vendredi 13 février 2009

Si Total était encore une entreprise publique ...

Jeudi 12 février, le directeur général du groupe pétrolier, Christophe de Margerie, a annoncé des résultats 2008 en hausse de 14 % par rapport à 2007. Les bénéfices 2008 atteignent 13,9 milliards dont 37 %, soit plus de 5 milliards, seront reversés aux actionnaires.
Cette annonce a suscité de vives réactions autour de l'usage fait de ces bénéfices. Parmi celles-ci, voilà un article issu du blog le vrai débat (www.levraidebat.com) auquel j'adhère totalement.


Un bref rappel des faits : en 1986, la privatisation d'Elf est lancée. Elle sera achevée en 1996. En 1992, l'Etat français se désengage du consortium Total-CFP, dans lequel il détenait une part prépondérante de 30%.
Quand en 2000 Totalfina rachète Elf, ce sont deux entreprises totalement privées qui se marient pour donner naissance à la plus grosse entreprise de France, Total.
Si Total était encore une entreprise publique,

* Elle n'aurait pas affiché un bénéfice indécent de 13,92 milliards d'euros en 2008, parce qu'elle n'aurait pas pu gruger les automobilistes et les particuliers en maintenant pendant des mois des prix très élevés à la pompe pendant que le prix du baril de pétrole était divisé par 3,5.

* Il n'y aurait pas de polémique sur l'utilisation de ses bénéfices car l'Etat-actionnaire en aurait récupéré une partie sous forme de dividendes (près de 5 milliards d'euros si on regarde ce qu'ont perçu les actionnaires privés en 2007).
En d'autres termes, en ayant privatisé Total, l'Etat s'est privé d'une manne de plusieurs milliards d'euros chaque année, soit beaucoup plus que ce que rapportent les coupes sombres dans les personnels hospitaliers, éducatifs, policiers et militaires.

* La puissance publique aurait à sa disposition un levier d'influence de première importance dans la compétition énergétique mondiale. Total aiderait à notre indépendance énergétique.

* Le deuxième actionnaire de l'entreprise ne serait pas un fonds souverain chinois (Safe), c'est à dire l'Etat chinois, qui a investi 2,8 milliards de dollars dans l'entreprise en 2007 pour prendre cette position.

Mais voilà, Total est bien privée, et en tant que telle soumise aux lois du marché, c'est à dire uniquement préoccupée par la satisfaction de ses actionnaires.
Pour gagner quelque argent vite gaspillé au début des années 1990, et pour complaire à Bruxelles, la France s'est privée d'une manne financière gigantesque, et d'un outil d'influence et de défense de ses intérêts sans égal.
Il faut toujours regarder en arrière pour se rendre compte de ses erreurs, et ne plus les reproduire à l'avenir.

L'avenir est au contrôle stratégique des secteurs clés, certainement pas à la privatisation d'EDF par exemple. L'avenir est au retour de la puissance publique, et non à la loi de la jungle des marchés, celle qui nous a menés droit à la crise.

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