Après je suis
Charlie, je suis Paris, je suis Tunis, je suis Beyrouth et tous les autres,
c'est maintenant la Belgique qui est touchée par un nouvel attentat revendiqué
par Daech. Terribles explosions à l'aéroport de Zaventem et dans le métro près
de Maelbeek causant ainsi 31 morts et plus de 300 blessés.
Bien évidemment
nous ne pouvons qu'avoir une pensée pour les victimes et leurs familles. Bien
sûr ces attentats ont soulevé une vague d'émotion dépassant largement la Belgique
et nombre de pays ont rendu hommage aux victimes. Quoi de plus naturel
finalement ? Mais est-ce pour autant suffisant ? Je ne le crois pas. Car c'est
ce que nous avons fait après le 7 janvier, c'est ce que nous avons fait après
le 13 novembre. Et ensuite ? Doit-on continuer à faire le deuil et à allumer
des bougies en attendant la prochaine fois ?
Le temps du
deuil et du recueillement est évidemment nécessaire. Mais il n'est clairement
pas suffisant. Et ces attentats qui se répètent, en Europe mais partout dans le
monde, ne peuvent continuer indéfiniment. En tout cas, nos dirigeants doivent
faire le maximum pour y mettre un terme. Nul ne prétend avoir la solution
miracle face au terrorisme tant cette menace est diffuse. Prétendre éradiquer
ce risque serait évidemment un mensonge éhonté. Pour autant, il est possible de
réduire ce risque, de le contenir en prenant des mesures fortes et immédiates.
Car au final,
quelles ont été les réactions du gouvernement face à ces attentats ?
Presque aucune
en janvier malheureusement. Rien de réellement significatif en réalité. La loi renseignement,
qui se révélera totalement inutile, a été avancée pour donner l'illusion du
mouvement et l'opération Sentinelle, c'est-à-dire le déploiement de militaires
dans nos rues afin de protéger des points jugés sensibles, a été mise en place.
Déjà critique à l'époque comme je l'expliquais ici, je continue à penser que cette opération est
contre-productive et relève davantage d'un coup de communication visant à
rassurer la population plutôt qu'à assurer sa sécurité. Preuve en est la terrible conversation
entre un policier et un soldat le soir du massacre au Bataclan où le second
refuse d'agir sans ordres de sa hiérarchie.
Fervent soutien
de nos forces armées, je ne peux que saluer le travail accompli par nos
soldats. Pour autant, je pense que l'opération Sentinelle doit être arrêtée. Il
en va de l'intérêt de nos militaires qui sont complètement épuisés, avec encore
récemment la suppression de jours de repos. Mais cela serait également
profitable pour notre pays si ces hommes et ces femmes étaient envoyés sur des théâtres
d'opérations extérieures (Mali ou Syrie par exemple) afin de faire vraiment
leur métier. Car il serait grand temps que nos dirigeants comprennent que nos
soldats n'ont pas vocation à patrouiller dans les rues de France, mission qui
relève de la police et de la gendarmerie. Enfin si tant est que ceux-ci en
aient encore les moyens suite aux coupes budgétaires et suppression de postes
imposées par Nicolas Sarkozy et François Hollande …
Faibles
réactions donc après le 7 janvier. Et moins d'un an plus tard, nouveaux attentats
sur notre sol, en plein Paris, le 13 novembre 2015. Nouveau choc, nouvelle
vague d'émotions. Là encore la réponse n'est pas forcément à la hauteur des
évènements. Certes des annonces ont été faites, certes l'état d'urgence a (enfin)
été déclaré. Mais que retient-on de tout cela ? Des affrontements stériles
entre politiciens autour de la constitutionnalisation de la déchéance de
nationalité. Toute une mise en scène autour d'une mesure qui relève de la
symbolique et qui ne permet en rien de lutter activement contre le terrorisme.
A l'inverse très peu sur des actions plus urgentes et efficaces telles que le
renforcement des contrôles aux frontières ou l'augmentation des moyens des
forces de l'ordre. Bref, encore et toujours de la comm …
Nous l'avons
déjà dit et je le réaffirme ici, il n'existe aucune solution miracle permettant
à coup sûr d'éradiquer le terrorisme de notre planète. Pour autant, cela ne
doit pas nous réduire à la passivité, en attente d'un nouveau massacre. Bien au
contraire. Car il existe malgré tout des mesures simples et concrètes qui
permettraient de réduire le risque. Mais encore faut-il avoir le courage
politique de les annoncer et de les mettre en œuvre.
L'un des aspects
que l'on retrouve dans chacune des attaques que nous avons subies est que les
personnes impliquées étaient déjà connues et surveillées par les services de
renseignements. Pourtant, les informations obtenues n'ont pas été traitées ou
les surveillances avaient été abandonnées. A qui la faute ? Bonne question en
réalité. Et il serait justement intéressant d'analyser si des manquements ont
eu lieu et surtout si les actions correctives ont été prises afin d'éviter que
cela ne se reproduise. Clairement l'accent doit être mis sur le renseignement
et la coopération, notamment au niveau européen, en matière d'échanges
d'informations. C'est tout ce travail de fourmi réalisé dans l'ombre qui
permettra de déjouer les attentats en préparation et d'identifier les menaces
potentielles.
Mais les
services de renseignement sont seulement un rouage du système de lutte contre
le terrorisme. Et si cette lutte passe par une surveillance sur notre
territoire, le combat doit aussi être mené à la source du problème là où se
développe Daech, c'est à dire notamment en Syrie. Pendant trop longtemps nos
dirigeants ont pris le problème syrien à la légère et leur volonté de voir
Bachar El Assad tomber a pris le pas sur toute autre considération. Pire, nous avons
soutenu, dans ce vil objectif, différents groupes islamistes tels qu'Al Nosra,
filière locale d'Al Qaida. Tout cela laissant alors champ libre à Daech. Il
semblerait que notre diplomatie commence progressivement à changer son fusil
d'épaule et à ne plus conspuer les forces armées russes largement actives sur
le terrain, contribuant notamment à la reprise de Palmyre ce week-end. Une
partie de notre sécurité, en Europe, se joue actuellement au Moyen-Orient et il
me semble indispensable de combattre Daech dans ses bastions notamment afin de
couper ses sources de financement liées en grande partie au pétrole et à ses
relations plutôt ambigües avec la Turquie.
Renseignement
d'une part, opérations militaires au Moyen-Orient d'autre part. Sans oublier
évidemment les actions qui doivent être menées sur notre sol au quotidien.
L'état d'urgence est en soi une réponse si tant est qu'il soit utilisé à bon
escient et non pour persécuter d'éventuels opposants politiques. Évidemment que
les moyens des forces de l'ordre doivent être renforcées, ne particulier en
termes d'hommes et de matériel. Mais les effets se verront uniquement à moyen
terme suite aux coupes réalisées lors des quinquennats Sarkozy et Hollande. En
revanche, il est un élément qui peut, sur simple volonté politique, être immédiatement
mis en œuvre. Je pense bien sûr au contrôle des frontières aujourd'hui
totalement inexistant. Car nous l'avons vu, là aussi lors des évènements du 13
novembre, les assaillants ont pu allégrement circuler entre la France et la Belgique
avec armes et munitions sans être inquiétés. Schengen est mort et enterré mais
nos gouvernants ne veulent malheureusement pas l'admettre par pure idéologie.
En ces temps troublés est-ce si
illogique que cela de contrôler qui entre et qui sort de notre territoire ? Et
pourquoi ce qui serait possible dans la plupart des pays du monde ne le serait
pas pour la France ?
Enfin, il est une chose que j'ai, comme beaucoup de
nos concitoyens d'ailleurs, beaucoup de mal à comprendre. Nous l'avons dit
précédemment, la quasi-totalité des terroristes étaient connus des services de
police ou de renseignement. D'autres, qui sont allés combattre en Syrie et qui
sont de retour sur le territoire français, sont également clairement
identifiés. Sans parler évidemment de toutes les personnes radicalisées ayant
une fiche S. Bref toute une flopée d'individus représentant une menace
potentielle sérieuse circulent aujourd'hui en toute liberté dans nos rues. Et
face à cela nos dirigeants ne font rien ou plutôt si, ils attendent que la
menace se matérialise donc que ces dégénérés passent à l'acte. N'a-t-on pas,
dans un pays comme la France, les moyens de neutraliser de manière préventive
ces individus, avant même qu'il ne soit trop tard ?
En matière de
terrorisme, comme dans bien d'autres domaines d'ailleurs, nos dirigeants font
preuve d'un angélisme et d'un laxisme dévastateur. Pour des raisons
économiques, politiques ou idéologiques, pour ne pas dire électorales, certains ont pendant trop longtemps détourné
le regard préférant nier les problèmes plutôt que de les combattre à la racine.
Nous en récoltons malheureusement aujourd'hui les fruits. Charge à nous
maintenant d'ouvrir les yeux et d'affronter la réalité en face …