vendredi 1 juin 2012

Hollande et la Syrie : des prises de position encourageantes

Outre l'économie, les affaires étrangères constituaient un sujet sur lequel j'avais quelques a priori sur François Hollande.  Et la nomination de Laurent Fabius au poste de ministre ne m'a guère rassurée. J'aurais d'ailleurs préféré, comme dans d'autres domaines, la présence d'une personnalité plus jeune et moins "usée".
 
Mais comme je l'ai exprimé à plusieurs reprises, je me fierai davantage, pour le quinquennat à venir, aux actes qu'aux paroles. Et pour le moment je dois reconnaître être assez agréablement surpris par le nouveau président de la République. Plus que sa prestation au G8 ou ses annonces sur l'Afghanistan, ce sont ses positions vis-à-vis de la Syrie qui m'intéressent aujourd'hui.
 
En ce sens, deux évènements récents sont à prendre en compte. Le premier est bien évidemment la décision d'expulser l'ambassadrice de Syrie, de manière concertée avec d'autres nations (Australie, Angleterre, Italie, Espagne, Canada ...). Le second a trait à l'interview accordé par François Hollande où il indiqué de pas exclure une intervention armée sous mandat de l'ONU. Ces deux faits montrent donc que Flamby est bel et bien mort et enterré et que le nouveau chef de l'Etat a la capacité de représenter notre pays sur la scène diplomatique.
 
Mais revenons-en à la Syrie. Cela fait maintenant de nombreux mois que ce pays est plongé dans un conflit meurtrier entre le pouvoir en place de Bachar el-Assad et un mouvement révolutionnaire disparate. Malgré les pressions de la communauté internationale et l'élaboration d'un plan de sortie de crise par Kofi Annan, la situation ne fait qu'empirer au fur et à mesure du temps. Accroché à son trône, le "lion de Damas" enchaîne les tueries et massacre sans vergogne son peuple. C'est d'ailleurs le bain de sang de Houla, causant la mort de 108 personnes dont  49 enfants, qui a déclenché la vague d'expulsion des diplomates syriens.
 
Il est de coutume de dire que l'Histoire ne se répète jamais. Or, dans ce cas, il apparaît malgré tout de fortes similitudes avec une précédente affaire. Je pense bien évidemment au conflit de la Libye d'il y a peu. Comme pour la Syrie, nous étions face à un dictateur qui massacrait consciencieusement son peuple. Comme pour la Syrie, suite aux printemps arabes, la population s'est révoltée contre le tyran. Comme pour la Syrie, la communauté internationale s'est insurgée contre ces boucheries incessantes. Comme pour la Syrie enfin, la Chine et la Russie ont soutenu le pouvoir en place.
 
Voila où nous en sommes aujourd'hui. Et si les étapes continuent à s'enchaîner, l'intervention militaire ne devrait plus tarder où tout du moins être sérieusement envisagée. Pour autant, et c'est ce qui explique la plus grande fermeté de la Russie, le cas de la Libye fait dorénavant jurisprudence. Soyons clair, une intervention étrangère en Syrie reviendrait in fine, comme en Libye d'ailleurs, à destituer Bachar el-Assad.
 
Plus que d'autres, les questions géopolitiques sont des sujets très sensibles et hautement stratégiques. Il convient donc de les traiter avec la plus grande prudence. Ces problématiques sont d'autant plus délicates qu'il est nécessaire d'arbitrer entre intérêt général et intérêts particuliers, entre pragmatisme et morale.
 
Dans le cas qui nous occupe la communauté internationale doit alors trancher entre la défense d'une population en péril et l'ingérence dans les affaires internes d'une nation souveraine. Le choix étant aujourd'hui clairement plus compliqué qu'hier dans la mesure où le renversement de Kadhafi n'est pas vraiment une réussite, notamment en ce qui concerne la suite des évènements.
 
Comme c'était le cas pour la Libye, le cas de la Syrie me laisse assez dubitatif. Fortement attaché à la souveraineté des nations, j'ai un peu de mal avec la notion de "droit d'ingérence". Pour autant, il paraît compliqué de rester de marbre face à la cruauté d'un dictateur.  L'équation est donc plus que complexe.
 
A titre personnel, je crois que la solution diplomatique doit être privilégiée au maximum. Dialogue et sanctions économiques doivent être les armes de la communauté internationale. En cas d'échec des mesures pacifiques, et uniquement à cette condition, le recours à une intervention militaire doit être discutée dans un contexte international sous mandat de l'ONU. Et par recours à la force j'entends évidemment des attaques ciblées aériennes. Cela exclut donc toute opération au sol et surtout toute distribution d'armes aux populations locales. Il n'a été de pire erreur dans l'affaire de la Libye que de fournir des armes à des civils. Armes qui se sont finalement retrouvées entre les mains de terroristes.
 
Quelle que soit la tournure que prendront les évènements, la crise libyenne constitue indéniablement un défi de très grande ampleur pour le gouvernement socialiste. On ne peut que souhaiter que les forces politiques de notre pays sauront faire bloc derrière le président comme cela avait été le cas avec Nicolas Sarkozy.
Sur certains sujets, il faut savoir dépasser les querelles partisanes pour défendre l'intérêt supérieur de la nation. Les questions de politique étrangère font parties de ceux-là. Espérons que nos gouvernants seront, pour une fois, à la hauteur de l'enjeu.

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