mercredi 2 septembre 2015

Mélenchon ou l'irréductible défenseur de l'entre-soi

Alors que je me réjouissais il y a quelques semaines d'un possible rassemblement des républicains des deux rives, je ne pouvais qu'approuver la présence de Jean-Pierre Chevènement à l'université d'été de Debout la France, le parti présidé par Nicolas Dupont-Aignan.

Mieux encore, dans un entretien avec le Journal du Dimanche (JDD), ce même Chevènement nous expliquait préparer un colloque sur "l'europe et la souveraineté" avec des invités divers et variés  tels que Jean-Luc Mélenchon, Arnaud Montebourg, Nicolas Dupont-Aignan ou encore Michel Onfray et Régis Debray. Bref des personnalités de sensibilités différentes mais ayant des positions communes sur le système européen actuel.

Évidemment la tâche est ardue tant elle semble à contre-courant de la logique des choses. De fait, réunir des gens d'horizons multiples paraît une aberration pour les défenseurs acharnés du clivage gauche-droite. Chacun chez soi et les moutons seront bien gardés comme dit le fameux adage.

Mais un tel mode de pensée est-il encore réaliste ? Le monde n'a-t-il pas évolué pour que nous restions enfermés dans un tel schéma ? Ce clivage n'est-il pas finalement trop simple, pour ne pas dire simpliste ?

Personnellement j'en suis convaincu. La ligne de fracture n'est plus aujourd'hui entre droite et gauche, entre PS et LR. Il n'y a qu'à voir avec quelle facilité la politique économique de François Hollande s'inscrit dans la continuité de celle de son prédécesseur. Les effets d'annonce et autres efforts de communication pour entretenir une opposition de façade ne font évidemment pas le poids face à la réalité des faits. Les gouvernements passent mais rien ne change vraiment car les fondamentaux perdurent : soumission à l'Allemagne et à l'europe libérale.

Et c'est justement autour de cet aspect que tend de plus en plus à s'articuler la vie politique française. Et peu à peu on voit apparaître et se développer une divergenceelle et profonde entre fédéralistes, partisans d'une intégration européenne plus poussée et souverainistes, osons le mot, adeptes d'une europe des nations respectueuse des peuples et de la démocratie.
En adoptant ce point de vue, on retrouve (en caricaturant quelque peu et à des degrés différents) d'un côté EELV, PS, Modem, UDI, LR et de l'autre PG, MRC, DLF, FN.


Ces convergences s'exprimant parfaitement dans les votes au parlement européen ainsi que lors des dernières campagnes référendaires (Maastricht en 1992, TCE en 2005), le projet de meeting commun de Jean-Pierre Chevènement n'apparait alors peut-être pas si utopique que cela. Cela pourrait même sembler de bon sens pour certains, dont je fais d'ailleurs partie, que de chercher à rassembler ou tout du moins à réunir, même ponctuellement, les défenseurs de la souveraineté nationale.

Cela n'est visiblement pas le cas pour Jean-Luc Mélenchon qui a refusé l'invitation dans une lettre à Jean-Pierre Chevènement publiée sur son blog. Bien qu'ayant de la sympathie pour le personnage, je dois reconnaître avoir été déçu par ce refus. Déception d'autant plus importante suite à ses récentes prises de conscience sur l'euro et la nation. Et pourtant sa réaction n'est finalement pas surprenante. Je dirais même plus qu'elle était prévisible au vu de ses antécédents. Car ce n'est pas la première fois, et probablement pas la dernière, que Mélenchon fait preuve de sectarisme comme je l'avais évoqué précédemment. Celui-ci refuse donc à nouveau le dialogue avec d'autres avec pour seul prétexte qu'ils ne sont pas de gauche. Privilégiant encore et toujours ce vieux clivage, Mélenchon s'enferme dans sa case de gôche, jetant l'anathème sur de potentiels partenaires qui partagent sa vision de l'europe. A l'inverse, cela ne le gêne en aucune manière de faire alliance avec les écologistes fédéralistes et les socialistes austéritaires. Allez comprendre …

Indéniablement Mélenchon, Montebourg, Chevènement et Dupont-Aignan ne partagent pas la totalité de leurs propositions respectives. Cela étant, il existe clairement entre eux des convergences sur l'europe, l'austérité, la souveraineté nationale. Convergences d'autant plus importantes entre les deux derniers.

L'objectif de cette rencontre n'est pas d'aboutir à une alliance électorale mais bien que chacun, avec sa sensibilité et son parcours, expriment et partagent son point de vue sur un sujet crucial pour notre avenir : l'europe et la souveraineté. Il est donc dommage que Mélenchon persiste dans son sectarisme et n'arrive pas à sortir de ce mortifère entre-soi.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire