mercredi 14 novembre 2012

Conférence de presse : Hollande fait le job

C'était donc hier soir, à l'Elysée, que François Hollande a donné sa première conférence de presse semestrielle face à près de 400 journalistes réunions pour l'occasion. Après un discours "introductif" d'une quarantaine de minutes, sensé en durer 25, le président de la République s'est prêté au jeu des questions-réponses avec son auditoire.
 
Alors que retenir de ces deux heures et demie de conférence ?  En deux mots, je dirais rien et tout. A la fois tout sur la forme et rien sur le fond ou, plus exactement, pas grand chose. Certains trouveront que mon jugement est sévère mais je crois pourtant que celui-ci reflète malgré tout assez bien la situation.
 
Commençons tout d'abord par nous intéresser à la forme.
Salon de l'Elysée, la plupart des ministres présents, plusieurs centaines de journalistes. Voila à quoi François Hollande doit faire face, au sens propre comme au figuré. Cela n'est pas sans rappeler les conférences de presse de ses prédécesseurs. 
Si certains avaient encore des doutes sur la stature de François Hollande, je crois que ceux-ci seront levés suite à cette émission. En effet, j'ai trouvé Hollande assez convaincant et convaincu, plutôt serein et sûr de lui. Bref, je crois que le costume de président a clairement été revêtu par feu Flamby. A voir si cela tient sur la durée ...
 
Sur le fond maintenant, il apparaît qu'aucune nouvelle mesure n'a réellement été annoncée. Mais cela n'était pas l'objet de cette conférence de presse puisqu'il s'agissait de faire le point sur la situation actuelle et de réaffirmer le cap du gouvernement. Ce qui a été fait, je dois dire, avec brio.
Dans un premier temps, François Hollande a donc discouru face à son assemblée en rappelant principalement les réformes déjà entreprises (hausse du SMIC, retour de la retraite à 60 ans pour ceux ayant commencé à travailler tôt, rétablissement de l'ISF, baisse du salaire des ministres ...).
Par la suite, ce sont les journalistes présents qui ont pu poser leurs questions au président. Et, reconnaissons le, il y eut du bon et du moins bon. Voire même de l'anecdotique, pour ne pas dire du futile (présidence normale, réaction aux attaques de la presse,  côte de popularité ...).
 
En revanche, d'autres questions ont permis de clarifier certaines positions du chef de l'Etat. Et en particulier trois sur lesquelles j'aimerais revenir.
En premier lieu, François Hollande a réaffirmé son soutien à ses équipes et notamment au premier ministre Jean-Marc Ayrault et au ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, qui sont régulièrement au coeur de polémiques. Par ces quelques mots, finalement hautement symboliques, le président se pose en chef de meute, en leader et cherche à protéger ses troupes. Pour moi, il s'agit là d'une qualité pour un chef.
Ensuite, le chef de l'Etat a fait preuve de fermeté en matière de politique étrangère, s'agissant des dossiers Syrien, Malien ou Palestinien. Là encore, ces prises de position vise à renforcer l'autorité d'Hollande et donc à faire oublier l'image du chef de parti adepte du consensus mou. Si j'approuve pleinement les déclarations sur le Mali et la Syrie, je regrette quelque peu cette frilosité au sujet de l'adhésion de la Palestine à l'ONU.
Enfin, j'estime que l'attitude du président concernant le droite de vote des étrangers est à la fois appropriée et responsable. Certes, étant contre cette mesure, je ne peux que me réjouir de ce report mais je crois également que ses partisans devraient me rejoindre sur la question. Comme l'a très bien expliqué François Hollande soumettre un tel texte dans le contexte actuel serait une hérésie puisque celui-ci serait sans aucun doute rejeté. Il est donc préférable d'attendre des jours meilleurs, en l'occurrence après s'être assuré d'obtenir la majorité des 3/5 des voix du Parlement, avant de se lancer dans ce chantier.
 
Pour finir, il me semblait nécessaire de revenir sur les trois principaux défis annoncés par François Hollande, c'est à dire les trois principaux objectifs qui ont été fixés :
- réorienter l'europe (favoriser la croissance en parallèle de l'austérité et de la rigueur ...)
- oeuvrer au désendettement du pays (baisse des dépenses de 60 milliards d'euros en 5 ans et hausse des impôts)
- renforcer la compétitivité de notre économie (baisse du coût du travail...)
 
Au vu de ce programme, et François Hollande l'a reconnu lui-même, le PS ne constitue pas une alternative mais bel et bien une simple alternance à l'UMP.  De fait, il s'agit, peu ou prou, de la même politique menée par Nicolas Sarkozy entre 2007 et 2012. Hollande ne fait, finalement, que de s'inscrire dans les pas de son prédécesseur malgré ses promesses. Gageons donc qu'une (très) grande partie de son électorat, en particulier de gauche, sera rapidement déçu ... si ce n'est déjà fait.
 
Mais le pire est ailleurs. Le pire est à venir. Car en se soumettant aux marchés financiers et aux politiques austéritaires et anti-démocratiques de l'UE, c'est l'ensemble du pays et de nos concitoyens que François Hollande trahit. En continuant dans cette voie sans autre issue que la récession, c'est l'avenir de la France et des Français qui est sérieusement remis en cause.
 
Il est donc urgent de mettre un terme à ces politiques de rigueur en faveur des marchés et de revenir au plus vite à une politique de relance à destination du peuple. C'est donc là tout l'enjeu de ces prochaines années.

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