Il est toujours délicat
de s'exprimer après des évènements tragiques comme notre pays en a connu ce
vendredi 13 novembre. J'ai d'ailleurs longuement hésité avant d'écrire cet
article.
Mais si j'ai décidé
finalement de prendre la plume c'est tout d'abord pour exprimer tout mon
soutien et ma compassion aux familles des victimes, aux proches des 129 morts
et 352 blessés au cours de ces terribles attentats. Comme beaucoup de personnes
en France mais aussi dans le monde, j'ai été profondément touché et affecté par
ces actes ignobles. Meurtri en tant qu'être humain, je ne pouvais rester
silencieux sur la question et souhaitais témoigner de ma solidarité à mon
humble niveau.
Bien que pessimiste sur
l'avenir, l'énorme mobilisation de tout un chacun par delà les frontières me
rassure finalement sur la nature humaine et me conforte dans l'idée que rien
n'est perdu et qu'un sursaut est possible. Mieux, ce sursaut commun est
indispensable afin de montrer au reste du monde que l'obscurantisme n'aura pas
raison de la France et que même meurtri en son sein le peuple saura se relever
et résister comme il l'a maintes fois prouvé par le passé.
Durant ces trois jours
de deuil national, notre nation s'est montrée unie et fraternelle comme l'avait
demandé le président de la République. Hier, à midi, des millions de personnes
se sont recueillies en hommage aux victimes. Nous ne pouvons que nous réjouir
de l'ensemble de ces élans de solidarité et de générosité envers les familles
des victimes mais également des forces de l'ordre et de secours (police,
gendarmerie, pompiers, Samu …) qui ont une fois encore fait un travail
exceptionnel.
L'unité nationale est
bien évidemment indispensable en ces temps difficiles. Et aucun, hormis
quelques groupuscules d'extrême gauche tels que le NPA, ne saurait la remettre
en cause. Cela étant, cette unité nationale ne doit pas nous exonérer d'ouvrir
les yeux sur ce qui s'est passé et d'affronter la réalité telle qu'elle est aujourd'hui
: dure et violente.
C'est, je crois, le
sens du discours de François Hollande devant le Parlement. Celui-ci a
d'ailleurs été salué unanimement et ses annonces accueillies de manière
positive (renforcement des frappes aériennes en Syrie, prolongation de l'état
d’urgence, contrôle des frontières, expulsion des terroristes étrangers et déchéance
de nationalité pour les binationaux, moyens supplémentaires pour les forces de
sécurité).
Si je ne peux
qu'approuver ces mesures qui me paraissent nécessaires et de bon sens, je ne
peux toutefois pas m'empêcher de m'interroger. Pourquoi ne pas avoir agi avant,
suite aux attentats du 11 janvier ? Nos dirigeants n'avaient-ils alors pas pris
la mesure de la menace qui planait sur nous ? Les mesures annoncées sont
évidemment indispensables mais il est inacceptable d'avoir attendu un nouveau
massacre pour les mettre en œuvre.
Mon but n'est pas de polémiquer
ni de rentrer dans une lutte partisane car tout cela serait contre-productif et
malvenu. Comme beaucoup de nos concitoyens je reste toutefois perplexe face à des
décisions qui me semblent insuffisantes. Et comme pour beaucoup, des questions
restent sans réponse :
- Comme lors des attentats
de janvier dernier, certains terroristes étaient fichés et connus des services
de renseignement. Pourquoi laisser en liberté des individus que l'on sait
dangereux ?
- Certains terroristes
avaient déjà été condamnés à plusieurs reprises. Pourquoi n'étaient-ils pas en
prison ?
- L'absence totale de contrôles
aux frontières permet de fait une recrudescence des trafics d'armes et de
stupéfiants ainsi qu'une circulation facilitée des criminels. Pourquoi ne pas
remettre en place des contrôles afin de surveiller qui et quoi entre sur notre
sol ?
- De nombreuses
perquisitions ont eu lieu ces derniers jours dans des cités afin de saisir
armes, drogue et argent. Dans la mesure où ces informations sont connues depuis
longtemps, pourquoi ne pas l'avoir fait avant ?
- Certaines mosquées sont
réputées pour être des lieux de propagande où des imams extrémistes prônent la
haine et la violence. Pourquoi ces individus ne sont pas arrêtés et ces lieux
ne sont pas fermés ?
Ces questions sont des
exemples parmi tant d'autres qui nécessitent de vraies réponses. Évidemment il
aurait été préférable de s'en préoccuper avant mais il est impossible de
refaire l'histoire. En revanche, et c'est le plus important, nos dirigeants
doivent tout mettre en œuvre afin que justement cette histoire ne se répète pas
à nouveau. Nous sommes aujourd'hui tous dans le même bateau face à des
terroristes islamistes qui veulent notre perte. Laissons alors de côté les
postures et la politique politicienne pour se consacrer aux vrais enjeux.
Je ne dis pas avoir de
solution toute faite et sans faille. Néanmoins, je crois que certaines mesures
permettraient d'aller dans le bon sens.
Indéniablement les
effectifs de police, de gendarmerie et de l'armée doivent être augmentés afin
de se donner réellement les moyens de faire face. Les budgets de l'Intérieur et
de la Défense doivent donc se voir doter de nouvelles ressources financières
afin d'investir à la fois en hommes et en matériel.
Parallèlement à cela, il
me semble impératif de faire preuve de davantage de fermeté envers les
criminels en général et les terroristes en particulier. Cela passe alors par l'expulsion
ou l'enfermement de l'ensemble des individus identifiés comme des menaces et notamment
les djihadistes revenant d'Irak ou de Syrie.
Enfin deux aspects sur
le plan de la politique extérieure. D'une part notre intervention en Syrie doit
être assumée et renforcée dans le cadre d'une coalition internationale afin de
neutraliser Daech. D'autre part, nos relations diplomatiques envers les pays
jouant double jeu en finançant le terrorisme (Turquie, Qatar, Arabie Saoudite …)
doivent être clarifiées.
J'en terminerais ici
avec deux éléments qui se font écho. Une citation de Koffi Annan au conseil de
sécurité de l'ONU le 12 septembre 2001 et une photo qui, je crois, se passe de
commentaire.
“Une attaque terroriste contre un pays est une attaque contre
l'humanité tout entière.”