mercredi 31 octobre 2012

Retour sur l'actualité

Petit retour sur l'actualité de ces derniers jours sur la base d'articles parus dans le Journal du Dimanche (JDD) de cette semaine.
 
- Les patrons de l'Afep mènent la fronde contre le gouvernement
Ce sont donc les PDG des 98 plus grandes entreprises réunies au sein de l'Afep (association française des entreprises privées) qui ont lancé un appel à François Hollande dans le JDD du 28 octobre. Ceux-ci demandent notamment un choc de compétitivité pour le pays se traduisant notamment par une baisse du coût du travail de 30 milliards d'euros et une réduction des baisses des dépenses publiques de 60 milliards d'euros.
La pression du patronat sur les pouvoirs publics pour obtenir des avantages fiscaux n'est assurément pas nouvelle et ce mouvement n'en est qu'une nouvelle manifestation. Selon ces patrons, la baisse des charges sociales et des dépenses publiques serait donc la solution à tous nos problèmes et permettrait ainsi un retour de la croissance.
Je ne peux, bien évidemment, que m'inscrire en faux contre ce raisonnement simpliste. En effet, il faut savoir que le coût du travail d'un salarié français est le même que celui d'un allemand. D'autre part, d'importants efforts ont déjà été consentis en termes d'exonération de charges à hauteur de plus de 20 milliards d'euros par an. Sans compter l'ensemble des hausses d'impôts et de baisses des dépenses successives de ces dernières années.
En somme, ces remèdes ont déjà été testés et sont sans réel effet, hormis sur notre endettement et notre déficit. Continuer sur cette voie serait donc perdurer dans l'erreur et le dogmatisme. Et cela semble, malheureusement, le chemin emprunté par le gouvernement. Le changement, ce n'est vraiment pas pour maintenant ...
 
- Duflot à l'assaut des logements vides
Cécile Duflot, ministre du logement, a réaffirmé ce matin sur RTL sa proposition de recourir à la réquisition de logements privés inoccupés. Prévue par une ordonnance de 1945, la réquisition est un dispositif finalement peu utilisé depuis les années 1960, si ce n'est de manière homéopathique en 1994, 1995 ou 2001. Comme à son habitude, l'UMP s'est horrifiée de cette annonce et a dénoncé une mesure risquant de décourager l'investissement privé.
Bien que je n'apprécie que peu Cécile Duflot et les écologistes, je dois reconnaître que je suis agréablement surpris du travail de la ministre. Mais là n'est pas la question. Sur le sujet qui nous intéresse, à savoir la réquisition de logements vides, je crois effectivement que cette mesure peut être une bonne chose. Si celle-ci ne doit pas être appliquée de manière aveugle, il me semble intéressant de pouvoir la mettre en oeuvre pour lutter contre la crise du logement. En revanche, je crois que ce système de réquisition doit être appréhendé comme un dernier recours et non comme un outil de premier usage. Ainsi, la réquisition est malgré tout un outil lourd de conséquences qui s'oppose au droit de propriété et doit donc être utilisée avec parcimonie.
La crise du logement est toutefois un réel problème de société qui doit être pris à bras le corps par le gouvernement. Dans cet objectif, l'Etat doit ainsi impulser un vaste plan de construction partout dans le pays en soutenant les collectivités locales (communes ...). Cela permettrait ainsi de soutenir le secteur du BTP tout en diversifiant et densifiant l'offre de logement. Et parallèlement à cet effort massif de construction, des actions doivent être menées en faveur de la location, en agissant notamment sur le niveau des loyers mais aussi sur l'accompagnement et la protection des propriétaires qui se retrouvent parfois démunis face à des locataires récalcitrants.
 
- La Justice une nouvelle fois coupable
Les relations entre policiers et magistrats ne risquent pas de s'arranger de si tôt. En tout cas, la récente erreur d'un juge d'instruction ayant conduit à la libération du tueur de Saint-Ouen (Kodjou Ben Hodor) ne va clairement pas en ce sens. Pour ne pas avoir vu sa prolongation de détention renouvelée dans les temps, le détenu de la maison d'arrêt de Fresnes a donc pu retrouver la liberté en toute légalité.
Si cette erreur, ou plus vraisembablement cette faute professionnelle, attise les tensions entre police et Justice, celle-ci fait également croître le ressentiment envers les juges qui existe dans la population. En effet, et je ne suis pas le seul, une grande partie des Français considèrent que les juges font preuve d'un trop grand laxisme vis-à-vis des délinquants et criminels. Les exemples illustrant cette thèse sont légions et il serait trop long de tous les citer. En outre, ce sentiment est d'autant plus fort que le citoyen lambda est lui généralement sévèrement sanctionné pour des faits de moindre importance, en particulier en matière routière.
Si l'on ne peut évidemment pas généraliser, il apparaît malgré tout qu'une partie des magistrats de notre pays contribuent, de manière plus ou moins consciente, à créer un sentiment d'impunité pour certains et d'inégalité pour d'autres. En conséquence, et afin de garantir la sécurité de chacun, il me semble impératif que la Justice fasse preuve de plus de sévérité dans les décisions qu'elle rend. De même, je crois qu'il est nécessaire que les juges puissent être réellement sanctionnés en cas d'erreur ou de faute, comme c'est d'ailleurs le cas pour n'importe quel salarié. Dans cette optique, on ne peut donc que regretter que Christiane Taubira, davantage connue pour son laxisme que pour sa fermeté, soit l'actuelle locataire de la place Vendôme.

lundi 22 octobre 2012

Tribune libre de Tobi

Comme promis  voici la première tribune libre publiée sur ce blog. Le texte porte sur Marine Le Pen et m'a été envoyé suite à son élection à la tête du FN en janvier 2011 lors du congrès de Tours.
Il apparaît finalement que mon camarade avait bien analysé la situation et que ces anticipations se sont effectivement réalisées.  

Chers amis, l’heure est grave.
Marine Le Pen vient d’être élue à la tête du FN. Vous allez me dire que c’était attendu. Ce qui l’est moins en revanche ce sont les intentions de vote des français pour 2012 à son égard. En effet, selon un sondage CSA publié après sa victoire, la candidate FN recueillerait 17 à 18 % d’intentions de vote. C’est autant que ce qu’avait obtenu son père en 2002 lors du 1er tour (16,86 % alors que les sondages le donnait 3ème avec 14 %). Ce résultat la placerait 3ème derrière Sarkozy et Aubry mais lui ferait obtenir les meilleurs résultats jamais enregistrés pour le FN lors d’une élection présidentielle. Maintenant je vais développer l’idée pour lesquelles je pense que nous sommes en danger.
 
On croyait le FN mort et enterré après son score aux dernières présidentielles de 2007 (10 % et éliminé du 1er tour) alors qu’il en est tout autrement. La nomination de Marine Le Pen va insuffler un nouveau vent de fraicheur sur le parti et va probablement être perçu de manière différente que par le passé. Oui, je pense que le FN va recueillir bien plus de voix qu’en 2007. On peut trouver plusieurs causes à cela.
Le candidat Sarkozy de 2007 a réussi à "piquer" des voix au FN en basant sa campagne sur l’insécurité et sur l’intolérance. Les résultats décevants de sa politique lui feront très probablement perdre une grande partie des voix gagnées qui devraient légitimement revenir au FN. De plus, 85 % des français se disent prêts à voter pour une femme à la présidentielle. L’exemple de Ségolène Royal ne vient pas contredire les faits puisqu’elle a, selon moi, été freinée dans son entreprise par ses propres alliés du PS. Les femmes sont de plus en plus présentes dans le paysage politique même si la loi sur la parité n’est pas totalement respectée. Donc je crois que la majorité des français pensent qu’élire une femme présidente de la République sera un réel signe de changement. Enfin, je trouve Mme Le Pen très présente et en phase avec les sujets qui préoccupent les français puisque 46 % d’entre nous sommes d’accord lorsqu’elle s’exprime sur l’insécurité (du jamais vu pour un candidat FN). Que ce soit sur l’Europe qu’elle souhaite quitter, l’insécurité qui grandit, ou encore ses idées sur les "valeurs républicaines", elle tente de gagner la sympathie des français. On est bien loin de l’image "raciste" que pouvait donner le FN de Jean-Marie Le Pen.
 
Je pense donc que Marine Le Pen est en train de gagner son pari en dédiabolisant le FN. Elle est aussi présente sur beaucoup plus de sujets que son prédécesseur. Le meilleur exemple est le social. On voit depuis la réforme des retraites qu’elle attaque le gouvernement  Sarkozy et ses "amis du pouvoir" (en parlant de Liliane Bettencourt par exemple) et surtout qu’elle entre sur le terrain des socialistes en insistant sur la "justice sociale". Rappelons que Marine Le Pen est élue dans une zone très populaire (Nord pas de Calais) où elle côtoie des classes modestes.
 
Pour résumer, la nouvelle candidate FN ratisse plus large, veut donner (et arrive) une image du parti plus sympathique, plus proche des attentes des français et incarne un changement dans le paysage politique français que les socialistes, à cause de leur guerre des égos, ne peuvent pas apporter aujourd’hui. Elle obtiendrait ainsi 27 % d’intentions de vote chez les employés, 17 % chez les ouvriers, 11 % parmi les électeurs de Sarkozy en 2007 et 10 % chez ceux de Bayrou.
 
 Mais réveillons nous !!!
Nous sommes bien en train de parler du FN, le parti de Jean-Marie Le Pen, né durant la guerre d’Algérie. Le parti qui souhaite le retour de la peine de mort. Le parti qui souhaite le retrait de l’euro, qui aurait des conséquences catastrophiques pour la France (perte de l’ordre de 5 % du PIB, explosion du chômage, déflation…). Le parti qui souhaite instaurer la "préférence nationale", qui accorderait plus de droits aux personnes dites "de souche".
Nous parlons bien de l’extrême droite. Et même si les sujets concernant l’islam ou l’immigration, qui étaient dominants il y a encore 5 ans, sont moins présents, Marine Le Pen et est restera la fille de Jean Marie Le Pen. Cela signifie que les sujets tabous ne sont pas abandonnés, ils sont juste "mis au placard" pour le moment. Je suis d’accord avec Benoit Hamon qui dit que Marine Le Pen est une candidate d’extrême droite déguisée en socialiste. Il suffit de lire ce qui sort dans les médias. On a l’impression qu’il est plus important de croire qu’elle a une nouvelle personnalité, de nouvelles idées, plutôt que de connaître le réel danger qu’elle représente.
 
En somme, la montée actuelle du FN ne peut pas être interprétée comme une montée du racisme en France mais comme un changement de trajectoire très intelligent de leur nouvelle leader et de surcroît très bien relayé par les médias.

mardi 16 octobre 2012

Tomgu lance les tribunes libres

Une fois n'est pas coutume, ce blog va connaître une nouvelle évolution au niveau de son fonctionnement.
Cela fait maintenant quatre ans et demi que j'ai commencé à rédiger des articles. Quatre ans et demi avec des hauts et des bas mais toujours avec cette même volonté d'écrire et de partager, et ce malgré un rythme de publication parfois irrégulier.
Aujourd'hui, et suite à plusieurs conversations sur facebook, j'ai décidé d'ouvrir les colonnes de ce blog à d'autres plumes que la mienne. La démarche peut paraître singulière mais elle permettra, je crois, de susciter le débat. Bien évidemment, il ne s'agira pas de publier les écrits de blogueurs confirmés mais au contraire de permettre à certains de mes contacts de partager leurs opinions d'une manière différente.
 
S'agissant de tribunes libres, aucune directive ne sera donnée aux auteurs qui seront libres de choisir le sujet, l'angle d'attaque ...  Bref pas de censure même en cas de divergences de point de vue. Dans ce cas, le seul "risque" est que le débat soit prolongé par une réponse de ma part. Bref, rien de bien méchant.
 
Alors quel intérêt pour ce projet ?
Pour moi et pour le blog, comme je l'ai signifié précédemment, l'objectif est d'aboutir à une forme de débat par articles interposés. D'autre part, ces écrits pourront constituer une nouvelle source d'inspiration avec peut-être le traitement de nouveaux thèmes. Enfin, cela permettra également de partager les points de vue de nouveaux auteurs et donc de favoriser l'échange.
Les futurs auteurs, quant à eux, auront ainsi la possibilité d'exprimer leurs opinions politiques de manière différente et éventuellement de se découvrir une vocation de blogueur.
 
Pour l'heure, il ne s'agit que d'une volonté de ma part qui ne pourra se concrétiser qu'avec votre aide. Aussi, je lance aujourd'hui un appel à contribution. Si vous êtes intéressés par ce projet et que vous souhaitez y prendre part, n'hésitez pas à prendre contact avec moi.
 
En attendant, le premier article de ce projet sera publié dans les prochains jours et sera consacré à Marine Le Pen.

mercredi 10 octobre 2012

Ecole : Hollande cède aux pédagogistes

Hier, François Hollande a prononcé un discours sur l'école à la Sorbonne. Celui-ci a ainsi présenté sa feuille de route suite au rapport rendu vendredi par le comité de pilotage de la concertation sur l'école.
En voici les grandes annonces :
 
- Revenir à la semaine de 4,5 jours
Depuis des décennies maintenant les rythmes scolaires font l'objet de débats perpétuels. Durant mon enfance, en primaire, j'avais école de manière ponctuelle le samedi. Puis au collège, le samedi s'est transformé en mercredi. Aujourd'hui, les écoliers n'ont finalement plus cours ni le mercredi ni le samedi.
Clairement je suis favorable à un retour à 4,5 jours, avec une large préférence pour le mercredi afin notamment de préserver un repos de deux jours en fin de semaine.
Par ailleurs, cette modification semble s'accompagner d'un raccourcissement de la journée. Là encore, je trouve cela très profitable pour les enfants. Et cela d'autant plus que le temps libéré sera consacré à l'aide aux devoirs, voire à un soutien individualisé.
Je crois en effet que d'importants efforts doivent être accomplis en ce sens, en particulier en primaire. Car c'est évidemment à ce niveau là que les inégalités se creusent, entre ceux qui peuvent aider leurs enfants (cours particuliers privés, aide personnelle ...) et les autres. Or pour moi, la puissance publique doit chercher à lutter contre ce phénomène en proposant du soutien scolaire et de l'aide aux devoirs pour les élèves ayant le plus de difficultés.
 
- Revoir l'affectation des professeurs
S'il est une chose assez paradoxale chez les fonctionnaires c'est bien cette tendance à envoyer les jeunes fraichement sortis de l'école dans les zones les plus difficiles. Et cela qu'il s'agisse de professeurs ou de policiers. Pour autant, cela s'explique aisément par le fait que ces enseignants souhaitent être mutés pour revenir dans leur région d'origine après quelques années passées en région parisienne par exemple.
Malheureusement, cette situation n'est bien évidemment pas optimale, à la fois pour les jeunes profs qui sont jetés trop tôt dans la fosse aux lions mais également pour les élèves qui se retrouvent face à des personnes qui manquent d'expérience. Il faut donc chercher à changer la donne en incitant, financièrement ou non, les enseignants les plus chevronnés à partager leur savoir dans les établissements les plus difficiles. Et dans le même temps, il faut revoir la formation des jeunes profs afin de mieux les préparer au métier auquel ils se destinent, en termes de pédagogie mais aussi de d'autorité et de discipline.
Enfin, je suis convaincu que des efforts budgétaires doivent être concédés afin de recruter davantage d'enseignants mais pas seulement. Je crois qu'il faut également augmenter le nombre d'adultes dans les établissements scolaires (surveillants ...).
 
- Réformer le système de notation
Si je suis globalement en adéquation avec la feuille de route du président de la République sur l'école, il n'en reste pas moins qu'il existe malgré tout un certain nombre de divergences. Et c'est notamment le cas en ce qui concerne les notes. Il apparaît de plus en plus que notre système actuel de notes sur 20 est contesté, accusé de décourager les élèves et de contribuer à leur échec. François Hollande a ainsi exprimé que la notation doit "indiquer un niveau plutôt que de sanctionner".
Personnellement je suis fortement attaché à ce système qui répond d'ailleurs à la volonté du président. En effet, l'échelle de 0 à 20 permet une plus grande précision dans la notation, avec les quarts ou les demis points, que ne permet clairement pas un code de couleurs (vert, orange, rouge) ou une échelle non-acquis, en cours d'acquisition, acquis. En outre, les notes sur 20 présentent l'avantage de permettre à chacun de pouvoir se positionner en valeur absolue et en valeur relative, c'est à dire par rapport aux autres. Et c'est justement cet aspect comparaison/compétition que condamnent les pédagogistes. Or je crois que cela favorise l'émulation entre élèves et rassure également les parents. Car malgré ce qu'en pensent certains, les parents apprécient grandement ces notes qui leur parlent aisément et leur permettent de constater une progression ou à l'inverse une régression.
Une des raisons qui expliquent ce rejet est que les notes seraient traumatisantes pour les enfants. Je m'inscris en faux contre cette ineptie. Je crois au contraire que ce sont ces nouvelles méthodes de notation qui sont frustrantes car elles ne laissent aucune place à la mise en perspective. Comment appréhender réellement une évolution avec des couleurs ? Pour moi, la présence de chiffres est au contraire une source de motivation car l'élève cherchera normalement à viser la note maximale et verra instantanément ses progrès s'il passe de 14 à 16 puis à 18. A l'inverse, cela sera-t-il possible si cet élève a un vert puis encore un vert ? Je ne le crois pas car il ne saura pas lequel de ces travaux est le meilleur.
En conséquence, je crois donc que le principe des notes sur 20 doit être réaffirmé et défendu face aux attaques des pédagogistes qui dégradent notre école. Il faut toutefois rappeler que les notes permettent d'évaluer un travail à un moment donné et ne sont en aucun cas le reflet de la valeur de l'élève.
 
Au final, le discours de François Hollande à la Sorbonne s'inscrit dans la droite lignée de ses prédécesseurs. Il ne fait que reprendre les antiennes des pédagogistes sans faire apparaître de réel projet pour notre école. Comme dans d'autres domaines, celui-ci ne va donc pas assez loin et cherche à ménager la chèvre et le chou en privilégiant la synthèse. Comme du temps où il est était premier secrétaire du Parti Socialiste en somme.
Le problème est que Flamby n'est plus au PS et qu'il ne semble pas forcément avoir compris qu'il est aujourd'hui à la tête de la France. Or en ces temps troublés, et pour reprendre l'expression de Jean-Luc Mélenchon, ce n'est pas d'un capitaine de pédalo dont nous avons besoin mais bien d'un réel commandant de bord qui tient fermement la barre et maintient le cap dans la tempête.

vendredi 5 octobre 2012

1972 - 2012 : 40 ans pour normaliser le FN ?

Le 5 octobre 1972, Jean-Marie Le Pen, avec d'autres, fondait le Front National pour l'Unité Française (FNUF).
Depuis, de nombreux bouleversements sont intervenus dans l'histoire du parti : entrée à l'Assemblée Nationale, conquête de mairies, départ de Bruno Mégret ... Bref, le FN d'hier n'est pas le FN d'aujourd'hui. Et cela est d'autant plus vrai que Marine que n'est pas Jean-Marie.
 
Le 16 janvier 2011, Marine Le Pen est élue présidente du parti. La fille succède donc à son père en l'emportant face à Bruno Gollnisch avec 67,75 % des voix. Pour certains, il s'agit d'un renouveau au sein du parti, pour d'autres ce n'est qu'une sombre histoire de népotisme. Et pourquoi pas les deux ? Une sorte de changement dans la continuité comme dirait Valéry Giscard d'Estaing.
 
Depuis sa prise de fonctions, il est indéniable que Marine Le Pen, ou MLP pour les intimes, a impulsé un nouveau souffle au FN. Au moins sur la forme. Ainsi, celle-ci a mis davantage l'accent sur l'économie durant la campagne présidentielle aux dépens de la question de la sécurité et de l'immigration. De plus, un semblant de "purge" a été organisé avec l'expulsion de certains membres jugés indésirables (Alexandre Gabriac ...).
 
De par ces actions et son discours plus modéré, la fille Le Pen a su attiré autour d'elle des individus d'horizons divers (Florian Philippot, Gilbert Collard, Paul-Marie Coûteaux ...) qui lui ont permis de faire un pas supplémentaire vers la dédiabolisation du parti. De même, celle-ci a réussi à conquérir un nouvel électorat, notamment des jeunes, et surtout à susciter, au moins partiellement, un vote d'adhésion et non plus seulement de contestation.
 
Alors cela veut-il dire que le FN nouveau est arrivé ? Pas vraiment en réalité. Certes des progrès sont à noter sur la forme mais le fond des choses ne diffère finalement que peu, avec des changements à la marge surtout en termes de communication.
En fait, je crois que le Front National est une structure complexe qui doit être appréhendée dans son ensemble pour en saisir tous les tenants et aboutissants. Or c'est justement ce travail qui manque à certains et qui les conduit alors à tenir un jugement partiel et parcellaire.
 
En premier lieu, il est clair que la direction du parti est bicéphale. Marine Le Pen et son père sont en réalité les acteurs d'un jeu de rôle à deux. Le bon et le méchant flic en quelque sorte. Pour faire simple, Marine cherche à séduire de nouveaux électeurs, à les rassurer sur ses intentions alors que son père vise lui à conserver les bases du parti, c'est à dire les franges les plus extrémistes. A eux deux,  l'objectif est donc clairement de ménager la chèvre et le chou, ou autrement dit à conquérir de nouveaux marchés sans délaisser les débouchés existants.
 
Ensuite, je crois qu'il faut dissocier les dirigeants des adhérents. Les Le Pen et autres historiques du parti mis à part, les nouveaux arrivants sont issus de courants de pensée différents et ont un objectif clairement défini : arriver au pouvoir. Cela explique d'ailleurs la nouvelle organisation et en particulier cette volonté d'implantation locale avec les municipales en ligne de mire.
S'agissant des adhérents, on peut distinguer un avant et après Marine. Malgré les dires de certains, le FN est toujours composé d'extrémistes en tout genre : catholiques intégristes, skinheads ... La purge initiée, certes réelle, a essentiellement été un chiffon rouge, un coup de communication pour signifier le changement. Pour s'en convaincre il suffit de se rendre dans les fédérations locales et d'écouter les conversations des militants. A la fois instructif et effroyable. Cela étant, une nouvelle vague d'adhérents est arrivée avec l'élection de Marine Le Pen et la présidentielle. Plus modérés et moins arc-boutés sur l'immigration, ces militants sont souvent des jeunes qui découvrent la politique et ont voté pour la première fois en 2012. 
 
Enfin, une analyse du programme politique, c'est à dire le fond des choses, semble inévitable. Reconnaissons que, contrairement à son père et son projet de 2007, Marine Le Pen prône un interventionnisme d'état, une régulation en matière économique ... Pour autant, si les années passent les antiennes du FN restent. Le concept de préférence nationale est clairement réaffirmé, l'immigration - et son corollaire- l'insécurité constitue toujours un des principaux chevaux de bataille. De même, le rejet de l'étranger est encore présent même si le musulman a peu à peu remplacé le juif, la lutte contre l'islamisme (l'Islam ?) ayant pris le pas sur le reste.
 
En définitive si le FN semble avoir évolué depuis plusieurs mois, il apparaît que ce changement est essentiellement de façade, si ce n'est un leurre. Malgré la montée en puissance de Marine, l'ombre de Jean-Marie Le Pen plane toujours sur le parti. Et cela d'autant plus que c'est lui qui tient les cordons de la bourse donc de la vie. Si l'on peut effectivement concéder que des changements sont intervenus, il n'en reste pas moins que les fondamentaux d'hier sont toujours d'actualité.
 
Bien que je pense que ma relation au FN soit claire pour mes lecteurs réguliers, je tiens une nouvelle fois à rappeler ma position sur le sujet. Notamment en raison des rumeurs qui circulent actuellement sur un hypothétique rapprochement en le Front National et Debout La République de Nicolas Dupont-Aignan.
Effectivement, il existe des convergences entre mes opinions et les positions du FN au niveau économique (régulation et intervention de l'Etat, protectionnisme ...).
En revanche, je m'oppose formellement à certaines idées défendues par ce parti. Je pense notamment au lien systématique entre immigration et insécurité, à la préférence nationale qui me semble être une ineptie ou encore aux prises de position sur les thèmes de société (IVG, euthanasie ...).
En conséquence, et pour toutes ces raisons, il est donc totalement exclu pour moi de voter pour le Front National, que ce soit à des élections nationales ou locales.