jeudi 23 septembre 2010

Union Européenne : géant économique, nain politique

En ce moment, l'Union Européenne est au coeur des débats, tant dans les médias que sur le net. C'est tout particulièrement le cas dans la blogosphère avec notamment des articles de Malakine, Laurent Pinsolle ou encore Yann. J'ai moi-même, et ce à plusieurs reprises, écrit sur ce thème tant il prête à commentaires. Le dernier en date ayant trait à la sortie médiatique de Viviane Reding sur les Roms.
 
Nouvel article donc sur l'Union Européenne inspiré par la formule suivante : "l'UE, un géant économique mais un nain politique".
Je passerai rapidement sur le côté économique en citant néanmoins quelques chiffres. Incontestablement, l'UE est la première puissance commerciale, même en faisant abstraction des échanges intracommunautaires. Celle-ci représente également le premier PIB mondial avec 16 390 milliards de dollars en 2009 contre 14 266 milliards pour les Etats-Unis (source : wikipédia).
Son poids économique est donc très important dans un monde globalisé tel que le notre. Pour autant, l'économie n'est pas tout et l'aspect politique n'est pas à négliger. C'est d'ailleurs ce point là qui fait actuellement défaut, ce que certains regrettent profondément.
 
Aujourd'hui, deux camps ayant des visions antagonistes s'affrontent : les fédéralistes contre les souverainistes (même si certains refusent ce qualificatif).
Pour simplifier, on voit s'opposer d'une part les partisans des Etats Unis d'Europe qui conduirait à davantage d'intégration européenne (budget, diplomatie ...) pour déboucher éventuellement à terme sur une seule nation européenne. On trouve d'autre part les défenseurs d'une confédération de nations où les Etats exerceraient de manière pleine et entière leur souveraineté dans tous les domaines et notamment ceux où ils ne le peuvent actuellement (politique monétaire, création de monnaie ...), tout en mettant en place des coopérations sur la base de traités internationaux lorsque cela est nécessaire (recherche, aérospatiale ...).
On trouve bien évidemment, entre ces deux extrémités, tout un panel de positions intermédiaires.
 
Cela n'est probablement pas un secret pour ceux qui me lisent régulièrement car j'ai déjà, par le passé, pris position sur le sujet mais je place dans la seconde catégorie. Alors évidemment, je passe souvent pour un anti-européen mais, pour être honnête, ce n'est pas le cas. Je ne suis pas hostile par principe à l'Europe en tant que telle mais en revanche, je ne porte pas dans mon coeur cette Europe supranationale. Je crois, en effet, que cette union, dans sa forme actuelle, n'est pas la meilleure solution pour notre pays. Je ne dis pas que l'UE a uniquement des défauts mais plutôt que les inconvénients qu'elle présente sont fortement pénalisants.
 
Mais revenons à ce qui nous intéresse ici, c'est à dire le poids politique de l'UE.
Personne aujourd'hui ne saurait contester le fait que le poids de celle-ci est minime voire inexistant. Effectivement, il est indéniable que l'UE est un nain politique sur la scène internationale. Celle-ci ne dispose pas d'institutions stables et puissantes (et le traité de Lisbonne n'a pas arrangé les choses puisqu'il a multiplié les "représentants européens" : Barroso, Van Rompuy ...), n'a pas de diplomatie commune (bien que Catherine Ashton soit censée l'incarner) et manque d'objectifs communs forts.
 
Ces faiblesses s'expliquent de différentes manières. En voici quelques unes.
La première a trait à la diversité des Etats-membres. Diversité de langues, de niveaux de développement, de cultures ... Cette très grande hétérogénéité constitue un handicap majeur qui conduit à des consensus mous ou des compromis contre-productifs. Cela a été d'autant plus renforcé que l'élargissement de l'UE s'est fait de manière beaucoup trop rapide et trop importante.
Le deuxième élément concerne la persistance des nations. De fait, les peuples restent profondément attachés à leur pays et ne souhaitent ainsi pas une dilution des spécificités qui sont les leurs dans un grand ensemble.
Une troisième raison que l'on peut avancer est le manque cruel de démocratie au sein de cette entité. Je pense notamment aux résultats des référendums en 2005 qui ont tout simplement été ignorés. Mais on peut aussi parler des membres de la Commission qui sont nommés, ce qui pose la question de leur légitimité. Ces derniers sont d'ailleurs souvent à contre-courant de l'opinion publique (cf le cas des Roms), ce qui n'est pas surprenant tant le fossé entre les peuples et les élites est grand.
 
Au final, il apparaît clairement que la situation n'est pas près de s'améliorer si l'on continue sur cette voie. Le traité de Lisbonne, tant vanté et imposé par la plupart des gouvernements européens, ne devait-il pas être la solution miracle qui réglerait tout les problèmes de cette union ? Peut-être mais pour le moment ses effets ne sont pas forcément très visibles et le remède semble pire que le mal.
 
Quelles perspectives alors ? Quatre me semblent envisageables :
- le statu-quo. Rien ne change et on continue comme cela jusqu'à ce que la situation devienne explosive.
- la transformation de l'UE. Ce ne sera pas chose aisée mais on pourrait imaginer que les traités européens soient renégociés avec l'ensemble des Etats-membres.
- la sortie de l'UE. L'article 50 du traité de Lisbonne le prévoyant, la France pourrait tout à fait sortir de l'UE. Cette possibilité peut faire peur car on pourrait croire à un isolement du pays. Mais rappelons que, par exemple, la Suisse et la Norvège ne sont pas dans l'UE et collaborent avec cette dernière par le biais d'accords bilatéraux.
- la sortie de l'UE à plusieurs et l'ébauche d'une alternative. Même scénario que précédemment mais la sortie se ferait à plusieurs (je pense notamment aux pays du bassin méditerranéen) afin d'aboutir à la création d'une union latine regroupant la France, l'Italie, l'Espagne, le Portugal et la Grèce.
 
Quelle que soit la solution choisie, il est clair que sa mise en oeuvre sera longue et probablement douloureuse. Personnellement, je privilégierais le dialogue afin d'essayer de remettre l'Europe sur les rails. Pour autant, je crois être réaliste en affirmant qu'un échec en sera très certainement le résultat.
N'étant pas partisan du statu-quo, tout du moins sur le long terme, il semblerait que l'option d'une sortie de l'UE doive être sérieusement envisagée. Cela nécessite évidemment de réfléchir aux conditions de notre retrait mais aussi à notre devenir après celle-ci. Certains politiciens et économistes ont déjà commencé le travail. Il me semble donc souhaitable de les encourager dans leur entreprise afin qu'un projet soit prochainement soumis aux Français, qui devront s'exprimer, en dernier ressort, sur leur adhésion ou non à ce dernier.

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