mardi 30 avril 2013

Gouvernement d'union nationale : pour qui, pour quoi ?

 Alors que la côte de popularité de François Hollande est au plus bas, un sondage paru dans le JDD du 28 avril nous apprend qu'une très large majorité de Français (78 %) sont favorables à la constitution d'un gouvernement d'union nationale. Mieux, ce panel prône à 47 % l'entrée de François Bayrou dans cette équipe gouvernementale.
 
Notre pays n'ayant pas connu de tel gouvernement depuis de Gaulle, il est assez surprenant de voir émerger une telle hypothèse. Cela étant, on peut remarquer que plusieurs de nos voisins ont récemment eu recours à cette méthode, ce qui a pu inspirer nos compatriotes ou tout au moins les instituts de sondage. Il en est ainsi de l'Italie où le dirigeant de gauche Enrico Letta vient juste de former un gouvernement réunissant les principales forces politiques du pays (le Parti Démocrate de Bersani, Peuple De la Liberté de Berlusconi et les centristes de Monti). Sans oublier l'Allemagne et sa coalition CDU/SPD en 2005 lors du premier mandat d'Angela Merkel. 
 
Hormis ses considérations internationales, on peut malgré tout penser que le contexte franco-français joue un rôle non négligeable dans les résultats de ce sondage. Indéniablement François Hollande déçoit. Et ce ne sont pas ses gesticulations stériles sur le mariage homosexuel qui vont rassurer la population. De fait, se concentrer sur des questions sociétales clivantes n'est pas forcément le plus judicieux en temps de crise économique, d'autant plus que le chômage et le pouvoir d'achat sont connaissent une évolution inversement proportionnelle.
 
Face à cette déception, certes légitime mais prévisible, les Français interrogés semblent donc exprimer la volonté d'un réel changement. Assez logiquement l'UMP ne remporte pas les suffrages, notamment en raison du spectacle pitoyable qu'elle offre (élections internes, comportements autour du mariage pour tous …) mais également de ses précédents échecs lors de ses récents passages au pouvoir.
A l'inverse, Jean-Luc Mélenchon et le Front de Gauche ne rencontrent pas le succès auquel on pourrait s'attendre. Alors que le PS a entamé le tournant de la rigueur dès le début de son mandat, la camarade Jean-Luc n'arrive visiblement pas à capitaliser sur le rejet du pouvoir en place.  En fait, seul le Front National réussit à tirer son épingle du jeu, notamment grâce à la figure de Marine Le Pen et au contexte on ne peut plus favorable du "tous pourris".
 
Cela étant, ce sondage met en avant un scénario d'union nationale et non pas d'une simple alternance, ce qui n'est pas neutre et peut vouloir signifier plusieurs choses.
D'une part, il est clair que la situation du pays préoccupe les Français qui veulent donc que l'ensemble de la classe politique prenne les problèmes de la nation à bras le corps. D'où cette volonté de rassembler les grands partis en un seul gouvernement.
D'autre part, cela laisse entendre que la confiance dans les principaux partis s'est amoindrie et que leur capacité à changer la vie est donc sérieusement mise en doute. Bref, l'enseignement de cette étude pourrait être : plutôt que de continuer avec un parti (PS ou UMP) que l'on connaît et qui a déjà échoué, pourquoi ne pas essayer de tous les mélanger ?
 
En ce sens, l'arrivée en tête du sondage de François Bayrou n'est que peu surprenante. De fait, celui-ci bénéficie d'une relative "virginité politique" n'ayant pas été au pouvoir ces dernières années. Bayrou incarne donc un certain renouveau mais également une constance et une rigueur morale, notamment à la suite de son échec de 2012. Plus encore, de par son positionnement même et ses propos sur la rénovation politique ou la dette, le leader du Modem apparaît comme visionnaire sur ces sujets.
Cela étant, la réalité n'est pas aussi rose concernant Bayrou et les Français ont malheureusement la mémoire courte. Ainsi, peu de gens se souviennent qu'il fut ministre de Jacques Chirac et donc comptable de son bilan. De même, si les constats étaient bons, les solutions économiques proposées lors des campagnes présidentielles se résument à une politique européiste de rigueur. Soit exactement la même chose que sous Nicolas Sarkozy et François Hollande. N'oublions pas d'ailleurs que le succès du centriste en 2007 n'est pas imputable en totalité à son programme et sa personne mais doit au contraire beaucoup au rejet de ses deux adversaires de l'époque, Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy.
 
Mais laissons là François Bayrou et revenons-en à ce qui nous préoccupe aujourd'hui.
Malgré ce sondage encourageant, il est très probable voire même certain que François Hollande ne remaniera fondamentalement son gouvernement. Au pire, on assistera à quelques ajustements afin de tenir compte du contexte actuel mais rien ne laisse présager un gouvernement d'union nationale. Et cela est somme toute logique car rien ne justifie une telle chose. Certes la situation économique et financière du pays est préoccupante mais pas au point de tout changer. A mon sens, seul un évènement d'une extrême gravité comme une guerre par exemple pourrait légitimer un tel scénario.
D'un point de vue plus politicien, la gauche étant arrivée au pouvoir après des années dans l'opposition, il serait incompréhensible que celle-ci se dépossède de son propre pouvoir, et cela d'autant plus qu'elle possède la majorité au Parlement.
 
Si la gauche refuse logiquement un gouvernement d'union nationale, il faut toutefois remarquer que les autres partis rejettent également cette possibilité. Car ceux-ci auraient davantage à perdre qu'à gagner. Le refus du FN, qui se veut hors du système et qui a de profondes divergences de fond avec le PS, est ainsi sans surprise. En revanche, et sur un modèle à l'italienne, l'UMP aurait pu adopter une position différente en jouant la carte de l'intérêt supérieur de la nation et donc en retournant la situation à son avantage. Cela aurait évidemment été sans risque dans la mesure où le PS n'aurait pas accepté cette offre.
 
Pour autant, le fait même de laisser la porte ouverte à une telle proposition pouvait mettre l'UMP en difficulté. De fait, il est difficile d'expliquer que l'on va finalement s'allier avec le parti que l'on n'a cessé de critiquer pendant des années. Difficile certes mais pas impossible, notamment en période de crise. En revanche, faire partie d'un même gouvernement suppose de s'accorder sur un programme commun, même réduit au minimum. En particulier au niveau fiscal et économique puisque ce serait l'enjeu principal d'un tel gouvernement.
 
Et c'est justement là que le bât blesse. Car les Français se rendraient enfin compte que le PS et l'UMP sont tous deux adeptes de la même pensée économique et que les politiques qu'ils mènent ne sont donc pas si différentes. Malgré les apparences, PS et UMP défendent le système économique et financier actuel sans aucune volonté de le réformer. Ce ne sont ni plus ni moins que des gestionnaires de la rigueur et de l'austérité. En fait, comme disait Philippe Séguin, l'UMP et le PS sont les deux détaillants d'un même grossiste : l'Union Européenne …

vendredi 26 avril 2013

Mon projet pour Pont de Claix - Education

Comme je l'ai récemment annoncé, je mène actuellement une réflexion autour de ma ville afin d'aboutir à l'élaboration d'un projet pour Pont de Claix. Ayant décidé de structurer mes idées en thèmes, il me fallait donc en choisir un pour commencer la série.
Et mon choix c'est naturellement porté sur l'éducation qui est un sujet qui me tient particulièrement à cœur. Et ce sujet est d'autant plus important qu'il concerne nos enfants et leur avenir. Aussi, il me semble indispensable que l'éducation soit au cœur du projet de ville.
 
L'éducation est à la fois un sujet vaste et complexe qu'il est clairement impossible d'appréhender dans sa totalité au niveau communal. En revanche, il apparaît que des actions sont bien évidemment réalisables à cet échelon. A mon sens, il est nécessaire d'agir à trois niveaux : la petite enfance, l'école et le collège.
 
Commençons tout d'abord par la petite enfance. Indéniablement la vie en collectivité est un facteur de développement non négligeable pour les enfants. Voila pourquoi il me semble indispensable de chercher à promouvoir la socialisation de l'enfant dès son plus jeune âge en permettant leur accueil en maternelle dès trois ans.
Par ailleurs, des actions doivent être menées en amont même de la maternelle, au niveau des modes de garde des tout-petits. Notre pays dispose d'un fort taux de natalité qui est clairement une chance. De même, nous avons un taux important de femmes conciliant vie professionnelle et vie personnelle. Cela est notamment possible grâce à la qualité de nos structures de garde des jeunes enfants. Afin de conserver voire d'accroître ces spécificités, il faut œuvrer au développement de ces structures. Pour cela, il faut agir sur les crèches en créant de nouvelles places mais également sur le nombre d'assistantes maternelles en aidant par exemple au financement de la formation.
 
Continuons maintenant avec l'école primaire. École primaire qui est actuellement au cœur des débats avec la réforme des rythmes scolaires. Indéniablement cette réforme aura un impact fort sur les communes en termes d'organisation et de finances. Cela étant, le nouveau temps périscolaire ne doit pas se limiter à une simple garderie. Je crois au contraire que celui-ci doit réellement être mis à profit dans l'intérêt même des enfants. Ainsi, je pense qu'il est préférable pour tous, enfants comme parents, que la journée "officielle" d'école continue à se terminer systématiquement à 16h30. Le temps ainsi dégagé pouvant être consacré à de l'aide aux devoirs ou du soutien scolaire, voire plus ponctuellement à des activités culturelles ou sportives.
En parallèle de ce "chantier obligatoire", d'autres mesures peuvent être envisagées afin d'améliorer les conditions de travail. La question des effectifs est ainsi clairement posée à ce stade. Chacun peut constater que le nombre d'élèves par classe tend à augmenter alors même que le niveau diminue dans le même temps. Nier le lien entre ces deux constats serait incompréhensible, voila pourquoi il faut cherche à limiter les effectifs à une vingtaine d'élèves par classe, en particulier dans les plus petites classes où se joue une grande partie de leur future scolarité avec l'apprentissage de la lecture, de l'écriture et du calcul.
 
Voyons ensuite la question du collège. Une des spécificités de Pont de Claix héritée du passé est la présence de deux collèges sur le territoire communal. Malheureusement, et en particulier du fait d'une stagnation de la population, cette spécificité est sérieusement remise en cause. Si certains arguments peuvent être entendus, je crois malgré tout que la disparition d'un des deux établissements serait une erreur qui coûterait cher à terme, notamment dans une perspective de future croissance démographique. Cela conduirait ainsi à une augmentation des effectifs et à une dégradation des conditions de travail pour les élèves et les enseignants pour des raisons purement comptables. En conséquence, il me semble indispensable de mener des concertations avec les acteurs en présence avant de prendre toute décision. Mais je crois que c'est à l'équipe municipale de mener le combat pour conserver ses deux établissements.
 
Terminons enfin par un sujet plus transverse. Aujourd'hui le niveau général des élèves est clairement en baisse. De même, les inégalités de niveau entre enfants se creusent davantage, renforcées en cela par le recours massif de certaines familles qui le peuvent à des cours privés. Pont de Claix n'échappe évidemment pas à ce phénomène et connaît ainsi un grand nombre d'élèves avec d'importantes difficultés, et ce dès le plus jeune âge.
Venir à bout de toutes ces difficultés serait certes illusoire mais se résigner face à l'ampleur de la tâche n'est pas pour autant une option envisageable. Chacun à son niveau doit donc œuvrer dans la lutte contre l'échec scolaire et la commune a aussi son rôle à jouer. Cela passe notamment par la généralisation d'une offre de soutien scolaire gratuite pour les élèves de la ville qui en auraient besoin. L'objectif étant évidemment de permettre un plus large accès au savoir sans considération de revenus, bref de démocratiser et de rendre plus accessible la connaissance. On ne peut clairement pas se satisfaire d'avoir une école à deux vitesses qui fiat le jeu de sociétés privées. Voila pourquoi je crois que c'est aux institutions publiques d'agir afin de sortir de logiques purement financières.
 
Afin de donner la possibilité à tous nos enfants d'acquérir les savoirs indispensables pour leur avenir dans les meilleures conditions possibles, il me semble donc nécessaire de :
            - développer nos structures d'accueil de petite enfance par la création de places en crèches et la formation de nouvelles assistantes maternelles
            - adapter la réforme des rythmes scolaires pour proposer de vraies activités au services des enfants
            - limiter le nombre d'élèves par classe en maternelle et primaire
            - se mobiliser pour le maintien de deux collèges sur la commune
            - lutter contre l'échec scolaire en offrant gratuitement des heures de soutien scolaire

lundi 22 avril 2013

Mon projet pour Pont de Claix - Préambule

Comme je l'expliquais dans un précédent article, c'est avec un œil différent que je (re)découvre la politique locale et plus particulièrement au niveau municipal. Dans une optique de réelle compréhension, j'ai décidé de m'intéresser encore davantage à la vie de ma commune. Ainsi, et dans la mesure du possible, j'essaie d'assister à la plupart des réunions publiques, et notamment celles relatives à l'élaboration du PLU (Plan Local d'Urbanisme) qui constitue un enjeu de taille pour la ville et ses habitants.
 
C'est d'ailleurs cette concertation autour du PLU ainsi que les récents projets de l'actuelle majorité qui m'ont poussé à aller plus loin dans ma réflexion. Ayant toujours habité à Pont de Claix, j'ai pu constater, certes de loin, les différentes évolutions de la ville.
Mais ce n'est qu'en 2008, à l'occasion des précédentes élections municipales, que j'ai vraiment pris conscience de l'importance des décisions municipales. S'agissant de mon premier vote, ce qui revêtait une grande importance pour moi, je me devais de faire le "bon choix", ou tout du moins le meilleur possible. Voila pourquoi j'ai assisté aux réunions publiques organisées par les listes en compétition, cela afin de m'éclairer dans ma décision et de me forger ma propre opinion.


A l'époque j'avais donc à trancher entre les trois listes qui se présentaient. Plus qu'à l'étiquette (communiste, socialiste, droite), c'est davantage au programme que je me suis intéressé. Si j'avais à me décider entre trois projets, il apparaît que je ne m'étais jamais interrogé sur ce que je voulais pour la ville, sur ce que j'attendais de la future majorité. Et cette question ne m'a jamais vraiment retraversé l'esprit avant cette histoire de PLU. Depuis, ma pensée sur le sujet se construit et se structure peu à peu.
 
Bien que cette réflexion ne s'inscrive pas complètement dans le thème de ce blog, j'ai néanmoins décidé de la partager ici. Par ailleurs, et les prochaines élections municipales approchant à grand pas, c'est sous la forme d'une sorte de programme structuré en grands thèmes que je publierai l'état de mon cheminement idéologique.
Ces écrits constitueront une base de travail qui sera bien évidemment susceptible d'évoluer et d'être enrichie, notamment par le biais du débat. De même, il s'agit là d'un projet global, d'une direction à emprunter et non forcément d'une liste exhaustive de mesures formelles.
 
Je vous donne donc rendez-vous très vite pour le premier article d'une série consacrée à ce projet.

dimanche 14 avril 2013

Démocratie locale, parent pauvre du national ?

Du fait de son histoire, la France est composée de différents échelons administratifs, péjorativement appelé millefeuille (communes, cantons, départements …). Plus récemment, d'autres étages sont venus s'ajouter à ceux existants en raison de nouvelles configurations : communautés de communes, métropoles … Sans oublier bien évidemment les niveaux national et européen qui chapeautent le tout.
Bref, tout cela a abouti à la multiplication des effectifs, des normes, des impôts ainsi qu'à l'enchevêtrement voire la redondance des compétences. Indéniablement une réforme de ce système est nécessaire afin de simplifier une articulation parfois saugrenue. Personnellement, je suis attaché aux départements et suis donc opposé à leur suppression comme cela est envisagé. En revanche, les cantons voire les régions sont peut-être d'une utilité discutable. Mais là n'est pas la question.
 
A chaque échelon donc son administration et ses élus. Elus qui ont normalement pour mission de traiter les enjeux correspondant à leurs fonctions. Depuis que je m'intéresse à la politique, mon attention s'est portée essentiellement sur le national. Cela s'explique en grande partie par le fait que c'est justement à cette échelle que sont fixées les grandes orientations du pays (modèle économique, système fiscal, politique étrangère …) qui influent sur notre vie. A mon sens, c'est donc à ce niveau que se joue la Politique avec un grand "p", que se dessine et décide notre modèle de société.
 
A l'inverse, j'ai longtemps considéré la démocratie locale avec dédain. Je pensais que les questions d'ordre local, et en particulier communal, se résumaient à l'installation de poubelles ou la construction d'aires de jeux.
En réalité, je me trompais. Car les enjeux locaux sont finalement bien plus stratégiques qu'il n'y parait. Plus que des problèmes de poubelles ou de parcs, ce sont des questions de transport ou d'urbanisme par exemple qui sont abordées avec des conséquences parfois majeures sur le quotidien. En somme, les thématiques sont certes différentes mais pas forcément moins intéressantes ni importantes.
On pourrait d'ailleurs, d'une certaine manière, faire une comparaison avec le monde de l'entreprise où l'échelon national correspondrait au niveau de la direction stratégique et le local au niveau opérationnel. Ainsi, chaque strate de décision a son importance dans le système global et tous deux sont étroitement liés. Chacun a donc besoin de l'autre pour fonctionner pleinement.
 
Si les Parlementaires sont donc indispensables à la bonne marche de notre pays (encore que l'Assemblée nationale se transforme de plus en plus en chambre d'enregistrement du fait de l'UE), il n'en reste pas moins que les élus locaux revêtent également une importance non négligeable, et en particulier les élus municipaux.
Cet attachement pour l'échelon communal est d'ailleurs nettement perceptible au travers de la forte participation (ou de la faible abstention selon les points de vue) aux élections municipales. De même, il apparaît que le maire est généralement le personnage politique préféré des Français.
 
Les raisons d'une telle affection sont finalement assez simples : la proximité et le concret.
La proximité tout d'abord. Décuplée dans nos villages où tout le monde se connaît, la proximité du maire avec ses administrés est généralement forte avec une importante présence sur le terrain et pas uniquement en période électorale.  Ainsi, les habitants d'une ville, même si cela est moins vrai pour les grosses métropoles, peuvent s'identifier assez aisément à leurs élus municipaux et tisser des liens plus étroits qu'avec des élus d'autres échelons.
Le concret ensuite. Indéniablement, les enjeux municipaux sont plus parlants pour nos concitoyens que la crise de l'euro ou la relance par la demande. Il est ainsi plus simple d'en saisir tous les tenants et aboutissants même si, reconnaissons-le, certains projets d'urbanisme tendent à se complexifier. Par ailleurs, les actions et résultats d'une équipe municipale sont visibles à plus courte échéance. De fait, l'avancée de la construction d'une école s'appréhende nettement mieux que l'impact de mesures socio-économiques sur le chômage ou le pouvoir d'achat.
 
On pourrait également ajouter un troisième élément à ces deux premiers. Mais celui-ci n'est pas forcément valable partout et pour tous. En revanche, je suis convaincu qu'il est un point essentiel de l'action municipale. Je pense ainsi au contact avec le réel, à la connaissance de la réalité. On le voit aujourd'hui, avec l'affaire Cahuzac par exemple, une (très) grande partie de la classe politique française évolue dans un monde complètement différent de celui de la majorité de la population. Malgré des visites de terrain (mais de quel terrain parle-t-on ?), nos gouvernants n'ont malheureusement pas  toujours conscience du quotidien des Français. Ce qui explique d'ailleurs parfois, outre le dogmatisme, l'incongruité des décisions prises.
A l'inverse, les élus municipaux sont, la plupart du temps et hormis dans les grandes villes, des citoyens comme les autres. On retrouve alors l'esprit de la célèbre formule d'Abraham Lincoln : "le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple".
 
Bien que je pensais le contraire il y a quelque temps, je suis maintenant persuadé que le mandat de conseiller municipal est une expérience hautement enrichissante. Celui-ci permet ainsi prendre part à la vie de la cité en restant en lien constant avec le terrain donc avec les habitants et leur réalité. De même, cela permet de mieux appréhender le fonctionnement d'une commune (budget, emploi, fiscalité …) tout en participant à son développement.
 
Si mon engagement politique se limitait dans un premier temps à des débats entre amis et à l'écriture d'articles sur ce blog, j'ai franchi un premier pas l'année dernière en prenant ma carte dans un parti politique. Au final, et pour diverses raisons, cet acte s'est résumé à un soutien purement financier.
En revanche, plus le temps passe et plus je ressens l'envie de me confronter à la réalité de la politique. En ce sens, le mandat de conseiller municipal pourrait être une possibilité à envisager sérieusement. Voila pourquoi, et même si cela ne reste qu'une hypothèse, je commence petit à petit à réfléchir à un projet  pour ma ville.

vendredi 5 avril 2013

Il faut travailler pour vivre et non vivre pour travailler

Étant entré depuis quelques mois sur le marché du chômage de l'emploi, je constate avec regret que la réalité du monde du travail est bien conforme à l'idée que je m'en faisais. Pour être honnête, il ne s'agit pas là de ma première expérience professionnelle puisque j'ai déjà effectué plusieurs stages en entreprise. En revanche, cela correspond à mon premier "vrai travail" en tant que salarié sur une durée significative.
 
Avant d'aller plus en avant, il est un reproche qui est souvent fait aux débutants, à savoir le manque d'expérience. Évidemment c'est un fait. Mais n'est-ce pas là le propre du débutant que de manquer d'expérience ? Et n'est-il pas paradoxal que les employeurs n'embauchent pas des jeunes sans expérience alors que ceux-ci ne sont pas prêts à leur laisser une chance de faire leurs preuves ? Autrement dit, comment acquérir de l'expérience si personne ne veut de vous justement parce que vous manquez d'expérience ?
 
Clairement cette question de l'expérience n'est pas nouvelle et concerne, a priori, l'ensemble des jeunes diplômés. Toutefois, cela devient d'autant plus problématique lorsque le marché du travail est maussade comme c'est le cas actuellement. De fait, en période de chômage de masse, les employeurs ont à leur disposition une flopée de candidats et pourront donc obtenir, relativement sans mal, un candidat confirmé.
 
La recherche d'un premier emploi est donc souvent un parcours du combattant semé d'embûches. Et cela peut devenir encore plus compliqué dès lors que la personne ne touche pas d'indemnités chômage, notamment en raison d'un manque de temps de travail du fait d'études prolongées. En conséquence de quoi, certains jeunes n'ont d'autres choix que d'accepter des emplois qui ne correspondent pas à leurs attentes, que ce soit en termes d'activité, de niveau de qualification ou de rémunération.
 
On voit alors apparaître, ou plus exactement se développer, un chantage à l'emploi. Pour faire court, cela revient à ce que l'employeur accepte d'embaucher un jeune à condition que celui-ci fasse des concessions de son côté sur les conditions de travail (volume horaire, salaire …). 
Mais ce chantage ne concerne évidemment pas que les jeunes puisque toute la population est aujourd'hui susceptible de se retrouver dans ce cas. Face à un afflux massif de candidatures, les employeurs se retrouvent ainsi en position de force pour imposer leurs exigences. Et, sans surprise, ce phénomène conduit irrémédiablement à une révision à la baisse des salaires.
 
Il apparaît toutefois qu'accabler uniquement les employeurs serait malhonnête de ma part. Il est vrai qu'une grande partie d'entre eux n'ont que peu de respect pour leurs employés qu'ils considèrent davantage comme un coût que comme une ressource. Il est vrai aussi que certains d'entre eux n'hésitent pas à exploiter les salariés et à les payer à coup de lance-pierres.
Mais dans la relation employeur/employé, il y a bien deux acteurs. L'employeur d'une part, avec toutes les "qualités" qu'on leur connaît. Mais également l'employé que l'on a tendance à trop souvent oublier.
Or si les patrons ne sont pas tout rose, les salariés ne le sont pas forcément non plus. Je ne parlerais pas ici des comportements inappropriés de certains employés ou des fautes que ceux-ci commettent car ce n'est pas le sujet de cet article.
 
Mon propos initial, et j'y reviens, concerne davantage la relation des salariés à leur travail en tant qu'individu. Clairement chaque personne est différente et a un parcours qui lui est propre. Et ce qui est valable au niveau personnel, l'est aussi dans le domaine professionnel.
Pour autant, il apparaît que des profils-type se dégagent et reviennent de manière récurrente quelles que soient les entreprises.
 
Ce qui m'intéresse aujourd'hui est de constater les différences qui existent, en particulier par rapport au temps de travail. Depuis que je travaille (stages compris), j'ai toujours veillé à ce que ma vie professionnelle n'empiète pas sur ma vie personnelle. En conséquence, j'essaie, dans la mesure du possible, de toujours effectuer des horaires raisonnables en ne partant pas tard le soir. Dans mon emploi actuel, j'effectue généralement 40 heures par semaine, le tout en partant la plupart du temps vers 17h00. Et cela ne m'empêche en aucun cas d'effectuer les tâches qui m'incombent, bien au contraire.
 
A l'inverse, je connais des personnes qui effectuent des semaines de plus de 50 heures et quittent leur travail le soir bien longtemps après moi (19h, 20h). En discutant avec ces personnes, celles-ci nous expliquent généralement qu'elles n'ont pas le choix, qu'elles sont obligées. Si je peux comprendre que certaines périodes soient plus chargées que d'autres, nécessitant alors un surcroît de travail temporaire, ces explications ne tiennent pas la route lorsque la personne en question enchaîne les 7h-19h tout au long de l'année.
 
Pour moi l'individu est libre de ses choix et doit donc les assumer, sans se chercher constamment des excuses. Partout, des milliers de personnes privilégient leur carrière aux dépens de leur vie de famille. C'est un choix personnel qui leur appartient. Je connais des gens qui ont annulé leurs vacances au dernier moment pour retourner au boulot. Je connais des gens qui travaillent chez-eux le week-end, en plus de leur semaine de travail. Bref, je connais des gens qui vivent pour travailler.
Ce n'est évidemment pas ma conception de la vie. Oui le travail peut-être une source d'épanouissement. Oui le travail est un vecteur de lien social. Mais non le travail ne doit pas être l'unique préoccupation d'une personne. Pour être quelque peu caricatural, deux raisons principales me poussent à travailler : occuper mes journées et bien évidemment gagner de l'argent pour pouvoir manger. Si certains aspirent à un (très) gros salaire ou de (très) importantes responsabilités, je ne demande, personnellement, qu'à avoir un travail intéressant, suffisamment payé pour vivre correctement et qui me laisse du temps libre.
 
Comme je le disais plus haut, chacun a sa propre perception du travail. Mais, comme dans d'autres domaines, il est nécessaire de respecter l'autre en ne cherchant pas à imposer sa vision des choses. C'est pourquoi il me semble impératif de conserver un socle légal commun de droit du travail et donc de ne pas donner toute latitude aux négociations entre syndicats et patronat comme le souhaite François Hollande. La législation actuelle, à savoir une durée légale du travail de 35 heures par semaine avec des heures supplémentaires majorées possibles, me semble être une bonne chose.
Si beaucoup, notamment à droite, fustigent les fameuses 35h, je crois au contraire qu'il s'agit là d'une réelle avancée sociale pour les salariés qui leur ont permis d'avoir davantage de temps libre. D'ailleurs, rien n'empêche de travailler plus dès lors que la durée maximale est respectée.
 
Il faut toutefois noter que, parallèlement à cette durée légale, de nombreux dispositifs dérogatoires existent. Je pense notamment au forfait cadre auquel je suis soumis. Ainsi, je dois effectuer un minimum de 37h45 par semaine dont 2h45 (soit la différence à 35h) sont obtenues sous forme de RTT. Le reste, c'est-à-dire toutes les heures effectuées au-delà de ce minimum de 37h45 ne sont évidemment pas payées. Officiellement la rémunération brute est majorée afin de tenir compte de ces fameuses heures en plus. Mais cela est un leurre et il serait clairement plus intéressant d'être aux 35 heures et que ces heures supplémentaires soient réellement payées.
 
Le forfait cadre est donc indéniablement une escroquerie nationale qui consiste à travailler plus pour gagner moins. Et plus largement le statut de cadre est un attrape-gogos puisqu'il ne s'agit que d'un "titre" qui induit davantage de responsabilités sans obtenir forcément les contreparties qui vont avec. Pire, j'ai déjà entendu certaines personnes invoquer le fait d'être cadre pour justifier un temps de travail excessif. En somme, je suis cadre donc il est normal que je travaille beaucoup. Avec de braves petits soldats comme ça, le patronat peut se frotter les mains …
 
Au final, la relation employeur/employé est par essence déséquilibrée en faveur du premier. Et sans un minimum de revendications ou de négociations, celui-ci arrivera, tôt ou tard, à faire pencher davantage la balance de son côté. Voila pourquoi je considère qu'il est indispensable de fixer des limites dès le début et de ne pas dire amen à toutes les volontés de son patron.
Certes la conjoncture n'encourage pas à cela mais plus les salariés de notre pays se soumettront et plus ils se braderont individuellement, plus les salariés au niveau global auront à perdre. C'est donc d'un sursaut général dont notre pays a besoin, afin que le droit des travailleurs ne soit pas bafoué comme c'est généralement le cas aujourd'hui.
 
Et dans cette nouvelle lutte des classes, car c'est bien de cela qu'il s'agit, les politiques ont clairement un rôle à jouer, notamment par le biais de la l'arsenal législatif et fiscal. Malheureusement pour nous, il semblerait bien que François Hollande, comme Nicolas Sarkozy  en son temps d'ailleurs, ait déjà choisi son camp. Et ce n'est visiblement pas celui des ouvriers …