mercredi 4 décembre 2024

Ci-gît le gouvernement Barnier

5 septembre 2024 – 4 décembre 2024
Telle sera la date apposée sur la tombe du gouvernement Barnier suite au vote de la censure par une majorité de députés en fin de journée. Presque 3 mois au pouvoir pour un premier ministre si difficile à trouver. A moins que cela ne soit pire pour le prochain.

Les avis sont tranchés quant au sort de Michel Barnier et de ses ministres. Certains exultent et n’attendaient que cela, d’autres regrettent le gâchis et s’inquiètent de la suite des événements. Je dois avouer me ranger dans la seconde catégorie car ce premier ministre n’était pas pour me déplaire. Évidemment tout n’était pas parfait, bien sûr que certains membres du gouvernement n’étaient pas ma tasse de thé mais au vu des circonstances, cela aurait pu être (bien) pire. Sans parler naturellement de l’hypothèse d'un gouvernement LFI/NFP.

Le gouvernement est donc tombé suite au recours à l’article 49-3 sur le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) et au dépôt de deux motions de censure portées par le NFP et le RN. Seule la première a toutefois été votée puisque la majorité aura été atteinte. Il est toutefois probable que la seconde ne l'aurait pas été dans la mesure où les députés de gauche ne souhaitaient pas mêler leur voix à celles de leurs collègues du RN. Vaste hypocrisie puisque l’addition de l’ensemble des voix de ces groupes était nécessaire pour espérer obtenir une majorité.
C’est d’ailleurs la décision de Marine Le Pen et ses équipes de voter la censure qui a conduit à cette situation. Voilà pourquoi il a régulièrement été question que le RN avait pouvoir de vie ou de mort sur ce gouvernement et surtout pourquoi Michel Barnier s’est évertué à satisfaire autant que possible aux demandes du premier groupe de députés à l’Assemblée nationale.

Ce PLFSS n’est finalement qu’un prétexte et ne constitue pas en réalité l’enjeu des débats. Ceux-ci dépassent largement ce seul sujet et, allons même plus loin, la thématique du budget 2025. Là encore je reconnais que ce budget n’était pas à la hauteur avec trop de hausses d’impôts et pas assez de baisses de dépenses, notamment structurelles autour du fonctionnement de l’État et des organisations, opérateurs et autres agences en tout genre qui, comme dirait l’autre, coûtent un pognon de dingue. Mais n’oublions pas les circonstances, à la fois temporelles, politiques et économiques, dans lequel ce budget a été élaboré. L’idée n’est pas de chercher de quelconques excuses mais de sortir d’une simple logique d’affrontements stériles.

Quoi qu’il en soit, la messe est dite et finalement peu importe les motivations de vote de chacun (empêtrement juridique, batailles d’egos, désaccords de fonds …). Emmanuel Macron doit maintenant se mettre en quête d’un nouveau premier ministre dont la tâche ne sera d’ailleurs pas plus aisée que celle de son prédécesseur. Car in fine rien n’aura changé en termes d’équilibres politiques et donc de majorité puisqu’aucune dissolution n’est possible à ce stade. On prend donc les mêmes et on recommence.

L’autre alternative envisageable mais déjà écartée par le principal intéressé consiste en la démission du président de la République. Si cela était vraiment le cas, on pourrait considérer que la boucle serait bouclée puisque finalement tout ce capharnaüm n’est que la conséquence de la dissolution décidée par Emmanuel Macron en juin dernier. Pour autant, je crois que cela ne ferait qu’ajouter du chaos au chaos en exacerbant des tensions et divisions déjà vives dans la population et le pays.

Les prochains jours et prochaines semaines n’augurent alors rien de bon et il n’est pas certain que la traditionnelle trêve des confiseurs vienne apaiser les esprits. Il serait pourtant préférable que nos dirigeants s’inspirent des valeurs de noël afin de sortir notre pays du bourbier dans lequel il se trouve.

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