mardi 6 septembre 2016

Emmanuel Macron ou la dynamique du vide

Mardi 30 août 2016. Voila une date qui restera gravée dans les mémoires comme la mise en orbite d'un OPNI. Non, non,  vous avez bien lu. OPNI (Objet Politique Non Identifié) pas OVNI. Je ne fais nullement référence ici à une quelconque fusée mais bien à la démission et donc à la prise d'envol d'Emmanuel Macron.

Bien que l'évènement soit mineur au regard de la terrible situation dans lequel se trouve notre pays et le monde, cette démission a agité et agite encore tout le microcosme médiatique. Macron a donc finalement mis fin à des mois de suspense en cet avant-dernier jour d'août. Et quoi de plus naturel que de fêter cela au JT de 20 de TF1 où l'ami Martin (Bouygues) a déroulé le tapis rouge avec près de 30 minutes de publicité reportages et interview consacrés au jeune loup de l'Elysée.

Une semaine après, le chouchou des médias et des patrons est toujours au centre des conversations. Quoi de plus normal en réalité que de tomber en pamoison devant le beau gosse de la politique au bilan sans équivoque ? Avec sa loi éponyme, l'ouverture des magasins le dimanche et la libéralisation du transport en bus, Macron s'inscrit de fait dans la lignée des grands ministres de l'économie qui ont permis de véritables avancées pour notre pays.
Seuls les jaloux et autres médisants ne manqueront pas de rappeler les diverses polémiques qui l'entourent (35h, ISF, statut des fonctionnaires, salariés de Gad "illettrés"…) et son manque de solidarité gouvernementale.

Après Montebourg, Hamon, Taubira et Duflot, le gouvernement de François Hollande et Manuel Valls connait une nouvelle défection. Mais comparé à ses anciens collègues, aucune ambition personnelle pour ce qui est du ministre de l'économie. Il l'a d'ailleurs répété lors de la (trop) longue interview sur TF1. Macron a quitté le gouvernement en responsabilité, pour être libre et être utile à son pays. Ses seules préoccupations pour le moment : la France et son mouvement "En Marche" (dont les initiales correspondent étrangement à celles de ses nom et prénom) fondé en avril dernier. Rien à voir donc avec l'échéance présidentielle de 2017 qui approche.

Si Emmanuel Macron botte en touche à chaque fois que la question de son éventuelle candidature est abordée, il est une chose sur lequel il n'hésite pas. La primaire du PS ne l'intéresse pas. Normal vu qu'il n'est pas socialiste. Mais attention il n'est pas pour autant de droite, et encore moins centriste. Il est de gauche comme il le réaffirme régulièrement. Mais pas une gauche à la Mélenchon, non une gauche du progrès, une gauche du réel. Bref Macron est libéral, sans le dire ni vraiment l'assumer.

Son parcours parle toutefois pour lui. Bien que se revendiquant hors du sérail et prônant une nouvelle manière de faire de la politique, ces belles postures résistent difficilement à l'épreuve des faits. En effet, Macron est un haut fonctionnaire de l'inspection des finances issu de l'ENA qui est passé par la banque d'affaires Rothschild et le secrétariat de la présidence de la République avant de finir ministre de l'économie. Et tout cela sans jamais avoir été élu ou, autrement dit, sans jamais s'être confronté au suffrage populaire …
Bon le passé de Macron ne joue pas forcément en sa faveur. Mais laissons-lui une chance de faire mieux et regardons plutôt ses dernières interventions médiatiques. Et bien ce n'est malheureusement guère plus prolifique. Sa prestation sur TF1 en est d'ailleurs une magnifique illustration. Pour l'ancien ministre, comme pour le président d'aileurs, le changement ce n'est visiblement pas pour maintenant. Aucune proposition, ni semblant de solution mais un enchainement de mots-bateaux, de concepts abstraits invoqués comme des mantras : changement, progrès, rénovation, rassemblement … Bref un bel exercice de langue de bois digne des plus grands politiciens !    

Vous l'aurez compris je ne porte pas Emmanuel Macron dans mon cœur, bien au contraire. Si je n'ai rien contre l'homme en tant qu'individu, je honnis tout ce qu'il représente : une élite libérale et mondialiste coupée du peuple qui ressasse sans cesse les mêmes recettes qui ont échouées par le passé.
Même s'il se veut différent, l'ancien ministre de l'économie n'est finalement qu'un homme politique comme les autres, issu du même moule, avec les mêmes codes et les mêmes solutions. Phénomène médiatique par excellence, Macron est le point de convergence ultime où s'entremêlent gauche et droite dans une logique de régression sociale au profit du patronat.
Je ne peux qu'espérer que nos concitoyens ouvriront rapidement les yeux sur ce personnage qui relève davantage du mirage que du messie. Tâchons de les convaincre que, faute d'être l'homme providentiel attendu, Emmanuel Macron ne sera que le fossoyeur de notre modèle social.