mercredi 24 février 2010

L'Etat a-t-il vocation à posséder des groupes industriels ?

Récemment, deux affaires ont suscité l'engouement des médias et la colère des français. Il s'agit de la polémique autour du lieu de production de la Clio IV et de la grève des raffineries Total. Le gouvernement a, semble-t-il, réussi à faire reculer le patronat puisqu'une solution de sortie de crise a pu être trouvée dans les deux cas. Néanmoins, il y fort à parier que l'on entendra à nouveau parler de ces histoires très prochainement car, selon moi, les réponses apportées ne sont que temporaires et incomplètes. Elles auront autant d'effets que si l'on essayait d'éteindre un incendie avec un tuyau d'arrosage : apparemment efficace à court terme mais dévastateur sur la durée.
Le point commun entre ces sociétés est qu'elle était toutes deux propriétés de l'Etat à un moment de leur histoire. Ainsi, Renault est devenu une société anonyme en 1990 avant de passer réellement dans le privé en 1996.
Aujourd'hui, ces groupes réalisent des bénéfices importants et, dans le même temps, limitent peu à peu leurs activités en France. Certains regrettent que ceux-ci ne soient plus détenus par l'Etat français, ce qui aurait permis de maintenir les emplois en France et de bénéficier de dividendes substantiels. Pour autant, cela pose la question du rôle de l'Etat. L'Etat doit-il, a-t-il la légitimité pour posséder des sociétés ?
 
Cette interrogation dépend en réalité de la conception que l'on a de l'Etat. En effet, un adepte du communisme pur et dur serait partisan de la nationalisation d'une partie des entreprises. Au contraire, un individu fortement porté sur l'idéologie libérale et adepte d'une intervention minimale de la force publique rejetterait en bloc cette idée et souhaiterait, à l'opposé, son désengagement par la cession de ses participations actuelles. Le constat est peut-être légèrement caricatural mais je pense ne pas être loin de la vérité.
 
Pour ma part, je répondrais oui et non à la question posée précédemment. Je crois effectivement à l'intervention de l'Etat dans l'économie mais encore faut-il que celle-ci soit justifiée. Selon moi, l'Etat doit veiller à la défense de l'intérêt général et au respect de nos valeurs. Le bien fondé de la détention de groupes industriels relève donc des raisons et des objectifs qui sont avancés. Ainsi, je me positionne en faveur du maintien des services publics avec une possession et une gestion de l'Etat à 100 %.
 
Cela soulève alors la difficulté de la définition que l'on donne aux services publics. En effet, plus celle-ci sera large et intégrera de champs de compétences, plus il sera possible de légitimer la nationalisation d'une multitude de sociétés. L'inverse étant également vrai.
Actuellement, les services publics français recouvrent un certain nombre de domaines avec, entre autres, l'éducation, la santé ou encore la distribution du courrier. Je crois que ceux-ci doivent rester dans le giron de l'Etat, quoi qu'en pensent l'Union Européenne et le gouvernement en place. Toutefois, cela n'exclut en aucun cas leur modernisation.
 
Malgré tout, cela me semble insuffisant. Aujourd'hui, certains secteurs d'activité sont devenus stratégiques. Je pense notamment aux secteurs de l'eau ou de l'énergie qui représentent un enjeu majeur pour les générations à venir. De plus, l'accès au gaz ou à l'électricité constitue un privilège dont chacun devrait pouvoir se prévaloir. C'est pourquoi je suis persuadé que la privatisation progressive d'EDF et de GDF est une très grave erreur que l'on regrettera à terme. Si j'osais, je pourrais même parler de haute trahison mais cela serait peut-être exagéré encore que … Il me semble donc urgent de renationaliser ces sociétés afin que l'Etat puisse agir sur les tarifs et les conditions d'exploitation. Ainsi, un arrêt immédiat du développement à l'étranger et la cession des filiales hors du territoire national permettrait de dégager  rapidement de la trésorerie qui pourrait être réinvestie dans des projets plus intéressants pour tous. De fait, comment peut-on accepter que les prix de l'énergie augmentent dans le but de financer le rachat de centrales nucléaires en Grande-Bretagne ?
 
Malgré tout, je sais qu'il ne fait pas rêver. Les actionnaires de ces groupes ne se laisseraient pas déposséder de leur bien, l'oligarchie Bruxelloise ne tolèrerait pas une telle atteinte à leurs chers principes mais surtout nos dirigeants n'auraient pas le courage politique de prendre des mesures de cette envergure.

mardi 23 février 2010

Clem, une histoire qui n'arrive pas qu'aux autres …

Hier soir, TF1 proposait un téléfilm français de Joyce Buñuel. Pour résumer, il s'agissait de l'histoire de Clem, une jeune fille qui tombe enceinte à l'age de 16 ans. S'en suit alors une succession d'évènements parfois imprévisibles.
 
J'ai beaucoup aimé ce film, et ce pour plusieurs raisons. Tout d'abord, l'intrigue est intéressante car elle est bien ficelée et surtout crédible. Ensuite, les comédiens m'ont semblé très convaincants et notamment le casting féminin avec particulièrement Victoria Abril qui interprétait la mère et Lucie Lucas qui jouait le rôle de la fille. Enfin, ce film traite de différents sujets de société comme les filles mères, l'adultère, la sexualité des jeunes et l'émancipation de la femme.
 
Comme vous pouvez vous en douter, vous parlez de ce film n'est qu'un prétexte pour traiter les thèmes  qu'il aborde. Dans cet article, je me concentrerai sur trois points en particulier : la question des mères filles, la sexualité des jeunes et l'émancipation de la femme. Je laisserai de côté l'adultère car il me semble moins important que les autres. Afin d'étayer mes propos je m'appuierai sur l'histoire de Clem.
 
Le premier thème est donc la question des mères filles. Dans le film, Clem est donc une lycéenne de 16 ans comme les autres. Celle-ci vit une relation amoureuse avec un camarade de classe Julien. Lors d'une soirée chez des amis, les deux tourtereaux s'isolent et ont un rapport sexuel sans protection (j'y reviendrai). Il en résultera alors une grossesse non désirée. Le temps passe et peu à peu la jeune fille prend conscience de son "problème". C'est à partir de ce moment que tout bascule. En effet, elle se retrouve seule avec un "étranger en elle". On la voit alors chercher de l'aide autour d'elle, auprès de son amie et du planning familial. Pourtant, le délai légal de 12 semaines étant dépassé, l'avortement n'est plus envisageable. Plus tard, Clem annonce la "terrible nouvelle" à ses parents et l'officialise auprès de ses camarades, déjà informés par la rumeur.
C'est sur ces réactions que je souhaiterai revenir. De leur côté, les parents sont effondrés, ils ne s'attendaient pas à cela car ils n'avaient rien vu venir. La colère et la tristesse sont leurs premières émotions. Concernant les adolescents, leurs réactions sont quant à elles, comme on pouvait s'y attendre, puériles et méchantes. C'est bien connu, les jeunes sont cruels entre eux. La jeune fille passe alors pour une "marie couche toi là", sans honneur ni probité. Une enseignante se joint même au concerto, remettant en cause l'éducation et les valeurs inculquées par les parents.
D'un côté comme de l'autre, les différentes réactions ne sont pas anormales. Elles traduisent simplement la non préparation matérielle et morale de la société face à ces filles mères. En effet, aujourd'hui l'age auquel les femmes ont leur premier enfant intervient de plus en plus tard, en raison notamment de l'allongement de la durée des études. Les gens trouvent donc, pour la plupart, anormal ou tout au moins inconscient d'être enceinte aussi jeune. Les insultes des lycéens transpirent de préjugés dépassés (le cas de Clem en étant la preuve) qui sont le reflet exact de notre nouvel ordre moral.
Le comportement des parents est lui aussi "classique" et je pense que chacun d'entre nous aurait réagi de la même manière. Effectivement, une telle annonce aurait l'effet d'une bombe dans n'importe quelle famille. Néanmoins, on peut voir que l'accompagnement des différentes structures sociales a été une source d'apaisement pour cette famille. C'est pourquoi je crois que le planning familial a un rôle prépondérant à jouer aujourd'hui et dans les années  à venir. Réduire leurs crédits est donc une faute grave qui, même si cela permet de faire quelques économies à court terme, risque de nous coûter bien plus cher dans le futur. Leur rôle d'information et de soutien aux adolescents et à leur famille est une richesse pour notre pays. S'en passer reviendrait à se tirer une balle dans le pied. Aussi, je crois nécessaire de multiplier de tels établissements partout en France, dans les grandes villes comme les zones rurales car même si internet constitue une source infinie de connaissances, l'écoute et le contact humain sont et seront toujours irremplaçables.
En outre, il ne faut pas oublier qu'avoir bébé en étant encore soi-même une enfant représente un sacrifice pour ces jeunes mères. Cela implique un bouleversement considérable dans leur vie et notamment au niveau scolaire. D'ailleurs, une grande majorité des ces adolescentes sont contraintes d'abandonner leurs études. Elles commencent donc leur vie d'adulte avec un enfant à charge et avec peu de diplômes voire même aucun. Je pense qu'avoir un enfant  ne doit pas être un handicap. Il pourrait donc être intéressant de créer des structures qui permettraient de concilier études et responsabilités parentales.
Alors bien sur ces propositions ont un coût pour la collectivité. Néanmoins, je vois cela comme un investissement pour l'avenir. En effet, sans aide ces adolescentes risquent de se retrouver dans des situations précaires, vivant des minimums sociaux. Leur donner un coup de pouce, même temporaire, éviterait ainsi une coupure avec le monde professionnel. Or une personne qui travaille améliore ses conditions de vie et, ne l'oublions pas, cotise donc rapporte à la collectivité.
De plus, il existe également un côté moral dans cette problématique car ne rien faire revient à condamner un petit être qui est là sans avoir rien demander à personne.
Quoi qu'il en soit, la question des filles mères n'est que la conséquence d'un sujet plus large : les jeunes et le sexe.
 
J'en viens donc au second point, la sexualité des jeunes. Je ne souhaite pas faire un cours d'histoire, néanmoins il est indéniable que mai 68 a engendré une libération de la sexualité qui est, au moins en partie responsable de la situation actuelle. Dans le film, Clem et Julien ont des rapports sexuels non protégés qui sont à l'origine du "problème". Je ne m'étendrai pas sur le sujet car je crois que tout le monde connaît le slogan "sortez couvert". Ainsi, les campagnes de prévention incitant à se protéger tant pour se prévenir des MST (Maladies Sexuellement Transmissibles) que d'une grossesse non désirée foisonnent dans les médias. D'ailleurs, l'usage du préservatif est, semble-t-il, entré dans les mœurs (Benoît XVI mis à part).
Ce qui me dérange aujourd'hui est la banalisation de la sexualité. Ainsi, le sexe est devenu omniprésent, grâce/à cause notamment du développement d'internet. Pire, le sexe est même devenu un argument de vente. Combien de spots publicitaires mettent en avant des créatures de rêve dans des positions lascives ? De même, la plupart des films contiennent une scène de sexe alors même que celle-ci n'est parfois pas indispensable et n'apporte que peu à l'intrigue.
Loin de moi l'idée de condamner le sexe en tant que tel mais il apparaît clairement qu'avec le temps les barrières morales tombent les unes après les autres aboutissant à une radicalisation des comportements sexuels et à la normalisation des pratiques violentes. De là à y voir la cause de la recrudescence des viols et crimes sexuels, il n'y a qu'un pas que je n'ose franchir.
En revanche, il est certain que les mœurs ont évolué vers plus de frivolité. D'ailleurs, les jeunes n'ont plus peur/honte de se montrer aux yeux de tous dans des tenues parfois indécentes. De même, qui n'a jamais vu un couple s'embrasser à pleine bouche dans le bus ou en pleine rue ? Il y a quelques années une telle chose aurait été impensable mais plus de nos jours.
Peut-être que je ne suis pas en phase avec mon temps, peut-être que je n'ai pas évolué au même rythme que la société. C'est fort possible mais je reste convaincu que la banalisation du sexe n'est pas une bonne chose et que nous avons mis le doigt dans un engrenage qui risque de nous dépasser plus vite que l'on ne le pense.
 
J'en arrive finalement à mon troisième point, l'émancipation de la femme. Pour en revenir au film, qui est le fil rouge de cet article, Caro, la mère, avait arrêtée de travailler pour s'occuper de ses filles. Après 10 ans de vie de femme au foyer et jugeant que ses enfants sont assez grandes pour se prendre en charge, elle souhaite reprendre une activité professionnelle afin de trouver une nouvelle source d'épanouissement. Toutefois, son mari, joué par Jérôme Anger, ne l'entend pas de cette oreille et cherche à garder sa femme à la maison. Celui-ci ne comprend pas la volonté de Caro de retrouver un travail, considérant qu'elle a tout pour être heureuse.
Le cas de ce couple n'est pas unique tant de telles situations sont courantes au sein des ménages. En effet, de nombreuses femmes arrêtent de travailler, pour une durée plus ou moins longue, pour s'occuper à plein temps de leur enfant. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes jusqu'à que l'épouse souhaite retrouver un travail. Cette volonté peut avoir plusieurs causes. On retrouve par exemple le souhait de ne plus dépendre financièrement de quelqu'un ou encore de recouvrer une vie sociale florissante.
Si l'on remonte quelque peu dans le temps, il était d'usage que l'homme allait travailler pour subvenir aux besoins du foyer tandis que la femme restait à la maison pour s'occuper des enfants et des tâches ménagères. Aujourd'hui, cette configuration s'est effacée. Effectivement, maintenant les femmes travaillent et font carrière comme les hommes, même si des inégalités persistent. L'équilibre entre homme et femme a donc changé, ce qui a obligé les maris à participer à l'éducation des enfants et à l'entretien de la maison. Pour autant, les comportements machistes n'ont pas totalement disparu. Un grand nombre d'hommes considèrent que la femme doit continuer s'occuper de la logistique du foyer.
Pour ma part, et peut-être en raison de mes origines latines, je reste attaché à l'image de la femme qui cuisine pour sa famille. D'ailleurs, cela n'est en aucun cas incompatible avec une activité professionnelle. Selon moi, cela ne signifie pas que l'homme est supérieur à la femme ou qu'il ne doit pas participer aux tâches ménagères. Je crois cependant que c'est à la femme de nourrir la famille, à l'instar des lionnes qui partent à la chasse pour ramener du gibier à la meute.
Malgré tout, je ne suis pas sûr que cette volonté accrue d'émancipation n'ait que des avantages. En effet, à force de vouloir devenir l'égal de l'homme, les femmes ont cherché à reproduire leurs comportements, allant même jusqu'à les imiter. Je pense notamment aux mauvais côtés de la vie. Ainsi, il apparaît qu'aujourd'hui les filles consomment davantage d'alcool que les garçons et adoptent parfois des conduites plus risquées. Je crois que les femmes doivent rester ce qu'elles sont, avec leurs forces et leurs faiblesses, sans chercher à se faire passer pour quelqu'un d'autre.
Mais pour être honnête, il faut également se rappeler que l'émancipation de la femme a conduit à de réels progrès tels que le droit de vote ou le droit à l'avortement par exemple.
N'oublions pas non plus que si en France les femmes ont de telles libertés cela n'est pas le cas partout dans le monde. Effectivement, dans un certain nombre de pays, les femmes continuent à être traitées comme des êtres inférieurs, avec moins de droits et libertés, restant sous la coupe d'un homme (mari, frère, père …). Pour ces femmes, l'émancipation n'est qu'un rêve où la France symbolise l'Eutopia. Tâchons donc d'être à la hauteur de notre réputation en luttant contre les discriminations basées sur le genre.
 
Pour terminer cet article, je conclurai sur le fait que ces trois sujets sont liés. En effet, l'émancipation de la femme passe par l'adoption de différents comportements. Cela peut s'exprimer par la contestation de l'autorité masculine mais également par le biais de la libération sexuelle. Ainsi, la gente féminine a cherché à rompre avec son image de gentille femme au foyer par l'intermédiaire du sexe. Cela s'est traduit par l'acquisition de nouveaux codes, tant vestimentaires que verbaux. Nous sommes alors passés d'un extrême à un autre en peu de temps. Néanmoins, l'ensemble de la société n'a pas progressé au même rythme, ce qui créé des décalages parfois importants. C'est le cas, entre autres, des grossesses durant l'adolescence qui restent tout de même problématiques à l'heure actuelle.
J'en finirai en rappelant que cette réflexion, aussi modeste et imparfaite soit elle, a pris naissance suite au visionnage d'un téléfilm. Je souhaite dire par là la télévision n'est pas forcément source de régression intellectuelle mais qu'elle peut aussi être à l'origine d'une certaine forme d'introspection. Encore faut-il s'en donner la peine et ne pas rester passif face aux images, quelle qu'en soit la provenance.

dimanche 21 février 2010

Quick : tu seras halal ou tu ne seras point

Depuis cet automne, à Argenteuil, Marseille et Roubaix notamment, certains restaurants Quick ne servent plus, à titre expérimental, que des hamburgers garnis de viande de bœuf venant de bêtes abattues selon le rite halal et où la dinde fumée a remplacé le bacon.
Le maire socialiste de Roubaix, René Vandierendonck, a déposé plainte jeudi pour «discrimination». Il explique ne pas être gêné «qu’il y ait une offre halal», mais juge que «ça va trop loin quand on ne propose plus que cela».
Source : Liberation.fr
 
Depuis quelques jours déjà la chaîne de restauration Quick est projetée sur le devant de la scène suite à cette affaire sensible. Pour mettre rapidement les choses au clair, je suis formellement opposé à un tel choix et je vais ici essayé de m'en expliquer.
Certaines personnes trouvent que cette décision relève d'une stratégie purement économique et qui se justifie par la loi de l'offre et de la demande. De plus, elles invoquent le fait que la viande halal a le même goût que la viande traditionnelle.
Personnellement, je crois que ces arguments ne sont pas recevables. Effectivement que Quick peut choisir de vendre tels ou tels produits néanmoins pourquoi avoir décidé de ne servir que de la viande halal. Je perçois cela comme une provocation. D'ailleurs, la suppression du bacon (porc) abonde en ce sens. Quick cherche donc à séduire, tout comme le NPA en présentant une femme voilée pour les régionales, une partie de la population française. Une telle entreprise me semble tout à fait condamnable dans la mesure où elle attise le communautarisme et s'oppose à notre modèle de société. Le pire dans cette histoire est que le principal actionnaire de la chaîne est la Caisse des dépôts et consignations soit autrement dit l'Etat français.

Je conçois parfaitement que certains individus ont des habitudes alimentaires différentes. Je trouve normal que l'on propose à ces mêmes individus des produits qui respectent leurs coutumes. Pour autant, je n'accepte pas qu'une part de la population soit sacrifiée au profit d'une autre. Selon moi, Quick doit immédiatement cesser son test et servir à nouveau de la viande non halal, tout en continuant à servir, si cela est son souhait, de la viande halal.
Je rajouterais que le choix de Quick risque, une fois de plus, d'attiser le sentiment anti-musulman qui couve en France.

Malheureusement, ce cas particulier n'est pas isolé puisque dans certaines cantines la viande de porc a également été bannie des menus. Pourquoi en arriver à de tels extrémités alors qu'il est possible de servir des plats avec et sans porc lors un même service ? Pourquoi jeter de l'huile sur le feu au lieu d'apaiser les tensions en répondant aux attentes de chacun ?

Je crains qu'avec le temps notre pays dérive vers une société à l'anglo-saxonne, c'est à dire une société où des communautés cohabitent les unes à côté des autres. Depuis toujours la France est une nation unie où la solidarité entre individus règne et où, du moins en théorie, il n'est pas fait de distinction entre citoyens.
Je crois qu'il faut lutter pour la survie et la pérennité de notre modèle de société. Aujourd'hui, Quick représente une menace parmi tant d'autres pour ce modèle. C'est pourquoi j'en appelle au boycott de cette enseigne. Bien sur, cela ne permettra pas forcément de changer les choses mais si chacun fait passer le message alors l'espoir est possible.
Ne dit-on pas que l'union fait la force ?

samedi 13 février 2010

Bonheur d'école

J'ai récemment terminé le livre de Marc le Bris intitulé "Bonheur d'école". Dans celui-ci, l'auteur  relate son expérience d'instituteur et de directeur d'école au travers de récits d'histoires vécues. L'instituteur en profite également pour mettre en exergue les lacunes de notre école actuelle et propose des solutions pour y remédier et refaire de notre école une fierté nationale qui a pour but de fournir à tous les outils pour bien commencer leur vie d'homme (et de femme) mais aussi de citoyen.

Mon article n'a pas pour objectif de résumer ce livre. Si vous voulez en savoir plus, je vous invite vivement à le lire. Ma lecture m'a cependant permis de découvrir l'évolution de notre école depuis que je l'ai quittée. Je souhaite revenir aujourd'hui sur quelques points en particulier qui m'ont chagriné.

Le premier élément est relatif à la notation. La plupart d'entre nous ont connu le système classique de notation, avec un barème chiffré allant, le plus souvent, de 0 à 20. Pourtant, cette méthode est contestée par certains qui estiment que la note a un effet négatif sur l'enfant. C'est pourquoi les lettres ont remplacées les chiffres afin d'être soi disant moins violent. Je trouve que cela est stupide car il faut arrêter de ménager les jeunes générations. Des millions d'écoliers ont été confrontés aux notes chiffrées et ils ne s'en sortent pas plus mal. De fait, cela permet d'avoir une évaluation du travail rendu mais également de permettre la comparaison avec ses camarades. Alors bien sûr, cela introduit une certaine compétition mais c'est à l'institution de veiller à ce que cette rivalité soit saine et aboutisse à une émulation entre individus. Il ne faut pas oublier que l'école est sensée préparer à la vie future. Or la vie n'est pas toute rose et la compétition, la rivalité ... font parties intégrantes de notre société. L'école ne doit donc pas écarter cet aspect.
J'ai également entendu dire que certains professeurs donnaient les sujets d'interrogation, voire même les questions à l'avance. Comment cela permet-il d'évaluer correctement les élèves. C'est une ineptie absolue !
Je pense que les notes font parties intégrantes de la scolarité. Elles permettent d'évaluer les connaissances des élèves tout en donnant la possibilité de quantifier les progrès réalisés.

Le deuxième point qui m'a interloqué est la suppression des dictées et du calcul mental. Durant mes années de primaire, le calcul mental était une activité que nous pratiquions très souvent en inscrivant sur nos ardoises la réponse au calcul énoncé par le professeur. Il en est de même pour les dictées, que nous avons continué à faire jusqu'au collège. Aujourd'hui, de tels travaux restent rares et ont été majoritairement bannis de nos écoles. Cela est ahurissant dans la mesure où ils permettent d'apprendre à manipuler avec une plus grande aisance les nombres et les mots. Ils constituent les bases qui serviront de fondations à la maison des savoirs qui sera construite durant la scolarité. En ne consolidant pas ces bases, c'est toute la chaîne de l'acquisition des connaissances qui est fragilisée.
D'ailleurs, on constate chaque jour un peu plus les conséquences de ce laxisme éducatif. En effet, la moindre addition nécessite le recours à la calculatrice, outil somme toute formidable mais qui aliène complètement notre cerveau et instaure une sorte de dépendance. Je ne jette pas la pierre à ces élèves car je suis le premier à taper mes opérations pour en vérifier le résultat. Pourtant, les dommages causés par la suppression de la dictée sont encore plus importants. Ainsi, les jeunes générations ne savent plus écrire sans fautes. De plus, l'utilisation croissante des SMS et de la messagerie instantanée n'arrange en rien les choses.
La dictée avait ce mérite de faire découvrir de nouveaux mots aux élèves tout en leur apprenant à respecter les règles élémentaires d'orthographe et de grammaire. C'est pourquoi je souhaite ardemment le retour de la dictée dans nos écoles, et ce au niveau primaire mais aussi au collège. Pourtant,  la dictée ne résoudra pas à elle seule tous les maux. Il faudrait, en parallèle, accentuer fortement les cours de français afin de donner à chacun les outils suffisants pour s'exprimer correctement, que ce soit à l'écrit ou à l'oral.

Ces deux éléments ne sont qu'une partie des problèmes de notre école. Certains sont bien plus profonds et moins visibles. Néanmoins, on s'aperçoit que ceux-ci ont des effets désastreux sur les plus jeunes. Ainsi, il n'est pas rare qu'un élève rencontre des difficultés pour lire, écrire ou compter, quand ce n'est pas les trois à la fois.
Je ne crois pas que ces problèmes soient imputables aux enseignants. Il est bien sûr possible d'adresser quelques reproches à d'entre eux mais je crois, peut-être à tort, que les professeurs font le maximum avec les moyens dont ils disposent. Selon moi, les vrais responsables du naufrage du "paquebot Education Nationale" sont ces hauts fonctionnaires et autres soi disant experts qui cherchent sans cesse à ajouter leur pierre à l'édifice, sabordant ainsi toute possibilité de réussite.
Je pense que l'école doit être réformée en profondeur afin de revenir aux fondamentaux. L'école n'est pas, comme je l'entends souvent, un lieu de vie où les élèves passent un bon moment entre amis. L'école est un lieu de d'apprentissage où l'on inculque des savoirs aux jeunes générations. Arrêtons de croire que les jeunes ont à tout pris besoin de liberté. L'ordre et la rigueur n'ont jamais tué personne.
Je reprendrais juste la devise du pensionnat de Chavagnes (émission sur M6) : "discipline stricte et travail acharné triomphent de toutes les difficultés". Peut-être faudrait-il s'inspirer de cette devise pour nos établissements actuels. Car je le répète une fois de plus, l'école républicaine doit former les élèves et leur donner les outils nécessaires afin qu'ils puissent avoir un avenir décent.

Cessons donc ces changements homéopathiques et, avec le concours des enseignants notamment, attaquons nous au fond des problèmes afin de changer réellement les choses dans l'éducation nationale. Privilégions le qualitatif au lieu d'agir sans cesse sur le quantitatif. Intéressons nous aux attentes des professeurs, des élèves et des parents pour qu'enfin l'école ne laisse personne sur le bord de la route car celle-ci a un devoir d'égalité envers tous les citoyens. C'est grâce à une école forte qui promeut l'effort et le goût du travail que nous pourrons lutter contre les inégalités.
Investissons (nous) dans l'éducation car elle seule permettra d'assurer la survie et la continuité de notre pays.

dimanche 7 février 2010

Contre les délocalisations, l'appel au boycott

Voici un article issu du blog économique et social. Celui-ci aborde le thème des délocalisations en posant des constats très justes. Il propose également la mise en place d'un étiquetage signalant la provenance du produit afin que les consommateurs puissent privilégier les biens fabriqués localement.

Délocalisation, développement des pays pauvres, intérêt des citoyens et des consommateurs sont des sujets galvaudés. Qu’est-ce qu’une délocalisation ? Dans quels cas une délocalisation est-elle acceptable ? Que faire lorsqu’elle ne l’est pas ? Nous avons en fait le choix, du moins si on nous aide un peu.


Qu’est-ce qu’une délocalisation ?
Délocaliser c’est déplacer une activité industrielle, artisanale ou de service local vers un autre pays en remplacement partiel ou complet de cette activité.


Les neuf évidences des délocalisations


Première évidence : les délocalisations ne concernent pas que l’industrie mais également les services. Ainsi nous avons vu la majorité des centres d’appels basculer progressivement vers des pays étrangers. Evolution possible grâce aux Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (NTIC) et à leurs coûts de plus en plus bas. Avant la délocalisation des centres d’appels, quelques initiatives de secrétariat à distance ont été menées.


Deuxième évidence : Les délocalisations ne concernent pas uniquement les activités à faible valeur ajoutée mais tout type d’activités. Ainsi la Recherche et Développement, la médecine, la chirurgie esthétique, etc. sont maintenant concernées. Ce qui veut dire que presque tous les métiers sont aujourd’hui concernés. Une usine qui disparaît, c’est des ouvriers, des chefs d’équipes, des secrétaires, des comptables, des logisticiens, des acheteurs, des qualiticiens, des personnes des services généraux, de l’environnement, de la recherche et développement, des cadres, des dirigeants, etc. qui disparaissent. Si le mouvement continue, même les sièges sociaux disparaîtrons car ils n’auront plus de raison de rester en France si plus aucune n’activité ne se fait localement… Les managers qui favorisent ces délocalisations scient la branche sur laquelle ils sont assis à très court terme.


Troisième évidence : si au commencement des délocalisations les produits ou services voyageaient du producteur vers le consommateur, aujourd’hui il peut arriver que le consommateur se déplace pour obtenir un service moins cher ou avec un meilleur rapport qualité/prix. Il est possible maintenant de se déplacer pour obtenir des services de santé, de chirurgie esthétique vers des pays proches mais moins chers.


Quatrième évidence : Se développer à l’étranger n’est pas forcément délocaliser. Une entreprise Française qui crée une usine ou un centre R&D étranger est-elle forcément une entreprise qui délocalise ? Ce n’est évidemment pas le cas. Une entreprise doit « idéalement » produire là ou le produit est consommé. Ceci à plein d’avantages aussi bien économiques qu’écologique. Savoir que la fabrication d’un blue-jean nécessite de faire plusieurs fois le tour du monde avant d’arriver en temps que produit finit dans nos magasins est une hérésie. Certaines entreprises l’on bien comprit comme Toyota qui produit également ses voitures en France, ou comme Décathlon qui finalement à décidé de produire ses vélos en France (relocalisation) car le surcoût d’une dizaine d’euros n’était pas significatif en regard des avantages. Citons également le cas d’une entreprise fabriquant du mobilier de bureau : après avoir délocalisé en Chine, la production a été relocalisé en France car les délais d’acheminement de 3 mois par bateau lui faisaient perdre des clients (le client avaient le choix entre attendre 3 mois pour recevoir leur commande ou de choisir parmi un nombre très limité de modèles ou couleurs en stock). Se rapprocher de ses clients est un choix justifié et naturel pour une entreprise, que cela nous arrange ou non.


Cinquième évidence : Dans l’intérêt d’un pays, il faut produire le plus possible localement et vendre le plus possible à l’étranger. Ceci entre en contradiction avec le point précédent. Si pour l’écologie il vaut mieux ne pas acheter de produits fabriqués loin, pour un pays il vaut mieux exporter le plus possible (et donc fabriquer localement). Cette contradiction transparaît dans les avis divergents que l’on entend aujourd’hui concernant les délocalisations. Si les délocalisations sont légitimes parfois pour l’entreprise elles sont contraires à l’intérêt local et à l’écologie (à l’exception des services intellectuels, encore que cela consomme de l’électricité en serveurs, téléphone et transmissions d’informations). Ainsi chacun défend ses intérêts et tout le monde à « égoïstement » raison.


Sixième évidence : Les délocalisations semblent profiter aux pays pauvres mais la réalité est plus complexe. Nous entendons parfois que les délocalisations sont nécessaires et utiles aux pays pauvres. Cet argument très altruiste (lorsqu’il émane des habitants des pays à hauts-coûts) est portant discutable. Les pays pauvres se développant trop vite agrandissent souvent leurs inégalités locales. Ainsi, entre les paysans Chinois qui ont conservés leur métier et ceux qui ont intégrés les usines, il y a maintenant un écart de pouvoir d’achat très grand. Le développement économique rapide d’un grand pays comme la Chine et l’Inde ne concerne et ne concernera pas toute sa vaste population. Pire, il fait monter les prix locaux, rendant plus pauvres encore les laissés pour compte de l’industrialisation. Etre paysan est de plus en plus dévalorisé dans ces pays et pourtant il est nécessaire de nourrir cette population citadine sans cesse grandissante qui ne produit pas sa propre nourriture. Ceci implique des importations massives de denrées alimentaires en provenance de l’étranger. D’un point de vue écologique, ces développements rapides sont une catastrophe, l’eau en Chine n’est pas buvable et ne le sera pas avant très longtemps. Les usines utilisent parfois des produits interdits et/ou dangereux ; Difficile de contrôler de si nombreuses entreprises alors que ces pays n’ont pas encore la culture nécessaire ni les moyens. Une croissance économique rapide attise les appétits des plus corrompus, développant mafias et abus en tous genres (scandale du lait frelaté en Chine et corruption). Les délocalisations massives et non contrôlées vers ces pays tout en leur apportant croissance à deux chiffres, leurs posent de nombreux problèmes sociaux, énergétiques, écologiques, politiques et même économiques.


Septième évidence : Il est à noter que les délocalisations rapides auxquelles l’Europe procède ne sont pas facilement réversibles et ne sont pas pérennes pour l’Europe et pour les pays en voie de développement. Ces derniers ont parfois une masse de population si importante (se comptant en milliards d’individus) qu’elle est difficilement épuisable. Le nombre de pays potentiellement en voie de développement est également assez important. Si les délocalisations continuent à ce rythme nous n’aurons bientôt plus rien à délocaliser ce qui n’est pas pérenne pour nous et pour ces pays. Les grand pays comme la Chine et l’Inde en sont conscients et parient sur une croissance de la consommation locale forte pour prendre le relais lorsque l’occident cessera d’être leur principal donneur d’ordre. C’est un pari et une course contre la montre qui n’est pas gagnée au premier abord. La paupérisation de l’occident est en revanche programmée.


Huitième évidence : Les délocalisations ne sont pas toujours rentables et relèvent parfois de l’idéologie. Aussi incroyable que cela puisse paraître, une « mode » des délocalisations s’est répandue et un dirigeant qui ne délocalise pas est mal vu par ses actionnaires. Si décider une délocalisation est une action simple et facile, réussir une délocalisation afin qu’elle soit profitable à l’entreprise demande de nombreuses compétences. Ce qui est ridicule avec ces délocalisations ratées est que ceux qui les ont mises en place (de manière coûteuse) ne veulent pas supporter le poids de leurs erreurs, ils font tout pour masquer, au sein de l’entreprise, cet échec. Le manque de rentabilité d’une délocalisation peut tenir à beaucoup de sujets : manque de main d’œuvre qualifiée, forte concurrence entre entreprises qui délocalisent (turn-over important et salaires croissants), sous-estimation des écarts culturels, sous-estimation des frais de management, gestion de projet, voyages, formation, de la qualité des infrastructures du pays (route, réseau, téléphone, Internet…), productivité de la main-d’œuvre locale, temps de mise en place d’un centre qui fonctionne de manière optimale, éloignement des clients finaux, corruption locale, loi locale mal connue, etc. Dans cette liste, le choix du pays est primordial mais le pays idéal n’existe pas. Dans la course à la recherche du profit immédiat, une délocalisation est souvent éphémère. Les délocalisations en cascade (d’un pays pauvre vers un pays encore plus pauvre) d’une activité qui vient à peine d’atteindre ses performances maximales, diminuent encore la rentabilité de ces opérations !


Neuvième évidence : Ainsi, les délocalisations ne concernent pas que les pays occidentaux, mais également les pays en voie de développement. La Chine délocalise elle-même certaines de ses usines au profit de l’Afrique par exemple. Les victimes des délocalisations sont beaucoup plus nombreuses et variées qu’on peut l’imaginer.


Que faire ?
Laisser le marché se réguler lui-même ne donnera rien car ceux qui décident de délocaliser n’ont souvent aucun intérêt commun avec le reste des personnes concernées par ce phénomène. L’intérêt des actionnaires est axé sur le profit immédiat sans vision du long terme. Délocaliser appauvrit le pays et donc diminue le marché local ? Qu’importe, les pays en voie de développement sont de nouvelles cibles de consommation encore plus grandes et alléchantes ! Pourtant ces pays en pleine expansion ne comptent pas rester uniquement des cibles commerciales et leurs entreprises comptent bien profiter en priorité de cette croissance. Le protectionnisme que l’on s’interdit pour des raisons idéologiques en Europe ne pose en revanche aucun problème à ces pays. Nous allons donc « dans le mur ».
Que faire si le marché ne va pas dans la bonne direction ? Il faut que nous, consommateurs, prenions nos responsabilités rapidement tant qu’il en ait encore temps. Il faut également que nous ayons les moyens d’assumer nos responsabilités. Tout le monde peut remarquer que le prix d’un objet n’a plus aucun lien avec sa qualité ni même son lieu de fabrication. Cela fait bien longtemps (plus de 20 ans) que les marques de luxe ont commencé à délocaliser très discrètement. Le consommateur ne peut plus, comme autrefois, faire confiance au prix afin de désapprouver les délocalisations qui finalement lui sont néfastes. C’est donc une vraie question, comment faire valoir ses intérêts en temps que consommateur ? Il faut être clair ce n’est actuellement pas possible. Le système ne permet pas au client de choisir. Il faut donc réguler un peu, juste assez pour que les consommateurs aient le choix.


Propositions
Il pourrait par exemple être rendu obligatoire un marquage règlementaire sur chaque produit indiquant : ou le produit est conçu (R&D), ou il est assemblé, ou il est emballé. Pour chacune des trois catégories un pourcentage serait rendu obligatoire. Bien sûr cela ne va pas dans le sens de l’intérêt des multinationales qui délocalisent mais dans le sens de la démocratie et de l’information du consommateur. Ainsi je suis sur que certain nous expliquerons tout le mal qu’ils pensent de cette proposition qui va contre leur intérêt purement financier et/ou idéologique.


PS : Remarquons également que le bas prix des produits qui voyagent beaucoup tout au long de leur cycle de fabrication et de vente est en fait un hold-up sur la planète car si l’on payait au juste prix le CO2 dégagé par ce cycle ils couteraient chers. Le marquage concernant le CO2 dégagé par la fabrication de chaque produit est un premier pas vers l’information du consommateur et vers un choix possible de société.

vendredi 5 février 2010

Pour un retour au théâtre

Cela faisait depuis le lycée que je n'avais pas remis les pieds dans un théâtre. Comme la plupart d'entre vous, je suis allé au théâtre avec ma classe dans le cadre des cours de français. J'y allais parfois à reculons mais je ressortais très souvent avec le sourire et une certaine satisfaction. J'ai même eu l'occasion durant mes années de primaire d'endosser le rôle d'acteur dans différentes pièces.
Ce soir donc, je suis allé voir  "La dispute" de Marivaux (1688-1763). Pourquoi me demanderez-vous ? Et bien je ne sais pas vraiment. J'ai eu une envie subite, telle que celles qu'ont les femmes lors de leur grossesse, d'aller au théâtre. Le choix de la pièce s'est fait un peu au hasard, en fonction de mes disponibilités mais aussi car je connaissais quelque peu l'intrigue et l'auteur.
Mon ressenti concernant la pièce en elle-même est plutôt positif. La mise en scène était plaisante bien que j'ai été surpris par l'utilisation de costumes et de musique modernes. Je m'attendais en effet à des costumes d'époque. Pour autant, je crois qu'un tel choix a permis de montrer que les évènements sont atemporels et peuvent donc très bien avoir lieu de nos jours. J'ai ainsi été étonné de voir que même si le texte a été écrit au XVIII ème siècle, il est encore d'actualité aujourd'hui.  Le seul regret que je peux avoir est que la représentation était trop courte (1 heure seulement). Cette expérience positive m'encourage donc à récidiver dès que possible.

Lors de cette soirée, j'ai pu constater que le public était assez homogène. Il s'agissait majoritairement d'adultes  (+ 35 ans) avec une forte proportion de personnes d'un certain âge. Les jeunes étaient donc très peu présents. Cela peut s'expliquer par le type de pièce (classique) ainsi que par l'horaire (vendredi soir). Néanmoins, ces explications ne me paraissent pas suffisantes et je crois qu'il faut aller plus loin afin de cerner l'ensemble du problème. D'ailleurs, j'ai été moi-même confronté à ces difficultés.
La première chose est l'image que l'on se fait du théâtre. Pour beaucoup, le théâtre est "nul, ennuyeux, dépassé, trop intello ...". Il est donc nécessaire de dépasser ces a priori.
Le deuxième point est que l'on manque d'informations. Personnellement, j'habite à deux minutes de l'amphithéâtre de ma commune. Pourtant, je ne dispose d'aucun renseignement sur les représentations. Cela pose également le problème du choix de la pièce. Comment un novice peut-il faire décider d'aller voir une pièce plutôt qu'une autre alors qu'il ne dispose pas des connaissances nécessaires ? Cela est une opération délicate et pour ma part, les critères subjectifs ont pris le dessus.
Enfin, la question du prix est bien évidemment à prendre en compte. A titre indicatif, le plein tarif est à 15 €  dans ma ville et il en coûtera 6 € pour les étudiants, lycéens ... Or il ne s'agit que d'un petit amphithéâtre où les prix sont relativement modestes comparativement aux structures de plus grande taille. Pour moi, une telle gamme de tarifs est tout simplement rédhibitoire pour les occasionnels. Rendez-vous compte qu'aller voir  "la dispute" de Marivaux revient plus cher que d'aller voir Avatar (15 € contre 11,70 €). Cela me semble tout de même curieux alors que les théâtres sont délaissés par la jeunesse. Cette politique tarifaire revient donc à renoncer aux jeunes et aux plus défavorisés. La culture doit-elle rester une affaire de riches ?

Maintenant que les constats sont posés, il faut se pencher sur les éventuelles solutions à y apporter. Je crois qu'il est important de redonner au théâtre ses lettres de noblesse. Cela passe notamment par davantage de communication autour des différents évènements théâtraux. Cela permettra de vulgariser le théâtre et de dédramatiser le fait d'aller voir une pièce. En outre, des efforts devraient être réalisés afin de séduire un public plus large.
Ces solutions ne pourront évidemment pas faire du théâtre le divertissement préféré des Français. Pourtant, elles pourraient permettre de lui donner une plus grande visibilité.

"Nous voulons de la vie au théâtre, et du théâtre dans la vie" disait Jules Renard (écrivain français, 1864-1910). Tâchons donc de contribuer à ce que son souhait puisse se réaliser.