Le week-end dernier,
Robert Ménard organisait dans sa ville les fameux "Rendez-vous de
Béziers". Réunissant différents partis ou mouvances de droite (FN, Siel,
une partie des Républicains …), ce
rassemblement hétéroclite se voulait être une sorte d'états généraux de la
droite. Ménard avait d'ailleurs lancé pour l'occasion un nouveau mouvement du
nom "d'Oz ta droite".
Curiosité médiatique et
politique, l'évènement organisé par Robert Ménard, passé de RSF (Reporters Sans
Frontières) à la mairie de Béziers, ne pouvait qu'attirer les journalistes …
qui furent au rendez-vous. Cela fut également le cas avec le public qui se
pressa assez nombreux pour assister aux différents débats et tables rondes
proposés. On ne peut toutefois pas en dire autant côté politiques. Si Marion
Maréchal-Le Pen fit un passage (plus court que prévu) accompagné de Louis
Aliot, peu de leaders de droite de premier plan se sont finalement présentés à
ces journées.
Et pour autant, est-ce vraiment étonnant ?
Je ne le crois pas. Ce revers
était finalement assez prévisible du fait de la nature même de la droite dans
notre pays. Enfin si tant est que l'on puisse parler de "la" droite.
Car de même qu'il y a selon moi plusieurs gauches, je crois qu'il existe
plusieurs droites. Et comme à gauche, si des convergences existent entre ces
différentes composantes, de profonds désaccords les séparent.
Pour aller plus loin je
dirais même, en particulier en matière économique, que des points d'accord
importants rassemblent une partie de la gauche et de la droite. Il n'y a qu'à
voir les débats actuels autour de la loi travail pour s'en convaincre.
Sans revenir à la typologie
des droites de René Rémond (légitimiste, orléaniste et bonapartiste), il me
semble exister aujourd'hui dans le paysage politique français deux lignes de
clivage qui finalement transcendent la gauche et la droite. Je n'ai d'ailleurs
de cesse de répéter que cette distinction est dépassée depuis de nombreuses
années. En réalité les nouvelles lignes de démarcation s'opèrent autour du
rapport au libre-échange et à la mondialisation ainsi qu'à l'europe. On
retrouve alors une opposition d'une part entre souverainistes et mondialistes
et d'autre part entre interventionnistes et libéraux. Gauche et droite se
mélangeant allégrement sur ces axes, on retrouve ainsi LR et PS dans les
catégories mondialistes et libéraux.
Mais revenons-en à nos
moutons.
Comme nous l'avons dit,
les droites sont diverses et d'importantes divisions existent, à la fois entre
mouvements mais également au sein du même parti. L'existence de lignes
politiques différentes chez les Républicains mais également au FN (Philippot vs
Maréchal Le Pen) est aujourd'hui indéniable même si les appareils cherchent à
taire et réduire, au moins vis-à-vis de l'extérieur, ces courants.
Réunir l'ensemble des
composantes de droite autour d'un consensus n'est donc clairement pas chose
aisée. Et il aurait été surprenant que Robert Ménard y parvienne au vu de ces
divergences. Sans parler évidemment des aspects de stratégie politique ou
encore des problématiques d'egos.
Quoi que l'on pense de
l'initiative ou de la personnalité hôte, le maire de Béziers a au moins le
mérite d'avoir essayé quelque chose de plutôt novateur à droite. Nul ne sait
vraiment si la démarche était sincère mais ce qui est certain c'est que Robert
Ménard s'est retrouvé sous le feu des projecteurs durant ces quelques jours.
Plus encore celui-ci s'est posé, ce qui est certes discutable, en personnage
incontournable pour l'élection présidentielle de 2017. Et la publication de 51mesures issues de ces "rendez-vous de Béziers" place une fois de plus
Ménard au centre de l'agitation politico-médiatique dans la mesure où celles-ci
ont été reprises et commentées à de multiples reprises.
Ces propositions qui
devaient être issues des débats et donc construites avec la salle étaient en
réalité, comme souvent dans ce genre ce genre d'évènement d'ailleurs, rédigées
en amont. Cela ne m'a toutefois pas empêché de parcourir ces 51 idées et si je
suis en accord avec certaines (en particulier la partie "de
l'indépendance"), j'en rejette un grand nombre (notamment la partie
"de l'effort"). En revanche,
ce qui m'a le plus interpellé c'est que ce programme, car c'est finalement bien
d'une bribe de programme dont il s'agit, est présenté comme un programme de
droite. Une droite assumée, LA vraie droite en quelque sorte.
S'il n'existe pas comme
nous l'avons expliqué précédemment, une droite en tant que tel, "Oz ta
droite" s'inscrit toutefois dans le courant de la droite souverainiste
libérale. Si cet élément peut paraitre anodin au premier abord, il s'avère au
contraire fondamental dès lors qu'on le replace dans son contexte.
Petit retour en arrière.
Chacun aura pu suivre les récentes tribulations du FN avec l'affrontement à la
fois entre deux personnalités (Marine vs Jean-Marie) mais aussi entre deux
visions politiques/économiques (interventionnisme vs libéralisme). Il n'aura
également échappé à personne que Marion Maréchal-Le Pen reprend à son compte la
ligne historique du parti portée par son grand-père et que la jeune femme a
reçu un soutien appuyé de Robert Ménard à différentes occasions.
A la lumière de tout
cela, on ne peut que constater l'habileté du maire de Béziers qui, bien que
prétendant prendre ses distances avec le Front National, fait la promotion des
idées portées par Marion au sein du parti.
Indéniablement, Robert
Ménard est beaucoup plus malin que certains ne le pensent. Si ces
"rendez-vous de Béziers" n'auront pas permis de refonder la droite
(était-ce seulement l'objectif ?), ces journées de débat auront finalement servi
à renforcer les positions de Marion Maréchal-Le Pen au sein du FN et à initier
un début de rassemblement autour de ses propositions.
Aujourd'hui, suite au
retrait de Jean-Marie Le Pen, personne ne représente vraiment la ligne
souverainiste libérale en France alors que celle-ci tend à se développer chez
nos voisins européens. Quid d'un ticket Maréchal-Le Pen/Ménard pour l'incarner
?
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