Sauf à vivre reclus dans
une cabane au fin fond de la pampa, nul ne peut ignorer que François Hollande
passait hier son grand oral sur France 2. Outre les polémiques autour des invités recalés qui ont largement fait parler ces derniers jours, toute la
presse a longuement évoqué ce matin l'émission "dialogues citoyens".
Rassurez-vous, je ne
reviendrai pas ici sur la prestation de notre président. D'une part car cette
énième intervention télévisée n'apporte rien de plus que les précédentes.
D'autre part car je ne l'ai pas regardé. Et je n'étais visiblement pas le seul
puisque France 2 a réuni 3,5 millions de téléspectateurs, loin derrière TF1.
Laissons donc de côté ce
président contesté pour nous intéresser plutôt au personnage en vogue du moment,
ou plus exactement en marche. Je pense évidemment à Emmanuel Macron, chouchou
des médias et du patronat et accessoirement ministre de l'économie.
Passé de l'ombre à la lumière
à l'occasion de son entrée au gouvernement en août 2014, Macron est depuis un
personnage central de l'équipe de François Hollande. Et ce n'est pas forcément
en raison de son bilan, qui se résume essentiellement à une loi éponyme, ce qui
me semble plutôt maigre alors même que l'économie est au cœur des
préoccupations des Français.
Mais alors pourquoi ce ministre
est-il si important pour le président ? Et bien tout simplement pour le symbole.
Plus que ce qu'il est, c'est ce que Macron représente qui importe. Ancien
banquier d'affaires au sein de la banque Rothschild puis secrétaire général
adjoint de l'Elysée, Emmanuel Macron représente et incarne à merveille le
courant social-libéral du PS. Sa présence au gouvernement permet ainsi au
président de ménager la chèvre et le chou entre l'aile gauche et l'aile droite
de son parti, chose qu'il a toujours faite à la tête de l'appareil socialiste.
Mais Macron n'est pas
seulement un rouage de ce jeu d'équilibriste. Il constitue aussi (surtout ?) un
contre-feu formidable à la montée en puissance de Manuel Valls. Adversaire de
François Hollande à la primaire socialiste de 2011, l'actuel premier ministre a
progressivement pris l'ascendant sur le vainqueur de 2012, mettant
régulièrement ce dernier en difficulté. La nomination et la promotion de Macron
permet donc à François Hollande de mettre des bâtons dans les roues de l'ancien
ministre de l'Intérieur.
Tout aurait pu aller
bien dans le meilleur des mondes pour le président de la République. Mais la vie
politique réserve toujours son lot de surprises. Et il semblerait que l'élève
ait dépassé le maître ou, pour faire un parallèle avec le cinéma, le professeur
Frankenstein semble avoir perdu le contrôle de sa créature. C'est en tout cas
une voie émancipatrice que tend à emprunter Emmanuel Macron avec la création de
son mouvement "En Marche".
Bien que jouant les
vierges effarouchées lorsque le sujet est abordé par les journalistes, il est
indéniable que le ministre de l'économie a des velléités pour 2017. Et ce n'est
pas le soutien clairement affiché des médias, du Medef et d'une partie de la
droite qui va refroidir ses ardeurs.
Dire que Macron n'est
pas ma tasse de thé ne sera une surprise pour personne. Et c'est un euphémisme.
Mais plus que cela,
j'ai un peu de mal à comprendre ce que les gens trouvent à cette personne. Je
dirais même plus qu'Emmanuel Macron s'inscrit à l'opposé de cette volonté de
renouvellement de la classe politique. Certes le ministre n'est pas un apparatchik,
certes il fait partie de la jeune génération mais pour moi il n'incarne en rien
un quelconque renouveau. Pire, il s'inscrit dans la droite lignée des
dirigeants politiques de ces trente dernières années.
Si je n'ai rien contre
l'homme en lui-même, je considère que celui-ci ne fait que reprendre à son
compte des mesures qui ont déjà prouvé leur inefficacité, pour ne pas dire leur
nocivité, par le passé. Quelle nouveauté, quelle plus-value pour Macron si ce
n'est sa jeunesse ? Et quelles différences finalement entre Juppé, Fillon,
Valls ou Macron ? Rien de flagrant ou de significatif en réalité. Il ne s'agit
là que d'une énième version, une pâle copie de ces hommes politiques hors sol
qui recyclent indéfiniment les mêmes recettes.
Gageons toutefois qu'en
tant que membre à part entière de cette oligarchie dominante, Emmanuel Macron saura
rassembler autour de lui les forces qui furent à une époque l'adversaire d'un
certain candidat …
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