dimanche 6 juillet 2025

Audiovisuel public : et si l’on posait la question de la privatisation ?

Parmi les serpents de mer de la vie politique française, la question de l’audiovisuel public occupe une bonne place. Nouvel (nouvel, nouvel …) épisode en ce début d’été avec l’examen d’une proposition de loi visant notamment à créer une holding, France Médias, chapeautant France Télévisions, Radio France et l'INA. Une motion de rejet préalable ayant été votée à l’Assemblée nationale, le texte n’a donc pas été examiné et a pris la direction du Sénat au sein duquel il devrait vraisemblablement être approuvé.

Mais avant d’évoquer le fond du texte, reposons un peu de contexte pour mieux comprendre de quoi on parle. Selon l’Arcom, le secteur public de la communication audiovisuelle est composé de 6 organismes que sont France Télévisions, Radio France, France Médias Monde, l’Institut National de l’audiovisuel (INA), ARTE France, LCP Assemblée nationale - Public Sénat. Les trois premiers sont des sociétés nationales de programme qui concentrent près de 90 % du budget issu de dotations de l’État. Un budget, passé de 3,72 milliards d’euros en 2021 à 3,95 milliards en 2025, qui provient des recettes de la TVA depuis la suppression de la contribution à l’audiovisuel public (redevance télé) en 2022.
Plus concrètement, France Télévisions c’est environ 8 900 salariés pour un budget de 2,7 milliards d’euros et cinq chaines nationales (France 2, France 3, France 4, France 5, franceinfo). Radio France de son côté occupe 4 500 salariés autour de six radios (France Inter, France Culture, France Musique, FIP, Mouv', le réseau ICI, anciennement France Bleu) pour un budget de 700 millions d’euros. Enfin France Médias Monde avec 1 700 salariés, 300 millions d’euros et 3 chaînes (RFI, France 24 et Monte Carlo Doualiya).

Maintenant que les bases sont posées, arrêtons-nous un moment sur ce projet de réforme. L’idée principale est de créer une holding détenue à 100% par l’État, holding qui détiendrait elle-même France Télévisions, Radio France et l'INA avec pour objectif de définir la stratégie de ces médias, d'accélérer les coopérations et d'optimiser la répartition des moyens comme indiqué par la commission de la culture du Sénat. Dit autrement, il s’agit tout à la fois de simplifier la gouvernance de ces entreprises, de renforcer les synergies et de maximiser les économies d’échelle.
N'étant pas un spécialiste de cette proposition de loi, je ne suis donc pas en mesure d’interpréter d’éventuels coups de billards à plusieurs bandes ou de volontés cachées. Pour autant, tel que présenté précédemment et au vu du contexte actuel, il ne me semble pas déraisonnable de chercher à optimiser le fonctionnement de ce service public en s’attaquant aux doublons de structure, de bureaux, bref en cherchant à mutualiser les frais fixes.

Pourquoi s’arrêter en si bon chemin diront certains ? Bonne question en effet.
Au-delà des doublons de structure, n’existe-t-il pas des doublons au sein même des chaînes ou des radios, en termes de programmes, de public visé, de positionnement ? Plus que des rapprochements, des fusions ne seraient-elles pas envisageables afin de rationaliser l’organisation de ces entreprises ?

Et si l’on allait encore plus loin ?
L’ensemble de ces sociétés ont-elles réellement vocation à être publiques ? L’État a-t-il vraiment besoin de contrôler autant de médias publics ? Mieux, est-ce véritablement son rôle ? S’il est notamment dans ses prérogatives de garantir le pluralisme, celles-ci ne pourraient-elles pas être mises en œuvre au travers d’organismes de contrôle ?

Indéniablement je crois que ces questions devraient faire l’objet d’un réel débat public, à la fois au Parlement et plus largement au sein de la société, en mettant sur la table l’ensemble des éléments à considérer : financement, participation aux efforts d’économies, parts de marché, concurrence des plateformes en ligne … Cela afin que la question de la privatisation soit abordée, débattue et tranchée démocratiquement.