lundi 5 octobre 2015

Poutine, ce grand méchant loup ?

"L'Histoire est un perpétuel recommencement" disait Thucydide (historien grec, auteur de l'histoire de la guerre du Péloponnèse) en son temps. A la lumière des évènements de ces derniers jours, il semblerait que celui-ci n'ait pas forcément tort.

Plusieurs décennies après la chute du mur de Berlin et alors que le monde est clairement devenu multipolaire, des relents de guerre froide se font à nouveau sentir. Comme à l'époque deux blocs s'opposent et se font face. En cause aujourd'hui, la lutte contre Daech en Syrie et la position vis-à-vis de Bachar el-Assad.

Si les deux camps ont le même objectif final, à savoir combattre et détruire Daech, ce sont les moyens d'y arriver qui différent.
Côté occidentaux, les États-Unis et la France, entre autres, ont clairement exprimé leur volonté de voir le président syrien quitter le pouvoir. François Hollande l'a d'ailleurs réaffirmé à plusieurs reprises et l'a posé en condition sine qua none. Pour aboutir à cela, américains et européens ont donc soutenu ouvertement l'opposition dite "modérée" en Syrie en les entrainant et les armant. Outre le fait que cette stratégie soit un échec, celle-ci est surtout à double tranchant puisqu'elle consiste à appuyer militairement des groupes tels que le front al-Nosra qui sont proches d'Al-Qaïda. Autrement dit, cela revient à renforcer nos ennemis d'hier, et qui le seront probablement de nouveau demain.
Côté Russes, les ambitions ne sont pas aussi clairement revendiquées mais Vladimir Poutine n'a jamais vraiment caché non plus son soutien à Bachar el-Assad. D'ailleurs, il semblerait que les frappes aériennes russes visent tout à la fois Daech et les forces rebelles.

On assiste donc bel et bien à un combat à distance entre Occidentaux d'une part et Russes d'autre part. Lutte où les premiers cherchent à renverser Assad par procuration tandis que les seconds œuvrent à son maintien. Et c'est peut-être bien là tout le nœud du problème. Car finalement c'est Daech qui profite de ce jeu d'influences en Syrie.

Alors que le destin de Bachar el-Assad devrait selon moi être secondaire, il constitue l'alpha et l'oméga de la politique menée par les occidentaux. Faire du départ du président syrien un pré-requis est pour moi une erreur fondamentale qui conduirait à enfoncer davantage le pays dans le chaos. Je ne peux que regretter d'ailleurs que la France n'ait pas retenu les leçons du passé en Irak ou en Libye. Je ne peux que me désoler que François Hollande s'entête dans cette voie en refusant tout dialogue avec le pouvoir en place.

Alors bien sûr que Bachar el-Assad est un dictateur sanguinaire. Bien sûr que son régime est loin d'être un système démocratique. Personne ne remet cela en question. Mais cela doit-il nous empêcher de discuter avec lui ? Je ne le crois pas. Car dans ce cas il faudrait cesser toute relation diplomatique avec l'Arabie Saoudite ou le Qatar qui ne sont pas non plus des modèles de vertu.

Les circonstances étant ce qu'elles sont, la lutte contre Daech, et plus largement la stabilisation du Moyen-Orient, doit constituer la priorité de ces prochaines années. Pour autant, les méthodes de cow-boy des américains ne sont pas une solution tant elles ont prouvé leur inefficacité et leur contre-productivité. Pour réussir, il me semble nécessaire de mettre sur pied une grande coalition militaire internationale sous mandat de l'ONU et réunissant russes, américains et européens ainsi que les pays voisins de la Syrie. C'est à cette condition, et quitte à s'appuyer sur le régime en place, que la situation pourra évoluer favorablement.  

Les nations occidentales doivent comprendre que la démocratie et leur modèle de développement ne sont pas forcément exportables en l'état et ne doivent surtout pas être imposés à des nations qui n'en veulent pas. Nous payons malheureusement aujourd'hui les erreurs d'hier que ce soit en Irak, en Afghanistan ou en Libye.
Pour ne pas donner raison à Thucydide et éviter que l'Histoire se répète à nouveau, peut-être faudrait-il retenir les leçons du passé et privilégier le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes plutôt que l'ingérence.

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