lundi 8 juin 2015

Allez Arnaud, encore un effort !

Suite au vote sur les motions le 21 mai dernier, le Parti Socialiste organisait son congrès ce week-end. Et celui-ci se déroula finalement sans accro majeur, comme on pouvait s'y attendre. Sans accro certes mais sans grand enthousiasme non plus. Un peu à l'image du congrès des Républicains finalement.

Serait-ce une coïncidence ? Je ne le crois pas. Bien qu'encore puissants, notamment en raison de la prééminence du bipartisme, l'UMP et le PS sont en perte de vitesse depuis plusieurs années. Et leur grande proximité idéologique en matière économique ainsi que leurs arrangements avec l'éthique n'y sont pas pour rien. Mais passons.

Si de nombreux dirigeants socialistes étaient présents à Poitiers, il en est un en particulier qui a longuement fait parler de lui. Je pense bien évidemment à Arnaud Montebourg qui a consigné dans le Journal Du Dimanche une tribune avec Mathieu Pigasse. Si l'association des deux peut surprendre au premier abord, il n'en reste pas moins que le duo n'hésite pas à tacler ouvertement le gouvernement et à remettre en question la politique menée.      
Voici quelques extraits choisis de ce texte :

Prenant la mesure de la gravité de la situation, peut-être serait-il nécessaire que nos dirigeants cessent de commenter ce que fait ou dit le FN ou que cesse encore cette culpabilisation inutile des électeurs dans cette "lutte" purement verbale et artificielle "contre" le Front national. On serait, au contraire, bien avisé d'agir sur les causes réelles et profondes qui jettent des millions de Français dans ses bras : l'explosion du chômage, la hausse de la pauvreté et la montée du sentiment de vulnérabilité dans presque toutes les couches de la société française. 

Ainsi, le conformisme politique est désormais devenu le principal adversaire du renouveau économique du pays. C'est lui qui nous paralyse et chaque mois qui passe le rend plus insupportable. Au fil des alternances, les Français votent en conscience pour la "rupture" ou le "changement" mais s'aperçoivent que la politique économique – donc européenne – qui s'ensuit est toujours la même. Tout président élu commence par aller faire ses génuflexions à Berlin puis à Bruxelles, enterrant en 72 heures ses engagements de campagne. Et voici des années que cette comédie de l'impuissance publique dure, pour bientôt finir par engloutir la démocratie dans notre pays.

Agir, cela veut dire ne pas faire payer la facture des déficits publics créés par les errements de la finance privée dans la crise, par les classes moyennes. Cela veut dire se battre pour la croissance en interrompant les politiques absurdes, inefficaces et anti-économiques de Bruxelles, et rendre sous forme de baisses d'impôts ce qui a été lourdement prélevé sur les ménages (plusieurs dizaines de milliards d'euros). Cela veut dire ne plus se laisser faire par Berlin et Bruxelles et changer la politique économique nationale et européenne.

C'est avec un plaisir non dissimulé que j'ai pris connaissance de cette tribune hier. Je ne peux d'ailleurs que souscrire à ces propos dans la mesure où ils expriment parfaitement mon positionnement sur le sujet. Cela étant, je ne peux faire abstraction à la fois de l'auteur et du contexte dans lequel ce papier est écrit. En effet, cette sortie intervient en plein congrès du PS et alors même qu'Arnaud Montebourg s'est mis (provisoirement ?) en retrait de la vie politique.

Alors acte prémédité ou simple concours de circonstances ? Personnellement je ne crois que faiblement au hasard. Et cela d'autant moins lorsqu'il s'agit de politique. On peut donc légitimement penser que la sortie médiatique d'Arnaud Montebourg s'inscrit dans une stratégie plus large dont la finalité est pour l'heure assez floue. Et c'est bien là toute la problématique. Candidat à la primaire socialiste en faveur de la démondialisation puis ministre d'un gouvernement prônant l'austérité avant d'en être évincé, Montebourg se révèle avoir un parcours singulier dont la cohérence peut être interrogée. Et cette nouvelle prise de position n'aide que faiblement à la compréhension.  
A la fois dedans et dehors, membre de la majorité mais critique vis-à-vis de la ligne du gouvernement, le positionnement de Montebourg est on ne peut plus ambigu. Ce qui n'est d'ailleurs pas sans rappeler le comportement des frondeurs.

Si cette remise en cause de la politique menée par François Hollande et Manuel Valls est un premier pas, elle ne saurait être suffisante et ne peut constituer une fin en soi. Il me semble impératif, vu l'urgence de la situation, que nos responsables politiques prennent une bonne fois pour toutes leurs responsabilités en mettant leurs actes en conformité avec leurs paroles.

Vouloir changer le parti de l'intérieur est une utopie. Certains ont essayé et ont échoué (Mélenchon, Dupont-Aignan). Mais ils ont eu le courage de faire sécession pour défendre leurs idées. Vouloir à tout prix se maintenir dans une contestation interne conduit irrémédiablement à  une extinction progressive de son influence comme ce fut le cas de Chevènement.

Alors Arnaud, encore un petit effort ! Ne ruine pas à nouveau les espoirs que certains fondent en toi.

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