vendredi 6 septembre 2024

Michel Barnier à Matignon : tout ça pour ça ?

Il fut un temps où TF1 diffusait une saga de l’été, téléfilm à suspense en plusieurs épisodes. Si la tradition semblait révolue, Emmanuel Macron prit visiblement le parti de la ressusciter en 2024. On retrouve dans les deux cas les mêmes ingrédients : casting XXL, rebondissements à foison … Mais le dénouement de l’histoire était nettement meilleur sur la première chaine privée d’Europe.

Tout commença par des élections européennes en juin 2024. Élections dont chacun connait l’issue et qui débouchèrent sur une dissolution de l’Assemblée nationale suivie d'élections législatives. Alors même que le président appelait à un moment de clarification, ces dernières semaines n’ont finalement été qu’un énorme maelstrom qui n’auront fait qu’éloigner, comme s’il le fallait encore, la base de nos élites.

Près de deux mois auront donc été nécessaires pour aboutir enfin à la nomination d’un premier ministre. Deux mois laborieux au cours desquels notre pseudo maitre des horloges a prêché le vrai et le faux, distillant çà et là des noms parfois plus surprenants les uns que les autres. De (trop) nombreuses semaines qui auront mis le pays sous tension et jeté le discrédit sur notre classe politique, le président au premier chef. Faut-il pour autant parler de dictature, de déni démocratique et autres accusations de totalitarisme ? Assurément non, sauf à se vautrer dans une posture politique comme le fait allègrement une partie de la gauche.

Cela étant, nous avons donc dorénavant un premier ministre en la personne de Michel Barnier. Formidable contraste toutefois entre la modernité, au moins dans la forme, de Gabriel Attal et le classicisme de Michel Barnier. Point positif de l’histoire, le républicain de 73 ans a au moins le mérite de l’expérience, de la connaissance des institutions et possède une stature internationale. Existait-il un meilleur candidat ? Possiblement mais celui-ci n’est pas pour autant le pire, loin s’en faut. Reste à voir maintenant la politique qui sera menée et surtout les marges de manœuvre dont disposera le premier ministre, sans parler de sa durée de vie évidemment.

Mais après tant de suspense, pourquoi sent-on poindre alors un sentiment de déception ? Ne serait-ce pas finalement parce que la montagne a accouché d’une souris ? Tant de palabres et temps perdu pour ressortir in fine une carte maintes fois jouée. Gageons toutefois que nous ne sommes pas au bout de nos (mauvaises) surprises avec la nomination prochaine, enfin on l’espère, des différents membres du gouvernement.