samedi 24 avril 2010

Respectons ce drapeau pour lequel tant sont tombés

La ministre de la Justice, Michèle Alliot-Marie, a demandé que «des poursuites pénales soient engagées» après la diffusion d'une photographie montrant un homme s'essuyant le postérieur avec le drapeau français, a annoncé mercredi le porte-parole de la Chancellerie. Cette décision a été prise après réception d'un courrier du député et président UMP du conseil général des Alpes-Maritimes, Eric Ciotti, sensibilisant Alliot-Marie à cette affaire et lui demandant d'envisager des poursuites. La photographie visée faisait partie des «coups de cœur» du jury d'un concours photographique organisé par la FNAC de Nice le 6 mars, et a été publiée en tant que telle dans un journal gratuit le 19 mars. Elle avait été sélectionnée dans la catégorie «politiquement incorrect».
Source : 20minutes.fr
 
D'ordinaire, je suis le premier à défendre le politiquement incorrect et à pourfendre la pensée unique. Néanmoins, je crois que dans cette affaire les limites de l'acceptable et de la décence ont été largement dépassées. Alors bien sûr, personne ne sait vraiment où commence l'excès mais cela est un autre sujet qui est actuellement au coeur du débat, en raison  notamment des chroniques de Stéphane Guillon.
 
Dans le cas qui nous intéresse, il ne s'agit pas d'une mise en cause d'un individu en particulier mais d'un affront au drapeau national. Certains diront qu'il ne s'agit que d'un bout de tissu. Je ne le pense pas. Certes le drapeau est une étoffe mais au delà il est un symbole pour toute une nation. Notre drapeau fait partie intégrante de notre histoire et de notre patrimoine. Des millions d'hommes et de femmes se sont battus pour le défendre, le payant même parfois de leur vie. Chacun d'entre nous doit donc faire preuve de respect envers le drapeau tricolore.
 
Malheureusement, ce n'est pas la première fois que les symboles de notre pays sont rabaissés ou dénigrés. Je pense notamment à la Marseillaise qui a été sifflée plus d'une fois dans les stades de football ou encore de ce même drapeau qui fut piétiné et brulé à l'occasion de la qualification de l'équipe nationale d'Algérie pour la coupe du monde de football 2010. Deux évènements qui ont été médiatisés mais on peut penser que de tels affronts sont légions loin des caméras de télévision.
En apprenant l'existence de cette photo, j'ai tout de suite souhaité la création d'une loi réprimant ces actions. Or il s'avère qu'il existe déjà un arsenal juridique dédié à cet effet. Il s'agit de l'article 433-5-1 du code pénal créé par la loi n°2003-239 du 18 mars 2003 qui stipule : "Le fait, au cours d'une manifestation organisée ou réglementée par les autorités publiques, d'outrager publiquement l'hymne national ou le drapeau tricolore est puni de 7 500 euros d'amende. Lorsqu'il est commis en réunion, cet outrage est puni de six mois d'emprisonnement et de 7 500 euros d'amende."
 
Puisqu'une loi existe, il suffit simplement de l'appliquer. Malheureusement, bien que notre législation soit riche, celle-ci est peu mise en oeuvre et nos politiques préfèrent créer de nouveaux textes. Cette affaire en est un bon exemple mais cela est également le cas en ce qui concerne le port de la burqa.

4 commentaires:


  1. Certes, le débat "Peut-on tout dire ?" est assez difficile à mener et prendrait trop de temps et de lignes pour ce soir...
    Cependant, je suis d'accord que certains humoristes vont parfois trop loin, j'ai notamment en tête l'exemple de Dieudonné invitant sur scène un négationniste pour provoquer et qui, depuis un
    certains nombre d'années, adopte un comportement plutôt contestable.
    Mais il faut faire extrêmement attention quant aux limites que l'on serait tenter d'imposer aux humoristes et à toutes autre personne car la liberté d'expression est l'un des fondements de notre
    république telle que nous la connaissons et sans ce droit nous ne pourrions plus exprimer nos opinions comme nous le souhaitons. Pour le moment je suis de ceux qui préfèrent voir notre drapeau
    utilisé tel du papier hygiénique dans le cadre d'un concours sur le politiquement incorrect plutôt que de ne pas pouvoir en rire.
    Tu dis "on peut supposer que cette personne n'a pas forcément un grand respect pour ce symbole car il a eu l'idée même de cet affront". Je suis en désaccord total avec toi. Il n'est pas dur de
    trouver matière à provoquer même en utilisant et salissant des choses ou des personnes que l'on respecte. Au contraire, il suffit simplement de penser à quelque chose que l'on respecte et de lui
    faire subir ce que l'on aimerait faire à quelque chose que l'on ne respecte pas. On fait aussi des blagues sur les handicapés, les belges, les suisses et bien d'autres, est-ce pour cela qu'on ne
    les respecte pas ? J'aime à rire de ces blagues et pourtant je n'ai rien contre ces gens et les respecte parfaitement.
    Enfin, tu réfutes l'argument faisant référence au cinéma, or, la photographie, tout comme le cinéma n'est qu'un moyen, un média. Le cinéma est un outil permettant de faire passer un message à
    travers une fiction, la photo aussi. Les publicités (affiches et autres) en sont l'illustration parfaite. On prend une voiture en photo, on l'incruste dans un paysage pour donner envie. C'est une
    fiction permettant de faire passer un message.
    Si cette personne, au lieu de s'essuyer avec le drapeau sur une photo l'avait fait sur une vidéo (comme le cinéma), aurais-tu trouvé cela moins choquant ?


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  2. Concernant la liberté d'expression, celle-ci est déjà limitée. Soit par la loi (propos racistes, négationistes ...) soit par l'auto-censure ou la retenue des individus. L'expression n'est donc
    jamais vraiment libre. Mais c'est vrai qu'en France nous n'avons pas à nous plaindre par rapport à d'autres pays.
    Sur le drapeau, je continue à penser qu'il doit être sacraliser pour ce qu'il représente. De plus, tu ne peux nier qu'aujourd'hui le respect des symboles tend à disparaitre. Ensuite, je le répète
    mais il faut pouvoir s'essuyer avec notre drapeau. S'il y avait vraiment eu du respect et de la considération, il n'aurait jamais pu agir ainsi.
    Pour ce qui est des blagues, je crois qu'il ne faut pas tout mélanger. D'un côté, on trouve le drapeau avec son histoire ... et de l'autre des boutades basées sur des croyances, des préjugés ...
    Je crois que nous ne pouvons les mettre sur un même pied d'égalité.
    Je suis d'accord que le cinéma ou la photo ne sont que des outils. Néanmoins, il y a pour moi une différence entre un film qui n'est qu'une fiction avec des acteurs et un scénario et une photo
    qui est une représentation de la réalité. Un changement de support pour cet affront n'aurait rien changé car il s'agirait tout de même d'une "action réelle".


    Pour finir sur cette histoire de drapeau, je serais curieux de connaître la réaction d'anciens combattants car je crois que pour eux ce drapeau a une signification particulière.



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  3. Je pense qu'il faut remettre les choses dans leur contexte avant d'appliquer purement et simplement une loi.
    Le cas de Stéphane Guillon est brièvement abordé. Il faut savoir que se moquer des politiques et autres personnes d'actualité est son métier. De la même manière qu'on autorise des caricaturistes à
    faire leur métier pour un journal papier, Stéphane Guillon est un caricaturiste, satire et humoriste qui fait son métier à l'oral. Chacun sait qu'il fait de l'humour tout en dénonçant certaines
    choses qui lui tiennent à coeur de dénoncer et heureusement, la liberté d'expression le lui permet !
    Pour la photographie qui illustre cet article, il faut, là aussi, la replacer dans son contexte. La personne ayant fait cette mise en scène participait à un concours sur le politiquement incorrect,
    cette photo est donc faite pour choquer et provoquer. Et ce n'est pas parce que cette photo montre quelqu'un dégradant le drapeau que, d'ordinaire, cette personne ne le respecte pas. Quand on fait
    un film ayant pour thème le racisme, on fait jouer des rôles de racistes à certains acteurs que l'on sait ne pas l'être dans leur vie et on ne les condamnes pas parce qu'ils ont tenus des propos
    racistes dans un film car on sait qu'il s'agit d'un film. De la même manière, on sait que cette personne a fait cela pour répondre au thème du politiquement incorrect.
    Et j'ajoute, d'ailleurs, que le jury a bien choisi son gagnant, le débat d'actualité qui s'ensuit le justifiant bien !


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  4. Le cas des humoristes est également un cas à part et c'est pour cela que je n'ai fait que le mentionner. Néanmoins, cela pose la question des restrictions à la liberté d'expression. A-t-on le
    droit de tout dire ? Et si non, comme cela se passe en France, jusqu'où peut on aller ?


    Concernant la photo, elle entre certes dans le cadre d'un concours mais cela justifie-t-il pour autant l'outrage ? Je ne le crois pas. Doit-on tout accepter sous prétexte qu'il s'agit d'un
    concours ? Si oui, cela reviendrait à légitimer un certain nombre d'horreurs que l'on réprimerait en temps normal.
    De plus, cette photo n'est qu'un moyen pour moi d'aborder un thème plus large. Pour autant, on peut supposer que cette personne n'a pas forcément un grand respect pour ce symbole car il a eu
    l'idée même de cet affront et l'a mis en exécution.


    Enfin, je trouve l'argument relatif au film irrecevable dans la mesure où l'on parle d'une fiction qui par définition n'est pas réelle. Or là, il s'agit d'un "vrai acte dans la vraie vie", ce qui
    est totalement différent.


     


     



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