ai exprimé la nécessité de mettre en place un impôt sur la nationalité qui rendrait alors caduc l'exil fiscal. Je me félicite d'ailleurs que Nicolas Dupont-Aignan reprenne ce mécanisme dans son programme.
Pour rappel, une telle mesure consisterait à faire payer à toute personne de nationalité française et quel que soit son lieu de résidence la différence entre l'impôt qu'elle paierait en France et celui qu'elle paye effectivement dans le pays où elle se trouve.
Prenons l'exemple de M. A. qui vit en Suisse où il paye 350 € d'impôt. S'il résidait en France, il devrait payer 900 € d'IR. Avec le système que je propose, il devrait donc s'acquitter de 550 € d'impôt supplémentaires, ce qui supprimerait la concurrence fiscale entre Etats ...