lundi 28 mars 2016

Terrorisme : il est temps d'agir !

Après je suis Charlie, je suis Paris, je suis Tunis, je suis Beyrouth et tous les autres, c'est maintenant la Belgique qui est touchée par un nouvel attentat revendiqué par Daech. Terribles explosions à l'aéroport de Zaventem et dans le métro près de Maelbeek causant ainsi 31 morts et plus de 300 blessés.

Bien évidemment nous ne pouvons qu'avoir une pensée pour les victimes et leurs familles. Bien sûr ces attentats ont soulevé une vague d'émotion dépassant largement la Belgique et nombre de pays ont rendu hommage aux victimes. Quoi de plus naturel finalement ? Mais est-ce pour autant suffisant ? Je ne le crois pas. Car c'est ce que nous avons fait après le 7 janvier, c'est ce que nous avons fait après le 13 novembre. Et ensuite ? Doit-on continuer à faire le deuil et à allumer des bougies en attendant la prochaine fois ?

Le temps du deuil et du recueillement est évidemment nécessaire. Mais il n'est clairement pas suffisant. Et ces attentats qui se répètent, en Europe mais partout dans le monde, ne peuvent continuer indéfiniment. En tout cas, nos dirigeants doivent faire le maximum pour y mettre un terme. Nul ne prétend avoir la solution miracle face au terrorisme tant cette menace est diffuse. Prétendre éradiquer ce risque serait évidemment un mensonge éhonté. Pour autant, il est possible de réduire ce risque, de le contenir en prenant des mesures fortes et immédiates.

Car au final, quelles ont été les réactions du gouvernement face à ces attentats ?
Presque aucune en janvier malheureusement. Rien de réellement significatif en réalité. La loi renseignement, qui se révélera totalement inutile, a été avancée pour donner l'illusion du mouvement et l'opération Sentinelle, c'est-à-dire le déploiement de militaires dans nos rues afin de protéger des points jugés sensibles, a été mise en place. Déjà critique à l'époque comme je l'expliquais ici, je continue à penser que cette opération est contre-productive et relève davantage d'un coup de communication visant à rassurer la population plutôt qu'à assurer sa sécurité. Preuve en est la terrible conversation entre un policier et un soldat le soir du massacre au Bataclan où le second refuse d'agir sans ordres de sa hiérarchie.

Fervent soutien de nos forces armées, je ne peux que saluer le travail accompli par nos soldats. Pour autant, je pense que l'opération Sentinelle doit être arrêtée. Il en va de l'intérêt de nos militaires qui sont complètement épuisés, avec encore récemment la suppression de jours de repos. Mais cela serait également profitable pour notre pays si ces hommes et ces femmes étaient envoyés sur des théâtres d'opérations extérieures (Mali ou Syrie par exemple) afin de faire vraiment leur métier. Car il serait grand temps que nos dirigeants comprennent que nos soldats n'ont pas vocation à patrouiller dans les rues de France, mission qui relève de la police et de la gendarmerie. Enfin si tant est que ceux-ci en aient encore les moyens suite aux coupes budgétaires et suppression de postes imposées par Nicolas Sarkozy et François Hollande …

Faibles réactions donc après le 7 janvier. Et moins d'un an plus tard, nouveaux attentats sur notre sol, en plein Paris, le 13 novembre 2015. Nouveau choc, nouvelle vague d'émotions. Là encore la réponse n'est pas forcément à la hauteur des évènements. Certes des annonces ont été faites, certes l'état d'urgence a (enfin) été déclaré. Mais que retient-on de tout cela ? Des affrontements stériles entre politiciens autour de la constitutionnalisation de la déchéance de nationalité. Toute une mise en scène autour d'une mesure qui relève de la symbolique et qui ne permet en rien de lutter activement contre le terrorisme. A l'inverse très peu sur des actions plus urgentes et efficaces telles que le renforcement des contrôles aux frontières ou l'augmentation des moyens des forces de l'ordre. Bref, encore et toujours de la comm …

Nous l'avons déjà dit et je le réaffirme ici, il n'existe aucune solution miracle permettant à coup sûr d'éradiquer le terrorisme de notre planète. Pour autant, cela ne doit pas nous réduire à la passivité, en attente d'un nouveau massacre. Bien au contraire. Car il existe malgré tout des mesures simples et concrètes qui permettraient de réduire le risque. Mais encore faut-il avoir le courage politique de les annoncer et de les mettre en œuvre.

L'un des aspects que l'on retrouve dans chacune des attaques que nous avons subies est que les personnes impliquées étaient déjà connues et surveillées par les services de renseignements. Pourtant, les informations obtenues n'ont pas été traitées ou les surveillances avaient été abandonnées. A qui la faute ? Bonne question en réalité. Et il serait justement intéressant d'analyser si des manquements ont eu lieu et surtout si les actions correctives ont été prises afin d'éviter que cela ne se reproduise. Clairement l'accent doit être mis sur le renseignement et la coopération, notamment au niveau européen, en matière d'échanges d'informations. C'est tout ce travail de fourmi réalisé dans l'ombre qui permettra de déjouer les attentats en préparation et d'identifier les menaces potentielles.

Mais les services de renseignement sont seulement un rouage du système de lutte contre le terrorisme. Et si cette lutte passe par une surveillance sur notre territoire, le combat doit aussi être mené à la source du problème là où se développe Daech, c'est à dire notamment en Syrie. Pendant trop longtemps nos dirigeants ont pris le problème syrien à la légère et leur volonté de voir Bachar El Assad tomber a pris le pas sur toute autre considération. Pire, nous avons soutenu, dans ce vil objectif, différents groupes islamistes tels qu'Al Nosra, filière locale d'Al Qaida. Tout cela laissant alors champ libre à Daech. Il semblerait que notre diplomatie commence progressivement à changer son fusil d'épaule et à ne plus conspuer les forces armées russes largement actives sur le terrain, contribuant notamment à la reprise de Palmyre ce week-end. Une partie de notre sécurité, en Europe, se joue actuellement au Moyen-Orient et il me semble indispensable de combattre Daech dans ses bastions notamment afin de couper ses sources de financement liées en grande partie au pétrole et à ses relations plutôt ambigües avec la Turquie.

Renseignement d'une part, opérations militaires au Moyen-Orient d'autre part. Sans oublier évidemment les actions qui doivent être menées sur notre sol au quotidien. L'état d'urgence est en soi une réponse si tant est qu'il soit utilisé à bon escient et non pour persécuter d'éventuels opposants politiques. Évidemment que les moyens des forces de l'ordre doivent être renforcées, ne particulier en termes d'hommes et de matériel. Mais les effets se verront uniquement à moyen terme suite aux coupes réalisées lors des quinquennats Sarkozy et Hollande. En revanche, il est un élément qui peut, sur simple volonté politique, être immédiatement mis en œuvre. Je pense bien sûr au contrôle des frontières aujourd'hui totalement inexistant. Car nous l'avons vu, là aussi lors des évènements du 13 novembre, les assaillants ont pu allégrement circuler entre la France et la Belgique avec armes et munitions sans être inquiétés. Schengen est mort et enterré mais nos gouvernants ne veulent malheureusement pas l'admettre par pure idéologie. En ces  temps troublés est-ce si illogique que cela de contrôler qui entre et qui sort de notre territoire ? Et pourquoi ce qui serait possible dans la plupart des pays du monde ne le serait pas pour la France ?

Enfin,  il est une chose que j'ai, comme beaucoup de nos concitoyens d'ailleurs, beaucoup de mal à comprendre. Nous l'avons dit précédemment, la quasi-totalité des terroristes étaient connus des services de police ou de renseignement. D'autres, qui sont allés combattre en Syrie et qui sont de retour sur le territoire français, sont également clairement identifiés. Sans parler évidemment de toutes les personnes radicalisées ayant une fiche S. Bref toute une flopée d'individus représentant une menace potentielle sérieuse circulent aujourd'hui en toute liberté dans nos rues. Et face à cela nos dirigeants ne font rien ou plutôt si, ils attendent que la menace se matérialise donc que ces dégénérés passent à l'acte. N'a-t-on pas, dans un pays comme la France, les moyens de neutraliser de manière préventive ces individus, avant même qu'il ne soit trop tard ?

En matière de terrorisme, comme dans bien d'autres domaines d'ailleurs, nos dirigeants font preuve d'un angélisme et d'un laxisme dévastateur. Pour des raisons économiques, politiques ou idéologiques, pour ne pas dire électorales,  certains ont pendant trop longtemps détourné le regard préférant nier les problèmes plutôt que de les combattre à la racine. Nous en récoltons malheureusement aujourd'hui les fruits. Charge à nous maintenant d'ouvrir les yeux et d'affronter la réalité en face …

mardi 8 mars 2016

Une légion d'honneur pour le droit des femmes

"Tu sais quel jour on est ? On est le 8 mars. C'est ma journée !"
Voilà ce que la plupart de mes congénères mâles ont entendu ce matin au réveil.  Et bien désolé de vous décevoir mesdames mais le 8 mars n'est pas VOTRE journée. Et non, il s'agit de la journée internationale pour les droits des femmes. Ne vous attendez donc pas à un bouquet de fleurs ou en tout cas pas plus qu'en temps normal.

Mais trêve de plaisanteries. Enfin pas tout à fait en réalité. Regardons plutôt du côté de notre cher président, lui qui est si réputé pour son humour potache. François Hollande a une nouvelle fois prouvé son sens du timing en remettant vendredi dernier la légion d'honneur à Mohammed ben Nayef ben Abdelaziz Al Saoud. Quel rapport me direz-vous ? Et bien ce fameux monsieur Ben Nayef n'est ni plus ni moins que le prince héritier d'Arabie Saoudite. Belle ironie donc que de décorer le prince d'un régime sanguinaire, despotique et misogyne à quelques jours de la célébration des droits des femmes.

Car, faut-il le rappeler, l'égalité hommes-femmes est une utopie en ce pays et la discrimination des femmes un mode de vie. La notion de "sexe faible" semble avoir été inventée pour cet État du Moyen-Orient tant les libertés de la femme sont restreintes : interdiction de conduire, prohibition de la mixité dans certains lieux publics, obligation de porter une abaya (longue robe noire) et de couvrir ses cheveux. Bref, les femmes (sur)vivent au quotidien sous domination masculine.
Mais si la question du droit des femmes ne suffisait pas, l'Arabie Saoudite est également un pays qui fait preuve de largesses avec les droits de l'Homme. Liberté d'expression inexistante, justice arbitraire, police religieuse omniprésente …  Sans oublier évidemment la propension du régime à exécuter à tour de bras (153 décapitations en 2015, 70 depuis le début de l'année).

Vous l'aurez compris, l'Arabie Saoudite n'est clairement pas un modèle de démocratie. Et pourtant l'un de ses dirigeants a reçu la légion d'honneur des mains du président de la République française. Troublant, non ? Et cela d'autant plus que notre gouvernement fait preuve de nettement moins d'indulgence avec d'autres régimes du même acabit, Syrie en tête. Pourquoi une telle différence de traitement, pourquoi ce deux poids deux mesures si ce n'est pour des raisons purement économiques ? "Business is business" comme dirait l'autre et la realpolitik a pris aujourd'hui le pas en matière de politique étrangère.

Mais revenons-en au thème de cette journée, à savoir les droits des femmes. Et il n'est pas besoin, malheureusement, d'aller jusqu'en Arabie Saoudite pour voir poindre des inégalités entre hommes et femmes. Notre pays, si évolué soit-il, est lui aussi confronté à cette problématique que ce soit à l'école, en entreprise ou en politique. Remarques machistes, différences de salaires ou de niveau de responsabilités, discrimination à l'embauche … Le sexisme est finalement plus répandu qu'on ne le pense et fait parfois partie du quotidien, au risque de se banaliser. L'exemple le plus flagrant étant évidemment les blagues misogynes.

Alors que faire pour rétablir une égalité réelle entre hommes et femmes. Certains grands penseurs parmi nos dirigeants ont eu l'idée lumineuse de créer un secrétariat d'Etat dédié. D'autres ont souhaité mettre en place des quotas, par exemple au travers de loi parité de 2000. Nul ne peut prétendre avoir la solution miracle en ce domaine mais indéniablement l'Etat et les institutions publiques doivent prendre toute leur part dans l'évolution des mentalités par un travail de fond dès le plus jeune âge. Car je suis persuadé que ces inégalités prennent naissance, pour certaines, dans l'éducation. Et les nouvelles générations ont donc un rôle à jouer en ce sens afin de déconstruire les stéréotypes et autres clichés sur la gente féminine.

Rome ne s'est pas faite en un jour. L'égalité hommes-femmes non plus. Les droits des femmes sont en définitive une somme de conquêtes au fil du temps (droit de vote en 1944, loi pour l'IVG en 1975, lois successives sur l'égalité professionnelle …). La leçon à retenir est peut-être finalement que le combat n'est jamais réellement terminé et que rien n'est totalement acquis. La vigilance est donc de mise pour aller vers davantage d'égalité, vers toujours plus de droits et ne pas revenir à un quelconque asservissement comme cela peut exister ailleurs. La France est la patrie des droits de l'homme. Œuvrons pour qu'il soit aussi le pays des droits de la femme !