mercredi 27 octobre 2010

C'est aussi ça la France !


La mairie de Gonneville-sur-Mer (Calvados) doit renoncer à exposer un portrait du maréchal Pétain dans sa salle de conseil municipal, car cela est contraire à la "neutralité du service public", a jugé mardi le tribunal administratif de Caen, dans une décision relative à une audience du 12 octobre.
«Le principe de neutralité des services publics s'oppose à ce que soient apposés sur les édifices publics des signes exprimant des opinions politiques, religieuses ou philosophiques», explique dans un communiqué le tribunal, qui «annule» la décision de la mairie de garder le portrait.
En janvier, Christian Leyrit, alors préfet de la Basse-Normandie, avait demandé au maire de retirer le portrait de la salle de conseil municipal. Le maire (SE) Bernard Hoyé avait répondu par la négative. Le préfet avait alors saisi la justice. Lors de l'audience, le 12 octobre, le rapporteur public Nathalie Tiger avait souligné que l'exposition d'une telle photo était "contraire au principe de neutralité du service public", d'autant que Philippe Pétain "incarne à lui seul l'origine du régime de Vichy et la collaboration" avec l'Allemagne nazie.
Le préfet s'était saisi de l'affaire après avoir été alerté par la Ligue contre le racisme et l'antisémitisme (Licra). L'existence du portrait avait été signalée à la Licra par un invité à un mariage, dans cette commune de 600 habitants.
Source : libération.fr
 
Triste nouvelle que celle-ci. Une fois de plus, le politiquement correct l'a emporté sur notre Histoire. Car oui, qu'on le veuille ou non, le maréchal Pétain fait partie intégrante de notre héritage. Le renier est une faute grave consistant en un déni de réalité.
Alors bien sûr, les Français ne sont pas fiers de cette partie de notre Histoire. Cela va de soi. Mais ce n'est pas une raison pour la passer sous silence. Au contraire, je crois qu'il est nécessaire de nous souvenir de cette période où notre pays a collaboré avec l'ennemi pour ne pas oublier et ne pas reproduire les mêmes erreurs.
 
En revanche, se souvenir ne signifie pas faire son mea culpa éternel, ni s'autoflageller ad vitam aeternam. Cette remarque est évidemment valable pour la collaboration avec l'Allemagne nazie mais également pour toutes les périodes plus ou moins sombres de notre Histoire. Je pense notamment à la colonisation, à la traite négrière ou encore à d'autres conflits plus contemporains.
Oui la France a fauté mais ne rejetons pas la faute de nos ancêtres sur les générations actuelles. Cela serait d'autant plus stupide que celles-ci ne peuvent plus rien faire et surtout car elles n'auraient pas forcément agit de la même manière.
 
Clairement, je trouve la décision du tribunal inadaptée et aurait préféré que le portrait reste en place.
Néanmoins, ce qui m'énerve le plus dans cette affaire est le comportement de ces associations droit de l'hommiste. Ici, il s'agit de la Licra mais on peut mettre dans le même sac SOS racisme, le CRAN, le CRIF, la LDH ou encore le Mrap.
Bien que leurs actions soient parfois utiles et légitimes, il apparaît que, la plupart du temps, leurs agissements sont infondés. Pour moi, ces associations transpirent la bien pensance, le politiquement correct. Si j'osais, je dirais que ces dernières sont de puissants lobbies qui favorisent le communautarisme aux dépends de l'unicité et de l'indivisibilité de la République.
 
Aujourd'hui, la France est diverse. C'est un fait. Certains s'en réjouissent, d'autres le regrettent. Cela de date pas d'hier. Toutefois, il apparaît qu'aujourd'hui le vivre ensemble est menacé. Tant en France qu'en Europe. On le voit d'ailleurs très bien en Allemagne où Angela Merkel a récemment remis en cause la politique du "multikulti".
Je crois bien que cette question se posera à tous les pays dans les prochaines années. C'est pourquoi il me semble urgent de réfléchir dès maintenant au modèle de société dont nous voulons pour nos enfants ...

samedi 23 octobre 2010

Transparence en politique : une utopie ?

Même aux États-Unis, c'est du jamais vu ! Meg Whitman, l'ex-patronne d'eBay qui brigue le poste de gouverneur de Californie, a dépensé 142 millions de dollars de sa fortune personnelle pour sa campagne. Et ce n'est pas fini, car les élections ne se tiendront que le 2 novembre. Son adversaire démocrate, Jerry Brown, n'a déboursé, lui, qu'une pauvre dizaine de millions.
C'est devenu une habitude. Chaque élection américaine établit un nouveau record de dépenses. Mais jusqu'ici au moins, on savait à peu près d'où venaient les fonds. Pas cette année. La grande nouveauté de ces élections, ce sont les énormes sommes qui viennent de donateurs anonymes. En janvier, la Cour suprême a statué que les entreprises, les syndicats et tous les groupes d'intérêt avaient le droit de verser des contributions politiques d'un montant illimité, sans dévoiler l'identité des donateurs. Résultat, toutes sortes de milliardaires, magnats du pétrole, patrons du BTP et autres gros industriels se sont mis à financer une multitude de groupes d'intérêt.
Source : lepoint.fr
 
Deux éléments ont attiré mon attention dans cet article du point. Le premier concerne bien évidemment la démesure des sommes en jeu. Il s'agit là d'une spécificité américaine dont nous sommes, heureusement, épargnés. Ce qui me choque le plus dans cette histoire est que cette femme dépense des millions uniquement pour une élection. Il me semble bien que le caractère politique est mis de côté tant on insiste sur l'aspect marketing. La personnalité est ainsi présentée comme un produit qu'il faut vendre aux électeurs. 
Pour le moment, ce phénomène est limité de notre côté de l'Atlantique mais celui-ci tend à se développer, transformant la politique en peoplitique. 
 
Le second élément est relatif à l'anonymat des donateurs. A cette occasion, je crois qu'il faut distinguer les "donateurs particuliers" des "donateurs institutionnels". Ainsi, il ne me semble pas anormal d'accorder un traitement différent selon qu'il s'agisse d'un ménage ou d'une entreprise. En effet, on peut comprendre qu'un individu ne souhaite pas voir divulguer sur la place publique le fait qu'il fasse des dons à telle ou telle formation politique dans la mesure où cela pourrait lui être préjudiciable, notamment au niveau professionnel.
En revanche, il me semble impératif que les citoyens sachent, ou tout du moins puissent savoir, qu'une entreprise finance un parti. Cela se justifie simplement pour des raisons de transparence afin de prévenir d'éventuels conflits d'intérêts ou de quelconques régimes de faveur.
 
La transparence. Une notion utilisée à toutes les sauces dans les discours mais peu mise en pratique dans les actes. Chacun souhaite son respect mais personne ne veut se l'appliquer. La transparence fait peur car elle oblige à une certaine rigueur et surtout à une application sans faille des règles, ce qui reconnaissons-le n'est pas forcément le fort de l'intégralité de notre classe politique. On voit d'ailleurs tout le mal que connaît René Dosière (député PS de la 1ère circonscription de l'Aisne) afin d'obtenir des données et  informations fiables sur les dépenses publiques.
 
Même si la France rencontre quelques difficultés en ce domaine, il apparaît que d'autres pays se distinguent par leur bonne conduite. Je pense notamment à la Suède qui, en la matière, est à des années lumière de notre nation. En effet, dans cet Etat nordique, les personnalités politiques (ministres, députés ...) ont un train de vie que l'on jugerait ici inadapté. Ainsi, leurs salaires sont moindre et il est inconcevable que ceux-ci puissent bénéficier d'un logement de fonction, d'un véhicule avec chauffeur ou qu'ils utilisent l'argent du contribuable à des fins privées ou non justifiées par leur fonction. D'ailleurs, les dépenses de chacun d'entre eux, et notamment leurs notes de frais, sont tenues à disposition de tout citoyen qui peut y avoir librement accès.
 
Pour en arriver là, la France a du chemin à parcourir. Cela ne se fera pas un jour mais il me semble nécessaire d'agir dès maintenant pour aller dans le sens de plus de transparence. Celle-ci permettra de renforcer notre démocratie mais également de contribuer à réduire les dépenses publiques en responsabilisant nos responsables politiques.
Cette transparence doit bien évidemment être appliquée au sommet de l'Etat mais pas seulement. Chaque échelon de notre organisation territoriale, chaque responsable politique et plus largement toute entité ayant recours à des fonds publics doit être capable de rendre des comptes devant les citoyens.
Cela doit également être le cas des partis, mouvements et autres formations politiques dans la mesure où ils bénéficient de l'argent des contribuables. Cela est d'autant plus important que l'on a vu durant l'été, avec l'affaire Woerth-Bettencourt, que le financement des campagnes électorales est parfois très opaque ...

samedi 9 octobre 2010

Pour en finir avec la dette et les déficits

Dimanche dernier, le magazine capital (M6) consacrait un reportage à l'Agence France Trésor. Cette agence, créée en 2001et rattachée à Direction générale du Trésor et de la Politique économique (DGTPE), a trois missions principales :
- établir la prévision quotidienne la plus précise possible des flux d'entrée et de sortie de trésorerie
- placer les éventuels excédents aux meilleures conditions
- emprunter les ressources nécessaires au meilleur coût
 
Etant en plein dans la période d'élaboration du budget 2011, le reportage a évidemment insisté sur cette dernière mission. Il était ainsi expliqué comment la France faisait pour emprunter des milliards sur les marchés financiers. En effet et depuis quelques décennies maintenant, notre pays est devenu un agent économique lambda qui finance ses investissements (et même ses dépenses de fonctionnement) par l'emprunt.
 
Mais remontons quelque peu le temps pour mieux comprendre.
Tout a commencé par la loi du 4 janvier 1973 qui réforme les statuts de la Banque de France. L'article 25 de cette loi stipule que "le Trésor public ne peut être présentateur de ses propres effets à l'escompte de la Banque de France". Concrètement, cela revient à dire que la France ne peut plus se financer auprès de sa banque centrale et qu'elle doit dorénavant emprunter sur les marchés, en payant évidemment des intérêts.
Par la suite, le traité de Maastricht reprendra dans son article 104 la même logique : "Il est interdit à la BCE et aux banques centrales des États membres, ci-après dénommées "banques centrales nationales", d'accorder des découverts ou tout autre type de crédits aux institutions ou organes de la Communauté, aux administrations centrales, aux autorités régionales ou locales, aux autres autorités publiques, aux autres organismes ou entreprises publics des États membres; l'acquisition directe, auprès d'eux, par la BCE ou les banques centrales nationales, des instruments de leur dette est également interdite."
Et finalement, cet article sera repris par le traité de Lisbonne à l'article 123.
 
Bon mais alors, qu'est-ce que ca change pour nous ? Et bien je dirais tout. Et c'est là le début de nos problèmes. En effet, avant cette date, la France avait le pouvoir de créer la monnaie par le biais de sa banque centrale. Depuis 1973, notre pays a perdu ce privilège qui s'est vu alloué aux banques privées. Pour simplifier, avant 1973, la Banque de France pouvait prêter de l'argent au Trésor Public à taux faible voire nul. Depuis, cela n'est plus possible et la France doit emprunter de l'argent, par le biais de l'Agence France Trésor, sur les marchés financiers à diverses structures (banques, fonds de pensions ...) contre intérêts.
 
Les conséquences de ce changement sont immenses. De fait, l'Etat français paye chaque année des milliards d'euros d'intérêts qui pourrait être utilisés à meilleur escient (Éducation, recherche ...). En outre, le pays reste à la merci de ces marchés. L'exemple de la Grèce est flagrant puisque l'on a vu que les taux d'intérêts peuvent rapidement augmenter, ce qui peut conduire à l'asphyxie. Enfin, il apparaît que parfois, comme c'est le cas avec la réforme des retraites, les politiques nationales sont utilisées comme un signal à destination des agences de notation qui font la pluie et le beau temps sur les places financières.
 
Comme vous l'aurez sûrement compris, je ne cautionne pas du tout le système actuel. Je considère que les Etats ne sont pas des agents économiques comme les autres. En effet, de par leurs investissements, leurs actions dans le domaine social ... les Etats contribuent au bon fonctionnement de la société et aux bénéfices des entreprises. Je trouve donc anormal que ceux-ci soit doublement perdants, une première fois en payant des intérêts aux banques et une seconde fois en aidant ces mêmes banques.
 
Alors que faire ? C'est à la fois très simple et très compliqué. Effectivement, il suffit de revenir sur la loi de 1973 et l'article 123 du traité de Lisbonne afin de retrouver un financement par la Banque de France. En pratique, cela est nettement plus compliqué car nous sommes pieds et poings liés par nos engagements européens.
Cela pose donc une fois de plus la question de cette Union Européenne qui va à l'encontre des intérêts nationaux. Car dans cette histoire, nous ne sommes pas les seuls pénalisés puisque toutes les nations engagées dans ce système connaissent aujourd'hui des problèmes de déficit et d'endettement.
 
Le 28 octobre 1966, Charles de Gaulle disait : "La politique de la France ne se fait pas à la corbeille".
Tachons de nous souvenir de cette phrase afin de trouver le courage de nous réapproprier notre souveraineté monétaire.

samedi 2 octobre 2010

Gouvernement fantôme, une solution pour l'opposition ?

Le week-end dernier, à l'occasion des universités de rentrée du Modem, François Bayrou a officiellement intronisé son gouvernement fantôme ou shadow cabinet en anglais. Sa composition est disponible sur le site officiel du parti.
 
Bien que la pratique ne soit pas courante en France, le Modem n'est pas le premier à se lancer dans cette entreprise. En effet, plusieurs contre-gouvernement ont vu le jour dans l'histoire de la cinquième République. Le premier a été instauré par François Mitterrand suite à l'élection de Charles de Gaulle à la présidentielle de 1965. La seconde expérience a été menée par Michèle Alliot-Marie et le RPR à partir de 2000. Enfin, plus récemment, les socialistes, par le biais de Jean-Marc Ayrault (président du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche à l'Assemblée nationale), ont à nouveau tenté leur chance en réponse à l'élection de Nicolas Sarkozy.
Malgré tout, il s'avère que toutes ces tentatives ont échoué et n'ont pas réussi à s'inscrire dans la durée. Il sera donc intéressant de voir si le Modem réussira là où les autres formations politiques ont chuté.
 
Mais de quoi parle-t-on réellement lorsqu'il est question de gouvernement/cabinet fantôme ?
Cette pratique, peu en vue chez nous, est en revanche très utilisée dans les Etats dont la démocratie parlementaire fonctionne sous le système de Westminster. C'est notamment le cas des nations membres du Commonwealth avec en particulier l'Australie ou bien évidemment le Royaume-Uni.
Concrètement, le cabinet fantôme est un gouvernement virtuel formé par l'opposition. L'objectif est que les ministres de ce contre-gouvernement fassent des propositions et proposent une alternative à la politique menée dans le pays. En outre,  les membres du cabinet fantôme sont censés devenir ministres du nouveau gouvernement en cas de victoire de l'opposition. Toutefois, cela n'est pas toujours le cas du fait des alliances et autres arrangements politiques.
En somme, cette pratique vise à structurer l'opposition et à organiser l'élaboration d'alternatives.
 
Comme nous l'avons vu, la plupart des tentatives de mise en place d'un tel gouvernement virtuel en France ont échoué. Il serait intéressant de savoir pourquoi les choses n'ont pas marché afin de ne pas reproduire les mêmes erreurs. Les raisons peuvent être multiples mais on peut penser que l'une d'elles est le fait d'être inaudible en raison du fossé culturel qui existe entre cette pratique et nos traditions. En effet, je crois que la France conserve, en raison de son Histoire, une certaine tendance au culte du chef et à l'attente de l'homme providentiel. Aussi, la multiplication des protes-paroles peut tendre à "perturber" les Français ou tout du moins à les déstabiliser. En outre, il ne serait pas étonnant qu'une histoire d'égos ait contribué à ces échecs.
 
Quelles qu'en soient les causes, ces revers me semblent préjudiciables. Effectivement, je crois que l'opposition (au sens large, c'est à dire non seulement le PS mais aussi tous les partis, de gauche et de droite, qui s'élèvent contre le gouvernement en place) aurait grandement à gagner en constituant un gouvernement virtuel. Cela permettrait de passer d'une opposition stérile consistant uniquement à critiquer à une opposition constructive visant à faire des propositions et à élaborer une réelle alternative.
Alors bien sûr, la constitution d'un cabinet fantôme est plus facile pour les grands partis type PS dans la mesure où ils bénéficient de davantage de moyens, tant humains que financiers ou encore médiatiques. Néanmoins, ce type d'opposition peut constituer une chance pour les petites formations dans le sens où cela leur permettrait de gagner en crédibilité et en notoriété.
 
Espérons donc que la démarche initiée récemment par le Modem soit un succès. Il en va de la démocratie tout autant que de la légitimité de l'opposition dans notre pays.