Petit retour
sur l'actualité de ces derniers jours pour bien commencer la semaine !
Front
National : Jean-Marie à la peine
Après un énième dérapage verbal, Jean-Marie Le Pen a donc finalement été
suspendu de son propre parti. Alors réalité ou mise en scène ? On peut bien
évidemment douter de l'authenticité de cette suspension et certains crient
d'ailleurs à la mascarade. Mais pourquoi toujours mettre en doute la sincérité
de Marine Le Pen ? Pourquoi, à l'inverse d'autres partis, toujours chercher à
déceler d'éventuelles volontés cachées ou pensées supposées ? Ne pourrait-on
pas, et il y a déjà beaucoup à faire, juger sur les faits, les actes et les
discours ?
Cela étant, la réalité est que le fondateur du FN a bel et bien été suspendu
et qu'une rénovation des statuts est en marche afin notamment de supprimer la
présidence d'honneur. La réalité est également que Marine n'est pas Jean-Marie
et que leur objectif est clairement différent puisque la fille est davantage
dans une optique de conquête du pouvoir.
Si la présence du père pouvait être autrefois profitable avec un jeu du bon
et méchant flic, on peut imaginer que celui-ci est devenu encombrant avec le
temps et agit comme un plafond de verre au niveau électoral. En effet, même si
le FN réalise des scores importants au premier tour, on ne peut constater sa
difficulté à obtenir des élus. En tuant le père, Marine Le Pen cherche alors à
accélérer sa stratégie de dédiabolisation afin de séduire un électorat plus
large et en particulier les suffrages des électeurs réticents à voter FN du
fait de la frange la plus extrémiste du parti.
Avec l'éviction de Jean-Marie Le Pen, la ligne incarnée par Florian Philippot
prend le pas sur la ligne historique. Reste à savoir maintenant quelle stratégie
(changement de nom, position vis-à-vis de l'UMP ...) mettra en place Marine Le
Pen dans le futur.
Loi sur le renseignement : le retour de Big Brother
Après plusieurs semaines de débat, notamment sur le net, la loi sur le
renseignement a finalement été largement voté à l'Assemblée Nationale (438 pour
et 86 contre). Pour beaucoup il s'agit d'un Patriot Act à la française … en pire. Personnellement je ne rentrerai
pas dans une telle comparaison qui n'apporte que peu de choses au débat
finalement.
Ce qui est davantage intéressant en revanche est que cette loi est portée
par Manuel Valls, bien connu pour être en pointe sur les questions de sécurité.
De même, il n'est pas neutre que cette loi soit votée sous un gouvernement de
gauche. Cela traduit indéniablement une volonté de casser l'image d'angélisme
et d'inaction de la gauche sur ces thématiques. Nuançons toutefois cela par la
présence de Christiane Taubira au ministère de la Justice, permettant de
ménager la chèvre et le chou dans un équilibre un peu bâtard.
Sur le fond, cette loi sera finalement peu efficace comme confirmé par
plusieurs personnalités dont Marc Trévidic, juge d'instruction à la section
antiterroriste du TGI de Paris. En effet, on peut imaginer que les personnes
les plus déterminées seront suffisamment entrainées et formées pour passer à
travers de ces dispositifs. Seul le menu fretin, sans grand intérêt donc, sera
alors potentiellement impacté.
Le jeu en vaut-il vraiment la chandelle ? Je n'en suis pas convaincu car
cette loi comporte deux points majeurs qui me semblent largement préjudiciables
pour la population. D'une part, on assiste à une véritable dépossession du
pouvoir judiciaire. De fait, et malgré la création d'une commission de contrôle
à avis purement consultatif, c'est réellement le premier ministre qui constitue
la pièce maîtresse du dispositif et ce avec toute la subjectivité liée à un
seul homme. D'autre part, la mise en place de boîtes noires chez les
fournisseurs d'accès internet conduit à une surveillance massive et généralisée
de nos concitoyens. Outre les risques que cela fait peser en matière de
libertés individuelles, cela aboutit à une remise en cause de notre principe de
présomption d'innocence. Sans parler évidemment du fait que nos services de
renseignement seront submergés d'information avec des conséquences probables en
termes de réactivité et d'efficacité.
Si cette loi est présentée comme une loi antiterroriste, il convient de
noter que celle-ci couvre en réalité sept finalités dont notamment la défense
des intérêts économiques, industriels et scientifiques majeurs de la France. On
peut alors imaginer toutes les dérives potentielles liées à l'ampleur des
champs d'application de cette loi.
Pour finir, la célèbre citation de Benjamin Franklin me semble on ne peut
plus appropriée : "Un peuple prêt à
sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l'une ni
l'autre, et finit par perdre les deux."
Union-Européenne : Grexit, Brexit … Frexit ?
Actualité dense au Royaume-Uni cette semaine avec d'une part la naissance
de Charlotte Elizabeth Diana de Cambridge jeudi dernier et d'autre part les
élections législatives du 7 mai. Si l'arrivée de la princesse était attendue,
la nette victoire du premier ministre sortant est davantage une surprise
puisque les sondages le disaient au coude à coude avec les travaillistes d'Ed Miliband.
Comme quoi, il n'est pas qu'en France que les instituts de sondage se
fourvoient. Mais passons.
C'est donc avec une avance marquée et plus encore avec la majorité absolue
(331 sièges contre 232 pour le Labour) que David Cameron a remporté ces
élections. Si je tenais à mentionner cette victoire aujourd'hui, ce n'est pas
tant pour m'en féliciter ou la regretter car je laisse nos voisins britanniques
choisir ce qu'ils estiment le mieux pour eux. En revanche, je ne pouvais passer
à côté de l'une des mesures annoncée, à savoir la tenue, d'ici 2017, d'un
référendum sur le maintien ou non du Royaume-Uni dans l'Union Européenne. Là
encore, étant attaché au droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, je ne
prendrai pas partie. Cela étant, il s'agit d'une proposition majeure qui
impactera notre pays quoi qu'il arrive. Et l'impact sera d'autant plus
important que les Britanniques optent pour une sortie de l'UE (Brexit). En
effet, cela fera jurisprudence et occasionnera très probablement un appel d'air
pour un certain nombre de nations (Grèce, Italie …). Autrement dit, le
Royaume-Uni créera une brèche dans laquelle pourront s'engouffrer d'autres
gouvernements à l'appel de leurs peuples. Toute la question sera de savoir si
nos dirigeants s'empareront de ce sujet et surtout s'ils respecteront la
volonté populaire. Car en matière européenne il n'est pas rare de s'asseoir sur
le choix des peuples, que ce soit en France ou chez nos voisins (Pays-Bas,
Irlande). On fêtera d'ailleurs le 29 mai prochain le dixième anniversaire du
NON au TCE (Traité Constitutionnel Européen). Référendum que l'UMP et le PS ont
allégrement ignoré en adoptant quelques années plus tard le traité de Lisbonne,
copie conforme du TCE.
Quelle que soit la position des Britanniques sur le sujet, on peut au
minimum souhaiter qu'un grand débat ait lieu afin que chaque camp puisse
exprimer ses arguments. Espérons toutefois que les européistes ne joueront pas
une nouvelle fois sur les peurs des gens en promettant le chaos face à
d'éventuelles alternatives …
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