Parmi les serpents de mer de la vie politique française, la question de l’audiovisuel public occupe une bonne place. Nouvel (nouvel, nouvel …) épisode en ce début d’été avec l’examen d’une proposition de loi visant notamment à créer une holding, France Médias, chapeautant France Télévisions, Radio France et l'INA. Une motion de rejet préalable ayant été votée à l’Assemblée nationale, le texte n’a donc pas été examiné et a pris la direction du Sénat au sein duquel il devrait vraisemblablement être approuvé.
Mais avant d’évoquer le
fond du texte, reposons un peu de contexte pour mieux comprendre de quoi on
parle. Selon l’Arcom, le secteur public de la communication audiovisuelle est
composé de 6 organismes que sont France Télévisions, Radio France, France
Médias Monde, l’Institut National de l’audiovisuel (INA), ARTE France, LCP
Assemblée nationale - Public Sénat. Les trois premiers sont des sociétés
nationales de programme qui concentrent près de 90 % du budget issu de
dotations de l’État. Un budget, passé de 3,72 milliards d’euros en 2021 à 3,95
milliards en 2025, qui provient des recettes de la TVA depuis la suppression de
la contribution à l’audiovisuel public (redevance télé) en 2022.
Plus concrètement, France
Télévisions c’est environ 8 900 salariés pour un budget de 2,7 milliards d’euros
et cinq chaines nationales (France 2, France 3, France 4, France 5, franceinfo).
Radio France de son côté occupe 4 500 salariés autour de six radios (France
Inter, France Culture, France Musique, FIP, Mouv', le réseau ICI, anciennement
France Bleu) pour un budget de 700 millions d’euros. Enfin France Médias Monde avec
1 700 salariés, 300 millions d’euros et 3 chaînes (RFI, France 24 et Monte
Carlo Doualiya).
Maintenant que les
bases sont posées, arrêtons-nous un moment sur ce projet de réforme. L’idée principale
est de créer une holding détenue à 100% par l’État, holding qui détiendrait
elle-même France Télévisions, Radio France et l'INA avec pour objectif de définir
la stratégie de ces médias, d'accélérer les coopérations et d'optimiser la
répartition des moyens comme indiqué par la commission de la culture du Sénat.
Dit autrement, il s’agit tout à la fois de simplifier la gouvernance de ces
entreprises, de renforcer les synergies et de maximiser les économies d’échelle.
N'étant pas un
spécialiste de cette proposition de loi, je ne suis donc pas en mesure d’interpréter
d’éventuels coups de billards à plusieurs bandes ou de volontés cachées. Pour
autant, tel que présenté précédemment et au vu du contexte actuel, il ne me
semble pas déraisonnable de chercher à optimiser le fonctionnement de ce
service public en s’attaquant aux doublons de structure, de bureaux, bref en cherchant
à mutualiser les frais fixes.
Pourquoi s’arrêter en
si bon chemin diront certains ? Bonne question en effet.
Au-delà des doublons de
structure, n’existe-t-il pas des doublons au sein même des chaînes ou des
radios, en termes de programmes, de public visé, de positionnement ? Plus
que des rapprochements, des fusions ne seraient-elles pas envisageables afin de
rationaliser l’organisation de ces entreprises ?
Et si l’on allait
encore plus loin ?
L’ensemble de ces
sociétés ont-elles réellement vocation à être publiques ? L’État a-t-il vraiment
besoin de contrôler autant de médias publics ? Mieux, est-ce véritablement
son rôle ? S’il est notamment dans ses prérogatives de garantir le pluralisme,
celles-ci ne pourraient-elles pas être mises en œuvre au travers d’organismes
de contrôle ?
Indéniablement je crois que ces questions devraient faire l’objet d’un réel débat public, à la fois au Parlement et plus largement au sein de la société, en mettant sur la table l’ensemble des éléments à considérer : financement, participation aux efforts d’économies, parts de marché, concurrence des plateformes en ligne … Cela afin que la question de la privatisation soit abordée, débattue et tranchée démocratiquement.