vendredi 29 mai 2015

Les dix ans d’une forfaiture démocratique

En ce vendredi 29 mai 2015, il me semblait important d'avoir une pensée pour feu le référendum sur le Traité Constitutionnel Européen (TCE). 
Dix ans après, il me semblait important de se rappeler du déni de démocratie de Nicolas Sarkozy avec la complicité de l'UMP et du PS.
Après l'adoption du traité de Lisbonne en 2008 par le Parlement, il me semblait important de rappeler qu'un tel passage en force était à nouveau en train de se produire avec le traité transatlantique de libre-échange (TAFTA).

Je pourrais disserter longuement sur le sujet et m'en suis d'ailleurs déjà expliqué à plusieurs reprises. Aussi, plutôt que de me répéter, j'ai préféré reproduire ici un texte de Laurent Herblay publié sur son blog.


En 2005, nous étions prêts de 55% des citoyens à nous être déplacés (en plus grand nombre que lors des dernières élections départementales ou européennes), pour refuser le traité constitutionnel européen. Mais trois ans après, les parlementaires violaient la parole populaire en ratifiant le traité de Lisbonne.

La démocratie bafouée et bâillonnée

Ce qui s’est passé depuis le 29 mai 2005 est grave. Bien sûr, d’un strict point de vue constitutionnel, cela était sans doute possible et ne violait peut-être pas les textes qui régissent notre organisation politique, encore que cela est sans doute plus que questionnable. Mais si le même scénario s’était produit ailleurs, qu’aurions-nous dit ? Imaginons un instant que Poutine ait perdu un référendum de la même façon, puis, que trois ans plus tard, il ait fait valider le même texte, à peine remanié pour vaguement donner le change, par les parlementaires. Serge July, qui avait littéralement insulté les Français qui avaient eu l’audace de ne pas suivre les lumières des penseurs correcto-maximo, n’aurait-il pas hurlé au fascisme, à la dictature, au viol inacceptable de la volonté populaire exprimée par référendum ?

Imagine-t-on le Général de Gaulle, après le référendum perdu d’avril 1969 revenir quelque temps plus tard avec un texte à peine remanié pour le faire passer par les parlementaires ? Il est bien évident que cette voie est une vraie forfaiture démocratique. A minima, nos dirigeants devaient proposer le nouveau texte, même à peine modifié, au suffrage populaire, comme le font l’Irlande ou le Danemark. Ce qui a été décidé par les citoyens ne doit pouvoir être défait que par eux. Ce faisant, PS, UMP, Centristes et écologistes ont trahi la démocratie en s’asseyant sur la volonté populaire pour adopter un texte similaire à celui refusé le 29 mai trois ans après. Cela est d’autant plus choquant que ce référendum avait provoqué un immense débat dans le pays, aboutissant à une très forte participation le jour du vote.

Ce que cela dit de l’Europe et de nos dirigeants

Mais cet épisode a au moins le mérite d’en dire long sur le projet européen actuel et nos dirigeants. Cette Europe refuse les non, comme on a pu le voir ailleurs, démontrant ses tendances totalitaires. C’est la nature même de son organisation qui pousse à cela. Dans cette organisation bureaucratique et centralisée, ses dirigeants ne veulent voir qu’une tête, uniforme. Donc ils préfèrent passer outre l’opinion citoyenne plutôt que de remettre en cause cette vision centralisée et uniformisatrice, qui n’est pas sans rien devoir à notre vision de l’État. Si l’Europe s’était organisée d’une manière souple et à géométrie variable, les pays pourraient facilement ne pas rejoindre un projet, chacun prendrait ce qu’il souhaite, tout en conservant la capacité de changer d’opinion. La démocratie serait respectée.

Mais dans un tel schéma, les États, et donc les peuples qui élisent leurs dirigeants, auraient gardé le pouvoir. Finalement, nos dirigeants, qui peuvent devenir des eurocrates, tel Pierre Moscovici, apprécient sans doute de couper le lien avec cette démocratie exigeante, qui impose de rendre des comptes et d’accepter la loi de la majorité. Ayant renoncé à penser, ils perdent aussi les réflexes démocratiques du débat contradictoire ou le fait d’accepter l’alternance. Voilà sans doute pourquoi, ils versent lentement mais sûrement vers une sorte de totalitarisme relativement doux, où les traités deviennent une cage, dorée pour certains, qui restreint sans cesse davantage la capacité d’action des dirigeants, et donc du peuple. Et parallèlement, le débat public tend à s’hystériser, tout en devenant de plus en plus superficiel.

 
Pour changer, il faudra sans doute balayer les partis qui se partagent le pouvoir depuis si longtemps, et qui ont perdu tout sens démocratique en ratifiant le traité de Lisbonne après le vote du 29 mai 2005. Bonne nouvelle : le vent du changement souffle déjà en Italie, en Grèce et en Espagne.

mardi 26 mai 2015

Motions du PS : le changement c'est pour quand ?

En perspective du congrès qui se déroulera du 5 au 7 juin prochain, les militants socialistes se sont exprimés jeudi dernier sur les différentes motions soumises au vote. Si l'objectif théorique de ce vote est de définir la ligne politique du parti, il apparait finalement que le réel enjeu était le score de la motion A portée par le premier secrétaire.
Petite revue des scores et forces en présence :

- Motion A : 60 %
Sur une ligne pro-gouvernementale assumée et rassemblant de manière très large (de Manuel à Martine Aubry), la motion A réalise un score plus qu'honorable qui permet de rassurer le président de la République sur le soutien, au moins affiché, de son parti.  Il est toutefois assez amusant que cette motion soit intitulée "renouveau socialiste" alors même que celle-ci est soutenue par la plupart des éléphants du PS. On a connu des renouveaux plus éclatants …

- Motion B : 29 %
La motion B est la motion des frondeurs, soutenue en particulier par Benoit Hamon et Aurélie Filippetti. Le score est sensiblement conforme aux prévisions. Bien que Christian Paul, porteur de la motion, n'ait pas démérité on peut penser que l'impact aurait été plus important avec un poids lourd comme une tête d'affiche. Cela étant, querelle d'egos oblige, c'est le plus petit dénominateur commun, et le moins gênant, qui l'a emporté.

- Motion C : 1,5 %
Portée par Florence Augier et les amis de Stéphane Hessel, la motion C est la motion dite la plus à gauche. Score faible mais finalement sans surprise dans un parti qui tend à se recentrer. Sans compter la présence d'une motion de frondeurs plus médiatique.

- Motion D : 9,5 %
Nommée la Fabrique et incarnée par Karine Berger, la motion D me laisse circonspect. En effet, il s'agit là d'une motion entre deux qui navigue entre pro-gouvernements et frondeurs sans vraiment trancher. Officiellement l'objectif était de proposer une troisième voie mais on peut plus raisonnablement penser que cela a permis de se compter et de peser davantage au sein des instances nationales du parti.

Avec un score sans appel, la motion A remporte largement le pari du soutien affiché au gouvernement. La prochaine étape sera donc le congrès avec la reconduction sans surprise de Jean-Christophe Cambadélis au poste de premier secrétaire. Pas de changement fondamental en perspective si ce n'est des ajustements à la marge afin de tenir compte du nouveau rapport de force.

Il faudra toutefois se poser, à un moment ou à un autre, la question de l'avenir des frondeurs. A court terme, et comme dans tous les congrès, les leaders de la motion B obtiendront des postes à la direction du parti ce qui permettra de calmer les ardeurs de certains.
Et après ? Deux solutions sont possibles. Soit quitter le parti en actant des désaccords existants et rejoindre éventuellement d'autres formations de gauche, Jean-Luc Mélenchon ayant fait un appel appuyé du pied. Soit persister dans une opposition de principe molle et stérile (contestation virulente dans la presse mais lâche abstention au Parlement) comme c'est le cas aujourd'hui.
A priori, et vu la tournure des évènements, on peut raisonnablement imaginer que la seconde option sera privilégiée afin notamment de conserver leurs postes. Quoi de plus logique in fine dans un parti qui rassemble des personnalités aussi différentes qu'Henri Emmanuelli et Gérard Collomb ?

Mais plus que des frondeurs qui sont finalement un épiphénomène, c'est davantage du futur même du Parti Socialiste dont devrait se préoccuper François Hollande. Si les régionales sont perdues d'avance, les élections intermédiaires étant rarement favorables au pouvoir en place, rien n'est encore réellement joué pour 2017. Or pour espérer remporter la présidentielle, Hollande a notamment besoin d'un parti en ordre de marche. Ce qui est loin d'être le cas pour le moment. Car outre une cruelle absence de propositions, la gauche de gouvernement subit une importante érosion de sa base militante avec la perte de 40 000 adhérents depuis 2012 (130 000 aujourd'hui contre 170 000 il y a 3 ans).

Bien que n'étant pas socialiste, je ne peux que regretter la situation dans laquelle se trouve le PS actuellement. Car il ne s'agit pas là d'un cas isolé dans la mesure où l'UMP se retrouve sensiblement au même point. Et c'est donc notre vie politique et plus largement la démocratie qui souffrent de cet état de fait.

Cela signifie-t-il que l'on se dirige vers la fin du "régime des partis" comme disait De Gaulle ? Va-t-on alors vers l'émergence de mouvements citoyens comme chez certains de nos voisins européens ?
Je ne le crois pas. Ou tout du moins pas à court terme. Les partis sont aujourd'hui trop ancrés dans notre vie politique pour disparaitre à brève échéance.
Et de manière assez paradoxale aucune alternative citoyenne ne verra le jour tant que la France ira aussi "bien". Loin de moi l'idée de contester les difficultés de notre pays mais il faut bien reconnaitre que nous sommes relativement épargnés par rapport à la Grèce ou l'Espagne par exemple. Or c'est lorsque la situation se dégradera considérablement (explosion du chômage, baisse du SMIC et des minimas sociaux …) qu'une contestation populaire surgira afin de s'opposer à la dégradation des conditions de vie. Le cas de nos voisins illustre d'ailleurs très bien cela avec les victoires de Syriza et Podemos.

 Robespierre ne disait-il pas : "Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l'insurrection est pour le peuple le plus sacré et le plus indispensable des devoirs."

mardi 19 mai 2015

Ecole : de l'éducation nationale à l'instruction publique

Dire que l'éducation est un sujet qui me tient à cœur n'étonnera personne, et encore moins les lecteurs réguliers de ce blog. Et ce sujet est d'autant plus important qu'il concerne nos enfants et leur avenir.
En tant que citoyen et membre de la "communauté éducative" (j'interviens comme chargé de travaux dirigés à l'université de Grenoble), je ne peux qu'être interpellé par le projet de réforme du collège porté par Mme Vallaud-Belkacem.

Indéniablement notre système éducatif se meurt et ce depuis de nombreuses années. Outre la position de la France dans les classements internationaux, chacun peut constater autour de lui la baisse de niveau de nos élèves et l'augmentation croissante de l'échec scolaire. Il est donc évident que des mesures doivent être prises au plus vite afin de lutter contre ce phénomène de décrochage.

Mais encore faut-il s'attaquer réellement au fond du problème et ne pas proposer un remède pire que le mal. Or c'est ce que semble faire le gouvernement avec son projet actuel. Et ce n'est pas un hasard si j'ai choisi d'écrire cet article aujourd'hui puisque cela coïncide avec la journée de grève nationale à l'appel de la plupart des syndicats de profs (80% des voix lors des élections syndicales de décembre) et que je soutiens.

Il est assez intéressant de voir que les clivages autour de ce projet sont finalement transpartisans. Il n'existe pas, bien qu'on veuille le faire croire, de lutte franche entre d'un côté la gauche et de l'autre la droite. De fait, on retrouve des opposants aussi bien à l'UMP qu'au Front de Gauche en passant par le PS ainsi que dans les fédérations de parents d'élèves et le personnel enseignant. Large opposition donc pour une réforme qui va prétendument vers davantage d'égalité.

Et ce n'est finalement peut-être pas pour rien si la contestation est aussi large tant cette réforme touche à des thématiques différentes (programmes, organisation …). Une synthèse très bien faite de tout ceci a d'ailleurs été réalisée par un collectif de professeurs et permet d'y voir un peu plus clair : www.reformeducollege.fr

Si certains points cristallisent particulièrement les reproches, il s'avère en réalité que c'est la réforme dans son intégralité qu'il conviendrait de revoir. Mais je me concentrerais ici sur quelques aspects uniquement.
Tout d'abord, au prétexte de lutter contre un soi-disant élitisme, on va assister à la suppression pure et simple des langues anciennes actuellement enseignées par le biais des options grec et latin. De même, les classes bilangues seront évincées au profit de l'accès de tous à une LV2 en 5ème. Vaste fumisterie en réalité car cela reviendra à mettre un terme à des dispositifs efficaces et ouverts à tous qui permettaient finalement une certaine mixité. Pourquoi en priver les élèves méritants et ne pas au contraire chercher à les étendre ? Il est évidemment plus simple et moins coûteux de niveler par le bas plutôt que de s'aligner sur les meilleurs.

Dans le prolongement, et c'est l'argument des défenseurs du projet, des EPI (enseignements pratiques interdisciplinaires) vont être créés. L'objectif étant de favoriser les travaux en groupe autour de sujets couvrant plusieurs matières à la fois. On y retrouve notamment les notions de civilisations anciennes (pour contenter les latinistes et hellénistes), de citoyenneté, de développement durable … Il s'agit pourtant là d'une volonté illusoire dont la mise en œuvre sera problématique pour les enseignants en termes de moyens et de préparation. On peut alors aisément imaginer les dérives autour de leur contenu réel et donc de leur pertinence et utilité. Pire, ces EPI se feront sur les heures de cours, au détriment d'autres enseignements (Français, Maths …).

Enfin, et dans la lignée de ce qui a été fait pour les universités, le collège s'oriente progressivement vers une relative autonomisation avec une plus grande marge de manœuvre octroyée aux chefs d'établissement. Cela se traduira notamment par la présence de chapitres facultatifs en Histoire (ce qui fait grandement débat actuellement) ou encore par la possibilité de fixer 20% de l'emploi du temps des collégiens. Très concrètement, cela signifie que deux élèves en même classe pourront avoir des enseignements différents et donc un socle de connaissances inégal à leur entrée au lycée. Là encore cette mesure ne va pas dans le sens de plus d'égalité car le risque est d'accroitre davantage les disparités entre établissements en fonction de l'utilisation de ces 20 %.

On pourrait disserter encore longuement sur le contenu de cette réforme tant il y a à redire. Car c'est finalement l'esprit même du projet qui est contestable. En effet, celui-ci s'inscrit toujours dans la perspective de mettre l'enfant au centre du dispositif. Non en tant qu'apprenant, ce qu'il est au final, mais plutôt comme individu à part entière. Ce projet nous maintient dans le modèle du collège comme lieu de vie et non comme espace d'apprentissage. Si l'objectif initial de lutter contre les inégalités est noble, il s'avère in fine que celles-ci seront renforcées. De fait, ce sont les établissements les plus défavorisés et les enfants des classes populaires qui sont ici sacrifiés dans la mesure où on les prive de dispositifs prétendument élitistes. Au prétexte de limiter les écarts de niveau, qui sont certes une réalité, on aboutit finalement à supprimer ce qui marche et à pénaliser les meilleurs élèves. Bref, l'inverse de ce qu'il faudrait faire.

Comme nous l'avons dit, l'école est un sujet de la plus haute importance et on ne peut donc que regretter la pauvreté du débat autour de cette réforme. En effet, les enjeux sont bien trop cruciaux pour se limiter à des attaques ad hominem. D'ailleurs, je trouve la réaction de Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du PS, totalement déplacée et honteuse : "Madame Belkacem est attaquée pour quoi ? Parce qu'elle s'appelle Belkacem." On voit bien là toute la faiblesse d'un parti exsangue qui privilégie l'amalgame et l'invective aux dépens du débat d'idées.

Heureusement, d'autres personnalités politiques dépassent le stade de la seule critique pour avancer leurs propositions. C'est par exemple le cas de Jean-Pierre Chevènement, Jean-Luc Mélenchon, Bruno Le Maire ou Nicolas Dupont-Aignan. Ce dernier a notamment réalisé une conférence de presse sur ce sujet afin de proposer une contre-réforme autour de 20 mesures. Outre les proximités idéologiques anciennes, je ne peux qu'abonder dans le sens de ce contre-projet dans la mesure où il fait écho à mes précédentes prises de position sur le sujet (ici, , encore ici ou encore là).

Revenir aux fondamentaux (lire, écrire, compter), redonner aux enseignants les moyens et l'envie de travailler (nombre de professeurs, effectifs par classe réduits, revalorisation salariale, réaffirmation de l'autorité), promouvoir le mérite et le goût de l'effort (soutien scolaire personnalisé, retour/maintien des notes chiffrées, promotion de l'enseignement professionnel). Telle devrait être la feuille de route du gouvernement en matière d'Education Nationale. Car n'oublions pas que le rôle de l'école est d'abord et avant tout d'instruire.

mardi 12 mai 2015

Retour sur l'actualité

Petit retour sur l'actualité de ces derniers jours pour bien commencer la semaine !

Front National : Jean-Marie à la peine
Après un énième dérapage verbal, Jean-Marie Le Pen a donc finalement été suspendu de son propre parti. Alors réalité ou mise en scène ? On peut bien évidemment douter de l'authenticité de cette suspension et certains crient d'ailleurs à la mascarade. Mais pourquoi toujours mettre en doute la sincérité de Marine Le Pen ? Pourquoi, à l'inverse d'autres partis, toujours chercher à déceler d'éventuelles volontés cachées ou pensées supposées ? Ne pourrait-on pas, et il y a déjà beaucoup à faire, juger sur les faits, les actes et les discours ?
Cela étant, la réalité est que le fondateur du FN a bel et bien été suspendu et qu'une rénovation des statuts est en marche afin notamment de supprimer la présidence d'honneur. La réalité est également que Marine n'est pas Jean-Marie et que leur objectif est clairement différent puisque la fille est davantage dans une optique de conquête du pouvoir.
Si la présence du père pouvait être autrefois profitable avec un jeu du bon et méchant flic, on peut imaginer que celui-ci est devenu encombrant avec le temps et agit comme un plafond de verre au niveau électoral. En effet, même si le FN réalise des scores importants au premier tour, on ne peut constater sa difficulté à obtenir des élus. En tuant le père, Marine Le Pen cherche alors à accélérer sa stratégie de dédiabolisation afin de séduire un électorat plus large et en particulier les suffrages des électeurs réticents à voter FN du fait de la frange la plus extrémiste du parti.
Avec l'éviction de Jean-Marie Le Pen, la ligne incarnée par Florian Philippot prend le pas sur la ligne historique. Reste à savoir maintenant quelle stratégie (changement de nom, position vis-à-vis de l'UMP ...) mettra en place Marine Le Pen dans le futur.

Loi sur le renseignement : le retour de Big Brother
Après plusieurs semaines de débat, notamment sur le net, la loi sur le renseignement a finalement été largement voté à l'Assemblée Nationale (438 pour et 86 contre). Pour beaucoup il s'agit d'un Patriot Act à la française  … en pire. Personnellement je ne rentrerai pas dans une telle comparaison qui n'apporte que peu de choses au débat finalement.
Ce qui est davantage intéressant en revanche est que cette loi est portée par Manuel Valls, bien connu pour être en pointe sur les questions de sécurité. De même, il n'est pas neutre que cette loi soit votée sous un gouvernement de gauche. Cela traduit indéniablement une volonté de casser l'image d'angélisme et d'inaction de la gauche sur ces thématiques. Nuançons toutefois cela par la présence de Christiane Taubira au ministère de la Justice, permettant de ménager la chèvre et le chou dans un équilibre un peu bâtard.
Sur le fond, cette loi sera finalement peu efficace comme confirmé par plusieurs personnalités dont Marc Trévidic, juge d'instruction à la section antiterroriste du TGI de Paris. En effet, on peut imaginer que les personnes les plus déterminées seront suffisamment entrainées et formées pour passer à travers de ces dispositifs. Seul le menu fretin, sans grand intérêt donc, sera alors potentiellement impacté.
Le jeu en vaut-il vraiment la chandelle ? Je n'en suis pas convaincu car cette loi comporte deux points majeurs qui me semblent largement préjudiciables pour la population. D'une part, on assiste à une véritable dépossession du pouvoir judiciaire. De fait, et malgré la création d'une commission de contrôle à avis purement consultatif, c'est réellement le premier ministre qui constitue la pièce maîtresse du dispositif et ce avec toute la subjectivité liée à un seul homme. D'autre part, la mise en place de boîtes noires chez les fournisseurs d'accès internet conduit à une surveillance massive et généralisée de nos concitoyens. Outre les risques que cela fait peser en matière de libertés individuelles, cela aboutit à une remise en cause de notre principe de présomption d'innocence. Sans parler évidemment du fait que nos services de renseignement seront submergés d'information avec des conséquences probables en termes de réactivité et d'efficacité.
Si cette loi est présentée comme une loi antiterroriste, il convient de noter que celle-ci couvre en réalité sept finalités dont notamment la défense des intérêts économiques, industriels et scientifiques majeurs de la France. On peut alors imaginer toutes les dérives potentielles liées à l'ampleur des champs d'application de cette loi.
Pour finir, la célèbre citation de Benjamin Franklin me semble on ne peut plus appropriée : "Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l'une ni l'autre, et finit par perdre les deux."

Union-Européenne : Grexit, Brexit … Frexit ?
Actualité dense au Royaume-Uni cette semaine avec d'une part la naissance de Charlotte Elizabeth Diana de Cambridge jeudi dernier et d'autre part les élections législatives du 7 mai. Si l'arrivée de la princesse était attendue, la nette victoire du premier ministre sortant est davantage une surprise puisque les sondages le disaient au coude à coude avec les travaillistes d'Ed Miliband. Comme quoi, il n'est pas qu'en France que les instituts de sondage se fourvoient. Mais passons.
C'est donc avec une avance marquée et plus encore avec la majorité absolue (331 sièges contre 232 pour le Labour) que David Cameron a remporté ces élections. Si je tenais à mentionner cette victoire aujourd'hui, ce n'est pas tant pour m'en féliciter ou la regretter car je laisse nos voisins britanniques choisir ce qu'ils estiment le mieux pour eux. En revanche, je ne pouvais passer à côté de l'une des mesures annoncée, à savoir la tenue, d'ici 2017, d'un référendum sur le maintien ou non du Royaume-Uni dans l'Union Européenne. Là encore, étant attaché au droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, je ne prendrai pas partie. Cela étant, il s'agit d'une proposition majeure qui impactera notre pays quoi qu'il arrive. Et l'impact sera d'autant plus important que les Britanniques optent pour une sortie de l'UE (Brexit). En effet, cela fera jurisprudence et occasionnera très probablement un appel d'air pour un certain nombre de nations (Grèce, Italie …). Autrement dit, le Royaume-Uni créera une brèche dans laquelle pourront s'engouffrer d'autres gouvernements à l'appel de leurs peuples. Toute la question sera de savoir si nos dirigeants s'empareront de ce sujet et surtout s'ils respecteront la volonté populaire. Car en matière européenne il n'est pas rare de s'asseoir sur le choix des peuples, que ce soit en France ou chez nos voisins (Pays-Bas, Irlande). On fêtera d'ailleurs le 29 mai prochain le dixième anniversaire du NON au TCE (Traité Constitutionnel Européen). Référendum que l'UMP et le PS ont allégrement ignoré en adoptant quelques années plus tard le traité de Lisbonne, copie conforme du TCE.
Quelle que soit la position des Britanniques sur le sujet, on peut au minimum souhaiter qu'un grand débat ait lieu afin que chaque camp puisse exprimer ses arguments. Espérons toutefois que les européistes ne joueront pas une nouvelle fois sur les peurs des gens en promettant le chaos face à d'éventuelles alternatives …

lundi 11 mai 2015

Adieu Over-Blog et bonjour Blogger !

Après presque 7 ans passés chez Over-Blog, c'est avec un petit pincement au cœur que j'ai décidé de changer de plateforme pour passer chez Blogger. Et cela pour plusieurs raisons.

Tout d'abord, il s'avère qu'Over-Blog impose depuis quelques temps la présence de publicités sur l'ensemble des blogs hébergés. Seule possibilité pour y échapper : le compte premium payant.
Ne cautionnant pas ce modèle économique, voulant éviter la pub à mes lecteurs et ne souhaitant pas mettre la main à la poche pour m'en affranchir, la question du départ s'est posée.

Ensuite, la migration vers un nouvel hébergeur me permettait de modifier l'adresse de mon blog. L'ayant choisie à la création en mai 2008, celle-ci n'est plus adaptée aujourd'hui. En effet, il m'était jusqu'alors impossible de mettre en cohérence l'adresse et le nom du blog.

Enfin, ce changement a pu se concrétiser rapidement grâce à une grande facilité dans le transfert des articles sur la nouvelle plateforme. Même s'il a fallu quelques jours pour remettre à plat la mise en page de l'ensemble des articles, je pense que tout est revenu à la normale. Les coquilles étant toujours possibles, n'hésitez pas à me signaler tout problème éventuel.

A partir d'aujourd'hui l'ancien blog ne sera plus mis à jour mais restera a priori en ligne. Afin de continuer à me lire, je vous invite donc à basculer sur la nouvelle version : leschroniquesdetomgu.blogspot.fr

La page facebook reste quant à elle au même endroit. N'hésitez pas à liker et à partager !