lundi 22 décembre 2014

Eric Zemmour, coupable ou victime ?

Sauf à vivre reclus loin de la civilisation moderne, il est difficile voire impossible d'échapper à la polémique née autour de la décision d'I-Télé de se séparer d'Eric Zemmour. Et c'est justement sur cette polémique que je souhaitais revenir aujourd'hui.
 
Dans cette affaire, tout est parti d'un article sur le blog de Jean-Luc Mélenchon faisant référence à une interview donnée en octobre par le journaliste au Corriere della Sera. Il y était notamment question d'immigration et d'intégration. Eric Zemmour défendant la thèse qu'une partie des musulmans vivant en France ne cherchaient pas à s'intégrer et se repliaient au contraire sur eux-mêmes dans les banlieues.
 
Rien de neuf jusque là dans la mesure où Zemmour défend cette thèse depuis de nombreuses années. Arrive alors une question tendancieuse à mon sens du journaliste et qui est à l'origine de la polémique : "Alors que suggérez-vous? Déporter cinq millions de musulmans français ?"
C'est donc bien le journaliste italien qui utilise le mot "déporter". Je ne peux croire que cela n'a pas été fait à dessein, nul ne pouvant ignorer les références historiques de ce terme. On peut certes considérer que la réponse de Zemmour est douteuse mais il mentionne des faits historiques avec son parallèle sur les exodes des pieds-noirs ou des Allemands.
 
Toute la polémique initiale lancée par Jean-Luc Mélenchon tournait alors autour de l'utilisation du terme "déportation". Or et contrairement à ce qui avait été avancé, ce n'est pas Eric Zemmour qui en est à l'origine. Finalement, et que l'on soit ou non d'accord avec lui, celui-ci n'a fait que défendre une nouvelle fois son point de vue.
 
Trop tard. La machine à scandale s'était déjà emballée. Et nos chers dirigeants, plutôt mal en point en ce moment vu leurs incroyables résultats en matière économique, se sont rapidement engouffrés dans la brèche. Bernard Cazeneuve, ministre de l'Intérieur, a ainsi "condamné avec une extrême fermeté les propose d'Eric Zemmour, a affirmé son soutien aux musulmans de France odieusement attaqués et a appelé tous les républicains à réagir et à manifester leur solidarité". De son côté, Bruno Le Roux, patron des députés PS, a estimé "qu'il était temps que les plateaux télé et les colonnes des journaux cessent d'abriter de tels propos".
 
Conséquence de tout cela, la chaine d'information continue I-Télé a décidé de se séparer de son journaliste et de mettre un terme à son émission hebdomadaire "Ça se dispute". Faisant preuve d'un courage exemplaire, les patrons de la chaine ont donc cédé à la pression de quelques uns en censurant purement et simplement un éditorialiste.
 
Il n'est pas uniquement question d'Eric Zemmour dans cette histoire. La problématique est nettement plus large. On peut apprécier ou non le personnage, on peut adhérer ou non à ses théories. Peu importe au final. Je ne suis d'ailleurs moi-même pas forcément en adéquation avec l'ensemble de ses prises de positions.
En revanche, et après des décennies de combat pour la liberté d'expression, nous en sommes arrivés à censurer une opinion car celle-ci dérangeait. Aujourd'hui c'est Eric Zemmour mais à ce rythme ce ne sera que le premier d'une longue série.
Bien sûr que la pensée de Zemmour et d'autres peut déranger. Mais n'est-ce pas aussi cela la démocratie ? Et la censure est-elle vraiment la solution ? Je ne le crois pas. Au contraire. Car cela conduit à victimiser son auteur et à lui donner une importance qu'il ne mérite pas forcément. C'est alors par la controverse et le débat d'idées qu'il faut répondre.
 
Alors Zemmour, coupable ou victime ?
Victime de la bien-pensance, condamné par le tribunal médiatique et censuré pour une opinion qui dérange assurément.
Coupable de propos racistes ou xénophobes ? Je ne le sais pas. Et si c'était effectivement le cas, ce serait à la Justice de le dire et non à une poignée d'individus qui ne représentent qu'eux-mêmes.

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