vendredi 22 juin 2012

Retour sur l'actualité

Période de révisions oblige, votre serviteur se fait plus rare sur ce blog. Voila pourquoi une petite revue de quelques évènements marquants intervenus ces derniers jours ne me semble pas superflue.
 
- SMIC : une pichenette à défaut d'un vrai coup de pouce
Figurant en bonne place parmi les promesses de campagne du candidat socialiste, la hausse du SMIC était fortement attendue par de nombreux salariés. Mieux, celle-ci devait marquer une certaine rupture avec son prédécesseur qui avait limité l'évolution du salaire minimal à sa formule légale. Pourtant, il semblerait que nous nous dirigions vers une mesure petit bras. En effet, les Echos ont annoncé que cette augmentation se limiterait vraisemblablement à 2 % pour aboutir à 9,40 € bruts de l'heure. En fait de coup de pouce, c'est plutôt vers une légère pichenette que l'on s'oriente.
Fervent keynésien, je considère qu'à l'heure actuelle, au vu de la conjoncture, une relance par la demande est nécessaire. Or quoi de mieux pour favoriser la consommation que d'augmenter les salaires ? Par ailleurs, et même en faisant fi de tout dogmatisme économique, il apparaît que le coût de la vie augmente sans cesse et que le pouvoir d'achat des Français tend à se réduire. Pour preuve, il suffit de regarder l'évolution du nombre de travailleurs pauvres ces dernières années. En tant que gouvernement socialiste, on pourrait donc s'attendre à un engagement plus fort envers les classes populaires. Espérons simplement que ce recul ne soit pas le premier d'une longue série ...
 
- A Rome on privilégie encore et toujours l'euro aux dépens des peuples
Aujourd'hui les dirigeants français, italien, allemand et espagnol se sont réunis à Rome en perspective du sommet européen des 28 et 29 juin prochains. Cette réunion a finalement débouché sur un accord pour un plan de relance de la croissance d'environ 130 milliards soit 1 % du PIB européen.
Si cette nouvelle peut paraître encourageante, il s'avère en réalité qu'il ne s'agit là que d'une goutte d'eau dans l'océan. De fait, les sommes en jeu sont assez dérisoires, notamment en comparaison du plan d'aide de 100 milliards accordé aux banques espagnoles. Par ailleurs, il ne faut pas être naïf et croire toute la propagande venue d'europe. Qu'il s'agisse de la Grèce, de l'Espagne ou du Portugal, il est clair que nous envoyons de l'argent à fonds perdus dans le seul et unique objectif de maintenir le système monétaire et financier en vie. Ainsi, je crois qu'il serait largement préférable de remettre en question notre modèle actuel et surtout de s'interroger sur la pérennité de la monnaie unique. Alors même que tous les plans venus de Bruxelles échouent les uns après les autres, il me semble grand temps de laisser de côté les dogmatismes d'hier et de réfléchir à un nouveau système économique et financier en rupture avec cet ultralibéralisme malsain.
 
- Rio+20 : encore un coup manqué
20 ans après le sommet de la Terre à Rio de Janeiro en 1992, les dirigeants du monde entier se sont à nouveau réunis au Brésil pour discuter d'environnement. Finalement, et comme toujours dans ce genre de rassemblement, les conclusions ne sont clairement pas à la hauteur des enjeux. Une fois encore, de même qu'à Copenhague en 2009, la déclaration finale n'apporte que peu d'avancées et ne fait que reprendre les principes des précédentes conférences. Pire, et c'est une habitude, aucune mesure coercitive ni aucune contrainte n'est envisagée dans le texte. En somme, il ne s'agit là que d'une compilation de bonnes intentions que les Etats s'empresseront de ne pas suivre. Il n'est d'ailleurs pas anodin que les dirigeants américain, britannique, russe et allemand n'est pas fait le déplacement ...

samedi 16 juin 2012

Demain, donnons une majorité au changement !

Demain, en ce dimanche 17 juin, les Français seront une fois encore appelés aux urnes pour le second tour des élections législatives, une semaine après un premier tour sans réelle surprise. En effet, c'est logiquement le Parti Socialiste qui remporte le scrutin suivi de l'UMP et du FN. On retrouve ensuite le Front de gauche et Europe Ecologie - Les Verts.
En somme, ce premier tour reflète assez fidèlement les résultats de l'élection présidentielle à deux exceptions près. Ainsi, on peut remarquer que l'abstention a atteint des sommets, constituant alors un nouveau record. Par ailleurs, il apparaît que le Modem et plus largement le centre s'est complètement écroulé, souffrant des errements de François Bayrou.
 
Dans la plupart des circonscriptions de France, le second tour se résumera donc à un classique duel PS/UMP. Avec parfois malgré tout un candidat FN qui vient semer la pagaille au milieu. Il apparaît d'ailleurs que ces situations ont donné lieu à d'intenses discussions, notamment en ce qui concerne la position à adopter. Comme de coutume, la gauche a opté pour une stratégie de front républicain avec un appel à voter en faveur de l'UMP, ou plutôt contre le FN. L'UMP, quant à elle, a reconduit cette tactique adoptée récemment du "ni-ni" qui consiste à ne pas choisir formellement  entre le candidat de gauche et le candidat frontiste. 
 
Clairement le choix des partis de gauche n'est pas étonnant et s'inscrit dans la droite lignée des précédentes élections. A l'inverse, l'UMP organise une rupture, certes pas nouvelle en 2012, avec les consignes historiques. Pour autant, ce positionnement est-il si surprenant ? Pas vraiment en réalité puisque celui-ci s'inscrit dans une démarche de rapprochement avec le FN. En fait, ce non choix vise à ne pas se fermer la porte d'une éventuelle alliance dans le futur. En revanche, un tel comportement n'est pas assumé de manière franche dans la mesure où il n'existe pas d'appel clair à voter pour les candidats du FN. En particulier, je crois, pour ne pas faire fuir les électeurs les plus modérés.
 
Habitant dans l'Isère, je me trouve dans la même situation que la plupart de nos concitoyens à savoir dans le cas d'un duel PS/UMP. Mon candidat de premier tour, celui présenté par Debout la République, ayant été éliminé, il me reste donc quatre possibilités. Ou plus exactement trois car l'abstention n'est pas une possibilité pour moi.
Contre toute attente, j'ai envisagé pendant un temps de voter pour l'UMP. Non pas pour soutenir le parti en lui-même mais plus comme une reconnaissance de la qualité de la campagne de la candidate qui a arpenté avec détermination le terrain. J'ai néanmoins abandonné cette option en raison des récentes critiques ad hominem, comportement peu élégant que je condamne, que celle-ci a émises à l'encontre de la députée sortante.
Je pourrais alors voter blanc comme je l'avais fait au second tour de la présidentielle. En effet, j'avais alors refusé d'accorder mon soutien à François Hollande en raison de forts doutes sur ses futures mesures. Je dois toutefois reconnaître que son début de mandat ne m'a pas révulsé et pour tout dire, m'a plutôt séduit.
En conséquence, et justement afin de laisser une chance au nouveau président de mettre en oeuvre son programme, je voterai donc demain pour la candidate socialiste.
 
Comme je l'ai déjà exprimé ici, je considère qu'une cohabitation n'est pas une solution envisageable. Pire, je suis convaincu que cela aboutirait à un blocage qui nuirait grandement à notre pays. Pour le bien de tous, j'appelle donc sans équivoque à voter pour les candidats de gauche afin de donner une réelle majorité au changement.

jeudi 14 juin 2012

Salaires des dirigeants : peut mieux faire !

Hier Pierre Moscovici, ministre de l'Economie, a dévoilé en conseil des ministres le décret venant limiter le salaire des dirigeants des entreprises publiques. Prévu pour le mois de juillet, ce décret plafonnera ce salaire à 450 000 € par an, ce qui correspond à 20 fois la moyenne des 10 % des salaires les plus bas dans ces entreprises soit 1 875 €  bruts par mois.
 
Si la mesure peut paraître extraordinaire à première vue, il apparaît que celle-ci se révèle être, tout en étant une avancée considérable par rapport au passé, quelque peu petit bras. En effet, ce décret ne concernera, pour l'heure, qu'une vingtaine de personnes puisque celui-ci se limite aux mandataires sociaux donc aux dirigeants de sociétés publiques. Ainsi, cela exclut de fait l'ensemble des cadres de ces entreprises qui pourront donc être davantage payés que leur patron, ce qui est assez ubuesque.
 
Par ailleurs, il faut bien savoir de quoi on parle dans cette histoire. Il est ici question de salaire et non de rémunération. En conséquence, rien n'empêche les entreprises de compenser cette limitation salariale en agissant sur les rémunérations accessoires telles que les parachutes dorés, les retraites chapeaux ou encore les stock-options. Bien qu'un projet de loi soit en préparation pour l'automne prochain afin de régler ces questions, le problème n'est aujourd'hui pas tranché.
 
Évidemment cette annonce a créé une polémique tant dans la sphère politique qu'économique. Ainsi, si certains crient au retour du bolchevisme et de l'économie administrée, d'autres nous expliquent que cela risque de faire fuir les talents vers le privé. Clairement je m'inscris en faux contre ces allégations caricaturales et maintes fois entendues. En effet, je crois qu'il est grand temps d'ouvrir les yeux concernant notre système économique et surtout d'apprendre de la crise que nous traversons. La supériorité des marchés est une utopie qui conduit à enrichir une minorité de privilégiés. Seul les États ont la capacité et la légitimité pour réguler la finance et son fonctionnement. De plus, je refuse de croire que l'argent est la seule motivation des dirigeants du public. Considérer qu'une baisse même substantielle des rémunérations conduirait à un exode massif me semble donc réducteur.
 
Malgré ces critiques il faut avoir l'honnêteté de reconnaître que ce décret constitue un progrès majeur et est un énorme pas dans le bon sens pour plus d'égalité. Pour autant, je crois qu'il ne faut pas s'arrêter en si bon chemin et qu'il faut aller encore plus loin. Ainsi, ce plafond ne doit pas être réservé aux seuls dirigeants mais doit au contraire être étendu à l'ensemble des salariés quel que soit leur statut.
 
De même, se limiter aux entreprises publiques ne me paraît être suffisant. Cela ne doit être qu'une première étape vers une généralisation à toutes les entreprises. En revanche, cela sera nettement plus compliqué dans la mesure où l'Etat ne possède pas d'influence directe sur ces entités. Hormis ben évidemment le recours à l'impôt qui constitue l'arme absolue en termes de redistribution des richesses. La tranche à 75 % souhaitée par François Hollande va d'ailleurs dans ce sens et je ne peux donc que m'en réjouir.

samedi 9 juin 2012

Demain je vote Debout la République, et vous ?

Voila maintenant environ un mois que François Hollande a été élu président de la République. Comme le veux notre calendrier électoral, les Français sont appelés en ce mois de juin à élire leurs députés pour la prochaine législature. Une fois n'est pas coutume, le niveau d'abstention sera un enjeu important de ce scrutin, notamment en raison de ses particularités (l'accès au second tour nécessite de recueillir les voix 12,5 % des inscrits).
 
Mais au delà de ce phénomène récurrent dans notre système politique, cette élection revêt une importance singulière en raison de la récente alternance. On me demande souvent mon avis sur une éventuelle cohabitation. Et invariablement je réponds la même chose. Je ne souhaite en aucun cas une majorité de droite car une situation de cohabitation serait la pire des choses. En effet, cela reviendrait à repartir pour un tour avec l'UMP et surtout à empêcher les socialistes de mettre en oeuvre leur programme. Or comme je l'ai déjà dit, j'ai envie de laisser sa chance à François Hollande afin de juger sur pièce. Voila pourquoi je pense qu'il ne faut pas voter pour les candidats présentés par l'UMP.
 
Mais si l'UMP n'est pas une solution, il est clair qu'apporter sa voix au FN n'en est pas une non plus. D'ailleurs, et hormis dans des cas très précis, les chances d'élection des frontistes sont quasi nulles. Certes une accession au second tour est envisageable mais il est très probable qu'un front républicain fasse alors barrage. Voter Front National est donc le meilleur moyen de stériliser sa voix. Marine le Pen et ses amis, souvent peu recommandables, ne constituent pas une alternative au système. Ceux-ci ne sont ni plus ni moins que des individus qui jouent sur les peurs du peuple en assénant des contre-vérités plus stupides les unes que les autres. Mais comme on dit, plus c'est gros plus ça passe.
 
Je ne vais pas ici m'exprimer sur tous les partis ou mouvements qui présentent des candidats tant ils sont nombreux. En revanche, et après lecture des professions de foi pour ma circonscription, quelques éléments m'ont quelque peu interloqués.
Tout d'abord, je trouve assez étrange, voire même dommage, qu'un même courant de pensée soit représenté par plusieurs candidats. Je pense notamment aux écologistes (Europe Ecologie-Les Verts, CAP 21, Alliance écologiste indépendante ...) ou à l'extrême gauche (Lutte Ouvrière, Nouveau Parti Anticapitaliste, Parti Ouvrier Indépendant ...).
Ensuite, j'ai été interpellé par la multiplication des candidatures sans étiquette ou de petits mouvements (le Trèfle, Solidarité et Progrès, Parti Pirate ...). Cela est d'autant plus incompréhensible que les programmes sont souvent absents, portés par des personnes sans réelles convictions. On ne peut bien évidemment pas interdire à des gens de se présenter, en particulier lorsque cela se fait sur leurs fonds propres, mais je crois qu'une telle situation conduit à dénaturer l'esprit même de notre système politique.
 
Enfin, j'ai été plus que surpris par certaines propositions qui sont, selon moi, folkloriques au possible. Parmi celles-ci, trois ont particulièrement retenues mon attention. La première, avancée par le mouvement  "Démocratie réelle", consiste à soumettre tout projet de loi à un référendum. Outre l'impossibilité pratique d'une telle mesure au vu de la quantité de lois adoptées, celle-ci reviendrait à rendre caduc l'existence même de notre Parlement et donc à remettre en question notre système législatif, ce que je ne souhaite pas.
Les deuxième et troisième propositions sont issues du programme du NPA et de LO notamment. Les candidats nous expliquent alors qu'il faut accorder le droit de vote et d'élection aux étrangers à toutes les élections. Pire, ils proposent de régulariser tous les sans-papiers et d'accorder à chacun une réelle liberté de circulation et d'installation sans aucune contrainte. Rien de surprenant venant de l'extrême gauche internationaliste mais je ne peux que m'opposer à de telles bêtises. En effet, il est illusoire de croire que la libre circulation des personnes est un progrès tant celle-ci occasionne des problèmes conséquents en termes d'emploi, de logement ... De même, je réaffirme ici que le droit de vote, donc la citoyenneté est et doit rester lié à la nationalité. Je considère donc pour ma part que seules les personnes de nationalité française doivent pouvoir voter, et ce quelle que soit l'élection, locale ou bien nationale.
 
Avec onze candidats sur ma circonscription, la 4ème de l'Isère, le choix est vaste pour les électeurs. De mon côté, je dois reconnaître que la décision a été rapidement prise. En effet, il s'avère qu'un candidat de Debout la République, en la personne d'Olivier Courade, se présente par chez moi. C'est donc en toute logique que je glisserai un bulletin à son nom. Evidemment, je suis bien conscient que le second tour n'est pas accessible à l'heure actuelle. Pour autant, je crois qu'il est très important de voter pour les candidats de Debout la République (300 sur toute la France dont 161 femmes) pour deux raisons. Tout d'abord, il s'agit là d'un vote de conviction à portée nationale. Dans la foulée de l'élection présidentielle qui a permis à Nicolas Dupont-Aignan de gagner en visibilité, les législatives sont une étape supplémentaire dans la diffusion de nos idées et constituent un premier pas vers une implantation au niveau local. Ensuite, il ne faut pas oublier que cette élection conditionne l'octroi du financement public des partis politiques (1,68 € par voix si un parti dépasse 1 % dans 50 circonscriptions). Or comme chacun le sait l'argent est le nerf de la guerre, même en politique. Chaque voix est donc importante pour ce petit parti car sans moyens il est très difficile de réellement exister dans le système actuel.
 
En conséquence, et pour soutenir les idées que nous défendons, j'appelle solennellement l'ensemble de nos concitoyens à voter pour les candidats présentés par Nicolas Dupont-Aignan et Debout la République. En faisant ce choix, c'est un signal fort que vous enverrez à nos dirigeants. Un message en faveur de mesures courageuses pour le bien de notre pays : mise en place d'un protectionnisme, évolution vers une europe des nations ou encore retour à un pôle public de l'énergie. Bref, voter Debout la République c'est voter pour des hommes et des femmes engagés pour un intérêt particulier : celui de la France.

vendredi 8 juin 2012

Patron incognito : une expérience à généraliser

Hier soir, M6 diffusait le premier numéro de sa nouvelle émission de télé-réalité : patron incognito. Le concept est simple et consiste à ce qu'un chef d'entreprise soit plongé en immersion dans sa propre société. En somme, il s'agit plus ou moins d'un "vis ma vie d'employé" à destination des patrons.
Après avoir visionné le premier épisode avec Jean-Claude Puerto, PDG de Ucar, je dois reconnaître avoir été séduit par le concept. Certes les images sont à prendre avec recul car il s'agit d'une émission de télé mais plus que le format de l'expérience, c'est bien l'idée en elle-même qui m'intéresse au plus haut point.
 
Il n'aura échappé à personne sur ce blog que je ne porte pas, et c'est un euphémisme, le patronat dans mon coeur. Je dirais même plus que j'ai une fâcheuse tendance à critiquer, à juste titre je crois, les manières de nos grands patrons. En effet, j'ai beaucoup de mal à accepter que des entreprises licencient leurs salariés alors même que leurs dirigeants sont conservés avec des rémunérations démesurées. Pour moi le chef d'entreprise doit être un leader qui sait prend ses responsabilités à l'image d'un capitaine qui sombre avec son navire. Or aujourd'hui, dans la plupart des grandes sociétés, les dirigeants ne sont que des mercenaires débauchés chez la concurrence pour couper dans les dépenses, et en particulier les charges de personnel, pour offrir une rentabilité toujours plus importante à ces requins que sont les actionnaires.
 
La réalité actuelle du monde des affaires est donc complètement à l'opposé de ma conception de l'économie. Ou plus précisément le fonctionnement des grandes entreprises est totalement déconnecté de la vérité du terrain. Si je prends soin de préciser "grande entreprise" c'est qu'il serait malhonnête de mettre tous les patrons dans le même sac. De fait, il n'y a que peu de similarités entre le PDG d'une société cotée et le petit patron de PME puisque seul leur statut de chef d'entreprise les rapproche. Selon moi, et sans démagogie aucune, l'utilité sociale de l'artisan ou du commerçant est sans comparaison possible avec celle d'un directeur général. Si le premier est essentiel à la continuité de son activité, le second est parfaitement interchangeable. D'ailleurs, il n'y a qu'à voir avec quelle vitesse les actionnaires changent de dirigeant en cas de mauvais résultats.
 
Bien évidemment il serait idiot et contre-productif d'accuser le patronat de tous les maux de notre société. Pour autant, je suis convaincu que ceux-ci ont joué un rôle prépondérant dans l'évolution qu'a connu notre pays ces dernières décennies. De fait, leur vision à court terme couplée à une course au profit et à un dogmatisme libéral ont conduit à dévoyer le phénomène de mondialisation pour aboutir à une disparition de notre industrie synonyme de croissance du chômage et de précarisation du travail.
 
En fait, et malgré des effets de communication, les grands patrons se sont enfermés dans des considérations purement comptables en faisant complètement abstraction des conséquences de leurs décisions. Leur objectif est malheureusement devenu uniquement financier dans une optique de satisfaction des marchés financiers et donc des actionnaires. C'est d'ailleurs dans ce contexte que nous avons vu émerger une génération de "jeunes cadres dynamiques" issue de ces si fameuses écoles de commerce : les cost killer. Dans ces institutions de promotion du capitalisme déluré et du libre-échange intégral, on apprend à restructurer les entreprises pour gagner en flexibilité et optimiser son fonctionnement et améliorer ses performances. Ou autrement dit à multiplier les plans sociaux et encourager la précarité pour diminuer les dépenses et verser plus de dividendes.
 
En général, les cours de RH sont assez réduits dans ce genre de formation. Il est d'ailleurs plus souvent question de charges de personnel que de ressources humaines. Et si l'aspect social est abordé, c'est plus souvent sous l'angle d'une contrainte ou d'une entrave que d'un élément de solidarité indispensable à la cohésion de la nation. Pour ces gens là, les salariés ne sont ni plus ni moins qu'une variable d'ajustement parmi tant  d'autres.
 
Comme vous l'aurez sûrement compris, je n'ai que peu d'estime et de considération pour ces personnes. Bien sûr tous les étudiants d'école de commerce ne correspondent pas au portrait que j'en ai dressé, et heureusement. Malgré tout, il faut être conscient que ce sont de telles notions que l'on enseigne à nos jeunes. Après des années d'endoctrinement, comment ne pas devenir alors un adepte de ces principes qui ont cours parmi les puissants ?
 
C'est donc pour éviter ce genre de dérives aux lourdes conséquences que je crois qu'il est indispensable que les dirigeants d'entreprise ne soient pas coupés des réalités. Il me semble impératif que ceux-ci gardent à l'esprit que même la plus petite de leur décision a une incidence parfois énorme sur leurs salariés.
Et quoi de mieux pour ne pas se couper du terrain que d'y retourner de manière régulière ? C'est en ce sens que l'émission de M6 revêt tout son intérêt puisqu'elle permet de montrer que les dirigeants de société ne voient les problèmes que par le bout de la lorgnette.
 
En conséquence, je crois que deux mesures s'imposent à nous.
La première est applicable à court terme du fait des possibilités de recours au pouvoir législatif. Elle consiste à intégrer au sein des formations de gestion un ou plusieurs stages ouvriers. A la différence des stages classiques existants, ces stages ouvriers ont pour objectif de montrer au moins une fois la réalité de la production industrielle en forçant les étudiants à "mettre les mains dans la merde". Cela serait alors l'occasion pour ces jeunes destinés à travailler dans les bureaux de vivre pendant quelques semaines le quotidien, souvent difficile, de ces ouvriers afin de mesurer toute l'ampleur de leurs tâches.
La seconde mesure est certes nettement plus délicate mais est d'autant plus intéressante. Elle se résume finalement à généraliser le concept de cette émission, c'est-à-dire à envoyer les directeurs sur le terrain pour se rendre réellement compte de ce qu'ils demandent à leurs employés.
 
Je ne suis  évidemment pas naïf et je sais donc pertinemment que j'exprime ici des voeux pieux. Malgré tout, je crois profondément que notre pays irait mieux si la frontière entre "conception et exécution", si chère à Frederick Taylor, était moins prononcée. Fortement attaché à la notion de légitimité, je pense que ces expériences seraient très positives pour le patron mais également pour l'employé. Car il est clair que les salariés français souffrent aujourd'hui d'un manque de reconnaissance et de considération qui impacte inévitablement à leur travail.
 
Depuis quelques années maintenant, le concept de lutte des classes tend à revenir sur le devant de la scène. Personnellement, je crois que cette lutte n'a, en vérité, jamais disparue mais que celle-ci s'est atténuée durant les trente glorieuses du fait d'une situation économique favorable. Or en ces temps de crise, les réflexes de caste reviennent logiquement à l'ordre du jour.
Dans l'intérêt de tous, il me semble préférable que cette opposition entre patronat et ouvriers ne prenne pas des proportions trop importantes afin de ne pas dégénérer en conflit ouvert. En ce sens, il est impératif que le gouvernement agisse rapidement sur le partage des richesses afin de rééquilibrer la balance en faveur des salariés. Pour cela de nombreuses solutions existent parmi lesquelles on trouve la mise en place d'un écart maximal des salaires, la revalorisation du SMIC ou encore l'augmentation des impôts sur les plus hauts revenus.
Espérons simplement que le gouvernement socialiste soit à la hauteur des enjeux actuels ...

vendredi 1 juin 2012

Hollande et la Syrie : des prises de position encourageantes

Outre l'économie, les affaires étrangères constituaient un sujet sur lequel j'avais quelques a priori sur François Hollande.  Et la nomination de Laurent Fabius au poste de ministre ne m'a guère rassurée. J'aurais d'ailleurs préféré, comme dans d'autres domaines, la présence d'une personnalité plus jeune et moins "usée".
 
Mais comme je l'ai exprimé à plusieurs reprises, je me fierai davantage, pour le quinquennat à venir, aux actes qu'aux paroles. Et pour le moment je dois reconnaître être assez agréablement surpris par le nouveau président de la République. Plus que sa prestation au G8 ou ses annonces sur l'Afghanistan, ce sont ses positions vis-à-vis de la Syrie qui m'intéressent aujourd'hui.
 
En ce sens, deux évènements récents sont à prendre en compte. Le premier est bien évidemment la décision d'expulser l'ambassadrice de Syrie, de manière concertée avec d'autres nations (Australie, Angleterre, Italie, Espagne, Canada ...). Le second a trait à l'interview accordé par François Hollande où il indiqué de pas exclure une intervention armée sous mandat de l'ONU. Ces deux faits montrent donc que Flamby est bel et bien mort et enterré et que le nouveau chef de l'Etat a la capacité de représenter notre pays sur la scène diplomatique.
 
Mais revenons-en à la Syrie. Cela fait maintenant de nombreux mois que ce pays est plongé dans un conflit meurtrier entre le pouvoir en place de Bachar el-Assad et un mouvement révolutionnaire disparate. Malgré les pressions de la communauté internationale et l'élaboration d'un plan de sortie de crise par Kofi Annan, la situation ne fait qu'empirer au fur et à mesure du temps. Accroché à son trône, le "lion de Damas" enchaîne les tueries et massacre sans vergogne son peuple. C'est d'ailleurs le bain de sang de Houla, causant la mort de 108 personnes dont  49 enfants, qui a déclenché la vague d'expulsion des diplomates syriens.
 
Il est de coutume de dire que l'Histoire ne se répète jamais. Or, dans ce cas, il apparaît malgré tout de fortes similitudes avec une précédente affaire. Je pense bien évidemment au conflit de la Libye d'il y a peu. Comme pour la Syrie, nous étions face à un dictateur qui massacrait consciencieusement son peuple. Comme pour la Syrie, suite aux printemps arabes, la population s'est révoltée contre le tyran. Comme pour la Syrie, la communauté internationale s'est insurgée contre ces boucheries incessantes. Comme pour la Syrie enfin, la Chine et la Russie ont soutenu le pouvoir en place.
 
Voila où nous en sommes aujourd'hui. Et si les étapes continuent à s'enchaîner, l'intervention militaire ne devrait plus tarder où tout du moins être sérieusement envisagée. Pour autant, et c'est ce qui explique la plus grande fermeté de la Russie, le cas de la Libye fait dorénavant jurisprudence. Soyons clair, une intervention étrangère en Syrie reviendrait in fine, comme en Libye d'ailleurs, à destituer Bachar el-Assad.
 
Plus que d'autres, les questions géopolitiques sont des sujets très sensibles et hautement stratégiques. Il convient donc de les traiter avec la plus grande prudence. Ces problématiques sont d'autant plus délicates qu'il est nécessaire d'arbitrer entre intérêt général et intérêts particuliers, entre pragmatisme et morale.
 
Dans le cas qui nous occupe la communauté internationale doit alors trancher entre la défense d'une population en péril et l'ingérence dans les affaires internes d'une nation souveraine. Le choix étant aujourd'hui clairement plus compliqué qu'hier dans la mesure où le renversement de Kadhafi n'est pas vraiment une réussite, notamment en ce qui concerne la suite des évènements.
 
Comme c'était le cas pour la Libye, le cas de la Syrie me laisse assez dubitatif. Fortement attaché à la souveraineté des nations, j'ai un peu de mal avec la notion de "droit d'ingérence". Pour autant, il paraît compliqué de rester de marbre face à la cruauté d'un dictateur.  L'équation est donc plus que complexe.
 
A titre personnel, je crois que la solution diplomatique doit être privilégiée au maximum. Dialogue et sanctions économiques doivent être les armes de la communauté internationale. En cas d'échec des mesures pacifiques, et uniquement à cette condition, le recours à une intervention militaire doit être discutée dans un contexte international sous mandat de l'ONU. Et par recours à la force j'entends évidemment des attaques ciblées aériennes. Cela exclut donc toute opération au sol et surtout toute distribution d'armes aux populations locales. Il n'a été de pire erreur dans l'affaire de la Libye que de fournir des armes à des civils. Armes qui se sont finalement retrouvées entre les mains de terroristes.
 
Quelle que soit la tournure que prendront les évènements, la crise libyenne constitue indéniablement un défi de très grande ampleur pour le gouvernement socialiste. On ne peut que souhaiter que les forces politiques de notre pays sauront faire bloc derrière le président comme cela avait été le cas avec Nicolas Sarkozy.
Sur certains sujets, il faut savoir dépasser les querelles partisanes pour défendre l'intérêt supérieur de la nation. Les questions de politique étrangère font parties de ceux-là. Espérons que nos gouvernants seront, pour une fois, à la hauteur de l'enjeu.