Après l'Autriche et
avant l'Angleterre, c'est l'Italie qui était appelée aux urnes ce dimanche pour
le second tour des élections
municipales. Le premier semestre 2016 aura donc été riche en votes au niveau
européen.
Si chaque élection est bien
évidemment différente avec des problématiques propres à chaque pays, on peut
toutefois constater d'importants points de similitudes entre ces échéances. Ou
en tout cas une certaine répétition dans les résultats.
Que voit-on finalement dans chacune de ces
élections ?
Deux éléments sont à
mon sens primordiaux et récurrents. D'une part, que ce soit en Espagne, en Italie
ou en Autriche, on ne peut qu'observer un rejet plus ou moins massif des partis
institutionnels. Droite et gauche de gouvernement sont remisés notamment au
profit de mouvements dits citoyens (Podemos en Espagne, mouvement 5 étoiles en Italie)
ou de formations d'extrême droite (FPO en Autriche).
Cette lame de fond qui
parcourt/balaie l'europe n'a pas épargné l'Italie comme l'ont prouvé les dernières
élections municipales. Bien que marqué par une forte abstention, ce scrutin se
révèle être à la fois une importante victoire pour le mouvement 5 étoiles de
Beppe Grillo qui s'empare de Rome et Turin mais également une lourde défaite pour
le PD (Parti Démocrate) du premier ministre Matteo Renzi qui se retrouve dans
une situation de plus en délicate. Et ce n'est pas le référendum d'octobre sur
la future réforme constitutionnelle qui risque d'arranger les choses dans la mesure
où celui-ci a lié son sort à l'issue du scrutin.
Analyser uniquement ces
élections municipales comme un refus de la ligne politique du gouvernement
serait toutefois une erreur. Car il s'agit de bien plus que cela en réalité.
Certes le premier ministre et le PD ont accumulé nombre de griefs contre eux
mais on remarque malgré tout la conservation de plusieurs villes telles que Milan
ou Bologne ce qui nous conduit à nuancer notre jugement.
La prise en compte du
profil des candidats victorieux permet en revanche de mieux comprendre leur
succès. Comme Podemos en Espagne, le mouvement 5 étoiles est une formation plutôt
jeune et issue de la société civile qui prône une nouvelle manière de faire de
la politique. Leur volonté de renouvellement de la classe politique les conduit
alors à présenter des candidats jeunes, peu ou pas expérimentés à l'inverse des
candidats des partis traditionnels qui sont eux en place depuis de nombreuses
années et sont pour certains englués dans des affaires de corruption.
Cette stratégie fut
doublement gagnante à Rome et Turin avec l'élection de deux jeunes femmes
(Virginia Raggi, 37ans dans la capitale et Chiara Appendino, 31 ans). Peu
connues du grand public, celles-ci ont réussi le pari d'incarner le renouveau
face aux candidats sortants, des hommes plus âgés et expérimentés.
Si la campagne n'a pas été de tout repos et que la
victoire était loin d'être acquise, le plus dur est peut-être finalement à
venir. Indéniablement ces candidats, en Italie, en Espagne ou ailleurs, suscitent
une importante vague d'espoir mais aussi, et surtout, une forte attente de la
part de leurs concitoyens. Plus encore que la situation des villes conquises ou
les attaques de l'opposition, ce sera l'impatience des électeurs qui
constituera le pire ennemi de ces nouveaux élus. Toute la difficulté se résume
donc maintenant à résister à l'épreuve du pouvoir et à la confrontation avec la
réalité …