Si la Grèce a toujours été réputée pour ses tragédies, il semblerait bien
que la tradition se perpétue encore au XXIème siècle. Et ce n'est
pas Alexis Tsipras, le premier ministre grec, qui me contredirait. Car c'est bien
lui et son gouvernement qui sont au cœur de l'actualité de ces dernières
semaines. Un vrai feuilleton à rebondissements avec juste ce qu'il faut de
suspense et de tension.
Un nouvel épisode se jouera d'ailleurs dimanche avec la consultation du
peuple grec par référendum. Je ne reviendrais pas sur le déroulé des évènements
tant ils ont été nombreux. Cela étant,
il me semble important de s'attarder quelque peu sur les réactions suite à
l'annonce de ce vote.
La victoire de Syriza en janvier
dernier avait été accueillie de manière diverse, les uns avec méfiance, les
autres, dont moi-même, avec une certaine bienveillance. Bien que ne partageant
pas l'ensemble des positions d'Alexis Tsipras, je pensais que son accession au
pouvoir était une bonne chose pour la Grèce mais également pour toute l'europe.
Et finalement, malgré un parcours parfois chaotique, il semblerait que je ne me
sois pas trompé.
Indéniablement Tsipras n'est pas parfait et certaines choses auraient pu
être faites différemment. Mais il faut toutefois reconnaitre à l'homme sa pugnacité
et sa détermination. Si certains estiment qu'il n'est pas allé assez loin, nul
ne peut contester sa volonté de négociation voire d'affrontement. Et c'est
peut-être cela finalement qui surprend. Car oui Alexis Tsipras fait de la
politique. Oui il ose dire non à l'austérité imposée. Oui il n'hésite pas à
tenir tête à Angela Merkel.
Et j'en suis d'ailleurs le premier satisfait. Pendant trop longtemps les
dirigeants européens et notamment français (Hollande comme Sarkozy) ont fait
mine de vouloir se rebeller face à l'Allemagne mais se sont finalement soumis à
la première semonce de la chancelière. Il s'agissait là clairement d'une erreur
qui a conforté Merkel dans sa suprématie, et ce aux dépens de l'ensemble des
peuples d'europe.
On peut alors aujourd'hui comprendre l'émoi suscité dans les hautes sphères
par le premier ministre grec qui vient troubler l'ordre établi. Et il n'est
donc pas illogique que Tsipras se retrouve isolé sur la scène internationale,
banni honteusement par ses homologues européens. Pour autant, isolé ne veut pas
dire seul et un mouvement de soutien s'est rapidement constitué, et ce bien au-delà
de la Grèce. Récemment, Paul Krugman et Joseph Stiglitz, deux Prix Nobel
d’économie, ont ainsi pris clairement et
fermement position en faveur d’Alexis Tsipras et appellent même à voter
"Non".
Une fois n'est pas coutume, c'est de la commission européenne et de l'Allemagne
que sont venues les principales attaques. Et celles-ci ont clairement redoublé
depuis l'annonce du référendum. Ainsi, pour Jean-Claude Juncker, président
non-élu de la commission, "un non
des Grecs au référendum serait interprété comme un non à la zone euro, un non à
l’europe". De là à y voir une grossière manipulation … Car n'oublions
pas que l'union européenne (28 pays) n'est pas la zone (18 pays). Et l'UE n'a
pas attendu l'euro pour exister. La coopération entre nations européennes
existait avant l'euro et perdurera bien après.
Mais toute la problématique est de bien savoir de quoi on parle
aujourd'hui. Et en cela Nicolas Sarkozy a été on ne peut plus clair : "la question n'est plus comment sauver
la Grèce mais comment sauver la zone euro". Finalement ce n'est pas
tant la Grèce qui intéresse nos dirigeants mais davantage le maintien de leur
système. Et lorsque l'on parle de plan d'aide, il ne s'agit pas de soutenir
mais les grecs mais de venir au secours des établissements financiers qui ont
prêté à la Grèce. Et tout cela en demandant au peuple de se serrer la ceinture
évidemment.
Alors que se passera-t-il dans le futur ?
Bien malin qui pourrait répondre à cette question aujourd'hui. Car la
situation évolue chaque jour en fonction des prises de position de chacun. A
mon sens, et pour simplifier, deux issues sont possibles. Soit Tsipras perd son pari, démissionne et
sera remplacé par des technocrates qui se soumettront à la cure d'austérité de
la Troïka. Cela reviendrait alors à tourner la page Syriza et à revenir au
passé.
Soit Tsipras obtient le soutien de son peuple et peut continuer à mener la
fronde. Il reviendra alors à ses opposants de prendre leurs responsabilités en
se remettant à la table des négociations, ce qui semble difficile à l'heure
actuelle, ou bien en excluant le pays de la zone euro. La Grèce recouvrant
alors sa pleine et entière souveraineté monétaire.
Quelle que soit l'issue du problème, le cas de la Grèce aura permis de
révéler à nouveau au grand jour le vrai visage des institutions européennes : austéritaires, libérales, antidémocratiques. Initialement
économique, la situation est devenue clairement politique avec un affrontement
idéologique entre souverainistes et mondialistes au milieu duquel le peuple se
trouve pris au piège …
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