mardi 26 mai 2015

Motions du PS : le changement c'est pour quand ?

En perspective du congrès qui se déroulera du 5 au 7 juin prochain, les militants socialistes se sont exprimés jeudi dernier sur les différentes motions soumises au vote. Si l'objectif théorique de ce vote est de définir la ligne politique du parti, il apparait finalement que le réel enjeu était le score de la motion A portée par le premier secrétaire.
Petite revue des scores et forces en présence :

- Motion A : 60 %
Sur une ligne pro-gouvernementale assumée et rassemblant de manière très large (de Manuel à Martine Aubry), la motion A réalise un score plus qu'honorable qui permet de rassurer le président de la République sur le soutien, au moins affiché, de son parti.  Il est toutefois assez amusant que cette motion soit intitulée "renouveau socialiste" alors même que celle-ci est soutenue par la plupart des éléphants du PS. On a connu des renouveaux plus éclatants …

- Motion B : 29 %
La motion B est la motion des frondeurs, soutenue en particulier par Benoit Hamon et Aurélie Filippetti. Le score est sensiblement conforme aux prévisions. Bien que Christian Paul, porteur de la motion, n'ait pas démérité on peut penser que l'impact aurait été plus important avec un poids lourd comme une tête d'affiche. Cela étant, querelle d'egos oblige, c'est le plus petit dénominateur commun, et le moins gênant, qui l'a emporté.

- Motion C : 1,5 %
Portée par Florence Augier et les amis de Stéphane Hessel, la motion C est la motion dite la plus à gauche. Score faible mais finalement sans surprise dans un parti qui tend à se recentrer. Sans compter la présence d'une motion de frondeurs plus médiatique.

- Motion D : 9,5 %
Nommée la Fabrique et incarnée par Karine Berger, la motion D me laisse circonspect. En effet, il s'agit là d'une motion entre deux qui navigue entre pro-gouvernements et frondeurs sans vraiment trancher. Officiellement l'objectif était de proposer une troisième voie mais on peut plus raisonnablement penser que cela a permis de se compter et de peser davantage au sein des instances nationales du parti.

Avec un score sans appel, la motion A remporte largement le pari du soutien affiché au gouvernement. La prochaine étape sera donc le congrès avec la reconduction sans surprise de Jean-Christophe Cambadélis au poste de premier secrétaire. Pas de changement fondamental en perspective si ce n'est des ajustements à la marge afin de tenir compte du nouveau rapport de force.

Il faudra toutefois se poser, à un moment ou à un autre, la question de l'avenir des frondeurs. A court terme, et comme dans tous les congrès, les leaders de la motion B obtiendront des postes à la direction du parti ce qui permettra de calmer les ardeurs de certains.
Et après ? Deux solutions sont possibles. Soit quitter le parti en actant des désaccords existants et rejoindre éventuellement d'autres formations de gauche, Jean-Luc Mélenchon ayant fait un appel appuyé du pied. Soit persister dans une opposition de principe molle et stérile (contestation virulente dans la presse mais lâche abstention au Parlement) comme c'est le cas aujourd'hui.
A priori, et vu la tournure des évènements, on peut raisonnablement imaginer que la seconde option sera privilégiée afin notamment de conserver leurs postes. Quoi de plus logique in fine dans un parti qui rassemble des personnalités aussi différentes qu'Henri Emmanuelli et Gérard Collomb ?

Mais plus que des frondeurs qui sont finalement un épiphénomène, c'est davantage du futur même du Parti Socialiste dont devrait se préoccuper François Hollande. Si les régionales sont perdues d'avance, les élections intermédiaires étant rarement favorables au pouvoir en place, rien n'est encore réellement joué pour 2017. Or pour espérer remporter la présidentielle, Hollande a notamment besoin d'un parti en ordre de marche. Ce qui est loin d'être le cas pour le moment. Car outre une cruelle absence de propositions, la gauche de gouvernement subit une importante érosion de sa base militante avec la perte de 40 000 adhérents depuis 2012 (130 000 aujourd'hui contre 170 000 il y a 3 ans).

Bien que n'étant pas socialiste, je ne peux que regretter la situation dans laquelle se trouve le PS actuellement. Car il ne s'agit pas là d'un cas isolé dans la mesure où l'UMP se retrouve sensiblement au même point. Et c'est donc notre vie politique et plus largement la démocratie qui souffrent de cet état de fait.

Cela signifie-t-il que l'on se dirige vers la fin du "régime des partis" comme disait De Gaulle ? Va-t-on alors vers l'émergence de mouvements citoyens comme chez certains de nos voisins européens ?
Je ne le crois pas. Ou tout du moins pas à court terme. Les partis sont aujourd'hui trop ancrés dans notre vie politique pour disparaitre à brève échéance.
Et de manière assez paradoxale aucune alternative citoyenne ne verra le jour tant que la France ira aussi "bien". Loin de moi l'idée de contester les difficultés de notre pays mais il faut bien reconnaitre que nous sommes relativement épargnés par rapport à la Grèce ou l'Espagne par exemple. Or c'est lorsque la situation se dégradera considérablement (explosion du chômage, baisse du SMIC et des minimas sociaux …) qu'une contestation populaire surgira afin de s'opposer à la dégradation des conditions de vie. Le cas de nos voisins illustre d'ailleurs très bien cela avec les victoires de Syriza et Podemos.

 Robespierre ne disait-il pas : "Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l'insurrection est pour le peuple le plus sacré et le plus indispensable des devoirs."

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