mercredi 24 février 2010

L'Etat a-t-il vocation à posséder des groupes industriels ?

Récemment, deux affaires ont suscité l'engouement des médias et la colère des français. Il s'agit de la polémique autour du lieu de production de la Clio IV et de la grève des raffineries Total. Le gouvernement a, semble-t-il, réussi à faire reculer le patronat puisqu'une solution de sortie de crise a pu être trouvée dans les deux cas. Néanmoins, il y fort à parier que l'on entendra à nouveau parler de ces histoires très prochainement car, selon moi, les réponses apportées ne sont que temporaires et incomplètes. Elles auront autant d'effets que si l'on essayait d'éteindre un incendie avec un tuyau d'arrosage : apparemment efficace à court terme mais dévastateur sur la durée.
Le point commun entre ces sociétés est qu'elle était toutes deux propriétés de l'Etat à un moment de leur histoire. Ainsi, Renault est devenu une société anonyme en 1990 avant de passer réellement dans le privé en 1996.
Aujourd'hui, ces groupes réalisent des bénéfices importants et, dans le même temps, limitent peu à peu leurs activités en France. Certains regrettent que ceux-ci ne soient plus détenus par l'Etat français, ce qui aurait permis de maintenir les emplois en France et de bénéficier de dividendes substantiels. Pour autant, cela pose la question du rôle de l'Etat. L'Etat doit-il, a-t-il la légitimité pour posséder des sociétés ?
 
Cette interrogation dépend en réalité de la conception que l'on a de l'Etat. En effet, un adepte du communisme pur et dur serait partisan de la nationalisation d'une partie des entreprises. Au contraire, un individu fortement porté sur l'idéologie libérale et adepte d'une intervention minimale de la force publique rejetterait en bloc cette idée et souhaiterait, à l'opposé, son désengagement par la cession de ses participations actuelles. Le constat est peut-être légèrement caricatural mais je pense ne pas être loin de la vérité.
 
Pour ma part, je répondrais oui et non à la question posée précédemment. Je crois effectivement à l'intervention de l'Etat dans l'économie mais encore faut-il que celle-ci soit justifiée. Selon moi, l'Etat doit veiller à la défense de l'intérêt général et au respect de nos valeurs. Le bien fondé de la détention de groupes industriels relève donc des raisons et des objectifs qui sont avancés. Ainsi, je me positionne en faveur du maintien des services publics avec une possession et une gestion de l'Etat à 100 %.
 
Cela soulève alors la difficulté de la définition que l'on donne aux services publics. En effet, plus celle-ci sera large et intégrera de champs de compétences, plus il sera possible de légitimer la nationalisation d'une multitude de sociétés. L'inverse étant également vrai.
Actuellement, les services publics français recouvrent un certain nombre de domaines avec, entre autres, l'éducation, la santé ou encore la distribution du courrier. Je crois que ceux-ci doivent rester dans le giron de l'Etat, quoi qu'en pensent l'Union Européenne et le gouvernement en place. Toutefois, cela n'exclut en aucun cas leur modernisation.
 
Malgré tout, cela me semble insuffisant. Aujourd'hui, certains secteurs d'activité sont devenus stratégiques. Je pense notamment aux secteurs de l'eau ou de l'énergie qui représentent un enjeu majeur pour les générations à venir. De plus, l'accès au gaz ou à l'électricité constitue un privilège dont chacun devrait pouvoir se prévaloir. C'est pourquoi je suis persuadé que la privatisation progressive d'EDF et de GDF est une très grave erreur que l'on regrettera à terme. Si j'osais, je pourrais même parler de haute trahison mais cela serait peut-être exagéré encore que … Il me semble donc urgent de renationaliser ces sociétés afin que l'Etat puisse agir sur les tarifs et les conditions d'exploitation. Ainsi, un arrêt immédiat du développement à l'étranger et la cession des filiales hors du territoire national permettrait de dégager  rapidement de la trésorerie qui pourrait être réinvestie dans des projets plus intéressants pour tous. De fait, comment peut-on accepter que les prix de l'énergie augmentent dans le but de financer le rachat de centrales nucléaires en Grande-Bretagne ?
 
Malgré tout, je sais qu'il ne fait pas rêver. Les actionnaires de ces groupes ne se laisseraient pas déposséder de leur bien, l'oligarchie Bruxelloise ne tolèrerait pas une telle atteinte à leurs chers principes mais surtout nos dirigeants n'auraient pas le courage politique de prendre des mesures de cette envergure.

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