samedi 23 avril 2016

Le foot ou le règne de l'argent roi

L'affaire n'aura fait que peu parler d'elle et les "grands médias" ne se sont pas saisis du dossier pour l'heure. Je dois d'ailleurs avouer ne pas en avoir entendu parler avant de lire la réaction de Nicolas Dupont-Aignan à ce sujet.

Après différentes enceintes sportives (stades de Nice ou de Bordeaux, palais omnisport de Paris Bercy …) c'est donc la ligue 2, championnat français de football de deuxième division, qui cède aux charmes du naming. La ligue 2 est morte, vive la Domino's ligue 2 ! Car c’est dorénavant comme cela qu’il faudra appeler ce championnat.

Très répandu outre-Manche, le phénomène de naming se propage peu à peu en France. Ainsi, il est de plus en plus fréquent, comme vient de le faire la ligue de football professionnel, qu’un propriétaire cède le nom de son stade, de sa salle de sport ou d’une compétition, à une marque commerciale moyennant une contrepartie financière. Pour faire simple, il s’agit pour une entreprise d’associer son nom à une enceinte sportive en échange d’une somme d’argent.

Voilà comment on se retrouve avec des stades aux noms plus ridicules les uns que les autres. L’argent, encore l’argent, toujours l’argent. Il est bien loin le temps où le sport portait et incarnait des valeurs telles que l’esprit d’équipe, le respect ou le dépassement de soi. Aujourd’hui, le sport en général et le foot en particulier sont devenus des business comme les autres où les notions de rentabilité et de retour sur investissement sont devenues prépondérantes.

La perversion du sport par l’argent n’est évidemment pas nouvelle et cela fait maintenant des années, pour ne pas dire des décennies, que le phénomène couve. En revanche, il semblerait que la situation se soit considérablement dégradée depuis l’arrivée d’investisseurs étrangers. Le foot en est d’ailleurs l’illustration parfaite avec le rachat du PSG par les qataris et de Monaco par les russes.

Alors bien sûr on peut se féliciter des clubs français attirent de tels moyens financiers. On peut se réjouir que leur budget s’accroisse considérablement, leur permettant alors d’acheter de « grands joueurs ». Mais au fond, est-ce réellement une bonne chose ? Je ne le crois pas. D’un point de vue purement sportif, chacun peut se rendre compte du caractère ubuesque dans lequel on se trouve : une équipe de Paris qui survole le championnat mais qui est incapable de rivaliser avec les plus grands clubs européens.

Mais finalement ce n’est pas cela qui me dérange. Et pour être totalement honnête, je me contrefiche que le PSG échoue systématiquement en quart de finale de la ligue des champions et que Marseille risque la relégation. En revanche, je suis davantage préoccupé par la tournure que prennent les évènements et par la voie que suivent les dirigeants de fédération et de ligues professionnelles où l’économique prend le pas sur le sportif.

Comme dans bien d’autres domaines, l’argent devient une fin et non plus un simple moyen. Pire encore, cet argent est accaparé par une minorité alors que la masse se contente de minces subsides. Là encore le monde du football en est le parfait exemple avec d’un côté des clubs amateurs qui pour certains vivotent grâce au dévouement de bénévoles et de l’autre des instances dirigeantes qui dépensent sans compter.

Certains diront que l’on ne peut pas faire autrement, que les dirigeants de clubs sont contraints de dépenser des fortunes pour recruter et conserver les meilleurs joueurs, que notre championnat n’est pas suffisamment compétitif pour attirer des stars de classe internationale …
Bizarrement, ce sont les mêmes critiques qui sont faites à notre pays en matière économique. Dans un cas comme dans l’autre, nous sommes trop ceci ou pas assez cela. Et on retrouve les mêmes soit disant experts qui nous recommandent d’aller vers plus de dérégulation, plus de libéralisation. Bref plus de flexibilité et moins de contrôle.

Qu’il s’agisse de sport, d’économie, de travail ou de de politique, toute la question est de savoir dans quelle société nous voulons vivre et quel modèle de développement nous souhaitons défendre et promouvoir. A chacun de faire son choix en son âme et conscience.

vendredi 15 avril 2016

Macron ou comment faire du neuf avec du vieux

Sauf à vivre reclus dans une cabane au fin fond de la pampa, nul ne peut ignorer que François Hollande passait hier son grand oral sur France 2. Outre les polémiques autour des invités recalés qui ont largement fait parler ces derniers jours, toute la presse a longuement évoqué ce matin l'émission "dialogues citoyens".
Rassurez-vous, je ne reviendrai pas ici sur la prestation de notre président. D'une part car cette énième intervention télévisée n'apporte rien de plus que les précédentes. D'autre part car je ne l'ai pas regardé. Et je n'étais visiblement pas le seul puisque France 2 a réuni 3,5 millions de téléspectateurs, loin derrière TF1.

Laissons donc de côté ce président contesté pour nous intéresser plutôt au personnage en vogue du moment, ou plus exactement en marche. Je pense évidemment à Emmanuel Macron, chouchou des médias et du patronat et accessoirement ministre de l'économie.

Passé de l'ombre à la lumière à l'occasion de son entrée au gouvernement en août 2014, Macron est depuis un personnage central de l'équipe de François Hollande. Et ce n'est pas forcément en raison de son bilan, qui se résume essentiellement à une loi éponyme, ce qui me semble plutôt maigre alors même que l'économie est au cœur des préoccupations des Français.

Mais alors pourquoi ce ministre est-il si important pour le président ? Et bien tout simplement pour le symbole. Plus que ce qu'il est, c'est ce que Macron représente qui importe. Ancien banquier d'affaires au sein de la banque Rothschild puis secrétaire général adjoint de l'Elysée, Emmanuel Macron représente et incarne à merveille le courant social-libéral du PS. Sa présence au gouvernement permet ainsi au président de ménager la chèvre et le chou entre l'aile gauche et l'aile droite de son parti, chose qu'il a toujours faite à la tête de l'appareil socialiste.

Mais Macron n'est pas seulement un rouage de ce jeu d'équilibriste. Il constitue aussi (surtout ?) un contre-feu formidable à la montée en puissance de Manuel Valls. Adversaire de François Hollande à la primaire socialiste de 2011, l'actuel premier ministre a progressivement pris l'ascendant sur le vainqueur de 2012, mettant régulièrement ce dernier en difficulté. La nomination et la promotion de Macron permet donc à François Hollande de mettre des bâtons dans les roues de l'ancien ministre de l'Intérieur.

Tout aurait pu aller bien dans le meilleur des mondes pour le président de la République. Mais la vie politique réserve toujours son lot de surprises. Et il semblerait que l'élève ait dépassé le maître ou, pour faire un parallèle avec le cinéma, le professeur Frankenstein semble avoir perdu le contrôle de sa créature. C'est en tout cas une voie émancipatrice que tend à emprunter Emmanuel Macron avec la création de son mouvement "En Marche".
Bien que jouant les vierges effarouchées lorsque le sujet est abordé par les journalistes, il est indéniable que le ministre de l'économie a des velléités pour 2017. Et ce n'est pas le soutien clairement affiché des médias, du Medef et d'une partie de la droite qui va refroidir ses ardeurs.

Dire que Macron n'est pas ma tasse de thé ne sera une surprise pour personne. Et c'est un euphémisme.
Mais plus que cela, j'ai un peu de mal à comprendre ce que les gens trouvent à cette personne. Je dirais même plus qu'Emmanuel Macron s'inscrit à l'opposé de cette volonté de renouvellement de la classe politique. Certes le ministre n'est pas un apparatchik, certes il fait partie de la jeune génération mais pour moi il n'incarne en rien un quelconque renouveau. Pire, il s'inscrit dans la droite lignée des dirigeants politiques de ces trente dernières années.

Si je n'ai rien contre l'homme en lui-même, je considère que celui-ci ne fait que reprendre à son compte des mesures qui ont déjà prouvé leur inefficacité, pour ne pas dire leur nocivité, par le passé. Quelle nouveauté, quelle plus-value pour Macron si ce n'est sa jeunesse ? Et quelles différences finalement entre Juppé, Fillon, Valls ou Macron ? Rien de flagrant ou de significatif en réalité. Il ne s'agit là que d'une énième version, une pâle copie de ces hommes politiques hors sol qui recyclent indéfiniment les mêmes recettes.

Gageons toutefois qu'en tant que membre à part entière de cette oligarchie dominante, Emmanuel Macron saura rassembler autour de lui les forces qui furent à une époque l'adversaire d'un certain candidat …