2024 aura indéniablement été une année particulièrement agitée, notamment en matière politique avec l’ensemble des rebondissements que chacun connait. Une année qui sera sans doute à marquer d’une pierre blanche (ou noire selon les opinions).
Mais l’idée n’est pas ici d’en faire un quelconque bilan, encore qu’il y aurait bien des choses à dire. Pour autant, l’année qui vient de s’écouler aura mise en lumière différents acteurs politiques qui auront très probablement un rôle majeur à jouer à l’avenir. Parmi ceux-ci figure en particulier l’actuel président du Rassemblement National, Jordan Bardella. 2024 aura été pour lui un véritable ascenseur émotionnel, l’emmenant d’une victoire aux élections européennes de juin à la possibilité, avortée, de devenir premier ministre en passant par la sortie de son premier livre, pour finir par une 10ème place (et 1ère figure politique) du top 50 des personnalités préférées des Français publié par le JDD.
Et c’est justement sur ce livre, intitulé ce que je cherche, que je souhaitais revenir aujourd’hui. Étant davantage éloigné de l’actualité politique que par le passé, je reconnais ne pas bien connaître Jordan Bardella et n’avoir jamais regardé une de ses interventions télévisées. La sortie de ce livre, couplée aux évènements de 2024, aura donc représentée l’occasion de m’intéresser davantage au personnage. Car comme je l’indiquais précédemment, il est fort probable que celui-ci continue son ascension dans la vie politique française. Et ce à plus ou moins courte échéance dans la mesure où le dauphin officiel de Marine Le Pen pourrait être amené à la suppléer plus rapidement que prévu en cas de condamnation dans son procès relatif aux assistants parlementaires européens du FN/RN.
Et c’est d’ailleurs à Marine Le Pen qu’est consacré, de manière symbolique, le dernier chapitre du livre. Quelques pages qui retracent l’évolution du tandem depuis leur rencontre en 2016 jusqu’à leurs relations actuelles et qui montrent notamment la relation de confiance et de respect qui existe entre les deux protagonistes. L’objectif étant clairement de réfuter les doutes émis quant à leur duo mais également les velléités de potentiel matricide qui seraient les siennes. Bien évidemment cela n’assure en rien de sa sincérité et peut ne révéler que d’un coup de communication mais ne pas le réaffirmer ici aurait été une erreur. Méfiance dirons toutefois certains lorsque l’on connait le sort réservé par le passé aux numéros 2 du FN …
S’agissant du parti justement, il n’en est finalement que peu question en tant qu’organisation politique dans la mesure où le livre se veut davantage personnel. La seconde partie de l’ouvrage est ainsi largement consacrée à son passé, sa jeunesse et son ascension progressive depuis son engagement suite au débat Marine Le Pen/Jean-Luc Mélenchon du 23 janvier 2012 sur France 2 à sa candidature comme tête de liste aux européennes de 2019 à 23 ans en passant par son passage comme dirigeant de la branche jeune du parti.
La carte du témoignage personnel est ici ouvertement jouée lorsqu’il est question de son prénom, du lien avec son origine sociale et surtout des difficultés que cela représente de le porter, en particulier dans des milieux politiques plutôt aisés. Il est d’ailleurs plusieurs fois question de sa jeunesse passée dans une cité de saint Denis avec la présence de trafics, de violence … L’idée est indéniablement de mettre en avant ses origines populaires pour se distinguer des autres dirigeants politiques.
Plus encore, et l’objectif du livre étant là, cette partie vise à distiller ci et là confidences et anecdotes personnelles pour fendre l’armure et humaniser le personnage. Ainsi en est l’expression de ses doutes sur sa capacité à réussir, à ne pas décevoir, sur sa légitimité. Mais également sur les sacrifices de la politique, le sacerdoce que cela représente ainsi que la dureté et la violence des campagnes politiques.
Mais bien qu’il ne s’agisse pas d’un livre programmatique au sens strict du terme, Jordan Bardella en profite malgré tout pour distiller quelques éléments structurants de sa pensée : récompense du travail, lutte contre l’insécurité et l’immigration, défense du pouvoir d’achat, soutien à la filière nucléaire, promotion de la souveraineté nationale, rejet du wokisme … Des idées généralement associées à la droite dont il se revendique plutôt ouvertement au demeurant, contrairement à Marine Le Pen qui défend un positionnement ni gauche, ni droite. Il évoque d’ailleurs la nécessité de rassembler classes populaires et bourgeoisie conservatrice, à l’instar de Nicolas Sarkozy en 2017. Sur le même registre, il évoque Eric Zemmour pour le cataloguer comme trop radical, trop excessif, trop caricatural et doute de sa capacité à devenir un homme d’État. Enfin et pour enfoncer le clou, plusieurs charges véhémentes sont portées à l’encontre de Mélenchon et LFI.
Évidemment d’autres aspects sont évoqués au cours des quelques 300 pages : campagne des européennes et législatives, préparation en vue de la constitution d’un gouvernement de cohabitation, résultats du second tour des législatives et tentatives d’explications de l’échec (alliance macronistes/NFP avec des retraits au profit de l’autre, candidatures problématiques avec buzz médiatiques, mobilisation des médias pour chercher la moindre erreur), abandon du monde rural …
Alors au final, on achète ou pas ?
Déjà fait pour ma part. Plus sérieusement, ce livre me parait plutôt intéressant dans la mesure où il allie témoignages personnels et aspects plus idéologiques. Bien évidemment il s’agit d’une opération de communication/séduction visant à mettre en lumière l’auteur et à donner une image positive et affable, pour ne pas dire de gendre idéal. Et sur ce point l’objectif est rempli.
Sera-ce suffisant pour s’affranchir de l’étiquette d’extrême droite et séduire un électorat plus large ? Réponse lors des prochaines élections mais sans aucun doute c’est ce que cherche à faire Jordan Bardella.
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