vendredi 5 octobre 2012

1972 - 2012 : 40 ans pour normaliser le FN ?

Le 5 octobre 1972, Jean-Marie Le Pen, avec d'autres, fondait le Front National pour l'Unité Française (FNUF).
Depuis, de nombreux bouleversements sont intervenus dans l'histoire du parti : entrée à l'Assemblée Nationale, conquête de mairies, départ de Bruno Mégret ... Bref, le FN d'hier n'est pas le FN d'aujourd'hui. Et cela est d'autant plus vrai que Marine que n'est pas Jean-Marie.
 
Le 16 janvier 2011, Marine Le Pen est élue présidente du parti. La fille succède donc à son père en l'emportant face à Bruno Gollnisch avec 67,75 % des voix. Pour certains, il s'agit d'un renouveau au sein du parti, pour d'autres ce n'est qu'une sombre histoire de népotisme. Et pourquoi pas les deux ? Une sorte de changement dans la continuité comme dirait Valéry Giscard d'Estaing.
 
Depuis sa prise de fonctions, il est indéniable que Marine Le Pen, ou MLP pour les intimes, a impulsé un nouveau souffle au FN. Au moins sur la forme. Ainsi, celle-ci a mis davantage l'accent sur l'économie durant la campagne présidentielle aux dépens de la question de la sécurité et de l'immigration. De plus, un semblant de "purge" a été organisé avec l'expulsion de certains membres jugés indésirables (Alexandre Gabriac ...).
 
De par ces actions et son discours plus modéré, la fille Le Pen a su attiré autour d'elle des individus d'horizons divers (Florian Philippot, Gilbert Collard, Paul-Marie Coûteaux ...) qui lui ont permis de faire un pas supplémentaire vers la dédiabolisation du parti. De même, celle-ci a réussi à conquérir un nouvel électorat, notamment des jeunes, et surtout à susciter, au moins partiellement, un vote d'adhésion et non plus seulement de contestation.
 
Alors cela veut-il dire que le FN nouveau est arrivé ? Pas vraiment en réalité. Certes des progrès sont à noter sur la forme mais le fond des choses ne diffère finalement que peu, avec des changements à la marge surtout en termes de communication.
En fait, je crois que le Front National est une structure complexe qui doit être appréhendée dans son ensemble pour en saisir tous les tenants et aboutissants. Or c'est justement ce travail qui manque à certains et qui les conduit alors à tenir un jugement partiel et parcellaire.
 
En premier lieu, il est clair que la direction du parti est bicéphale. Marine Le Pen et son père sont en réalité les acteurs d'un jeu de rôle à deux. Le bon et le méchant flic en quelque sorte. Pour faire simple, Marine cherche à séduire de nouveaux électeurs, à les rassurer sur ses intentions alors que son père vise lui à conserver les bases du parti, c'est à dire les franges les plus extrémistes. A eux deux,  l'objectif est donc clairement de ménager la chèvre et le chou, ou autrement dit à conquérir de nouveaux marchés sans délaisser les débouchés existants.
 
Ensuite, je crois qu'il faut dissocier les dirigeants des adhérents. Les Le Pen et autres historiques du parti mis à part, les nouveaux arrivants sont issus de courants de pensée différents et ont un objectif clairement défini : arriver au pouvoir. Cela explique d'ailleurs la nouvelle organisation et en particulier cette volonté d'implantation locale avec les municipales en ligne de mire.
S'agissant des adhérents, on peut distinguer un avant et après Marine. Malgré les dires de certains, le FN est toujours composé d'extrémistes en tout genre : catholiques intégristes, skinheads ... La purge initiée, certes réelle, a essentiellement été un chiffon rouge, un coup de communication pour signifier le changement. Pour s'en convaincre il suffit de se rendre dans les fédérations locales et d'écouter les conversations des militants. A la fois instructif et effroyable. Cela étant, une nouvelle vague d'adhérents est arrivée avec l'élection de Marine Le Pen et la présidentielle. Plus modérés et moins arc-boutés sur l'immigration, ces militants sont souvent des jeunes qui découvrent la politique et ont voté pour la première fois en 2012. 
 
Enfin, une analyse du programme politique, c'est à dire le fond des choses, semble inévitable. Reconnaissons que, contrairement à son père et son projet de 2007, Marine Le Pen prône un interventionnisme d'état, une régulation en matière économique ... Pour autant, si les années passent les antiennes du FN restent. Le concept de préférence nationale est clairement réaffirmé, l'immigration - et son corollaire- l'insécurité constitue toujours un des principaux chevaux de bataille. De même, le rejet de l'étranger est encore présent même si le musulman a peu à peu remplacé le juif, la lutte contre l'islamisme (l'Islam ?) ayant pris le pas sur le reste.
 
En définitive si le FN semble avoir évolué depuis plusieurs mois, il apparaît que ce changement est essentiellement de façade, si ce n'est un leurre. Malgré la montée en puissance de Marine, l'ombre de Jean-Marie Le Pen plane toujours sur le parti. Et cela d'autant plus que c'est lui qui tient les cordons de la bourse donc de la vie. Si l'on peut effectivement concéder que des changements sont intervenus, il n'en reste pas moins que les fondamentaux d'hier sont toujours d'actualité.
 
Bien que je pense que ma relation au FN soit claire pour mes lecteurs réguliers, je tiens une nouvelle fois à rappeler ma position sur le sujet. Notamment en raison des rumeurs qui circulent actuellement sur un hypothétique rapprochement en le Front National et Debout La République de Nicolas Dupont-Aignan.
Effectivement, il existe des convergences entre mes opinions et les positions du FN au niveau économique (régulation et intervention de l'Etat, protectionnisme ...).
En revanche, je m'oppose formellement à certaines idées défendues par ce parti. Je pense notamment au lien systématique entre immigration et insécurité, à la préférence nationale qui me semble être une ineptie ou encore aux prises de position sur les thèmes de société (IVG, euthanasie ...).
En conséquence, et pour toutes ces raisons, il est donc totalement exclu pour moi de voter pour le Front National, que ce soit à des élections nationales ou locales.

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