Pas un jour ne passe
sans que la question des migrants ne fasse la une des journaux. Et la récente évacuation
de la jungle de Calais le 24 octobre dernier n'a fait que renforcer encore un
peu plus ce phénomène. Mais plus encore que l'évacuation en elle-même, c'est la
répartition des migrants vers les centaines de centres d'accueil et
d'orientation (CAO) partout en France qui fait le plus polémique.
Depuis plusieurs
semaines maintenant, pro et anti s'affrontent dans la rue, lors de réunions
publiques ou par médias interposés. Le stade du simple débat contradictoire est
largement dépassé et il n'est plus lors question d'échanges politiques sereins.
Encore une fois la passion a pris le pas sur la raison.
Et sur ce sujet, il est
difficile de compter sur notre classe politique pour apaiser les choses. Bien
au contraire, chacun surenchérit à sa manière dans une véritable course à
l'échalote.
A mon sens, l'enjeu est
bien trop important pour notre pays pour être traité de la sorte. Et il me
semble primordial, dans l'intérêt de tous, de chercher autant que faire se peut
à prendre de la hauteur sur ce sujet. Je m'étais jusqu'alors abstenu de
m'exprimer sur ces problématiques mais j'ai décidé de revenir aujourd'hui sur
ce choix car je suis agacé par ce que je vois ou entends sur les réseaux
sociaux et dans les médias. Je suis lassé de ces polémiques stériles, exaspéré
par les caricatures et autres amalgames.
Je vais essayer de
résumer ici mon opinion sur le sujet, de manière simple et succincte.
Tout d'abord, il me
semble indispensable de bien définir de quoi on parle. Car plusieurs termes
sont aujourd'hui utilisés indistinctement : migrants, immigrés, réfugiés … Cela
ajoute de la confusion à des situations déjà difficiles à appréhender.
A mon sens, deux
grandes catégories d'individus coexistent et alimentent les flux d'immigration
(je laisse notamment et volontairement de côté le regroupement familial et les échanges
universitaires) : les personnes quittant leur pays pour fuir la guerre ou la
persécution et les personnes quittant leur pays pour des raisons économiques.
Sans surprise, et de
manière assez consensuelle je pense, je crois que notre pays s'honore à
accueillir les populations persécutées ou issues de pays en guerre et à leur
offrir le statut de réfugié. Le droit d'asile doit donc continuer à être accordé
aux personnes qui répondent aux critères définis. A l'inverse, les personnes
qui n'entrent pas dans ce cadre doivent se voir signifier l'obligation de
quitter le territoire français (OQTF) et être expulsées. De telles règles
existent aujourd'hui mais ne sont malheureusement pas appliquées, ce qui
conduit à créer un certain imbroglio dans la tête de la population.
Ensuite, s'agissant de
l'évacuation de la jungle de Calais, je considère que cela aurait dû être fait
depuis longtemps. Mieux, l’État n'aurait jamais dû laisser se développer un tel
campement où les conditions d'hébergement, d'hygiène et de sécurité n'étaient
clairement pas à la hauteur.
Mais ne revenons pas
sur le passé et concentrons nous davantage sur l'avenir. Le moyen et long-terme
sont évidemment conditionnés, au moins en partie, par les remarques
précédentes. En revanche, le court-terme prend lui une tournure plus que
contestable et d'ailleurs largement contestée. Je pense bien sûr à la répartition
des migrants dans nos régions qui me semble problématique.
D'une part, et toujours
en cohérence avec mes propos précédents, je crois que cette évacuation aurait
dû être l'occasion d'expulser les personnes qui n'ont pas vocation à rester sur
notre sol.
D'autre part, je suis
plus que perplexe quant à la méthode de répartition en elle-même. Et il me
semble d'ailleurs que c'est cet aspect en particulier qui suscite une forte
opposition de la part de la population. Soyons concret pour mieux comprendre le
problème. Il était prévu que le département de l'Isère accueille 250 personnes
sur trois sites dont 100 pour la seule ville de Saint Martin d'Hères. En outre,
il s'agissait d'accueillir 100 hommes seuls dans une tour au cœur du domaine
universitaire.
Du pain-béni pour
certains qui se sont jetés sur l'information pour dénoncer l'invasion du campus
par une horde de sauvages en rut qui allaient mettre en péril la tranquillité
et la sécurité des étudiants et étudiantes. Je ne relèverai pas ces inepties car
elles ne le méritent même pas. Pour autant, je m'interroge sur les raisons qui
ont poussé nos dirigeants à prendre une telle décision. Comment ne pas susciter
l'inquiétude, somme toute légitime, de nos concitoyens dans pareilles conditions
?
Je ne peux que
m'interroger sur une telle concentration d'hommes seuls en un même endroit
comme c'est le cas à Saint Martin d'Hères mais également dans d'autres villes
de France. N'y avait-il pas d'autres solutions d'hébergement plus équilibrées
dans notre cher pays aux 36 000 communes ? N'aurait-il pas été préférable que
chaque commune accueille quelques migrants chacune ?
Car pour moi la
solution retenue va à l'encontre même de toute possibilité d'intégration. C'est
davantage vers un phénomène de communautarisation dans une logique grégaire
vers lequel on se dirige. Comment imaginer alors que ces personnes vont pouvoir
s'intégrer à la population ?
Une dernière remarque pour
terminer. On voit souvent fleurir sur les réseaux sociaux une sorte de
mise concurrence entre migrants et Sans
Domiciles Fixes. Autrement dit, il est reproché de privilégier les migrants
étrangers en termes d'aides, de logement … aux dépens de nos SDF (sous-entendus
Français).
Outre le fait que cette
compétition entre personnes dans le besoin soit moralement discutable, celle-ci
relève, je crois, d'une certaine hypocrisie voire d'une malhonnêteté
intellectuelle. En effet, il est tout à fait probable que ces personnes soient
les mêmes qui détournent le regard dans la rue ou qui réprouvent la mendicité.
Là encore ce sont des
polémiques stériles qui ne grandissent pas leurs auteurs et dont notre pays n'a
clairement pas besoin …
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