samedi 23 octobre 2010

Transparence en politique : une utopie ?

Même aux États-Unis, c'est du jamais vu ! Meg Whitman, l'ex-patronne d'eBay qui brigue le poste de gouverneur de Californie, a dépensé 142 millions de dollars de sa fortune personnelle pour sa campagne. Et ce n'est pas fini, car les élections ne se tiendront que le 2 novembre. Son adversaire démocrate, Jerry Brown, n'a déboursé, lui, qu'une pauvre dizaine de millions.
C'est devenu une habitude. Chaque élection américaine établit un nouveau record de dépenses. Mais jusqu'ici au moins, on savait à peu près d'où venaient les fonds. Pas cette année. La grande nouveauté de ces élections, ce sont les énormes sommes qui viennent de donateurs anonymes. En janvier, la Cour suprême a statué que les entreprises, les syndicats et tous les groupes d'intérêt avaient le droit de verser des contributions politiques d'un montant illimité, sans dévoiler l'identité des donateurs. Résultat, toutes sortes de milliardaires, magnats du pétrole, patrons du BTP et autres gros industriels se sont mis à financer une multitude de groupes d'intérêt.
Source : lepoint.fr
 
Deux éléments ont attiré mon attention dans cet article du point. Le premier concerne bien évidemment la démesure des sommes en jeu. Il s'agit là d'une spécificité américaine dont nous sommes, heureusement, épargnés. Ce qui me choque le plus dans cette histoire est que cette femme dépense des millions uniquement pour une élection. Il me semble bien que le caractère politique est mis de côté tant on insiste sur l'aspect marketing. La personnalité est ainsi présentée comme un produit qu'il faut vendre aux électeurs. 
Pour le moment, ce phénomène est limité de notre côté de l'Atlantique mais celui-ci tend à se développer, transformant la politique en peoplitique. 
 
Le second élément est relatif à l'anonymat des donateurs. A cette occasion, je crois qu'il faut distinguer les "donateurs particuliers" des "donateurs institutionnels". Ainsi, il ne me semble pas anormal d'accorder un traitement différent selon qu'il s'agisse d'un ménage ou d'une entreprise. En effet, on peut comprendre qu'un individu ne souhaite pas voir divulguer sur la place publique le fait qu'il fasse des dons à telle ou telle formation politique dans la mesure où cela pourrait lui être préjudiciable, notamment au niveau professionnel.
En revanche, il me semble impératif que les citoyens sachent, ou tout du moins puissent savoir, qu'une entreprise finance un parti. Cela se justifie simplement pour des raisons de transparence afin de prévenir d'éventuels conflits d'intérêts ou de quelconques régimes de faveur.
 
La transparence. Une notion utilisée à toutes les sauces dans les discours mais peu mise en pratique dans les actes. Chacun souhaite son respect mais personne ne veut se l'appliquer. La transparence fait peur car elle oblige à une certaine rigueur et surtout à une application sans faille des règles, ce qui reconnaissons-le n'est pas forcément le fort de l'intégralité de notre classe politique. On voit d'ailleurs tout le mal que connaît René Dosière (député PS de la 1ère circonscription de l'Aisne) afin d'obtenir des données et  informations fiables sur les dépenses publiques.
 
Même si la France rencontre quelques difficultés en ce domaine, il apparaît que d'autres pays se distinguent par leur bonne conduite. Je pense notamment à la Suède qui, en la matière, est à des années lumière de notre nation. En effet, dans cet Etat nordique, les personnalités politiques (ministres, députés ...) ont un train de vie que l'on jugerait ici inadapté. Ainsi, leurs salaires sont moindre et il est inconcevable que ceux-ci puissent bénéficier d'un logement de fonction, d'un véhicule avec chauffeur ou qu'ils utilisent l'argent du contribuable à des fins privées ou non justifiées par leur fonction. D'ailleurs, les dépenses de chacun d'entre eux, et notamment leurs notes de frais, sont tenues à disposition de tout citoyen qui peut y avoir librement accès.
 
Pour en arriver là, la France a du chemin à parcourir. Cela ne se fera pas un jour mais il me semble nécessaire d'agir dès maintenant pour aller dans le sens de plus de transparence. Celle-ci permettra de renforcer notre démocratie mais également de contribuer à réduire les dépenses publiques en responsabilisant nos responsables politiques.
Cette transparence doit bien évidemment être appliquée au sommet de l'Etat mais pas seulement. Chaque échelon de notre organisation territoriale, chaque responsable politique et plus largement toute entité ayant recours à des fonds publics doit être capable de rendre des comptes devant les citoyens.
Cela doit également être le cas des partis, mouvements et autres formations politiques dans la mesure où ils bénéficient de l'argent des contribuables. Cela est d'autant plus important que l'on a vu durant l'été, avec l'affaire Woerth-Bettencourt, que le financement des campagnes électorales est parfois très opaque ...

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