Alors
que je me réjouissais il y a quelques semaines d'un possible rassemblement des républicains des deux rives,
je ne pouvais qu'approuver la présence de Jean-Pierre Chevènement à l'université d'été de Debout la France, le parti présidé
par Nicolas Dupont-Aignan.
Mieux
encore, dans un entretien avec le Journal du Dimanche (JDD), ce même
Chevènement nous expliquait préparer un colloque sur "l'europe et la
souveraineté" avec des invités divers et variés tels que
Jean-Luc Mélenchon, Arnaud Montebourg, Nicolas Dupont-Aignan ou encore Michel
Onfray et Régis Debray. Bref des personnalités de sensibilités différentes mais
ayant des positions communes sur le système européen actuel.
Évidemment la tâche est ardue tant elle semble à contre-courant de la logique des choses. De
fait, réunir des gens d'horizons multiples paraît une aberration pour les défenseurs acharnés du
clivage gauche-droite. Chacun chez soi et les moutons seront bien gardés comme
dit le fameux adage.
Mais un
tel mode de pensée est-il encore réaliste ? Le monde n'a-t-il pas évolué pour
que nous restions enfermés dans un tel schéma ? Ce clivage n'est-il pas
finalement trop simple, pour ne pas dire simpliste ?
Personnellement
j'en suis convaincu. La ligne de fracture n'est plus aujourd'hui entre droite
et gauche, entre PS et LR. Il n'y a qu'à voir avec quelle facilité la politique
économique de François Hollande s'inscrit dans la continuité de celle de son prédécesseur.
Les effets d'annonce et autres efforts de communication pour entretenir une
opposition de façade ne font évidemment pas le poids face à la réalité des
faits. Les gouvernements passent mais rien ne change vraiment car les
fondamentaux perdurent : soumission à l'Allemagne et à l'europe libérale.
Et
c'est justement autour de cet aspect que tend de plus en plus à s'articuler la
vie politique française. Et peu à peu on voit apparaître et se développer une divergence réelle et
profonde entre fédéralistes, partisans d'une intégration européenne plus
poussée et souverainistes, osons le mot, adeptes d'une europe des nations
respectueuse des peuples et de la démocratie.
En
adoptant ce point de vue, on retrouve (en caricaturant quelque peu et à des
degrés différents) d'un côté EELV, PS, Modem, UDI, LR et de l'autre PG, MRC,
DLF, FN.
Ces convergences s'exprimant parfaitement
dans les votes au parlement européen ainsi que lors des dernières campagnes
référendaires (Maastricht en 1992, TCE en 2005), le projet de meeting commun de
Jean-Pierre Chevènement n'apparait alors peut-être pas si utopique que cela. Cela
pourrait même sembler de bon sens pour certains, dont je fais d'ailleurs
partie, que de chercher à rassembler ou tout du moins à réunir, même
ponctuellement, les défenseurs de la souveraineté nationale.
Cela
n'est visiblement pas le cas pour Jean-Luc Mélenchon qui a refusé l'invitation
dans une lettre à Jean-Pierre Chevènement publiée sur son blog. Bien qu'ayant de la
sympathie pour le personnage, je dois reconnaître avoir été déçu par ce refus. Déception
d'autant plus importante suite à ses récentes prises de conscience sur l'euro
et la nation. Et pourtant sa réaction n'est finalement pas surprenante. Je
dirais même plus qu'elle était prévisible au vu de ses antécédents. Car ce
n'est pas la première fois, et probablement pas la dernière, que Mélenchon fait
preuve de sectarisme comme je l'avais évoqué précédemment. Celui-ci refuse donc
à nouveau le dialogue avec d'autres avec pour seul prétexte qu'ils ne sont pas
de gauche. Privilégiant encore et toujours ce vieux clivage, Mélenchon
s'enferme dans sa case de gôche, jetant l'anathème sur de potentiels
partenaires qui partagent sa vision de l'europe. A l'inverse, cela ne le gêne
en aucune manière de faire alliance avec les écologistes fédéralistes et les
socialistes austéritaires. Allez comprendre …
Indéniablement
Mélenchon, Montebourg, Chevènement et Dupont-Aignan ne partagent pas la
totalité de leurs propositions respectives. Cela étant, il existe clairement
entre eux des convergences sur l'europe, l'austérité, la souveraineté
nationale. Convergences d'autant plus importantes entre les deux derniers.
L'objectif
de cette rencontre n'est pas d'aboutir à une alliance électorale mais bien que
chacun, avec sa sensibilité et son parcours, expriment et partagent son point
de vue sur un sujet crucial pour notre avenir : l'europe et la souveraineté. Il
est donc dommage que Mélenchon persiste dans son sectarisme et n'arrive pas à
sortir de ce mortifère entre-soi.
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