En perspective du congrès qui se déroulera du 5 au 7
juin prochain, les militants socialistes se sont exprimés jeudi dernier sur les
différentes motions soumises au vote. Si l'objectif théorique de ce vote est de
définir la ligne politique du parti, il apparait finalement que le réel enjeu
était le score de la motion A portée par le premier secrétaire.
Petite revue des scores et forces en présence :
- Motion A : 60 %
Sur une ligne pro-gouvernementale assumée et
rassemblant de manière très large (de Manuel à Martine Aubry), la motion A
réalise un score plus qu'honorable qui permet de rassurer le président de la
République sur le soutien, au moins affiché, de son parti. Il est toutefois assez amusant que cette
motion soit intitulée "renouveau socialiste" alors même que celle-ci
est soutenue par la plupart des éléphants du PS. On a connu des renouveaux plus
éclatants …
- Motion B : 29 %
La motion B est la motion des frondeurs, soutenue en
particulier par Benoit Hamon et Aurélie Filippetti. Le score est sensiblement
conforme aux prévisions. Bien que Christian Paul, porteur de la motion, n'ait
pas démérité on peut penser que l'impact aurait été plus important avec un
poids lourd comme une tête d'affiche. Cela étant, querelle d'egos oblige, c'est
le plus petit dénominateur commun, et le moins gênant, qui l'a emporté.
- Motion C : 1,5 %
Portée par Florence Augier et les amis de Stéphane
Hessel, la motion C est la motion dite la plus à gauche. Score faible mais
finalement sans surprise dans un parti qui tend à se recentrer. Sans compter la
présence d'une motion de frondeurs plus médiatique.
- Motion D : 9,5 %
Nommée la Fabrique et incarnée par Karine Berger, la
motion D me laisse circonspect. En effet, il s'agit là d'une motion entre deux
qui navigue entre pro-gouvernements et frondeurs sans vraiment trancher.
Officiellement l'objectif était de proposer une troisième voie mais on peut
plus raisonnablement penser que cela a permis de se compter et de peser
davantage au sein des instances nationales du parti.
Avec un score sans appel, la motion A remporte
largement le pari du soutien affiché au gouvernement. La prochaine étape sera
donc le congrès avec la reconduction sans surprise de Jean-Christophe
Cambadélis au poste de premier secrétaire. Pas de changement fondamental en
perspective si ce n'est des ajustements à la marge afin de tenir compte du
nouveau rapport de force.
Il faudra toutefois se poser, à un moment ou à un
autre, la question de l'avenir des frondeurs. A court terme, et comme dans tous
les congrès, les leaders de la motion B obtiendront des postes à la direction du
parti ce qui permettra de calmer les ardeurs de certains.
Et après ? Deux solutions sont possibles. Soit
quitter le parti en actant des désaccords existants et rejoindre éventuellement
d'autres formations de gauche, Jean-Luc Mélenchon ayant fait un appel appuyé du
pied. Soit persister dans une opposition de principe molle et stérile
(contestation virulente dans la presse mais lâche abstention au Parlement) comme
c'est le cas aujourd'hui.
A priori, et vu la tournure des évènements, on peut
raisonnablement imaginer que la seconde option sera privilégiée afin notamment
de conserver leurs postes. Quoi de plus logique in fine dans un parti qui
rassemble des personnalités aussi différentes qu'Henri Emmanuelli et Gérard
Collomb ?
Mais plus que des frondeurs qui sont finalement un épiphénomène,
c'est davantage du futur même du Parti Socialiste dont devrait se préoccuper
François Hollande. Si les régionales sont perdues d'avance, les élections
intermédiaires étant rarement favorables au pouvoir en place, rien n'est encore
réellement joué pour 2017. Or pour espérer remporter la présidentielle,
Hollande a notamment besoin d'un parti en ordre de marche. Ce qui est loin
d'être le cas pour le moment. Car outre une cruelle absence de propositions, la
gauche de gouvernement subit une importante érosion de sa base militante avec
la perte de 40 000 adhérents depuis 2012 (130 000 aujourd'hui contre 170 000 il
y a 3 ans).
Bien que n'étant pas socialiste, je ne peux que
regretter la situation dans laquelle se trouve le PS actuellement. Car il ne
s'agit pas là d'un cas isolé dans la mesure où l'UMP se retrouve sensiblement
au même point. Et c'est donc notre vie politique et plus largement la démocratie
qui souffrent de cet état de fait.
Cela signifie-t-il que l'on se dirige vers la fin du
"régime des partis" comme disait De Gaulle ? Va-t-on alors vers
l'émergence de mouvements citoyens comme chez certains de nos voisins européens
?
Je ne le crois pas. Ou tout du moins pas à court
terme. Les partis sont aujourd'hui trop ancrés dans notre vie politique pour
disparaitre à brève échéance.
Et de manière assez paradoxale aucune alternative
citoyenne ne verra le jour tant que la France ira aussi "bien". Loin
de moi l'idée de contester les difficultés de notre pays mais il faut bien
reconnaitre que nous sommes relativement épargnés par rapport à la Grèce ou
l'Espagne par exemple. Or c'est lorsque la situation se dégradera considérablement
(explosion du chômage, baisse du SMIC et des minimas sociaux …) qu'une
contestation populaire surgira afin de s'opposer à la dégradation des
conditions de vie. Le cas de nos voisins illustre d'ailleurs très bien cela
avec les victoires de Syriza et Podemos.
Robespierre
ne disait-il pas : "Quand le gouvernement
viole
les droits
du peuple,
l'insurrection
est pour le peuple
le plus sacré
et le plus indispensable
des devoirs."
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