Suite au vote sur les motions le 21 mai dernier,
le Parti Socialiste organisait son congrès ce week-end. Et celui-ci se déroula
finalement sans accro majeur, comme on pouvait s'y attendre. Sans accro certes
mais sans grand enthousiasme non plus. Un peu à l'image du congrès des Républicains finalement.
Serait-ce une coïncidence ? Je ne le crois pas. Bien
qu'encore puissants, notamment en raison de la prééminence du bipartisme, l'UMP
et le PS sont en perte de vitesse depuis plusieurs années. Et leur grande
proximité idéologique en matière économique ainsi que leurs arrangements avec
l'éthique n'y sont pas pour rien. Mais passons.
Si de nombreux dirigeants socialistes étaient
présents à Poitiers, il en est un en particulier qui a longuement fait parler de
lui. Je pense bien évidemment à Arnaud Montebourg qui a consigné dans le
Journal Du Dimanche une tribune avec Mathieu Pigasse. Si l'association des deux peut
surprendre au premier abord, il n'en reste pas moins que le duo n'hésite pas à tacler
ouvertement le gouvernement et à remettre en question la politique menée.
Voici quelques extraits choisis de ce texte :
Prenant la mesure de la gravité de
la situation, peut-être serait-il nécessaire que nos dirigeants cessent de
commenter ce que fait ou dit le FN ou que cesse encore cette culpabilisation
inutile des électeurs dans cette "lutte" purement verbale et
artificielle "contre" le Front national. On serait, au contraire,
bien avisé d'agir sur les causes réelles et profondes qui jettent des millions
de Français dans ses bras : l'explosion du chômage, la hausse de la pauvreté et
la montée du sentiment de vulnérabilité dans presque toutes les couches de la
société française.
Ainsi, le conformisme politique est
désormais devenu le principal adversaire du renouveau économique du pays. C'est
lui qui nous paralyse et chaque mois qui passe le rend plus insupportable. Au
fil des alternances, les Français votent en conscience pour la
"rupture" ou le "changement" mais s'aperçoivent que la
politique économique – donc européenne – qui s'ensuit est toujours la même.
Tout président élu commence par aller faire ses génuflexions à Berlin puis à
Bruxelles, enterrant en 72 heures ses engagements de campagne. Et voici des
années que cette comédie de l'impuissance publique dure, pour bientôt finir par
engloutir la démocratie dans notre pays.
Agir, cela veut dire ne pas faire
payer la facture des déficits publics créés par les errements de la finance
privée dans la crise, par les classes moyennes. Cela veut dire se battre pour
la croissance en interrompant les politiques absurdes, inefficaces et
anti-économiques de Bruxelles, et rendre sous forme de baisses d'impôts ce qui
a été lourdement prélevé sur les ménages (plusieurs dizaines de milliards
d'euros). Cela veut dire ne plus se laisser faire par Berlin et Bruxelles et
changer la politique économique nationale et européenne.
C'est avec un plaisir non dissimulé que j'ai pris connaissance de cette
tribune hier. Je ne peux d'ailleurs que souscrire à ces propos dans la mesure
où ils expriment parfaitement mon positionnement sur le sujet. Cela étant, je
ne peux faire abstraction à la fois de l'auteur et du contexte dans lequel ce
papier est écrit. En effet, cette sortie intervient en plein congrès du PS et
alors même qu'Arnaud Montebourg s'est mis (provisoirement ?) en retrait de la
vie politique.
Alors acte prémédité ou simple concours de circonstances ? Personnellement
je ne crois que faiblement au hasard. Et cela d'autant moins lorsqu'il s'agit
de politique. On peut donc légitimement penser que la sortie médiatique
d'Arnaud Montebourg s'inscrit dans une stratégie plus large dont la finalité
est pour l'heure assez floue. Et c'est bien là toute la problématique. Candidat
à la primaire socialiste en faveur de la démondialisation puis ministre d'un gouvernement prônant
l'austérité avant d'en être évincé, Montebourg se révèle avoir un parcours
singulier dont la cohérence peut être interrogée. Et cette nouvelle prise de
position n'aide que faiblement à la compréhension.
A la fois dedans et dehors, membre de la majorité mais critique vis-à-vis
de la ligne du gouvernement, le positionnement de Montebourg est on ne peut
plus ambigu. Ce qui n'est d'ailleurs pas sans rappeler le comportement des
frondeurs.
Si cette remise en cause de la politique menée par François Hollande et
Manuel Valls est un premier pas, elle ne saurait être suffisante et ne peut
constituer une fin en soi. Il me semble impératif, vu l'urgence de la
situation, que nos responsables politiques prennent une bonne fois pour toutes
leurs responsabilités en mettant leurs actes en conformité avec leurs paroles.
Vouloir changer le parti de l'intérieur est une utopie. Certains ont essayé
et ont échoué (Mélenchon, Dupont-Aignan). Mais ils ont eu le courage de faire
sécession pour défendre leurs idées. Vouloir à tout prix se maintenir dans une
contestation interne conduit irrémédiablement à
une extinction progressive de son influence comme ce fut le cas de
Chevènement.
Alors Arnaud, encore un petit effort ! Ne ruine pas à nouveau les espoirs
que certains fondent en toi.
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